Les anesthésistes en colère contre L’Express: la réponse de Christophe Barbier

La Une de L’Express de la semaine dernire, « Hollande, l’anesthsiste », a fait bondir… certains anesthtistes, qui, dans une lettre ouverte, la jugent insultante. La rponse, affectueuse mais piquante, de Christophe Barbier.

D’abord, je suis ravi et rassuré de constater que les anesthésistes ne dorment pas quand il s’agit de défendre l’image de leur profession.

Ensuite, il ne s’agissait pas pour nous de critiquer les anesthésistes, mais le président de la République. Un bon anesthésiste est indispensable à l’hôpital, mais néfaste à l’Elysée! Depuis le docteur (déjà!) Queuille, préférer la somnolence à l’action a toujours été funeste à la France.

Je constate que les signataires du courrier considèrent que les reproches adressés au président leur sont en fait destinés, ce qui dénote une grande confusion ou un peu de mauvaise foi. Soit ils ont mal lu l’article et ils relèvent de leurs confrères ophtalmologistes, soit ils se prennent pour le Président de la République et c’est aux psychiatres d’intervenir.

Ce n’est, bien sûr, ni l’un ni l’autre, mais la simple et facétieuse expression de leur corporatisme – les anesthésistes emploieraient-ils des gaz hilarants? On peut simplement regretter que le temps passé à rédiger cette protestation n’ait pas été consacré à soulager les surcharges de service de l’hôpital, puisque surcharges il y a…

La relation entre la politique et l’anesthésie est paradoxale. Dominique Voynet était anesthésiste avant d’entrer en politique, Jean-Pierre Chevènement faillit mourir d’une injection de curare… Il semble bien que ce ne soit pas terminé.

La France a besoin d’un bon président et de bons anesthésistes; elle n’a pas vraiment trouvé le premier, elle est riche des seconds. Tout le reste est histoire à dormir debout…

Tonton mayonnaise

francois-hollande-grimace-2013- Il nous saoule, nous endort, nous enfume, nous corne les oreilles avec ses bobards éventés. Feint-il ? Ment-il ? Abuse-t-il ? Par le Diable, qui peut encore croire à ses aphorismes de fin de banquet ? Viendra-t-il une âme charitable à lui mander qu’il serait bienfaisant qu’il cessât de rabâcher à l’envi les mêmes promesses conjuratoires tout ainsi qu’un grand prêtre vaudou qui aurait égaré son bréviaire de tours de magie ?

Ma chère et tendre, nous vous sentons curieuse de savoir qui peut ainsi oser décaniller notre roi, en cette fin d’été où il nous faut nous rendre à l’évidence : le Flou, notre Tonton mayonnaise, reste un incorrigible baratineur ! Ha ! Il nous faut vous conter que, durant la trêve estivale, propice aux nouvelles rencontres, nous fîmes la connaissance d’une marquise au verbe haut, dont la truculence s’épand telle une ombre maléfique sur la faconde d’Artois qui ne peut guère la blairer, ainsi que vous l’avez deviné sans peine aucune.

Baratineur

Ce vieux jaloux ne tolère nulle rivalité, nulle concurrence : il aime à régner sur les soupers, s’entend à confisquer la parole et ne tolère nulle contradiction. Serait-il la vérité incarnée, la justice immanente ?

Nous avions convié cette pétulante marquise à souper, de façon informelle, sans chichis, à des fins que nos deux oiseaux fissent connaissance. Confessons-le sans fard : ce fut une funeste erreur. Artois se tint fort mal, s’affranchissant sans vergogne aucune de l’étiquette au point de picoler comme un boyard et de s’en venir à brailler les insultes les plus vertes de son répertoire dûment abondé par sa fréquentation des mauvais garçons.

La marquise, dont nous tairons le patronyme ô combien célèbre en Cour, est de la meilleure extraction : son sang-froid, inoxydable, fut digne de son rang. Voici qui provoqua l’ire d’Artois qui ne parvint nullement à la faire sortir de ses gonds.

Se croyant en terrain conquis, sûr de lui et dominateur, Artois dégaina le premier en qualifiant le roi de bonimenteur de fin de marché.

– Bonimenteur ? Cher comte, votre mansuétude vous égare…

– Mansuétude ? Marquise, vous me moquez ! Votre compliment est une insulte !

– Une insulte ? Mais vous n’y êtes point, mon ami. Vos sarcasmes, vos fagots, vos indiscrétions de valet de pied n’amuseraient pas même un gynécée de jouvencelles un peu niaises.

