Raul Castro à Paris: l’improbable liste des invités conviés ce soir à l’Elysée

Le chef d’Etat cubain Raul Castro, en visite officielle Paris ce lundi, va dner l’Elyse. Autour de la table… quelques surprises et une « erreur administrative ».

Le dîner s’annonce historique et folklorique. Pour la première visite officielle d’un chef d’Etat cubain à Paris depuis 21 ans, l’Elysée a prévu une grande soirée d’honneur avec Raul Castro. Au menu, des signatures de contrats en pagaille et des plats concoctés par le chef de l’Elysée.

Le plus surprenant ne sera pourtant pas dans les assiettes, mais autour de la table. Certains des convives sont déjà connus, avec quelques noms inattendus, comme le révèle Le Parisien.

De Mélenchon à David Guetta

Jean-Luc Mélenchon le 23 août 2015 à Paris

Jean-Luc Mélenchon le 23 août 2015 à Paris

afp.com/Thomas Samson

Jean Luc Mélenchon, co-président du Parti de Gauche a récemment rappelé son attachement à Cuba, en glissant un tacle au président de la République, qui semble ne pas lui en avoir tenu rigueur: « Hollande, c’est le bubble gum que le Che consommait », a-t-il affirmé sur France 2.

Le DJ David Guetta lors d'un concert à Berlin le 8 juillet 2012

Le DJ David Guetta lors d’un concert à Berlin le 8 juillet 2012

afp.com/Frederic Lafargue

Le célèbre DJ David Guetta, qui préparerait un grand concert à Cuba et à qui l’on prête une liaison amoureuse avec une mannequin cubaine de 22 ans Jessica Ledon, sera aussi parmi les invités, selon Le Parisien.

« Hasta Siempre »

La chanteuse et actrice Nathalie Cardone, née d’une mère espagnole a aussi reçu son invitation. L’occasion de revoir le clip de son tube Hasta Siempre.

L'actrice Virginie Efira est attendue au dîner de l'Elysée.

L’actrice Virginie Efira est attendue au dîner de l’Elysée.

Eric Gaillard/REUTERS

L’actrice et animatrice belge Virginie Efira et le réalisateur Costa Gavras, tous les deux très actifs dans le festival du film français de la Havane devraient être présents.

Le cinéaste Costa-Gavras pose pour les photographes à son arrivée au 68ème Festival de Cannes, le 18 mai 2015

Le cinéaste Costa-Gavras pose pour les photographes à son arrivée au 68ème Festival de Cannes, le 18 mai 2015

afp.com/Anne-Christine Poujoulat

Enfin, l’ancien champion de monde de boxe Jean-Marc Mormeck, apportera la caution sportive à ce dîner riche en célébrités.

Le boxeur français Jean-Marc Mormeck, sextuple champion du monde, le 5 décembre 2014 à Issy-les-Moulineaux, près de Paris

Le boxeur français Jean-Marc Mormeck, sextuple champion du monde, le 5 décembre 2014 à Issy-les-Moulineaux, près de Paris

afp.com/Bertrand Guay

Erreur d’invitation pour les filles de Jacqueline Sauvage

Du côté des ministres, la parité sera respectée avec Laurent Fabius, Ségolène Royal, Marisol Touraine et le secrétaire d’Etat Matthias Fekl.

En revanche, une erreur s’était glissée dans les invitations. Les trois filles et les deux avocates de Jacqueline Sauvage, récemment graciée, ne seront pas autour de la table. L’Elysée reconnaît « une erreur administrative ».

« Christiane Taubira présidente! »

A la suite de sa dmission, l’ancienne garde des Sceaux Christiane Taubira s’est vu leve au rang de candidate potentielle la prsidence par certaines voix gauche. Une position que partage notre contributeur, Catfish Tomei.

Tant d’élus pris dans les affaires, toujours en liberté et épargnés par la justice, la Grèce abandonnée par l’Europe, l’Europe abandonnée par les Européens, l’Allemagne vantée, pourtant championne de la pauvreté, la France en déchéance de valeurs et de rationalité. Cette phrase est longue à la nausée de nos irresponsabilités. Voyons la misère du champ politique et acceptons cette vision comme la réalité: il n’y aura pas d’homme ou de femme providentielle, car la Providence et son Etat sont fiévreux et délirants, affalés sur le trône de l’impuissance, à agiter le chaos pour faire survivre les apparences. Un jour, nous établirons un pouvoir citoyen supérieur au leur et ils écriront nos lois, mais cela, nous ne le savons pas encore et nous sommes à ce jour, toujours complices.

