« La Saint Sylvestre du roi tourne au banquet de couleuvres »

manuel-valls-et-francois-hollande-le-30-novembre-2015-lors-de-la-cop21-au-bourget_5487072Comme à défier les événements les plus funestes qui avaient souillé la blancheur de son règne, le roi affichait une mine éjouie : l’œil vif, la bedaine luisante, la branchie du rose le plus éclatant, il était comme saumon à la fraie.

Passé le rite de la harangue coutumière qui, pour cette fois, ne comportait nulle trace d’expiation, le Flou pria quelques uns de ses meilleurs féaux à banqueter non pour fêter la nouvelle année, mais à des fins d’enterrer celle qui se venait à finir, marquée du sceau de l’infamie des crimes, des trahisons et des défaites.

Des consignes de discrétion et de bienséance compassionnelles avaient été données : l’on ne devait aucunement pouvoir reprocher au Flou et à ses affidés de s’empiffrer cependant que des millions de ses sujets crevaient de faim. Il fut ainsi décidé que la teuf serait organisée à la Lanterne en tout petit comité, le roi ayant décrété que ceux de ses proches qui avaient tordu le nez devant son projet de déchoir de leur nationalité ceux de ses sujets qui avaient embrassé le fanatisme des djihadistes, seraient tout bonnement blacklistés.

A la veille du souper, les courtisans s’étaient plus à jouer à l’hoca, feignant attendre dans l’indifférence le carton qui signerait leur grâce, spéculant sur noms et places qui garniraient la table tel un jardin à la française.

Personne ne s’en vint à parier un liard sur la présence de la duchesse Martine de Flandre, tout ainsi que de la Mère Duflot. Le comte Le Foll, affectant le parler dru de la vulgate, jugea sobrement qu’elles avaient fait dans les bottes du roi, à la manière de la baronne Taubira, dont le Flou avait à présent le nez plein.

Selon cette vieille canaille d’Artois, la plus grande pipelette de Paris, la Cour s’étonna de l’absence des barons Dray et Mignard.

– Gros Juju s’est cru immunisé des foudres royales en brandissant sa qualité d’ami du roi. Tout ainsi que le robin Mignard qui eut l’impudence de déplorer que le même roi s’en vint de se faire torcher avec les valeurs de gauche, trahissant sans vergogne la doxa bisounours du onze janvier.

– Comte, le roi serait-il donc prêt à sacrifier ses féaux sur l’autel de la croisade antiterroriste ?

– Si fait, Marquise. Il n’a plus le choix : il est tel Noé contraint de virer de son Arche les animaux les plus rétifs, les plus turbulents, ceux qui, depuis le commencement du déluge, ne cessent de jaboter, de cacarder, jacter, et qui, sous le manteau, le crucifient de leurs railleries et de leurs quolibets.

– Artois, mon ami, sont-ils condamnés à périr engloutis et dévorés par les monstres marins ?

– Bien pis encore, Marquise. Leur sort est celui de la déchéance, la vraie, celle qui les bannit à jamais de la Cour. Il en va ainsi des mioches mal mouchés de la Mère Duflot, des derniers fidèles de la duchesse de Flandre qui, à présent, tiennent salon en une cabine de téléphone.

– Serait-ce, dès lors, Comte le commencement de la fin du parti socialiste ?

– Ce Titanic qui n’en finit point de couler sombrera sous le boutoir de l’iceberg royal.

– Entendez-vous, Comte, que le roi s’apprête à faire occire ceux qui l’on porté sur le trône ?

– Le plus naturellement du monde, Marquise. Le propre du roi est dans la licence de trahir ses obligés dès lors qu’ils viennent à l’encombrer. Observez, Marquise, avec quel art François le Fourbe sut imposer rigueur et austérité à ceux qui avaient cru que son règne ne serait que prodigalité et munificence.

– Le Flou serait donc le digne fils du Fourbe…

– Il est parfois bêta, mais il sait aussi ourdir ses vilénies : et notamment celle de séduire les affidés de Monsieur de Sarcosie, débordé par les rivalités qui gangrènent sa ligue.

– Cela signifierait-il, Comte, que les vœux les plus fielleux du Flou seraient sur le point de se réaliser ?

– … « Entre moi et Bloody Marine, il ne se trouvera bientôt plus âme qui vive ». Tel est le dessein du Flou : au prix de laisser son ancienne coterie pousser des cris de porc frais.

– A vous entendre, Comte, le souper de Saint Sylvestre ne fut donc point empreint d’une franche gaieté.

– Les comtes Le Foll et Du Drian faisaient la gueule. A présent prince de Bretagne, tout ainsi que ministre de la Guerre, Du Drian ne se prive point de remonter les bretelles du roi. Mais en privé. Lui aussi ne cesse critiquer cette mesure qu’il juge inapplicable.

– Mais alors, Comte, par le Ciel, pourquoi le roi s’en est-il embéguiné ?

– Parlons cru, Marquise. Le roi est persuadé de dépouiller la droite tout en spoliant Bloody Marine. Il s’affranchit des braillards de sa gauche et se pose en « Père de la Nation ».

– Trédame. Qui a bien pu broder une tapisserie d’un goût aussi chichiteux ?

– Sans doute Monsieur de Gantzer…

– Le jeune marquis rose, bouffi de suffisance qui jeta le F lou dans les bras de Lucette ?

– Si fait, marquise, si fait.

– Pardonnez, Comte, notre futilité : que servit-on donc à ce souper que le comte Valls cru bon de sécher ?

– Nous y voici, Marquise. Le Catalan ayant appris que le jeune Monsieur de Macron siègerait à la droite du roi lors du banquet, décida de bouder, jaloux comme pou de l’entregent du godelureau.

– Mais, Comte, quels furent donc les mets présentés lors de ce souper ?

– Des couleuvres, ma mie.