Ismaël Boudjekada, 21 ans: « Je suis candidat à la présidentielle »

A seulement 21 ans, Ismaël Boudjekada a déjà différentes casquettes: étudiant en droit, créateur d’entreprise… et candidat à la présidentielle 2017. Il présente les grandes lignes de son programme.

Issu d’une famille franco-algérienne de 10 enfants, j’ai grandi dans la campagne franc-comtoise. A présent, je suis étudiant en droit mais aussi créateur d’entreprise -ma société devrait ouvrir en décembre et emploiera 15 personnes à temps plein. J’ai fréquenté différents milieux professionnels, de la restauration en passant par les hôpitaux. C’est mon caractère, mais aussi la raison pour laquelle je souhaite m’engager en politique. J’aime pouvoir toucher à tout, être aux côtés des gens et les aider à trouver des solutions à leurs problèmes.

Contrairement à la plupart des personnes engagées en politique, je suis tombé dedans par accident. A 14 ans, je publiais mon premier ouvrage: une critique de la structure des partis politiques. A l’époque déjà, il me paraissait évident qu’un fossé séparait la classe politique des citoyens lambda.

Je ne souhaite pas être encarté

Je souhaite être candidat à la présidentielle car beaucoup d’électeurs cherchent la bonne personne pour ce poste mais ne la trouvent pas et votent donc pour « le moins pire » des candidats. Combien de ces candidats cherchent à être cette bonne personne? Très peu, et je n’ai pas la prétention de l’être non plus. Cependant, je pense pouvoir proposer un programme cohérent en faisant appel aux personnes concernées par les domaines traités: pour parler d’agriculture, demandons à un agriculteur, pour parler d’enseignement supérieur, allons vers un étudiant ou un professeur…

Actuellement, nous préférons avoir recours à des ministres qui parlent et présentent bien et leur fournir une armée de conseillers plutôt que de s’adresser directement à ceux dont c’est le métier. Nous n’avons pas besoin d’autant d’intermédiaires! On me parle souvent de mon âge, mais on oublie que derrière chaque candidat, il y a toute une équipe qui travaille. Je n’ai pas réponse à tout à 21 ans, mais ça ne sera pas non plus le cas à 70 ans. Il n’y a qu’en travaillant main dans la main avec d’autres que cela peut fonctionner.

Par ailleurs, si je me définis personnellement comme étant de gauche, les membres de mon équipe sont de tous bords politiques. De plus, je ne souhaite pas être encarté dans un parti. Sur les 45 millions d’électeurs que compte la France, seule une poignée sont des adhérents et ce n’est pas pour rien: aujourd’hui, les responsables de ces organisations sont enfermés dans une petite bulle qu’ils sont seuls à comprendre. Ils se désintéressent de la chose publique pour favoriser leur propre réussite et non celle du pays dont ils ont la charge.

Revenu universel, taxe et contrôle fiscal

Pourquoi avoir un programme qui comporte 400 propositions si elles ne sont pas chiffrées, vont dans tous les sens et sont mal articulées entre elles? Pour ma part, j’ai choisi de me focaliser sur des priorités, notamment économiques, en partant d’un constat simple: le pneu économique de la France est crevé et, depuis plus de 30 ans, les responsables politiques colmatent ces trous avec des rustines de basses qualités. Pourquoi ne pas changer ce pneu en apportant des idées nouvelles tout en préservant les acquis sociaux?

Selon la Constitution de 1958, l’Etat a l’obligation de garantir un travail à ses citoyens. S’il échoue, il doit au moins leur garantir des conditions de vie dignes. Le revenu de base inconditionnel peut être une bonne solution si celui-ci est fixé (selon les régions et par rapport au coût du logement, de la nourriture et de l’habillement) à environ 1000 euros -plutôt qu’à 500 euros, comme le proposent Nathalie Kosciusko-Morizet et Alain Juppé. Celles et ceux qui travaillent pourront voir ce revenu réinjecté sur leur fiche de paye, la somme étant versée aux employeurs qui pourront alléger les charges et ainsi verser un salaire plus élevé de 600 à 800 euros nets aux travailleurs.

Pour financer ce système, il faut imposer, au niveau national puis au niveau européen, une taxe sur toutes les transactions financières à hauteur de 10%. Un meilleur contrôle de l’évasion fiscale doit aussi être mis en place: aujourd’hui, les candidats de la primaire à droite parlent sans cesse de fraude sociale, qui coûte 6 milliards chaque année, alors que la fraude fiscale coûte 60 à 80 milliards d’euros. Il faut embaucher des contrôleurs fiscaux en masse et retirer l’agrémentation financière à toutes les banques qui ont des filiales dans les paradis fiscaux ou qui ne donnent pas les noms de leurs clients qui eux-mêmes placent leur argent dans ces paradis. Cela a déjà été fait aux Etats-Unis, pourquoi ne pas faire de même en France?

Plus de la moitié des parrainages

Je me suis déjà présenté à trois élections [municipale à Besançon en 2014, européenne pour le Grand-Est la même année et législative partielle dans le Doubs en 2015] pour me faire connaître, mais je n’avais pas les moyens de financer ma campagne ou les bulletins de vote. Pour l’élection présidentielle, c’est différent : les frais de campagne sont en partie couverts par l’avance forfaitaire de l’Etat [153 000 euros, en plus de la prise en charge des publicités télévisées et radiophoniques, des frais d’affichage et de l’impression des bulletins de vote]. Le reste est à la charge du candidat.

Pour l’instant, nous avons recueilli plus de la moitié des parrainages nécessaires sous forme d’engagements. Je négocie actuellement avec Paul Mumbach, représentant des élus ruraux d’Alsace et lui-même candidat avec qui je m’entends sur bon nombre de points, qui pourrait également rapporter beaucoup de parrainages.

Dans le même temps, nous voulons créer un comité de soutien artistique, dont la présidence a été proposée à Kery James, avec pour objectif de fédérer des artistes qui appelleront à voter pour nos candidats lors de la législative [selon la loi, si 50 de ces candidats obtiennent 1% des votes, 1,80 euro sera versé, par vote et chaque année, sous forme de subventions au parti pendant 5 ans]. Ce soutien peut être décisif et particulièrement important: il devrait toucher les personnes qui ont justement cessé de voter depuis bien longtemps en leur permettant, en plus de leur vote, de participer activement aux choix politiques grâce à une plateforme en ligne. C’est un moyen de permettre aux gens de se réapproprier la vie publique.