Hommage aux victimes: discours, musique et recueillement

Personnalits, familles de victimes, dramaturgie solennelle : l’hommage national aux Invalides restera comme un grand moment d’unit nationale du quinquennat Hollande. Retour sur un hommage poignant.

Une cérémonie glaciale. Les 130 noms de victimes résonnent dans la brume des Invalides, pavoisée de deux immenses drapeaux. François Hollande est silencieux, ce vendredi matin, pour l’hommage national aux victimes des attentats du 13 novembre. Seul, assis sur sa chaise, devant des gradins représentant la République dans toutes ses composantes : responsables politiques, institutions, figures des communautés religieuses, anciens premiers ministres….

François Hollande lors de la cérémonie d'hommage national aux victimes des attentats de Paris et Saint-Denis, dans la cour des Invalides le 27 novembre 2015 à Paris

François Hollande lors de la cérémonie d’hommage national aux victimes des attentats de Paris et Saint-Denis, dans la cour des Invalides le 27 novembre 2015 à Paris

afp.com/PHILIPPE WOJAZER

Les participants ont reçu des couvertures, pour se protéger du froid tenace. On voit sur leur chaise roulante une vingtaine de blessés des attentats. Et, non loin, les familles endeuillées, qui ont été installées à l’opposé des emplacements réservés à la presse, de façon à rester loin des objectifs des photographes. L’orchestre de l’armée joue du Bach pour conjurer la douleur. Nathalie Dessay entonne du Barbara.

Marine le Pen à un mètre de Jean-Luc Mélenchon

L’unité nationale en musique. Et en mille images. Comme mille façons de dire le refus de céder à la peur. Nicolas Sarkozy est là, au premier rang. Plus loin, Marine le Pen et Jean-Luc Mélenchon ont été placés à un mètre de distance. Ils sont silencieux dans l’émotion. François Bayrou est arrivé parmi les premiers. Mis à l’honneur pour leur bravoure et leur abnégation, les secouristes, les policiers d’élite et la protection civile forment un carré à part, près du pupitre dont François Hollande s’approche pour un discours vibrant sur cet acte de guerre « organisé de loin » au nom d’un « dieu trahi ».

A l’Elysée, on voulait une cérémonie « sobre », « a minima », mais le sens de la dramaturgie solennelle n’a pas été oublié. Cinq caméras filment le tout (au lieu de trois habituellement pour les cérémonies aux Invalides). Un grand écran fait défiler les visages des défunts.

Un visage et un nom pour les victimes des attentats de Paris.

Un visage et un nom pour les victimes des attentats de Paris.

DR

La sécurité est maximale. Pour entrer aux Invalides, il convient de montrer patte blanche. Et même ultra-blanche. Fouille au corps, portique de sécurité, chiens renifleurs, appareils de détection des explosifs. « Can you switch on your electronic devices? », demande un démineur aux journalistes. Il faut allumer ses ordinateurs, les appareils photos. Les gendarmes vérifient qu’ils ne sont pas piégés. Au portail, trône une affiche d’une exposition en cours: « Chevaliers et bombardes. » La violence, hélas, n’est pas qu’un chapitre d’histoire.

Après son allocution, le chef de l’Etat quitte, seul, la grande cour. Bientôt suivi par Manuel Valls. Et Nicolas Sarkozy. Sur l’esplanade des Invalides, à l’extérieur, 200 badauds se sont massés. Drapeaux en main. En guise d’adieu anonyme.