EN IMAGES. A Chambord, l’agriculture européenne refuse le « PAC-exit »

Vingt ministres européens de l’Agriculture étaient ce vendredi réunis dans le célèbre château français, à l’invitation de Stéphane Le Foll, pour aborder la crise des éleveurs et le devenir de la Politique agricole commune après le Brexit.

Des ministres dans un château Renaissance. Des agriculteurs en colère autour. Tant pis pour l’image: les Britanniques sont partis mais la PAC doit rester, aussi vingt des ministres européens de l’Agriculture étaient réunis en France, ce vendredi au château de Chambord, pour une réunion informelle au sujet de la Politique agricole commune, alors que le secteur est touché par une grave crise.

Plusieurs points de consensus

Plus de deux mois après le référendum au Royaume-Uni qui a adopté le principe d’un Brexit (c’est-à-dire une sortie de l’Union européenne) les ministres de l’Agriculture restants ont estimé que le séisme venu d’outre-Manche ne détruira pas la PAC, une des plus importantes politiques de solidarité de l’UE.

« Nous sommes attachés » à cette politique née en 1962 « qui fait partie intégrante du projet européen », a lancé le ministre de l’Agriculture français Stéphane Le Foll, entouré de ses 19 collègues. « Nous souhaitons une PAC avec des moyens à la mesure des ambitions », a-t-il renchéri.

Pourtant, avec le départ annoncé des Britanniques, il va manquer 7 milliards d’euros net au budget de la PAC. « On n’a pas écrit ensemble aujourd’hui la manière de les trouver mais on est d’accord pour garder une politique européenne commune » donc un budget, a assuré Stéphane Le Foll.

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Le ministre britannique n’a pas été invité pour ce rassemblement. La prochaine réunion de l’Europe agricole aura lieu les 11 et 12 septembre à Bratislava.

Parmi les points de consensus, la demande d’une simplification administrative pour l’accès aux aides a fait l’unanimité. Si les ministres veulent lui garder sa « cohérence », ils veulent plus de souplesse dans l’application. Autre point d’accord, la mise au point d’outils de gestion des risques (de marché, sanitaires ou climatiques). Le sujet d’un système d’assurance solidaire pris en charge par l’Europe sera au menu des discussions.

La voix des syndicats

Le président du premier syndicat agricole français, Xavier Beulin, a fait une intervention au nom du syndicat européen Copa. Il a relevé « l’absence de tout système de gestion de crise » dans l’UE pour les agriculteurs. Et demandé « des engagements de simplification » des contraintes réglementaires.

Quant à la crise du lait, le Danemark reste opposé à toute « aide publique » pour la future PAC. La Pologne en revanche, qui reçoit près de 30 milliards d’euros de subventions par an, estime que « l’abandon des quotas était une grande erreur » qui a conduit à la chute des cours actuelle.

EN IMAGES. A Chambord, l'agriculture européenne refuse le "PAC-exit"

AFP PHOTO / GUILLAUME SOUVANT

A l’extérieur du château, plusieurs petits syndicats agricoles ont manifesté contre les ministres qui « mènent la vie de château quand les agriculteurs sont en train de crever ». Le trésorier de la Confédération paysanne, Josian Palach, a notamment demandé « de la régulation sur les produits agricoles ».

L’étonnante vidéo de Mélenchon dispensant ses conseils minceur

Dans une vidéo diffusée par le site du magazine Gala, le candidat à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon livre ses astuces de régime minceur, non sans un léger ton pince-sans-rire.

« C’est la salade au quinoa. Elle a joué un grand rôle pour moi cet été. Elle m’a aidé (…) à faire une sorte de régime végétarien, et d’atteindre deux buts. Le premier c’est d’arriver au poids… le meilleur pour moi, je ne peux pas commencer une campagne électorale au maximum de mon poids. »

Jean-Luc Mélenchon prend soin de lui et le montre dans une vidéo surprenante diffusée par le site Gala.fr. Le candidat pour « La France insoumise » y présente ses nouvelles habitudes alimentaires, en toute décontraction. La pièce est lumineuse, l’homme radieux, chaleureux et partage ses conseils avec enthousiasme. On croirait presque voir la vidéo d’un Youtubeur: les codes de présentation y sont sensiblement les mêmes.