– Madame, devrais-je considérer que vous ouvrez les hostilités ?

– Comte, vous m’amusâtes autrefois lorsque vous teniez la chronique de Cour dans une fameuse gazette, mais à présent votre public s’étrécit comme pupille de chat aveuglé par le soleil.

– Madame, cette pique me fend le cœur ! Votre rang vous confère-t-il la licence de me ridiculiser ainsi ?

– Et comment, Armand ! Croyiez-vous un moment nous faire forte impression lorsque vous vîntes à critiquer le roi ?

– Seriez-vous Madame adepte de la secte des sans culottes ?

– Point, mon bon. Cependant je n’en éprouve point l’impérieuse nécessité de trouver refuge dans les jupes du Bref ou de la Marinella.

– Seriez-vous alors entichée du doge de Bordeaux, coqueluche des maisons de retraite ?

– Caramba, comte : encore raté !

– Monsieur de Fillon, ce somnifère, aurait-il vos faveurs ?

– A côté de la plaque ! Votre temps d’attente est épuisé, veuillez renouveler votre appel ultérieurement.

Fièvres barbaresques

Assez imbibé pour avoir langue déliée, Artois invectiva la marquise :

– Vous vous foutez de ma gueule, Madame…

– Il vous est loisible de considérer les choses ainsi…

La marquise, forte femme aux formes généreuses, toisait son adversaire de ses grands yeux de braise, sans faillir un moment à son flegme marmoréen. Voici qui mettait Artois hors de lui : les quinquets exorbités, la bave aux lèvres, tremblant de tous ses membres, comme saisi par les fièvres barbaresques.

– Comte, vous buvez comme un tas de sable, vos esprits s’en trouvent altérés et votre jugement pâtit de vos abus de cet excellent brut millésimé…

– Que l’on fasse tomber une autre roteuse ! Cousteau, on voit le fond !

– Philippe, vous vous prenez de trop de champagne…

– J’ai la menteuse comme un matelas ! Je m’en tape le cul au lustre ! A boire ! Et fissa !

– Comte, votre éducation semble s’être dissoute dans les bulles…

– Toi, la Gravôsse, ta gueule !

– Philippe, nous ne pouvons en supporter davantage ! Nos gens vont vous reconduire et vous prodiguer les soins qu’appelle votre ivresse de garçon de ferme !

– A la santé du Flou ! Cul sec ! A la santé de ce prince du baratin, de ce seigneur du bobard, de ce roi des craques. L’avez-vous seulement entendu, ce bouffon, jurer sur la couronne qu’il n’augmenterait plus les impôts ?

– Le voici en effet qui s’apprête à lever une nouvelle taxe sur les images et les tablettes…

Curé défroqué

– L’avez-vous encore entendu jurer, cochon qui s’en dédit, qu’il terrasserait l’hydre du désœuvrement ? L’avez-vous toujours entendu promettre, tel un curé défroqué, que la croissance serait au rendez-vous ? Bernique, que dalle, des nèfles, pipeau ! A présent que le Céleste empire n’a même plus de quoi offrir le riz de midi à ses sujets, croyez-vous un moment que notre royaume va retrouver les couleurs de la prospérité ? Nous nous sommes faits niquer, berner, abuser, par les menteries éhontées de ce roi de patronage !

– Reprenez-vous, Philippe : vous voici rouge tel un homard.

– Ha ! Vous voici beau, comte, de vous épandre en imprécations ! Vos amis, les séides du Bref, professent-ils des solutions miracles, sorties tels des lapins blancs de leurs chapeaux ? Ils sont là, à aiguiser le fil de leurs dagues, prêts à sacrifier au rituel de la Nuit des petits couteaux.

– Impertinente ! Sans foi ni loi, ni Dieu ni maître ! Seriez-vous, marquise, des zélotes de ce Monsieur Varoufakis, du barde Mélenchon ainsi que du duc de Montebourg, un beau trio d’aigrefins ! Une marquise rouge, une pasionaria, en ces murs !

– D’aucuns, plutôt noirs que rouges s’essaient à défendre les gueux qu’au fond d’eux mêmes ils méprisent, non un certain succès… Faut-il les craindre en ces temps où les carottes du Flou semblent cuites ?

– Que le cul lui pèle !

– Philippe, vos grossièretés offensent nos oreilles.

– Madame, vous semblez bien assurée de votre jugement…

– Ha ! Comte, vous n’avez point observé que le roi avait dès à présent pris grand soin d’offrir rentes et charges confortables à ceux de ses proches qui pâtiront de son exil.