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Assis au milieu des trottoirs de tristesse, nous prenons ici et là, dans notre écuelle, quelques centimes de bonnes actions tombées de la table des oligarques qui nous font oublier leurs fortunes de méfaits. Les Valls, Hollande, Sarkozy, Juppé ou encore Le Pen jouent tous un rôle dans cette fabuleuse mise-en-scène à laquelle nous assistons et qui devient tristement l’histoire de notre vie collective. Christiane Taubira appartient à ce spectacle, elle est un être de pouvoir prise comme tous ses semblables dans et par le monde politique. Et pourtant, un quelque chose la distingue. Au milieu de nous autres, elle ne jette pas des pièces rouges de misère dans nos écuelles. Non, elle se met à la hauteur de notre regard, abaissé par la colère, et le relève par quelques mots repris de Léon Gontran Damas, avec cette voix et ce regard qui sont uniquement sien: « Qu’attendez-vous pour faire les fous, sur cette vie, stupide et bête qui vous est faite? »

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Ce sont des mots justes qui nous rendent au moins une Justice des mots. Mais prenons cet insuffisant, et ce, trop peu, car il peut nous offrir quelque chose d’important. Nous sommes là, contre les trottoirs, à ne savoir regarder la misère des autres qui est un peu la nôtre, et notre misère à nous qui est un peu la leur. Il y a un goût d’indifférence, et de plus en plus, une atmosphère de haine collective. Nous reconnaissons-nous encore? « Si vous êtes pris de désespérance, balayez tout cela, vous n’avez rien à vous reprocher. »

« Un jeu qui la rend magique et puissante »

Avec les mots de Christiane Taubira, notre dignité s’éveille et à cette heure, c’est la seule force qui nous permet de regarder en face, et les autres et nous-mêmes. Car la dignité contient du respect, de l’amour, de la fraternité. « Il s’agit d’enfants, d’enfants qui sont en chair et en os, d’enfants qui vont à l’école, des enfants qui sont aussi doués que les autres pour agacer les enseignants, pour énerver leurs parents, d’enfants de ce pays, d’enfants de la République, et ces enfants, quoique vous disiez, nous allons les protéger! » Et il faut l’entendre et la voir quand elle le dit, pour comprendre qu’elle est différente.

Christiane Taubira, ex-garde des Sceaux, le 27 janvier 2016 à Paris

Christiane Taubira, ex-garde des Sceaux, le 27 janvier 2016 à Paris

afp.com/DOMINIQUE FAGET

Parce que Christiane Taubira joue à un jeu qui la rend magique et puissante. Le jeu de la poésie et du lyrisme que certains maîtrisent. Un jeu qui dépasse tout être et auquel il est impossible de tricher. On peut se tromper soi, car on reste humain, mais animé par de ressorts de sincérité qui nous dépassent, on devient incapable de tromper les autres. Sans réussir, on pourrait chercher longtemps les racines et explications de cette extraordinaire anormalité qui rend Christiane Taubira exceptionnellement humaine.

« Notre volonté ne sera pas faite en 2017″

Mais ce que l’intellect ne peut saisir, l’instinct le prend et le comprend: il y a des gestes, des regards et des tons qui ne trompent pas parce qu’ils sont sous la grâce et l’empire de la sincérité. Voilà à quoi nous en sommes réduits, nous démocratie, et il faut bien l’accepter: notre volonté ne sera pas faite, ni nos promesses tenues. Du moins, pas en 2017. Alors nous demandons à boire dans nos écuelles, juste un peu de sincérité pour de la dignité. Juste pour continuer à aimer les autres et soi-même. Ceux qui espèrent davantage se trompent. Ceux qui en attendent moins désespèrent.

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« Parfois résister, c’est partir » du gouvernement. « Parfois résister », c’est se battre pour la dignité collective. Quand on demande à Christiane Taubira de se présenter en 2017, on ne rêve pas qu’elle change le monde. Ce rêve ne peut plus appartenir qu’aux citoyens. Quand on demande Christiane Taubira, on désire juste un peu de dignité pour tenir un peu mieux le temps de cette nuit qui s’assombrit, pour rester humains, suffisamment humains pour pousser ensemble, pour pousser encore, pour que sur notre vie collective se lève un soleil nommé avenir.

Catfish TOMEI est associatif et entrepreneur. Diplômé de Sciences Po Paris, il rédige actuellement son deuxième essai « De Civis, l’art du règne de la multitude ».