Pour bien dormir, il faut bien manger, et Jean-Luc Mélenchon le prouve avec son taboulé au quinoa.

Pour bien dormir, il faut bien manger, et Jean-Luc Mélenchon le prouve avec son taboulé au quinoa.

Capture d’écran/Gala.fr

« Il y a un rapport entre le poids que l’on pèse et le sommeil dont on a besoin, et un rapport avec le sommeil et la mémoire », explique Mélenchon. « Je fais des efforts pour passer à un régime alimentaire avec des protéines moins carnées (liées à la viande). » Puis, il explique son atout: « J’ai découvert ça il y a deux ans, le quinoa. C’est la plante de l’avenir. » Il affirme avoir perdu cinq kilos en un mois et prend aussi ce régime comme un geste de militantisme « contre la souffrance animale. »

Un soudain changement d’image

Une vidéo décalée qui amuse les internautes, mais en consterne aussi certains. La différence entre l’habituelle posture, proverbialement plus rugueuse de l’eurodéputé et cette séquence en cuisine ne manque pas d’être soulignée. Nul doute qu’il s’agit ici d’un petit élément de communication visant à donner une image décontractée du candidat.

Les photos du candidat par Gala, étonnamment souriantes, n’ont pas manqué d’être relevées.

Une séquence suffisante pour permettre à Jean-Luc Mélenchon d’obtenir les parrainages qui lui manquent encore pour pouvoir se présenter à l’élection présidentielle de 2017?

Pour Hervé Morin, discuter avec Macron est « une faute »

Le président du Nouveau Centre a fustigé l’invitation du président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, à parler avec l’ex-ministre de l’Économie. Hervé Morin estime qu’un tel dialogue pourrait mettre à mal les relations avec le parti Les Républicains.

La personnalité d’Emmanuel Macron est encore loin de faire l’unanimité, à gauche, comme à droite. Dans un entretien au Parisien publié ce samedi, Hervé Morin, président du Nouveau Centre estime en effet que l’invitation du président de l’UDI Jean-Christophe Lagarde à parler avec Emmanuel Macron « est une faute ».

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« Comment peut-on dire, quelques heures après la démission de Macron, qu’on pourrait faire cause commune à la présidentielle ? C’est une faute », s’emporte Hervé Morin. « Avant de s’exprimer, la moindre des choses aurait été d’en parler d’abord devant les instances de l’UDI ». Le président du Nouveau Centre juge en effet que les partenaires « naturels » de l’UDI sont Les Républicains. Un dialogue avec l’ex-ministre de l’Économie pourrait, selon lui, être fatal pour les législatives.

« Il est au centre gauche, nous au centre droit »

« Se précipiter ainsi vers quelqu’un dont on ne sait pas ce qu’il fera en 2017, ni qui il est, ni ce qu’il pense, me stupéfie », poursuit-il. « A croire que l’UDI serait une famille d’orphelins cherchant fébrilement l’adresse d’une famille d’accueil ».

Au lendemain de la démission du ministre de l’Economie, Jean-Christophe Lagarde avait affirmé dans un entretien au Parisien que son parti l’UDI avait « vocation à parler » avec Emmanuel Macron. « Il est au centre gauche, nous au centre droit, nous avons vocation à nous parler. Il y a plus de points communs dans le discours qu’il tient depuis deux ans avec nous qu’avec Aubry, Montebourg ou Hamon », avait-il lancé.

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L’économie, principale source d’inquiétude pour six Français sur dix

A l’approche de l’élection présidentielle de 2017, une majorité des Français se dit davantage préoccupée par les problématiques économiques que par les enjeux de sécurité et d’identité nationale.

Malgré une menace terroriste persistante en France, les Français sont davantage préoccupés par les thèmes économiques et sociaux, selon un sondage Elabe pour BFMTV publié ce samedi. Chômage, croissance, fiscalité… Ainsi, 64% des personnes interrogées placent l’identité et la sécurité au second plan.

