Pierre Gattaz et le Medef veulent « accélérer » sur les réformes

Pendant deux jours, les chefs d’entreprise se retrouvent l’Universit d’t du Medef. L’occasion pour Pierre Gattaz de prendre aux mots Manuel Valls et sa volont de « poursuivre les rformes ». Que veut le Medef? Et que craignent (encore) les patrons? Rponses.

« Il y a eu le  »J’aime l’entreprise », mais on se méfie », dans l’entourage de Pierre Gattaz. Quand bien même l’été dernier Manuel Valls avait déclaré sa flamme aux patrons et au monde de l’entreprise en général, la vigilance est de rigueur du côté du patronat alors que débute ce mercredi l’Université d’été du Medef, un an jour pour jour après le remaniement.

C’était l’époque des grandes lignes du pacte de responsabilité et du virage, assumé, vers le social-libéralisme. Mais cette année, le Premier ministre a devancé le rendez-vous annuel de Jouy-en-Josas en livrant une tribune aux Echos où il maintient le cap, expliquant que « l’ampleur du soutien » du gouvernement aux entreprises « ne sera pas remis en cause ». « Les entreprises ont besoin de cette visibilité pour investir et embaucher en confiance », a justifié un Manuel Valls qui entend bien « poursuivre les réformes ».

Pierre Gattaz patron du Medef salue le Premier ministre Manuel Valls à l'université du Medef à Jouy-en-Josas, le 27 août 2014

Pierre Gattaz patron du Medef salue le Premier ministre Manuel Valls à l’université du Medef à Jouy-en-Josas, le 27 août 2014

afp.com/Fred Dufour

Voilà qui devrait a priori largement satisfaire le Medef pour qui le message essentiel de cette Université d’été 2015 est que « la France peut toujours être réformée ». D’ailleurs, Pierre Gattaz qui ouvrira cette édition placée sous le signe de la « Jeunesse », livrera un discours « sans notes et pas apparatchik » promet son entourage. « Il n’y a aura pas forcément de posture. Ce ne sera pas un catalogue de mesures, mais il soulignera que les entreprises ont besoin de constance et de stabilité ».

Mais si le patron des patrons maintient donc sa vigilance, c’est surtout parce qu’à l’heure de la discussion du bugdet 2016, certaines positions à la gauche du PS pourraient venir parasiter le bon déroulement du pacte de responsabilité, dont la montée en puissance est progressive sur trois ans. « Nous avons vu la motion du PS portée par Jean-Marc Germain cet été (qui veut rééquilibrer la politique du gouvernement en faveur des ménages et limiter les aides aux entreprises, ndlr). On se méfie de ce qui peut être fait cet automne », indique-t-on au Medef.

« Transformer le CICE en baisse de charges »

Et comme la meilleure défense c’est l’attaque, Pierre Gattaz devrait en profiter pour « accélérer ». Pour éviter toute mauvaise surprise lors des prochaines discussions budgétaires, le président du Medef va donc demander à ce que « le CICE soit transformé en une baisse de charges pérennes ». « Le problème du pacte de responsabilité c’est qu’il occulte des hausses de charges qui ont eu lieu à côté du pacte », explique-t-on dans l’entourage de Pierre Gattaz. « On sent un frémissement chez les patrons qui retrouvent un certain climat de confiance. Mais ça prend du temps. Les embauches et les investissements, ça ne se fait pas en 6 mois ou un an ».

Emmanuel Macron lors d'une visite le 28 mai 2015 aux installations d'Alstom à Belfort

Emmanuel Macron lors d’une visite le 28 mai 2015 aux installations d’Alstom à Belfort

afp.com/FREDERICK FLORIN

Stabilité, baisse de charges, mais aussi réforme du marché du travail. Si le président du Medef ne devrait pas remettre sur la table la question des 35 heures (il ne s’interdit pas pour autant quelques allusions comme l’année dernière), il devrait profiter des perches tendues par Manuel Valls et Emmanuel Macron. Le Premier ministre veut « laisser plus de liberté aux entreprises et aux salariés pour prendre les décisions les mieux adaptées pour eux ». Quant au ministre de l’Economie, il ne cache pas ses envies de s’attaquer au Code du travail. « Nous attendons avec beaucoup d’impatience le rapport Combrexelle (« des propositions audacieuses » promet Manuel Valls, ndlr) sur les rigidités du Code du travail. Nous souhaitons adapter le temps de travail à chaque situation et que la négociation se fasse au plus près du terrain », précise-t-on au Medef. « Il faut y aller, cela fait partie des réformes structurelles. » Voilà un sujet sur lequel les patrons attendent particulièrement Emmanuel Macron qui viendra clôturer cette édition jeudi.

Souvent taxé par la gauche « d’en demander toujours plus », les proches de Pierre Gattaz recommandent à ses détracteurs de se replonger dans les « vieux » discours de campagne du patron de Radiall, l’entreprise familiale fondée par Gattaz père. « Il disait mot pour mot la même chose en 2013. Il reflète la base. Les chefs d’entreprise, grande comme petite, veulent de la stabilité, des perspectives et moins de charges. Ce n’est pas une posture. Vous savez, il a réformé les statuts du Medef pour ne faire qu’un seul mandat. Et cette ligne, il gardera jusqu’au bout. » Soit jusqu’en 2018!