Anne Hidalgo, la jacquerie d’une urbaine

Le courrier envoy par la maire de Paris au gouvernement demandant plus de prrogatives arrive aprs une longue srie de tensions entre Etat et municipalit.

Au 14e siècle déjà, le prévôt de Paris Etienne Marcel était en butte avec le pouvoir central monarchique. La maire de Paris Anne Hidalgo n’échappe pas à la sempiternelle rivalité entre la capitale et l’Etat pour le contrôle de Paris. Dans un courrier révélé par Le Monde ce mardi, l’édile propose au président de la République et au Premier ministre de réformer l’organisation de la capitale en donnant davantage de pouvoir à la municipalité. Elle voudrait notamment fusionner les deux collectivités locales (la ville et le département) et reconquérir la quasi-totalité des pouvoirs du préfet de police de Paris.

Une demande d’autonomie qui arrive après une longue série de tensions entre la municipalité et l’Etat. Tout au long de l’année, la crispation s’est fait sentir entre Anne Hidalgo et Ségolène Royal autour du dossier de la pollution. La ministre de l’Ecologie et du Développement durable s’était opposé à la mise en place de la circulation alternée, prônée par la maire, estimant qu’ « empêcher quelqu’un de prendre sa voiture » revenait à une « mesure privative de liberté ». En octobre 2014 déjà, Ségolène Royal avait bloqué l’expérimentation de l’écotaxe pour les poids lourds sur le périphérique.

Macron et les maires d’arrondissement, la « goutte d’eau »

Encore plus tendu, le dossier de l’ouverture du commerce le dimanche empoisonne les relations entre Paris et Bercy. Ecartée de la désignation des zones autorisées à ouvrir le dimanche, Anne Hidalgo, qui se dit « maltraitée » par Emmanuel Macron, envisage pas moins que de porter l’affaire en justice en présentant une question prioritaire de constitutionnalité.

« Il ne s’agit pas d’un coup politique pour Anne Hidalgo mais bien de l’accumulation de plusieurs dossiers qui ont mis en lumière les problèmes d’organisation de la Ville », décrypte un bon connaisseur des arcanes socialistes en Ile-de-France. Selon cette source, la goutte d’eau aurait été la rencontre qu’Emmanuel Macron a organisée directement avec les maires d’arrondissement concernés par l’établissement des zones touristiques qui délimitent le travail dominical parisien. « Anne Hidalgo n’a pas apprécié du tout… »

Un climat moins tendu qu’auparavant

« Les citoyens nous demandent de l’efficacité. Or, dans le système aujourd’hui, les élus parisiens n’ont pas la liberté de décider sur certains dossiers », glisse un adjoint d’Anne Hidalgo. Référence notamment au dossier de la piétonisation des voies sur berges rive droite dont le feu vert dépend du préfet de police. Ce dernier, proche de la gauche, ne fait pas obstacle à ce dossier cher à Anne Hidalgo mais le temps administratif n’est pas celui du politique.

« A l’exception du dossier du travail dominical, le climat est devenu meilleur entre la Ville et l’Etat, c’est pour cela qu’elle se permet de formuler cette demande maintenant », analyse ce même adjoint. Sur certains dossiers, les points de vue se sont en effet rapprochés. En novembre 2014, la maire n’avait pas du tout apprécié par exemple la sortie de François Hollande proposant que Paris soit candidate à l’organisation des Jeux olympiques en 2024 alors qu’elle-même était réservée sur l’opportunité d’une telle candidature. Mais en juin, la Ville a fini par se porter candidate officiellement. Même un proche du Premier ministre le reconnaît: « Anne Hidalgo est dans son rôle. Les maires sont les mieux à même d’apporter une expertise technique sur leur ville…. »