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Dans le détail, seuls 35% des sondés considèrent que les propositions des candidats à l’élection présidentielle « pour défendre l’identité française, la sécurité et lutter contre l’islam radical » comptent plus que celles « pour redresser l’économie, réduire le chômage et lutter contre les inégalités sociales ».

La suppression de l’ISF, une proposition jugée inefficace

Pour redresser l’économie française, 83% des sondés soutiennent la proposition de « réserver 80% des marchés publics aux PME exerçant leur activité en France ». Les trois quarts des personnes interrogées trouvent judicieux de « réduire de 100 milliards d’euros les dépenses publiques en cinq ans ». La baisse de 10% de l’impôt sur le revenu remporte l’adhésion de 72% des sondés. En revanche, certaines mesures proposées sont majoritairement jugées inefficaces, comme la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (72% des sondés) et la sortie de l’euro (73%).

Le sondage souligne à nouveau la défiance des Français à l’égard des partis politiques. 48% des personnes interrogées ne font ni confiance au Parti socialiste, ni au parti Les Républicains, ni au Front national « pour redresser l’économie et réduire le chômage ».

Cette enquête a été réalisée en ligne les 29 et 30 août auprès d’un échantillon de 1002 personnes de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

Macron doit-il se méfier des seniors qui l’aiment tant?

Fraîchement démissionnaire, l’ancien ministre de l’Economie va désormais s’atteler à structurer son mouvement politique pour lui donner un poids suffisant avant 2017. Mais la nature de son électorat interroge.

Emmanuel Macron est fait de paradoxes. Il dit vouloir briser les clivages traditionnels, promet de rompre avec une politique vieillissante, impuissante. Si l’on s’en tenait à son discours et à ses actes, il pourrait incarner une nouvelle offre pour la jeunesse, pro-européenne et libérale. Il s’est d’ailleurs clairement appuyé sur cette jeunesse pour communiquer et lancer sa grande opération de porte-à-porte.

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Les apparences sont pourtant trompeuses. Toutes les études et sondages s’accordent à dire qu’Emmanuel Macron séduit avant tout… les seniors. La tendance est même très nette, puisque 50% des plus de 65 ans déclarent avoir une image positive du fondateur du mouvement En Marche!, contre seulement 32% pour les moins de 35 ans, selon un sondage Harris interactive.

Un positionnement unique en France

« C’est une tendance assez simple à comprendre », commente Luc Rouban, directeur de recherche au CNRS et membre du Centre de recherches politiques de Sciences Po. « Il n’y a pas beaucoup de Français libéraux et cette population se concentre chez les seniors. » En deux ans à Bercy, Emmanuel Macron leur a finalement régulièrement fait des appels du pied, que ce soit sur l’ISF, les 35 heures ou le déverrouillage plus général du marché du travail.

« En ce sens, on peut dire qu’Emmanuel Macron s’adresse avant tout à une population plutôt fortunée et âgée. » Une tendance qui ne serait pas forcément défavorable si l’on s’en tenait au fait que les seniors se rendent davantage aux urnes que les jeunes.

« Macron peut se retrouver coincé »

Mais le problème, aux dires de Luc Rouban, serait bien plus complexe. « Il ne faut pas tenir compte uniquement de la dimension économique. Macron cherche à représenter ce qui s’apparente aux démocrates américains. A savoir un libéralisme économique, mais aussi culturel. Cela se traduit chez lui par une politique de tolérance en matière d’immigration et une certaine souplesse vis-à-vis du communautarisme. »

C’est sur ce point, estime le politologue, que Macron pourrait braquer « ses » seniors. « Les études montrent que les sympathisants de Macron sont proches de ceux de Juppé. S’ils sont libéraux sur le plan économique, ils ne le sont pas sur le plan culturel. Dans le contexte actuel, les seniors réclament un durcissement, ils sont demandeurs d’autorité. »

Richard Ferrand, député du Finistère et fidèle macroniste, réfute cet argumentaire. « Je veux bien que l’on fasse de l’étiquetage pour des produits de consommation. Mais pas en politique. Macron est un pragmatique. Il ne se résume pas à l’inspiration libérale. Il l’a montré à Bercy. Lorsque l’Etat actionnaire doit être plus intransigeant, il n’hésite pas. Je n’ai jamais fait de politique dans une approche marketing. Il faut être clair, précis et ne pas tendre de piège aux Français. C’est sur cette base-là que les uns ou les autres vous font crédit. »

