Hayange: « Le maire frontiste veut la mort de notre Secours populaire »

Ce vendredi matin, le Secours populaire de Hayange, en Moselle, refusait de rendre les clefs du local qu’il occupe, réclamées par la municipalité FN qui l’accuse de faire de la politique et de la « propagande pro-migrants ». La présidente de l’antenne Anne Allievi raconte.

Ce vendredi matin, un huissier et la directrice générale des services de la ville sont venus dans nos locaux du Secours populaire à Hayange pour en reprendre les clés après que le maire frontiste, Fabien Engelmann, a décidé de nous expulser. Nous avons refusé de les leur donner. Nous estimons que cela n’est pas correct et que nous ne nous battons pas sur le même terrain. Notre mission est d’aider les plus démunis: nous avons besoin de ce local pour aider les 776 bénéficiaires de l’association.

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Pour le maire, dont les raisons de cette expulsion ont été publiées dans un communiqué, les membres de notre association sont « pro-migrants », « des anarcho-communistes » constitués en « succursale du Parti communiste ». Il nous reproche « d’instrumentaliser l’antenne d’Hayange à des fins politiques », de manipuler les gens.

Des raisons ni suffisantes, ni légales

Tout a commencé lorsque nous avons organisé un goûter pour des enfants avec deux autres associations caritatives au mois de décembre. Le maire avait alors décidé qu’il serait réservé aux enfants dont les parents bénéficient des minimas sociaux, excluant donc, de fait, les réfugiés. Interrogée à ce sujet par le journal Libération, j’avais alors confirmé l’information. Fabien Engelmann m’a accusée de l’avoir sali.

Par la suite, l’association « Hayange, plus belle ma ville » -ouvertement opposée au maire frontiste- a récolté plus de 1300 euros pour l’organisation d’un repas pendant les fêtes de Noël pour les personnes dans le besoin. L’association s’est tournée vers nous pour connaître les noms de bénéficiaires qui souhaiteraient y aller, ce que j’ai accepté avec plaisir. Nouveau coup dur pour le maire qui n’a pas apprécié que l’on travaille avec une association qui s’oppose à lui.

Depuis ces deux affaires, Fabien Engelmann souhaite fermer notre association. Cependant, ces raisons ne sont ni suffisantes, ni légales. Pour appuyer sa décision, il prétend que nous occupons illégalement les locaux, bien que ceux-ci nous aient été attribués par l’ancien maire en 2005, après le vote de cette décision. Pour lui, le fait de ne pas avoir signé de bail fait de nous des occupants « sans-titre, ni droit ».

« Faites ce que je dis, pas ce que je fais »

Fabien Engelmann nous reproche de faire dans la politique? Au Secours populaire, il n’en a jamais été question. C’est lui qui se bat sur un terrain politique. « Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais »: il a déjà annoncé dans la presse quotidienne régionale que si le local était récupéré, il y installera l’association « Fraternité française », pilotée par l’eurodéputée frontiste Mireille D’Ornano et dont la présidente d’honneur est Jany Le Pen, l’épouse de Jean-Marie Le Pen.

Heureusement, le président du Secours populaire national, Julien Lauprêtre, nous soutient publiquement. Pour lui, il s’agit d’une « initiative fasciste » qui consiste à « tirer sur une ambulance ». Hors de question de se laisser faire et de disparaître alors que nous nous sommes donnés pour mission d’aider les gens. Nous savons où est l’humanité, Fabien Engelmann ne le sait pas.

Un coup fatal pour l’association

Après avoir fortement diminué nos subventions, le maire les a complètement supprimées -bien qu’il prétende ne jamais avoir reçu notre demande, pourtant transmise en main propre à l’un de ses employés. Il nous interdit également de participer aux manifestations, a retiré le camion qui nous sert à charger et décharger les dons et souhaite aujourd’hui que l’on quitte notre local, coup fatal qui induirait irrémédiablement la mort du Secours populaire à Hayange.

Fabien Engelmann est très loin d’imaginer les conséquences qu’aurait la disparition de l’association pour les personnes déjà en galère, notamment dans cette ville pourtant réputée pour sa paupérisation et son fort taux de chômage. Pour le moment, nous restons dans nos locaux et nous continuons à travailler. Des dizaines de personnes, élus et associatifs, sont venues nous soutenir ce vendredi matin. Les bénéficiaires ne comprennent pas ce qu’il se passe, ils seront les premiers à en pâtir si nous sommes expulsés.