Assemblée: à quoi servent les journées parlementaires?

Jacques Chirac et André Bord aux journées parlementaires du RPR le 29 septembre 1980 © Claude Truong-Ngoc / Wikimedia Commons

Jacques Chirac et André Bord aux journées parlementaires du RPR le 29 septembre 1980

© Claude Truong-Ngoc / Wikimedia Commons

Vu de l’extérieur, il est difficile de comprendre pourquoi l’Assemblée suspend ses travaux cette semaine, alors que les députés ont siégé la semaine précédente et siégeront la semaine suivante.

Réponse : la troisième semaine de septembre est traditionnellement réservée aux « journées parlementaires », des journées où chaque groupe politique et/ou parti réunit ses députés et ses sénateurs, et où s’enchaînent ateliers et discours dans le but de faire prospérer des idées.

Cette « tradition » n’est pas gravée dans le marbre, et la large place laissée à ces journées est une simple coutume. Il est difficile de dater les premières journées parlementaires. Dans tous les cas, la suspension d’une semaine n’avait pas lieu d’être lorsqu’on était en dehors de la session extraordinaire ; le Parlement n’étant pas censé siéger en septembre, les groupes avaient tout le loisir d’organiser ces journées.

Mais depuis que les sessions extraordinaires de septembre sont devenues monnaies courantes (quasiment une dizaine d’années), il y a régulièrement eu deux jours ou une semaine d’interruption des travaux pour les laisser s’organiser.

Au départ, ces journées avaient parfois lieu début octobre. Puis, en 2009, l’interruption de septembre n’a duré que deux jours. Il semble que le basculement vers une semaine complète ait eu lieu à partir de 2010, et soit restée dans les mœurs depuis.

Cette tradition va-t-elle perdurer ? Le gouvernement et la majorité actuelle se posent la question.

La droite semble être attachée à ses rencontres, qui ne durent jamais plus de deux jours : elles étaient au départ décentralisées, puis pour des questions budgétaires elles ont été recentrées à Paris après 2012 (les journées parlementaires sont à la charge des budgets des groupes). Cette année, elles auront lieu à Reims avec réunions militantes et ateliers thématiques au programme.

Le groupe socialiste a en partie abandonné ces journées, et s’est cantonné cette année à un séminaire au sein de l’Assemblée nationale, dont on retiendra surtout la conférence de presse. Le groupe UDI a organisé une journée de réflexion lundi 21, à deux pas de l’Assemblée. Quant au groupe écologiste, il a dû annuler ses journées étant donné l’ambiance actuelle.

Ces hésitations viennent de l’utilité de ces journées parlementaires : sont-elles à destination interne (se regrouper entre députés pour se mettre au clair sur un certain nombre de sujet qui marqueront l’année) ou à destination de la presse (mettre en scène les priorités politiques d’un groupe) ? Leur utilité dépend de la situation d’un groupe parlementaire : est-il dans la majorité (dans ce cas, un groupe est surtout une courroie de transmission) ou dans l’opposition ? Est-il uni ou divisé en son sein ? A-t-il les moyens de financer des journées parlementaires ? Le format retenu pour des journées parlementaires est révélateur du groupe qui l’organise.