« Un extraterrestre pour les élus locaux »

Macron risque donc de devoir jongler avec ses idées. Reste à comprendre pourquoi Hollande et Valls n’auraient pas les mêmes problèmes. « Ce sont deux socio-démocrates, Macron est social-libéral, juge Luc Rouban. Ce qui le dissocie du président de la République et du Premier ministre, c’est que ces derniers peuvent se retrouver avec un électorat de gauche non communiste. Hollande est même un habitué en la matière, bien que la situation soit aujourd’hui très délicate pour lui aussi. »

Macron serait confronté à un autre problème. Son absence d’implantation sur le territoire. Si Richard Ferrand insiste sur la création de fédérations départementales de son mouvement, le politologue en fait, lui, l’incarnation d’une forme d’élitisme rejeté par la jeunesse. « C’est la rupture entre le peuple et les dirigeants. Si l’on s’en tient à la jeunesse, Macron représente aujourd’hui les jeunes diplômés d’écoles de commerce, branchés high-tech. C’est encore insuffisant. Son appareil reste insuffisamment structuré sur le territoire. La popularité ne fait pas un président. Pour les élus locaux, Macron est encore aujourd’hui un extraterrestre. »

« Enfin! »: Martine Aubry se réjouit du départ d’Emmanuel Macron

Martine Aubry ne regrette pas le départ du ministre de l’Économie, dont elle a souvent fustigé les sorties polémiques. La maire de Lille apportera à la fin de l’année son soutien à l’un des candidats de la primaire à gauche.

« Enfin! » Martine Aubry ne pouvait pas être plus claire. La maire de Lille s’est réjouie ce jeudi de la démission du gouvernement d’Emmanuel Macron, une de ses bêtes noires. « C’est tout. Y a rien à dire…y aurait tellement à dire », a ajouté l’ancienne ministre du Travail,

En septembre 2015, elle s’était agacée des déclarations hétérodoxes du ministre de l’Economie. « Macron? Comment dire? Ras-le-bol! Voilà, ras-le-bol! », avait-elle lâché. Interrogée en marge de l’inauguration d’un groupe scolaire dans le quartier très populaire et excentré de Lille-Sud, l’ex-première secrétaire du PS a indiqué qu’elle continuerait « à s’exprimer sur le fond comme (elle l’a) toujours fait ».

Elle soutiendra un candidat à la primaire

« Aujourd’hui, ce qui m’intéresse, ce n’est pas de savoir combien il y a de candidats à la primaire de gauche ou de droite, c’est de savoir (…) qui sera celui qui nous dira: ‘La France est encore un grand pays, un pays où on peut vivre ensemble dans nos différences, la France peut se développer plus fortement, la France est une terre d’égalité' ».

« Celui qui portera cela, ce sera le candidat que moi je soutiendrai », a-t-elle ajouté. Et puisque « les primaires, c’est à la fin de l’année, on a le temps, d’ici là j’essaierai de porter des idées ».

Plaidoyer pour une « société mixte »

« Montrer qu’une société mixte, socialement, culturellement est possible et qu’on a envie de vivre ensemble, c’est mon projet politique. Qu’il s’applique à la France, à l’Europe ou à Lille, l’important, c’est de faire et de montrer qu’on peut faire quand on veut », a encore affirmé l’ex-numéro deux du gouvernement Jospin.

Présent à l’inauguration, le ministre de la Ville,de la jeunesse et des sports, Patrick Kanner, ex-adjoint à la Ville de Lille, a jugé pour sa part « un peu dommage » qu’Emmanuel Macron quitte le gouvernement, « ce n’est pas ma conception du collectif ». A la différence de Martine Aubry, il a estimé qu' »aujourd’hui, François Hollande est le seul qui peut être présent à gauche au second tour » de la présidentielle.

Sondage: nette hausse de popularité pour Hollande et Valls

Le chef de l’Etat et son Premier ministre enregistrent une hausse de cinq points dans un sondage réalisé par TNS Sofres. Dans cette enquête, Alain Juppé est doté de la meilleure cote d’avenir.

