Nicolas Sarkozy, ambassadeur de François Hollande à Moscou malgré lui

Alors qu’il entend jouer sa propre partition, l’ancien prsident de la Rpublique a dfendu devant Vladimir Poutine des positions pourtant proches de celles de la diplomatie franaise.

Alors que le Premier ministre lui demande de ne « pas mettre en cause » la position de la diplomatie française, Nicolas Sarkozy a souhaité s’expliquer sur BFMTV sur les raisons de sa visite controversée jeudi à Moscou. Sur le fond, pas de grandes différences en réalité entre le président de Les Républicains et celle du quai d’Orsay. Certes, Nicolas Sarkozy ne fait pas du départ de Bachar el-Assad un « préalable » mais il assure, sans ambiguïté, que le dictateur syrien, assassin de « 250 000 personnes », « ne peut pas représenter l’avenir ». « Bachar est une chose, son parti en est une autre. » Les bombes, qu’elles soient russes, françaises ou américaines, « doivent tomber sur les barbares de Daesh et non sur l’opposition nationaliste », dit avoir déclaré Nicolas Sarkozy à Vladimir Poutine.

Sur le dossier ukrainien, l’ancien président de la République indique vouloir « convaincre » le président russe « d’appliquer pleinement l’accord de Minsk ». C’est-à-dire exactement la position française. Une proximité avec la position du quai d’Orsay telle que Nicolas Sarkozy est obligé de préciser à la journaliste Ruth Elkrief: « je ne suis pas le porte-parole de monsieur Hollande qui a déjà du mal à porter sa propre parole ».

« Il faut se déplacer pour parler »

Les différences avec la diplomatie française, sur le dossier syrien comme ukrainien, n’est en réalité pas à trouver sur le fond, mais sur la forme. « J’ai des désaccords avec monsieur Poutine », constate Nicolas Sarkozy qui assure qu’il « faut se déplacer pour parler » de ces désaccords. Une méthode donc avec comme auto-modèle, sa gestion de la crise géorgienne de 2008. Fort de cette expérience, rappelée comme un mantra, Nicolas Sarkozy est persuadé que des « compromis » peuvent être trouvés avec le chef du Kremlin. « A-t-on besoin de se rajouter [aux difficultés du monde actuel comme le climat ou le terrorisme] en plus une guerre froide avec la Russie? », interroge Nicolas Sarkozy.

Et pour s’assurer de la bienveillance du pouvoir russe, le chef de l’opposition a trouvé sa martingale: la câlinothérapie. « Contrairement à Obama, je considère la Russie comme une puissance mondiale, pas comme une puissance régionale », insiste l’ancien chef de l’Etat qui en profite pour remiser au placard son image atlantiste. Admire-t-il Vladimir Poutine, interroge la journaliste. « C’est quelqu’un que je respecte », répond Nicolas Sarkozy qui, « pas russe », refuse de « porter un jugement » sur le régime musclé de Moscou.

Hollande pratique, lui, ses « formats Normandie »

Ce respect pour les méthodes viriles est peut-être finalement ce qui distingue le plus Nicolas Sarkozy de François Hollande dans son approche russe. Car le président de la République lui aussi se flatte d’entretenir une relation franche avec Vladimir Poutine à travers les « formats Normandie », initiés à l’occasion du 70e anniversaire du Débarquement sur le dossier ukrainien. Alain Juppé lui-même a rappelé jeudi sur son blog que « la France n’a jamais cessé » de dialoguer avec Moscou tout au long des dernières crises.