Les chiffres du chômage, ce calvaire de tout ministre du Travail

Jeudi soir, le ministre du Travail a comment des chiffres du chmage catastrophiques. 42 000 inscrits Ple Emploi supplmentaires en octobre, sur la seule catgorie A. Mois aprs mois, l’exercice tourne au supplice chinois.

A chaque fin de mois, la rue de Grenelle s’agite. Le ministère du Travail reçoit le nombre de chômeurs inscrits à Pôle emploi du mois précédent. Depuis le début du quinquennat, les nouvelles n’ont été que trop rarement positives. Depuis avril 2012, le bilan du gouvernement est tout simplement mauvais. 676 000 personnes sans emploi supplémentaires, un rythme encore plus élevé que sous les années Sarkozy. Un calvaire pour le ministre en place.

Les médias, eux, attendent ces statistiques avec la plus grande impatience. En matière de chômage, les journalistes privilégient les chiffres de Pôle emploi. Du fait de leur régularité, mais aussi parce qu’il est aisé de les commenter. Ils reçoivent le communiqué clé en main: les chiffres, et le commentaire du ministère du Travail, qui tente le plus souvent de mettre en avant telle ou telle réforme, annonçant des jours meilleurs. Tout y est passé depuis le début du quinquennat. Les emplois aidés, le Pacte de responsabilité… Mais la courbe du chômage, elle, ne s’inverse pas. Jeudi, Pôle emploi a même annoncé un nouveau record du nombre de chômeurs.

Les mois passent donc et rien ne change. Les arguments du ministère perdent de leur poids. « C’est un moment assez anxiogène », confirme un ancien conseiller rompu à l’exercice. Surtout que le travail est fait dans l’urgence. Généralement, le ministère ne reçoit les chiffres que la veille de la publication. « Au moment où ils arrivent, on ignore totalement la nature des chiffres, s’ils seront bons ou pas. C’est très aléatoire », poursuit notre interlocuteur.

« Un rendez-vous absurde »

Avant de laisser sa place à Myriam El Khomri, François Rebsamen avait bien tenté de prendre ses distances avec ce rendez-vous mensuel. « Un moment de solitude », comme il l’a lui-même qualifié en donnant les clés du ministère à sa remplaçante. Il avait tenté de mettre davantage en avant les statistiques de l’Insee, celles qui servent de référence au niveau mondial. Il a même tenté à plusieurs reprises de sécher le commentaire des chiffres de Pôle emploi. Mais leur date de publication est bien inscrite dans les agendas des rédactions, et le ministre a toujours fini par céder. « Les chiffres mensuels n’ont pas beaucoup de sens », assure notre ancien conseiller. « C’est la partie infime, mais la plus visible de l’iceberg, de l’action de l’exécutif. Mais pour le ministre du Travail, c’est un désastre. C’est aussi très négatif pour le moral des Français, le moral des chômeurs. »

En matière de chômage, des tas de paramètres peuvent expliquer telle ou telle hausse. Ils l’expliquent, mais ne sont pas compréhensibles pour autant. Le ministère du Travail n’a par exemple pas compris pourquoi le nombre de radiés avait subitement chuté, pour passer de 50 000 à 38 000 ou 28 000 environ chaque mois. Sans oublier des initiatives de Pôle emploi pas toujours bien perçues du côté de l’exécutif, notamment lorsque l’organisme décide d’envoyer en mai dernier trois SMS de rappel à ses inscrits pour qu’ils actualisent leur situation. François Rebsamen avait même fini par afficher sa volonté de supprimer ces messages. Une méthode un peu particulière de lutte contre le chômage.

Quand l’Elysée et Matignon s’en mêlent

La rédaction des communiqués de presse pose également question. Le gouvernement rivalise d’imagination pour trouver des « points positifs » à mettre en avant. En ce moment, c’est le chômage des jeunes, qui tend en effet à diminuer depuis janvier. Pour le reste, notre source confirme des textes « pas toujours très clairs », « difficilement compréhensibles ». Illustration:

Il faut dire qu’avant d’arriver dans les boîtes de réception des journalistes, le fameux communiqué de presse fait du chemin. Il est l’oeuvre de « technocrates », et passe par le ministère du Travail, mais aussi par Matignon et l’Elysée. Le ministre peut invalider des points, mais il n’est pas à la manoeuvre. « Les gens qui rédigent ces communiqués n’arrivent pas toujours à dire ‘le chat est blanc’. Au final on lit ‘le chat pourrait être blanc' ». Pour la ministre du Travail, le chat est aujourd’hui bien gris.