Les sondages se suivent et ne se ressemblent pas. En baisse de popularité dans un sondage YouGov publié ce jeudi, François Hollande et Manuel Valls enregistrent une nette embellie début septembre, avec une hausse de leur cote de popularité de cinq points, selon une enquête TNS Sofres-OnePoint.

Le chef de l’Etat recueille 17% (+5) d’avis favorables au terme d’un été marqué notamment par les attentats de juillet, mais quatre Français interrogés sur cinq (80%, -6) ne lui font toujours pas confiance pour conduire les affaires du pays.

Hollande progresse chez les électeurs de gauche

Le Premier ministre connaît la même progression, avec 25% (+5), selon ce baromètre pour Le Figaro Magazine.

François Hollande progresse notamment auprès des sympathisants de gauche (+10) et du seul Parti socialiste (+9). L’évolution est encore plus marquée pour Manuel Valls, qui gagne 13 points de confiance auprès de l’ensemble de la gauche et 14 points chez les seuls proches du PS.

Juppé et Macron en hausse

Alain Juppé reste en tête du classement des personnalités dont les Français souhaitent qu’elles jouent « un rôle important à l’avenir » (37%, +1). Mais Nicolas Sarkozy, qui a annoncé en août sa candidature à la primaire à droite, gagne quatre points à 23%. Autres candidats à la primaire, François Fillon gagne deux points à 27% et Bruno Le Maire un point à 18%.

En deuxième position du classement des personnalités, Emmanuel Macron gagne également quatre points à 30%, selon cette enquête réalisée avant son départ du gouvernement. François Bayrou est stable à 29%, Martine Aubry gagne deux points à 28%, Jean-Luc Mélenchon trois à 27%, Marine Le Pen gagne trois points à 24% et Arnaud Montebourg un point à 22%.

Enquête réalisée en face à face du 25 au 29 août auprès de 1000 personnes de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

Le livre de Nicolas Sarkozy en tête des ventes de la rentrée en librairie

Le livre « Tout pour la France » de l’ancien chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy, est en tête des ventes de livres en France une semaine après sa parution, selon le classement hebdomadaire du magazine spécialisé Livres Hebdo.

Tout pour la France, le livre programmatique du candidat Nicolas Sarkozy, sorti le 24 août avec un premier tirage de 200000 exemplaires, s’est écoulé à près de 32 000 exemplaires en trois jours selon l’institut GfK qui vient de réaliser une étude pour Livres Hebdo.

L’ouvrage de Nicolas Sarkozy a pris d’emblée la tête du Top 20 GfK/Livres Hebdo, tous genres confondus, pour la semaine du 22 au 28 août.

560 romans pour cette rentrée

Le précédent livre du candidat à la primaire de la droite, La France pour la vie, s’est vendu à 195 000 exemplaires depuis janvier dernier.

Tout pour la France n’était pas inscrit au programme de son éditeur Plon et sa publication a surpris tout le monde. C’est dans ce livre que Nicolas Sarkozy a choisi d’annoncer sa candidature à l’élection présidentielle tout en dévoilant les principaux axes de sa campagne: baisse massive d’impôts, mise en avant de la thématique de l’identité, réduction de l’immigration…

Alors que 560 romans ont débarqué dans les librairies pour la rentrée littéraire d’automne, seule Amélie Nothomb se classe dans le Top 20, à la 5e place, avec son « Riquet à la houppe » publié chez Albin Michel.

Fermer l’ENA, l’idée anti-système de purs produits du système

Le candidat à la primaire à droite Bruno Le Maire s’est prononcé en faveur de la fermeture de l’Ecole nationale d’administration. Il est loin d’être le premier.

Il en est le pur produit et promet pourtant de supprimer l’ENA, l’Ecole nationale d’administration, la machine à fabriquer des présidents, des ministres et quelques-uns des plus importants fonctionnaires d’Etat du pays. La proposition formulée par Bruno Le Maire dans Le Parisien n’a rien d’originale. Voilà des années que divers responsables politiques, toutes majorités confondues, tapent régulièrement sur le symbole de l’administration à la française. A tort ou à raison?

