« Fillon, dandy de grand chemin »

francois-fillon-69_5795959Le duc de Beaucé est un petit cachotier. Soyons mauvaise langue: se pourrait-on seulement d’imaginer que l’argent du Penelopegate aurait pu être dévolu au renouvellement de sa garde robe?

Une gazette dominicale nous enseigne que le duc a consacré quelque quarante huit mille écus à des fins de ne point aller cul nu: une somme rondelette qui lui épargne le supplice de s’en aller fréquenter les tailleurs de la vulgate.

Tout le contraire de notre roi! A-t-on seulement oublié qu’au début de son règne, le Flou fit s’esclaffer la Cour en apparaissant dans des costumes atrocement mal coupés, fagoté comme l’as de pique, sans doute aucun commandés au « Petit Brummell », 12 place de la Gare à Tulle.

A-t-on encore oublié, étourneaux que nous sommes, qu’avant le Flou, le Bref, Don Sarcozzi, s’habillait de bien tapageuse façon, le regard dissimulé derrière des « Aviator » de maquereau marseillais?

Foin de tout cela chez notre duc de Beaucé: une élégance toute de cette retenue un zeste provinciale, apanage d’une droite patrimoniale qui abhorre l’ostentation, à l’abri du péché, à déguster un Paris-Brest acheté comme il sied à la sortie de la messe dominicale.

Seules les chaussettes du duc viennent à perturber ce strict ordonnancement de laine tout aussi peignée que sa coiffure en forme de pain au chocolat, légèrement calamistrée, qui lui confère l’air d’un vieil enfant de choeur dont l’image se serait inopinément échappée du missel.

Ses chaussettes, donc: les mêmes que celle du Pape, rouges comme le sang du Christ. Une fantaisie peut-être héritée d’Edouard le Bouffi, Monsieur de Balladur, qui s’obstinait à sangler ses rondeurs en des complets achetés chez les meilleurs faiseurs de Savile Row.

- Y se fringue pas chez Tati, le beau Fifi! ricane Artois, tout de cette mauvaise foi qui nous irrite et nous enchante.

– Treize mille écus les deux costards, offerts par un ami! Marquise, il nous tarde de fréquenter ce tailleur à des fins nous mettre fissa au diapason de la future étiquette de Cour! Que n’ai-je seulement un ami suffisamment fortuné pour me faire de tels présents!

– Comte, votre mauvais caractère vous prive de ces libéralités de Cour…

– Boufre, marquise! Six mille euros le costard! Cinquante mille écus de fringues! Cinquante mille écus, mais c’est la somme qui lui fut aimablement prêtée par son ami milliardaire, éditeur du « Revenu des deux mondes » qui, pour renfort de potage, eut la bonté de rémunérer Lady Penelope à ne rien foutre! Le duc de Beaucé aurait-il été dans le besoin au point d’emprunter cette somme à des fins de régler les émoluments de son tailleur? Voici qui serait trop farce!

– Comte, soyons charitable et souvenons-nous que notre roi, le Flou, pilla sans vergogne la cassette du royaume en payant grassement son figaro à des fins qu’il mit forme à une toundra du noir des corbeaux…

– Si fait, marquise, si fait. Cependant, une chose étreint notre coeur lorsque l’on se prend de contempler Monsieur de Fillon flanqué de la duchesse de Beaucé, Lady Penelope.

– L’infortune de cette femme, flouée par un dandy si peu scrupuleux…

– Et radin, par dessus le marché! A-t-il seulement consacré quelques écus à l’ « adornment’ » de la mise de son épouse qui semble s’être fournie à l’entraide ou aux « Restos du coeur’ »? Jamais au grand jamais, nous ne la vîmes plaisamment habillée, recluse qu’elle semble être dans la posture d’une Penelope à tisser non le linceul de son époux, mais la laine de ses costards. Jamais prénom ne fut si bien porté.