Argent liquide, Kadhafi et James Bond… Cinq choses à savoir sur Boris Boillon

Arrêté à la gare du Nord en juillet 2013 avec 350 000 euros et 40 000 dollars dans ses bagages, l’ancien diplomate du Quai d’Orsay Boris Boillon doit être jugé ce jeudi pour, entre autres, blanchiment de fraude fiscale.

Boris Boillon refait l’actualité. Ancien diplomate du ministère des Affaires étrangères, ce « Sarko Boy » doit comparaître ce jeudi devant les juges du tribunal correctionnel de Paris pour faux et usage de faux, blanchiment de fraude fiscale et abus de biens sociaux. En cause, son arrestation en juillet 2013 à la gare du Nord en possession de 350 000 euros et 40 000 dollars en argent liquide. Petit retour sur les faits d’arme de cet ambassadeur pour le moins atypique.

Le « petit arabe » de Sarkozy, « fils » de Kadhafi

Âgé de 47 ans, Boris Boillon a été conseiller de Nicolas Sarkozy lorsqu’il était ministre de l’Intérieur, puis président de la République. Place Beauvau, il était la petite main de David Martinon, conseiller diplomatique de l’ex-chef de l’Etat. Après l’élection présidentielle de 2007, le « Sarko Boy » devient conseiller Moyen-Orient à l’Elysée. Parlant arabe, il s’illustre dans l’affaire des infirmières bulgares, servant de traducteur entre Cécilia Sarkozy, chargée du dossier par son époux, et le colonel Mouammar Kadhafi. Dès lors, le jeune conseiller est séduit par le dirigeant libyen, allant jusqu’à se vanter que celui-ci l’appelle « mon fils ».

Boris Boillon a été le "M. Moyen-Orient" de Nicolas Sarkozy. Ici l'ex-chef de l'Etat et son conseiller, en compagnie du président du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, le 15 juin 2010.

Boris Boillon a été le « M. Moyen-Orient » de Nicolas Sarkozy. Ici l’ex-chef de l’Etat et son conseiller, en compagnie du président du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, le 15 juin 2010.

REUTERS/Philippe Wojazer

Arabophone et spécialiste du Moyen-Orient, le diplomate est ensuite propulsé ambassadeur de France en Irak en 2009, puis en Tunisie en 2011. Surnommé « mon petit arabe » par Nicolas Sarkozy, Boris Boillon ambitionne de dépoussiérer la diplomatie française en ayant recours à un style plus franc. Ses déclarations du type, « la reconstruction de l’Irak, c’est le marché du siècle! », faisaient tousser dans les couloirs feutrés du Quai d’Orsay, comme le rapportait Paris Match.

Il se prend pour James Bond

À son profil atypique s’ajoute sa gestion de son image, quelque peu « bling-bling » conforme à son profil sarkozyste. Dans un reportage de 66 minutes diffusé sur M6 en 2009, Boris Boillon est filmé en train de faire son footing autour de l’ambassade de Bagdad. Dans le reportage, le diplomate déclare faire chaque matin « des entraînements commando ». Il y fait visiter l’ambassade, son loft, sans oublier son dressing et sa salle de bains.

Les propos de Boris Boillon face à la presse tunisienne en février 2011 a suscité un tollé.

Les propos de Boris Boillon face à la presse tunisienne en février 2011 a suscité un tollé.

REUTERS/Soubeir Souissi

En 2011, nommé ambassadeur à Tunis dans la foulée de la chute de Ben Ali, Boris Boillon crée la polémique en se montrant agressif avec les journalistes. Dès sa première rencontre avec la presse tunisienne, il qualifie les questions de « débiles ». Une scène qui a déclenché un tollé, certains Tunisiens lui lançant « Dégagez, petit Sarko! » ou encore « Boris dégage! ». À la suite de quoi il s’est excusé, puis a accordé un entretien au magazine people Tunivisions, en s’y comparant à James Bond. Il y énumère également ses qualités, « le courage et la franchise ». Son seul défaut? « L’impétuosité ». Les réseaux sociaux font aussi leur miel, à l’époque, de sa photo de profil sur le site Copains d’avant, sur laquelle il apparaît torse nu, en boxer.

Remercié par Hollande, il « pantoufle »

En août 2012, le président socialiste fraîchement élu n’est visiblement pas épaté par les états de service de Boris Boillon. Il le démet de ses fonctions d’ambassadeur à Tunis. Dans la foulée, l’ex-diplomate entame une carrière dans le privé en créant sa société de conseil, Spartago, spécialisée dans le « conseil pour les affaires et autres conseils de gestion ».

Comme l’a révélé le site du Point, Spartago a été dirigée par Malika Benlarbi, proche de l’ancien conseiller et de Henri Guaino. Une franc-maçonne qui se vante de ses excellentes relations avec l’ambassade du Qatar à Paris. En plus de ses activités de directrice générale de la société de conseil, Malika Benlarbi a été directrice des relations institutionnelles de L’Oréal pour le Maghreb et le Moyen-Orient.

En plus de Spartago, Boris Boillon a également dirigé French Properties UR, société de « conseil et d’intermédiation dans les domaines liés notamment à la construction, au développement d’infrastructures et à l’énergie ».

Incognito avec une valise de cash

Le 31 juillet 2013, l’ancien ambassadeur est arrêté par les douaniers à la gare du Nord, alors qu’il est sur le point de prendre un train pour Bruxelles. En jean et polo, sans pièce d’identité ni téléphone mobile, Boris Boillon transporte dans ses bagages 350 000 euros et 40 000 dollars en argent liquide. Pour s’expliquer, il déclare que cet argent lui a été versés par des clients irakiens afin de lui permettre de créer une filiale de sa société de conseil.

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Pour sa défense, comme l’a rapporté Mediapart, l’ancien ambassadeur a fourni des documents qui se sont révélés être des faux, d’où le motif retenu de « faux et usage de faux ».

Un aller-retour express au Quai d’Orsay

Malgré cet épisode, Boris Boillon s’est vu réintégrer dans le corps diplomatique à l’été 2016. « Il a été renvoyé en renfort jusqu’à la fin de l’année auprès de notre délégation aux Nations unies à New York », avait confirmé au Figaro une source au ministère des Affaires étrangères.

Un retour de courte durée, puisque la justice l’a renvoyé en correctionnelle en novembre dernier pour avoir transporté plus de 10 000 euros en argent liquide sur sa personne.

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« Compte tenu des derniers développements de la procédure judiciaire, le ministère des Affaires étrangères a décidé d’interrompre immédiatement sa mission à New York et de procéder à son rappel en vue d’une mesure de suspension », avait annoncé un communiqué du Quai d’Orsay, qui déclarait n’avoir aucune connaissance des « suites » que donnerait la justice à l’enquête préliminaire ouverte en 2013.

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