Franois Hollande fte ce mardi le 70me anniversaire de la Scurit sociale. En raffirmant son attachement un systme en crise mais rformable, il espre se poser en rassembleur avant l’chance lectorale de 2017.
Ce sera un des champs de bataille de l’élection présidentielle de 2017.La Sécurité sociale, née le 4 octobre 1945 sous les auspices du Conseil national de la résistance avec l’objectif de « garantir à chacun qu’en toutes circonstances il disposera des moyens nécessaires pour assurer sa subsistance et celle de sa famille dans des conditions décentes ».
Ce mardi, François Hollande doit célébrer les 70 ans de la vieille dame à la Mutualité, haut-lieu des rassemblements de gauche, en proclamant son attachement à ce système de solidarité contributive. Tandis que son adversaire potentiel, Nicolas Sarkozy, appelle dans Les Echos à rompre avec « l’assistanat » supposé de notre modèle social.
Un « trou de la Sécu » nettement réduit
L’offensive s’inscrit dans un deuxième temps du quinquennat, celui de la redistribution, annoncé dès 2012, alors que depuis 2013 le gouvernement a procédé à un rééquilibrage de la fiscalité en faveur des entreprises. « On rebâtit un bout de séquence sociale », explique au Mondeun proche du président. Le gouvernement peut se prévaloir de quelques résultats. Grâce au report de la retraite à 62 ans, la branche vieillesse doit redevenir légèrement bénéficiaire en 2016. De 21 milliards en 2012, le trou de la Sécu doit passer « sous les 10 milliards » l’année prochaine, selon la ministre de la Santé Marisol Touraine. Les dépenses de la branche maladie progressent moins vite, et la modulation des allocations familiales a fait économiser 400 millions d’euros à la branche famille en 2015.
Pourtant, la Sécurité sociale, financée par les contributions des salariés, semble de moins en moins adaptée pour des bénéficiaires dont les parcours professionnels ne sont plus continus, dans le contexte d’un chômage à 10%. Selon Jean-Paul Charlez, président de l’association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH) cité par la CFDT, « c’est le travail qui fonde le financement et l’accès à presque tous les droits (santé, chômage, retraite, formation, etc.). Or la vie professionnelle est de moins en moins un long fleuve tranquille: la précarité s’accroît, le temps de passage dans les entreprises se réduit ». Il faut donc concilier ces parcours en pointillé avec un système de prestations sociales universel, et forcément coûteux.
Le compte personnel d’activité, nouvelle clé de voûte
C’est avec le compte personnel d’activité (CPA) que François Hollande espère avoir trouvé la formule magique pour une Sécu du XXIème siècle. Le CPA, que le président a présenté le 19 avril dernier comme « la grande réforme sociale du quinquennat », destiné à devenir « le capital de ceux qui travaillent », permet à l’assuré de cumuler ses droits au long de son parcours professionnel, qu’il soit successivement salarié, chômeur ou travailleur indépendant. Reste cependant à trouver des solutions pour financer ces nouveaux droits, si les cotisations salariales sont amenées à décroître.
Pour l’inspecteur des Finances Nicolas Colin, interrogé par Les Echos, les travailleurs indépendants représenteront à terme 10% de l’emploi total. Ce spécialiste de l’impact des technologies numériques sur les entreprises traditionnelles assure qu’il n’y a pas d’autre moyen pour offrir à tous une protection de base, comme le promet la Sécu, que de « prélever des cotisations sur chaque transaction des plates-formes collaboratives ». Uber, le concurrent des taxis, serait ainsi amené à déclarer les revenus de ses chauffeurs et à ponctionner leur revenu d’une contribution à la Sécu. Les revenus générés par une location via Airbnb pourraient alimenter ses caisses.
Pour que le CPA prenne de la substance, il faut donc marier la vieille dame à ces nouveaux acteurs du travail, qui n’ont jusqu’alors montré que mépris pour elle. Dans son discours, François Hollande aura-t-il un mot pour eux?