« Mais qu’attendez-vous donc, Monsieur de Macron? »

macron-jeanne-d-arc_5593773… Pour vous sauter par dessus le bord de cette galère dont vous crûtes pouvoir prendre la gouverne, fat que vous fûtes. Soyons triviale: le roi vous a niqué.

Vous l’avez mésestimé, Monsieur, ignorant d’un revers de manche les préceptes de ceux qui vous susurraient que le vieux briscard avait plus d’une synthèse en son sac.

Vous étiez là, à plastronner, jouant à saute ruisseau par dessus les affluents de la gauche comme de la droite.

En privé, nimbé de cette assurance qui fait, dit-on, la fortune des audacieux, vous pariiez que le roi ne retournerait point au charbon des mineurs de fond. Qu’il se représenterait, fort de sa légitimité « naturelle », que le parti socialiste éclaterait, et que les ouailles orphelines de la gauche perdue se réfugieraient dans la chasuble du barde Mélenchon.

Tout de forfanterie, vous clamiez à qui voulait l’entendre: « C’est la raclée assurée ».

Vous mîtes, Monsieur, la charrue avant les boeufs.

En condescendant, chose inouïe, à se mesurer à l’aune de Madame de Lienemann, connue de son seul perruquier, et de Monsieur de Montebourg, le lonesome cow-boy du Mont Beuvray, le roi vous a joué un bien vilain tour: avec, n’en doutez point, la complicité du comte Valls, ravi de vous rouler dans la farine.

Vous croyiez vous délivrer, vous affranchir des coteries, ligues et particules, fort, le jour venu, de renverser les tables de la loi.

Tirer les moustaches de Monsieur de Martinet

Chantre de la modernité, héraut du capitalisme 3.0, vous promeniez votre sourire Findus de wonder boy, à secouer les cocotiers, tirer les moustaches de Monsieur de Martinet.

Etourdiment, vous prîtes le melon. Et commîtes vos premières bourdes.

La première fut sans doute aucun d’avoir sous estimé l’habileté du roi à tirer les ficelles, à marier carpes et lapins à des fins d’obtenir cette foutue synthèse dont il a fait son inoxydable doxa.

Voyez sa « Belle alliance populaire »: qu’est-ce donc que cette auberge où le ne sert qu’un seul plat, une ragougnasse réchauffée à sentir le cramé jusques à cent lieues à la ronde?

Votre seconde erreur fut de croire que le moment était venu de changer la carte et de servir une cuisine plus inventive, propre à chatouiller les papilles de clients jusques alors lassés, écoeurés de devoir avaler aussi triste galimafrée.

Vous crûtes un moment qu’il vous était loisible de vous affranchir des fondamentaux, prêt que vous étiez à uberiser le code du travail.

L’on attendit alors un grand chamboule-tout, comme à la Foire de Saint Michel les Fraises Tagada.

Et vous ne chamboulâtes rien du tout.

L’on attendait que vous claquâtes la porte, avec panache, audace et irrévérence, petit génie incompris, que vous clamiez votre épuisement à moisir en un gouvernement rassis, sous la férule d’un adjudant plutôt gueulard.

Courage, rébellion!

L’on attendait que vous fassiez preuve de courage, de rébellion!

L’on attendait que vous preniez la tête de votre mouvement « En marche! », que vous écumiez villages et préaux, la bouche gansée d’écume, farcie d’anathèmes et de promesses de lendemains qui chantent.

Et… Pschitt!

brigitte-trogneux-et-emmanuel-macron_5364669Au lieu de vous draper dans la posture d’un Torquemada ou d’un Don Quichotte, vous préférâtes poser dans un magazine people, flanqué de votre charmante épouse… à la manière de Monsieur de Pompidou voici près de dix lustres! Une communication des plus vintage, totalement ringarde.

Si pourrie que vous crûtes opportun, goujat que vous vous montrâtes, d’accabler votre épouse à des fins d’amoindrir les conséquences de cette splendide gaffe.

Vous passâtes le printemps à égratigner le roi, lui piquer le cul comme frelon affamé.

Nous retînmes notre souffle.

« En marche! », « Nuit debout »: le peuple se soulevait à des fins de dézinguer un roi si mou.

Le déluge et la CGT eurent raison de « Nuit debout ».

Mais que sont vos ouailles devenues, Monsieur? A grimper les escadrins comme des placiers d’encyclopédies défraîchies?

Entend-t-on seulement parler d’elles? Elles nous semblent bien éclaircies et tant délaissées: où est donc passé le pasteur qui a largué ses brebis?

Vous avez suscité l’espoir, Monsieur. A présent, l’on s’interroge. Que veut-il à la parfin, ce ludion qui n’ose franchir le Rubicond de peur de se faire tailler un costard?

Ainsi donc le roi sera candidat: nulle âme n’en doute à présent. Monsieur de Cambadélices, dévouée soubrette, lui a bassiné son plumard.

Mais vous voici blacklisté du casting de la « Belle alliance populaire » puisque vous n’avez pas même daigné prendre votre carte du parti socialiste. Viré du manège enchanté tel un marmot qui a tenté de resquiller!

Mais qu’attendez-vous donc, Monsieur, pour quitter cet orphéon et entonner votre propre partition!

Veillez cependant à chantourner votre pronunciamento: de grâce, épargnez-nous le discours d’Orléans: c’était tout pourri.