Messieurs les Élus, dégagez!

Nous sommes l’un des pays du monde où les élus, en ¬particulier les parlementaires, sont le plus souvent reconduits. Et l’un des rares pays où un élu, une fois battu, ne change pas totalement et définitivement de métier, ¬attendant les scrutins suivants pour tenter, de nouveau, sa chance.

Les conséquences en sont terribles : la classe politique vieillit sur pied ; la droite vire au conservatisme le plus rance ; la gauche en reste à une conception de la défense des plus faibles issue des siècles passés. Tous, pour se maintenir aux affaires, se contentent de satisfaire les groupes de pression les plus véhéments et les plus enracinés de leurs circonscriptions, sans se préoccuper de l’intérêt général du pays, et moins encore de celui des ¬générations suivantes. Et lorsque ces élus finissent par se résigner à quitter la vie politique, après trois, quatre ou cinq mandats, les mieux placés pour leur ¬succéder, au moins dans la candidature, sont leurs suppléants et leurs attachés parlementaires, qui commencent à peupler en nombre Assemblée et Sénat.

Autres conséquences tragiques de cette crispation : très peu de femmes siègent au Parlement, malgré les règles des quotas, qui ne portent que sur les candidatures ; faute de débouchés dans les partis installés au pouvoir, les jeunes qui veulent faire de la politique cèdent aux sirènes de l’extrême droite, qui seule leur offre des circonscriptions, non par choix idéologique, mais par disponibilité. Et si on n’y prend garde, c’est par là, et là seulement, que viendra le ¬renouveau.

Pour y remédier, il faudrait simplement que l’on vote une loi limitant à deux dans le temps le nombre de mandats de tout parlementaire.

La vie politique en serait bouleversée : plus de la moitié des parlementaires actuels dégageraient. Et aucun des ¬nouveaux venus ne pourrait être, non plus, un ancien ayant déjà accompli deux mandats avant d’être battu.

Il deviendrait clair que le statut de député ou de sénateur n’offre pas une carrière et n’est qu’un passage dans une vie. Et si, en plus, on garantit le retour dans leurs entreprises aux salariés du secteur privé qui en prendraient le risque, la composition et les décisions du Parlement seraient d’une tout autre nature qu’aujourd’hui ; la vie politique retrouverait du sens.

Les élus plaideront qu’ils n’ont pas le temps de réfléchir à ce sujet, ayant d’autres urgences. L’argument ne vaut rien. Ils pourraient le faire. Tout de suite. Et même s’ils n’en avaient vraiment pas le temps, ils pourraient agir autrement : tout parlementaire terminant son deuxième mandat pourrait d’ores et déjà annoncer son intention de ne pas se représenter aux législatives et aux sénatoriales de 2017. Tous les partis devraient s’engager dès aujourd’hui à ne pas présenter aux prochaines élections un député ou un sénateur ayant déjà accompli deux mandats, qu’il s’agisse d’un sortant ou d’un ancien élu tentant un retour après une défaite.

Et pour ne pas remplacer les députés et les sénateurs par leurs actuels suppléants, assistants parlementaires ou par les patrons locaux des partis, ceux-ci devraient même ¬organiser, dès maintenant, pour choisir les prochains et donc nouveaux candidats, des primaires locales, comme elles vont exister au niveau de l’élection présidentielle ; des primaires qui ne soient pas réservées aux seuls membres des partis, mais étendues à tous les sympathisants.

On devrait ensuite appliquer le même principe à toutes les élections : municipales, départementales, régionales, au moins en attendant qu’on supprime un de ces niveaux.

Les parlementaires actuels oseront-ils voter cela ? Sûrement pas. Ni avant la prochaine présidentielle ni même après : les derniers privilèges que ces élus remettront en question seront les leurs, et la nuit du 4 août n’est pas pour demain.

Alors, nous voici coincés, sans solutions, car, aujourd’hui, toute réforme de la Constitution, sur quelque sujet que ce soit, suppose l’accord des parlementaires. Et ils n’auront vraisemblablement pas le courage des sénateurs italiens, qui vont bien finir par voter leur propre disparition ! Cela rend impossible beaucoup d’autres réformes, telles la ¬réduction du nombre de députés ou de sénateurs ou celle du nombre de communes. Il faudra alors réfléchir à d’autres moyens de changer la Constitution sans l’accord de ceux dont les intérêts sont menacés. Dans l’état actuel du droit, il ne reste plus, pour y parvenir, que le coup d’Etat, comme en 1958. Les élus seront-ils assez responsables pour l’éviter au pays ?

j@attali.com

Comment Christiane Taubira a mis en scène son départ de la place Vendôme

L’ex-ministre de la Justice a soigneusement prpar sa sortie du gouvernement, qu’elle a quitt mercredi dernier. Aprs une confrence de presse pour s’expliquer, Christiane Taubira publie un livre prpar dbut janvier, dans le plus grand secret contre l’extension de la dchance de nationalit.

