Déchéance de nationalité: « Pourquoi je suis pour (ou presque) »

Malgr l’opposition rencontre, Franois Hollande a fini par maintenir l’extension de la dchance de nationalit dans son projet de rvision de la Constitution. Cette loi, qui ne s’applique qu’aux binationaux, en rvolte plus d’un. Parmi eux, notre contributeur Mabrouk Rachedi qui ragit avec second degr.

Je suis pour la déchéance de la nationalité. Il ne peut pas exister de terroriste français, l’histoire l’a prouvé. Etre terroriste et français est antinomique. Il faut être d’extraction étrangère pour être terroriste et extraire l’extraction pour empêcher le terrorisme. Quand on est condamné pour terrorisme, on va en prison. Franchement, ça m’embêterait de savoir qu’un prisonnier soit français.

>> Lire aussi: La déchéance de nationalité, un « symbole » bien difficile à porter

Qu’il soit étranger change tout. Même s’il est dans une prison française, condamné par la justice française. Même s’il a grandi en France, qu’il est allé à l’école en France, qu’il ne parle que français et qu’il n’a connu que la France. Ce n’est pas notre problème. C’est de la faute de son autre nationalité, qu’il a cultivée en secret.

L’infaillible fichier S

S’il n’avait pas eu d’autres papiers que sa carte nationale d’identité ou son passeport français, il ne serait pas devenu terroriste. Les papiers français sont la kryptonite du terrorisme. Quand on les mélange avec d’autres papiers, ils perdent leurs super-pouvoirs. D’ailleurs on devrait songer à distribuer les papiers français au monde entier pour que règne la paix éternelle. C’est pourquoi nous promouvons l’universalisme.

Parce que nous, Français, avec nos papiers français, nous sommes prémunis des folies meurtrières des étrangers. Nous ne vendons ni armes ni ne faisons la guerre. Sinon, nous ne serions pas français. C’est pourquoi il faut déchoir de leur nationalité les agents doubles de l’identité. Quand ils sortiront de prison, ils retourneront dans leur pays d’origine. Non, dans leur pays tout court.

>> Lire aussi: Le gouvernement garde la déchéance de nationalité… et Taubira

Ils ne seront plus notre problème mais le problème de cet autre pays dont ils ont les papiers et qui saura les accueillir avec les égards qu’ils méritent. Des esprits mal placés pourraient penser que ça fait un peu dépotoir de jeter des terroristes dans un pays censé les accepter avec le sourire. Peut-être, mais être le dépotoir de la France, c’est un honneur, non?

Ces mêmes esprits chagrins vont pleurer qu’à l’étranger, ces gens dangereux ne seront plus sous la surveillance de notre infaillible fichier S. Mais dites-moi, vous pensez vraiment que des gens qu’on expulse dans un pays qu’ils connaissent peu ou pas, où ils n’ont aucune famille proche, auraient l’idée saugrenue de revenir dans un pays où ils ont grandi? C’est inimaginable. Il faudrait être fou pour penser que ce dessein diabolique puisse germer dans un cerveau, même malade.

Et quand bien même, de la ligne Maginot au nuage de Tchernobyl, on sait que nos frontières sont infranchissables. Comme nos principes.

Mabrouk Rachedi est l’auteur du Poids d’une âme (2006), Le Petit Malik (2008) et La Petite Malika (2010, aux éditions Jean-Claude Lattès).