Une école dépassée?

Bruno Le Maire fait de l’ENA une école dépassée, incapable de s’adapter au « monde nouveau » dans lequel nous entrons. « Il est temps de supprimer l’ENA », tonne le candidat à la primaire. A la place, il envisage de la remplacer « par une école d’application sur le modèle de l’École de guerre, à laquelle les hauts fonctionnaires les plus méritants pourront avoir accès au bout de dix ans ».

Il entend ainsi replacer la haute administration à « sa juste place » et promet de faire prévaloir l’entrepreneuriat, la créativité et l’innovation. Contactée par la rédaction, la direction de l’école n’a pas souhaité commenter cette prise de position, arguant son « devoir de réserve ».

Le renouveau pas si nouveau de Bruno

Bruno Le Maire n’est pas le premier à se lancer dans cette bataille. De nombreux responsables politiques, y compris d’anciens énarques, se sont par le passé prononcé en faveur de la disparition de cette école. Dès 1967, Jean-Pierre Chevènement, Didier Motchane et Alain Gomez inventaient le concept « d’énarchie ». Une façon de pointer du doigt le problème de la reproduction sociale. « Quels que soient les modes de calcul, le recrutement ne s’est pas démocratisé durant les soixante-dix ans et l’ENA n’a pas réalisé le brassage social espéré par Michel Debré en 1945″, commente Luc Rouban, directeur de recherche au CNRS auprès du Figaro.

Dans un rapport commandé en 2003 par Jean-Pierre Raffarin, l’ancien commissaire européen Yves-Thibault de Silguy, sans appeler à sa fermeture, écrivait qu’au sein de l’ENA, « le conformisme tend à s’imposer, le développement des aptitudes n’est pas encouragé, la connaissance des administrés et des entreprises n’est guère stimulée et l’ouverture au monde reste frileuse ».

En 2007, François Bayrou promettait déjà la fermeture de l’établissement. Il s’était alors attiré les foudres de nombreux politiques, qui n’y voyaient que de l’opportunisme. Jean-Marie Le Pen l’avait même accusé de lui voler son idée. Quelques années plus tôt, Michel Rocard, Alain Juppé ou encore Laurent Fabius, tous énarques, vantaient aussi la nécessité de fermer l’école.

« Quand on a honte de son patronyme, on s’en choisit un autre »

Le gouvernement n’a aucune intention de suivre les propositions de Bruno Le Maire. Dans une réponse transmise notamment à L’Express, la ministre de la Fonction publique Annick Girardin ne mâche pas ses mots à l’égard du candidat. « La critique de l’ENA est facile, relève-t-elle, c’est un repoussoir classique pour tous les populistes ». Elle n’y voit qu’une stratégie pour son auteur « d’exister » dans la primaire, en allant contre sa nature. « Quand on a honte de son patronyme, on s’en choisit un autre », lance la ministre.

Annick Girardin veut mettre en avant les réformes entreprises pour diversifier les profils des hauts fonctionnaires. « C’est ce que nous faisons en multipliant les prépas intégrées, en renforçant l’information des élèves sur les métiers de la fonction publique, en développant l’apprentissage, en mettant en place le plan Rousselle dès cette rentrée pour encourager la diversité dans les 75 écoles de service public ».

La ministre se déplaçait ce jeudi dans le bâtiment strasbourgeois pour inaugurer les nouveaux locaux de l’Institut national des études territoriales. L’occasion pour elle d’insister sur le devoir de responsabilité qui incombe à chacun des élèves, mais aussi sur la nécessité de maintenir l’excellence de la haute fonction publique française. « La qualité de vos formations n’est plus à prouver, a-t-elle glissé aux élèves. Mais elles doivent sans cesse être améliorées pour prendre en compte l’évolution des techniques, des organisations et des attentes des citoyens. »

Une porte nouvelle vers de nouvelles réformes? Dans son ouvrage intitulé L’ENA ou 70 ans de paradoxe, Luc Rouban relevait que la proportion d’élèves ayant un père exerçant une profession supérieure est passée de 45% dans les années 50 à 70% en 2014. De quoi alimenter encore à l’avenir les appels très politiques à la fermeture.