C’est une mise en scène dont elle a le secret. Ce lundi, Christiane Taubira, l’ex-ministre de la Justice, qui a quitté le gouvernement mercredi dernier sur un « désaccord politique majeur », publie un livre que personne n’attendait, dans lequel elle dézingue, sans surprise, l’extension de la déchéance de la nationalité, raison qui l’a conduite à reprendre sa liberté.

Un livre préparé dans le plus grand secret, et que François Hollande, épargné dans l’ouvrage, a pu lire samedi dernier assure Le Monde, jour où a été acté le départ de Christiane Taubira. Un nouvel acte du feuilleton Taubira que laisse passer François Hollande, magnanime, probablement pour ne pas froisser son ancienne ministre, véritable icône à gauche.

  • Acte 1. Taubira démissionne du ministère de la Justice

La démission de la ministre est annoncé mercredi 27 janvier à 9h08, par un communiqué de l’Elysée, pile le jour où s’ouvre à l’Assemblée nationale le débat sur la révision constitutionnelle en commission des lois. Une révision qui comprend l’extension de la nationalité pour les terroristes binationaux nés français à laquelle elle s’est publiquement opposée. Le timing est parfait.

Le communiqué officiel envoyé, l’ex-ministre reprend très vite la communication sur le sujet et confirme son départ sur Twitter, dans un gazouillis posté moins de 10 minutes plus tard.

Une démission qu’elle a mûrie lors de ses vacances de fin d’année en Guyane et qu’elle aborde avec le chef de l’Etat samedi 23 janvier, avant que celui-ci ne s’envole pour trois jours en Inde. Le même jour, elle accordera une longue interview au journaliste de Canal+ Michel Denisot, où elle glissera de petits indices sur son départ. Mercredi matin, lorsque la nouvelle tombera, la chaîne cryptée bousculera, logiquement, ses programmes et diffusera l’entretien le soir de sa démission. Face au journaliste, elle écarte toute participation à une primaire à gauche, mais laisse planer le doute sur une participation individuelle à la présidentielle de 2017…

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  • Acte 2. Taubira explique pourquoi elle démissionne

La démission de Christiane Taubira fut tellement demandée, puis démentie, pendant ses quatre années place Vendôme, que lorsqu’elle arrive, cela mérite bien une petite explication. Mercredi donc, en début d’après-midi, elle convoque les journalistes pour une conférence de presse inédite, où elle détaillera dans une veste d’un rouge flamboyant (la couleur de la gauche) son action et motivera son départ, sans répondre à aucune question.

Un exercice assez inhabituel: d’ordinaire, lors d’une passation de pouvoir, la conférence de presse se fait avec les deux ministres, l’entrant et le sortant, dans la plus grande sobriété. Mais pas cette fois. Christiane Taubira, en électron libre qu’elle a toujours été, tient à marquer sa différence.

Les clefs de la place Vendôme remis à son successeur Jean-Jacques Urvoas, Christiane Taubira quittera son ministère sur son vélo jaune, suivi par les chaînes d’information en continue qui retransmettront les images en direct. Une séquence inédite, digne d’une soirée électorale, lorsque les caméras se pressent derrière le véhicule du vainqueur. Sauf que là, il s’agit du départ d’une ministre.

  • Acte 3. Taubira s’affiche en VIP à New York

À peine libérée de ses obligations que Christiane Taubira s’envole pour New York. Un voyage prévu de longue date pour Christiane-Taubira-la-ministre-de-la-Justice qu’elle n’a pas voulu annuler, même privée de ses fonctions. François Hollande n’y a rien trouvé à redire.

Devant des étudiants américains, elle aborde le thème de la liberté et de l’égalité pour tous. L’auditoire est sous le charme, les applaudissements nourris. Devant eux, elle réaffirme être « loyale » au président de la République, « et je le demeurerai ! ».

