VIDEO. « Bonne chance pour toi »: Michel Sapin tacle Emmanuel Macron

Le nouveau ministre de l’Économie a multiplié piques et formules à double-sens lors de la passation de pouvoir avec son prédecesseur, candidat non-déclaré à l’élection présidentielle.

Michel Sapin ne manque pas d’ironie et manie avec dextérité l’art des formules à double sens. Le nouveau ministre de l’Economie n’a pas épargné ce mercredi son prédécesseur, Emmanuel Macron, lors de la cérémonie de passation de pouvoir, à Bercy. Dans son discours, cet intime de François Hollande a multiplié les piques à l’attention du candidat putatif à l’élection présidentielle.

En préambule, Michel Sapin a évoqué son « émotion pour ceux qui restent », avant d’adresser une premier tacle glissé à Emmanuel Macron. « La France a besoin de talents, tu en as. Elle a aussi besoin de stabilité pour la mise en oeuvre des décisions ». De marbre, Emmanuel Macron a subi en silence d’autres remarques acerbes du nouveau patron de Bercy. Les deux hommes ne s’apprécient guère, et Michel Sapin a fait semblant de le cacher. Il a ainsi salué le travail « profondément utile » de son prédécesseur, « au-delà de [sa] fougue à parler de tous les sujets ».

Pour une loi Macron II, « il faudra attendre »

« Nous avons travaillé ensemble dans des circonstances exceptionnelles pour construire un projet porté par un homme, François Hollande », a-t-il également lancé. Manière de rappeler à l’ambitieux trentenaire ce qu’il doit au chef de l’Etat et qu’il est lui aussi comptable du bilan du quinquennat. Dans ce bilan, figure la loi Macron, qui libéralise notamment le secteur du transport par autocar. « Je suis persuadé qu’il y aura une loi Macron II, ou Macron III… Mais il faudra encore attendre quelques années », s’est amusé Michel Sapin. A huit mois de l’élection présidentielle, la remarque en dit long sur l’avenir politique que prête le ministre de l’Economie à l’ancien banquier.

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Mais Michel Sapin a gardé le meilleur pour la fin, n’hésitant pas à administrer une leçon politique à Emmanuel Macron. Il a demandé à celui qui n’est pas encarté au PS de travailler « pour le progrès, l’intérêt général et pour la gauche ». Avant de conclure en ces termes: « Bonne chance pour toi. Et je souhaite que ce ‘bonne chance pour toi’ soit pour nous tous. »

Macron défend son bilan et dit vouloir « prendre la mer »

De son côté, Emmanuel Macron s’est montré peu disert sur ses ambitions présidentielles lors de son discours. Le fondateur du mouvement « En marche! » s’est surtout attaché à défendre son bilan à Bercy.


 

« Nous avons travaillé avec beaucoup d’ardeur et retrouvé la plénitude du ministère de l’Economie, a-t-il lancé, devant ses anciens collaborateurs. On m’a parfois reproché d’aller sur d’autres sujets. Mais l’Économie, c’est aussi le travail ou le logement (…) C’est un ministère inter-ministériel. »

« Nous n’avons pas tout réussi », a-t-il concédé, avant de livrer ce conseil à ses collaborateurs, en forme d’auto-portrait. « Gardez cette volonté de servir l’Etat et conservez l’indispensable insolence et le goût pour la liberté des idées. »

Pour évoquer son avenir, l’ancien ministre a convoqué l’écrivain Marcel Pagnol et un passage du livre Fanny. « Si vous voulez en mer sans aucun risque de chavirer, alors n’achetez pas un bateau achetez une île », a-t-il déclamé. « Bercy est une île formidable (…) C’est une des îles essentielles de l’archipel que forme l’état mais je me devais de prendre la mer. »