Jean-Marie Le Pen: « C’est un irradié de Tchernobyl qui vous parle »

Le président d’honneur exclu du FN raconte avec moult détails qu’il était nu au soleil, à Cannes, le lendemain de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. Il aurait immédiatement senti que quelque chose clochait, assure-t-il dans son journal de bord.

Le nuage de Tchernobyl ne s’est pas arrêté à la frontière française, en avril 1986. N’en déplaise au bulletin météo de l’époque, qui plaquait un panneau « STOP » sur les Alpes, semblant lui interdire. Non, l’anticyclone des Açores n’était pas « suffisamment puissant » pour « bloquer toutes les perturbations venant de l’Est »… Mais Jean-Marie Le Pen, lui, l’a su avant tout le monde. Peut-être même avant même que le nuage n’atteigne le ciel français.

« C’est curieux comme le soleil est chaud aujourd’hui… »

Car, nu au soleil à Cannes, le lendemain de l’explosion, il a senti le nuage contaminé de Tchernobyl au-dessus de sa tête, assure-t-il dans son journal de bord mis en ligne ce jeudi, repéré par le journaliste de l’AFP en charge du suivi du FN.

« J’ai consulté parce que j’avais une hypothyroïdie. Le médecin m’a dit ‘mais n’avez-vous pas été irradié?’. Et en effet, j’ai été irradié le dimanche de l’explosion de Tchernobyl. J’étais chez Jany à Cannes, je prenais un bain de soleil dans le plus simple appareil quand je lui ai dit, bien que le ciel n’était pas très lumineux: ‘c’est curieux comme le soleil est chaud aujourd’hui.’ Eh bien, c’était le nuage de Tchernobyl. J’ai donc été un des irradiés avec une conséquence limitée, Dieu merci », raconte-t-il, semblant revivre la scène.

« Il y a eu une campagne de mensonge délibérée et éhontée du gouvernement français. Monsieur Pasqua avait dit que le nuage ne franchirait pas la frontière. Or, je vous signale que c’est à un irradié de Tchernobyl que vous parlez », ajoute le président d’honneur exclu du Front national, qui en aurait gardé un sentiment anti-nucléaire, profond mais très discret… Que ne présentait-il le bulletin météo en avril 1986, pour informer les Français des retombées de la catastrophe nucléaire survenue en Ukraine, à l’époque?

Tchernobyl et la thyroïde: c’est compliqué…

Le lien entre catastrophe nucléaire et problèmes de thyroïde est souvent mentionné, et pas seulement par Jean-Marie Le Pen. Les habitants proches de centrales nucléaires en France se voient d’ailleurs distribuer des comprimés d’iode pour éviter que des isotopes radioactifs ne se fixent à cette glande endocrine en cas de souci… Pourtant, il est impossible d’imputer scientifiquement l’augmentation des cancers de la thyroïde depuis les années 1980 à Tchernobyl. Du moins pas à Tchernobyl seul, souligne l’Institut national de veille sanitaire (InVS). Paradoxalement, les multiples examens médicaux liés à un effort de dépistage pourraient porter une partie de la responsabilité, notamment via une plus grande exposition aux rayons X.

30 ans après la catastrophe, certaines zones du territoire français restent toutefois contaminées par Tchernobyl, selon l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Iode 131, césium 134, césium 137 sont encore détectables. Les Vosges, le Jura, les Alpes du Sud et la Corse sont les régions où le césium 137 est le plus présent… mais « sans conséquence sanitaire », assure l’IRSN.