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  • Acte 4. Taubira publie un livre

Dimanche soir, à la surprise générale -sauf pour quelques uns, dont François Hollande- France 2 annonce la sortie imminente d’un livre de Christiane Taubira où elle s’en prend, encore, à la déchéance de nationalité. Un livre écrit dans le plus grand secret, début janvier, imprimé en Espagne à la fin du mois et transporté sous des films opaques… et publié moins d’une semaine après son départ.

A l’intérieur, Christiane Taubira répète ce qu’elle dit depuis plusieurs mois, qui lui a d’ailleurs valu un cinglant désaveu de Manuel Valls, le 23 décembre. Ce jour-là, le Premier ministre confirme que l’extension de la déchéance de nationalité fera partie de la réforme constitutionnelle. Une mesure que la ministre de la Justice avait dézinguée puis enterrée quelques jours plus tôt, lors d’un déplacement en Algérie. Si le livre épargne le président de la République, ce n’est pas le cas de Manuel Valls, qui n’est d’ailleurs pas cité une seule fois.

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« Mini-sommet » à Bruxelles: un magistrat de liaison français installé en Belgique

Runis Bruxelles, les gouvernements franais et belge ont annonc une srie de mesures et de propositions visant visant renforcer la coopration des pays europens aprs les attentats de Paris.

Fin des échanges aigres-doux entre Paris et Bruxelles, place à la collaboration. Après les attentats du 13 novembre, les gouvernements belges et français comptent renforcer leur coopération pour la sécurité, mais aussi celle de tous les pays européens. Un poste de « magistrat de liaison » en Belgique va par exemple être créé par le ministère français de la Justice, ont indiqué lundi soir les deux gouvernements à l’issue d’un « mini-sommet » à Bruxelles, présidé par les Premiers ministres Manuel Valls et Charles Michel.

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« Interface entre les autorités judiciaires des deux pays ainsi qu’entre leurs ministères de la justice respectifs, ce magistrat aura pour vocation de fluidifier plus encore l’entraide entre les deux pays, d’approfondir la connaissance de leurs systèmes juridiques et judiciaires, d’accroître l’efficacité démontrée des canaux de relations institutionnelles ». Ce magistrat de liaison sera basé à l’ambassade de France en Belgique, a précisé Manuel Valls lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue belge.

Des équipes d’enquêteurs franco-belges

Parmi autres les mesures annoncées, la Belgique et la France affirment vouloir « intensifier encore le recours à des équipes communes d’enquête franco-belges » et développer des « actions concertées contre la radicalisation ».

NOTRE DOSSIER >> L’enquête sur les attentats

Manuel Valls a également plaidé pour l’élaboration d’un « pacte européen de sécurité. Il a notamment souligné l’importance de concrétiser le projet de « PNR européen » recensant au niveau européen les données concernant les passagers aériens, et exhorté le Parlement européen, qui a longtemps traîné sur ce dossier, à « prendre pleinement ses responsabilités ».

Des contrôles obligatoire aux frontières extérieurs

La France et la Belgique appuient également la volonté de la Commission européenne de modifier les règles de l’espace Schengen, « afin notamment d’instaurer de manière systématique et obligatoire le contrôle aux frontières extérieures », y compris pour les ressortissants européens.

Elles entendent « travailler plus étroitement » au niveau européen afin d’aboutir à un accord rapide sur une directive relative aux armes à feu. Les deux pays soutiennent par ailleurs la proposition de la Commission sur la mise en place d’une « Agence européenne des garde-frontières et des garde-côtes » à laquelle ils « s’engagent à contribuer pleinement en mettant notamment à disposition un vivier permanent de gare-frontières et de garde-côtes ».

Les Premiers ministres belge et français, Charles Michel (g) et Manuel Valls (d) à Bruxelles, le 1er février 2016

Les Premiers ministres belge et français, Charles Michel (g) et Manuel Valls (d) à Bruxelles, le 1er février 2016

afp.com/EMMANUEL DUNAND

Manuel Valls a rappelé que la France, « avec d’autres Etats membres », réclamait un « renforcement des outils de coopération policière et de renseignement ». « Le Système d’Information Schengen (SIS) doit ainsi être systématiquement alimenté pour que toutes les personnes susceptibles de représenter une menace terroriste soient signalées comme telles », a-t-il préconisé.

Le Premier ministre, venu en compagnie du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve et du ministre de la Justice nouvellement investi Jean-Jacques Urvoas, a encore souligné la nécessité de lutter contre « la fraude documentaire » et « le financement du terrorisme ». « La Commission adoptera demain (mardi) un plan d’action sur le sujet. Nous lui demandons de faire rapidement des propositions législatives », a-t-il dit.