L’agression à Reims, une exploitation politique aux relents islamophobes

Vendredi, le quotidien l’Union annonait l’agression d’une jeune femme parce qu’elle portait un maillot de bain dans un parc. Plusieurs figures politiques droite et l’extrme droite ont pris ce prtexte pour dnoncer une menace suppose de l’Islam.

Il aura suffi d’une phrase, glissée dans l’article d’un quotidien régional, pour que la machine s’emballe. Vendredi, le journal l’Union publiait un article sur l’agression d’une jeune femme au parc Leo-Lagrange à Reims. La raison? La tenue de la victime aurait été jugée trop légère par son agresseur, une jeune fille qui était accompagnée de quatre de ses amies. L’article indique que les propos tenus par cette dernière présentait des « relents de police religieuse ». « Une formulation maladroite », reconnaîtra trois jours plus tard l’Union. Trop tard?

L’occurrence « charia » tweetée trois fois plus souvent

Dès le samedi, les médias nationaux ont commencé à relayer cette histoire. Des reprises de l’article de l’Union, pour la plupart, qui ont suscité un fort intérêt des lecteurs. Sur les réseaux sociaux, le débat enfle, le mobile religieux se retrouve commenté à tort et à travers, avec de très nombreux messages teintés de xénophobie, parfois foncièrement racistes. Un discours poussé par la fachosphère, qui n’hésite pas à faire le rapport avec la « charia ». Ces deux derniers jours, l’occurrence a été tweetée trois fois plus souvent que la moyenne des 30 derniers jours. Mais limiter ces dérives à la fachosphère serait réducteur. De nombreux responsables politiques ne se sont pas gênés pour commenter l’affaire, sans rien savoir du déroulé des événements. La mécanique est lancée: un politique réagit, un autre commente cette réaction, et ainsi de suite… Jusqu’à ce que tout le monde se calme, une fois publié le premier communiqué du parquet, qui a d’ores et déjà exclu le mobile religieux.

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Ravier, Ciotti, Boyer, Philippot sur le même ton

Florian Philippot a été le plus rapide a tweeter. Le 25 juillet, à 17h50, le vice-président du FN écrivait déjà que la victime avait été lynchée parce qu’elle « vivait à la française », avant d’y aller de son parallèle entre cette agression et la privatisation par la famille royale saoudienne de la plage de Vallauris.

Deux heures plus tard, Eric Ciotti, le député UMP et président du Département des Alpes-Maritimes, tient un discours du même acabit. Il estime que ce fait divers traduit une volonté de « nous imposer un mode de vie qui n’est pas le notre ». Reste à savoir qui se cache derrière ce « on »…

Stéphane Ravier, maire FN de la 7ème circonscription de Marseille, est allé beaucoup plus loin. « La charia en bas d’chez soi, c’est maintenant! » publie-t-il le 25 juillet au soir, sans que le moindre élément ne puisse permettre de justifier une telle affirmation. Valérie Boyer, son homologue UMP des 11e et 12e arrondissements de Marseille, y voit de son côté un affrontement des modes de vie, une « minorité » essayant de « nous imposer » la sienne.

Le féminisme à la sauce Morano

On retiendra aussi la réaction à chaud de Nadine Morano, qui a tenté d’emmener le débat sur un autre terrain: la cause féministe. Derrière cette agression, l’eurodéputé y voit une atteinte à la liberté de la femme, « un scandale en 2015″.

Pour illustrer ses propos, l’ancienne ministre publie une couverture du Figaro magazine montrant Brigitte Bardot en maillot de bain. Notons que ce n’est pas la première fois que Nadine Morano utilise cette référence. La dernière fois, elle l’avait choisie pour « dénoncer » le comportement d’un couple à la plage. Un homme, expliquait-elle, « se mit en maillot de bain exhibant un corps bien fait, pendant que la dame s’asseyait toute habillée, bien sagement sur le sable ».

Nadine Morano n’a pas toujours défendu avec la même vigueur la cause féministe. En mars 2012, celle qui était alors ministre de l’apprentissage et de la formation professionnelle avait fait parler d’elle en déclarant que l’avis d’une femme était important dans le choix d’une voiture, afin de s’assurer que le coffre était suffisamment grand pour « ranger les courses » et « plier la poussette ».

Dimanche, Slate revenait sur ce féminisme naissant chez les élus de droite, le liant constamment ou presque à l’Islam. Une « récupération », dénonce le site internet, « à des fins xénophobes et électoralistes ». Contactée par L’Express, Nadine Morano n’a pas répondu à nos sollicitations.