– Exil ? Ne craignez-vous point Madame d’user d’un langage pour le moins excessif ?

– Il se mande à la Cour que le Flou se serait déjà soucié de son devenir après qu’il aura perdu la Couronne…

– La fuite à Varennes ?

– Ou à Sigmaringen : si la reine de Prusse donne son consentement, ce qui n’est point gagné.

Pourquoi les ministres du Travail « sautent comme des fusibles »

On pourrait facilement qualifier le poste de ministre du Travail de « prcaire ». A l’heure o Franois Rebsamen assure son dernier service aprs-vente sur les chiffres du chmage, L’Express s’est pench sur l’volution de la Rue de Grenelle, adresse phare de la communication politique.

« Offre d’emploi: ministère recherche ministre. » Cette fausse annonce Pôle emploi a alimenté les réseaux sociaux cet été après le choix de François Rebsamen de briguer la mairie de Dijon en succession de son ami Alain Millot, décédé en juillet dernier. La décision de Rebsamen prise, le casse-tête a commencé pour François Hollande et Manuel Valls qui doivent trouver un nouveau locataire pour la Rue de Grenelle. Et quand on sait que le chef de l’Etat a conditionné une éventuelle candidature en 2017 à ses résultats sur le front de l’emploi, le flottement qui règne depuis plusieurs semaines quant au successeur, est un véritable boulet pour l’exécutif.

> Macron, le vrai ministre du Travail

Manuel Valls et François Hollande le 27 novembre 2014 à l'Elysée, à Paris

Manuel Valls et François Hollande le 27 novembre 2014 à l’Elysée, à Paris

afp.com/Michel Euler

Il faut dire que le ministère du Travail n’est pas une adresse facile. « Ministère du chômage », « ministère des mauvaises nouvelles », le portefeuille collectionne les quolibets et ressemble à un cadeau empoisonné pour son titulaire. « C’est surtout devenu le ministère des fausses bonnes nouvelles », explique à L’Express Bruno Bethouart, professeur d’Histoire contemporaine retraité et auteur du Ministère du Travail et de la Sécurité sociale. De la Libération au début de la Ve République (Presses universitaires de Rennes, 2006). « Depuis que le ministère est devenu un lieu où la question essentielle est l’emploi, sans qu’il n’y ait de recette miracle, les ministres sautent comme des fusibles », remarque cet ancien professeur de l’université Littoral Côte d’Opale.

Huit ministres en huit ans

Et pour s’en convaincre, il suffit de regarder la liste des locataires qui ont défilé au ministère. Marqué par la crise financière et donc l’inexorable montée du chômage qui s’en est suivie, la Rue de Grenelle connaît une instabilité et un turnover particulièrement marqué depuis 2007. Sous Nicolas Sarkozy, c’est Bercy qui chapeautait les dossiers de l’Emploi avec Christine Lagarde en chef d’orchestre. Mais pour occuper officiellement la fonction de ministre du Travail, se sont succédés Xavier Bertrand (mai 2007 – janvier 2009), Brice Hortefeux (janvier 2009 – juin 2009), Xavier Darcos (juin 2009 – mars 2010), Eric Woerth (mars 2010 – novembre 2010) et de nouveau Xavier Bertrand (novembre 2010 – mai 2012). Sous François Hollande, deux (et bientôt trois donc) ministres ont eu droit au fardeau de l’exercice de la communication mensuel des chiffres du chômage. Et que ce soit Michel Sapin (mai 2012- mars 2014) ou François Rebsamen (avril 2014 – septembre 2015), qui a remis sa démission au chef de l’Etat la semaine dernière, ce sont des spécialistes de la politique plus que d’anciens inspecteurs du Travail, remarque Bruno Bethouart.

François Hollande et François Rebsamen, le 23 juillet 2015 au Château du Clos Vougeot

François Hollande et François Rebsamen, le 23 juillet 2015 au Château du Clos Vougeot

afp.com/Bertrand Guay

« Il y a eu un changement de structure dans les années 1960. Avant, le ministère était stable avec une véritable gestion et un profil très professionnel. Le ministre était quelqu’un de compétent, reconnu pour ses connaissances du monde du travail et de l’entreprise. Mais à cette époque, le chômage n’était pas le sujet n°1. Aujourd’hui, à partir du moment où le patron du ministre du Travail est le Premier ministre, c’est surtout devenu de la communication. » Et le professeur d’Histoire se replonge dans ses archives. « Paul Bacon (1907-1999) par exemple, ancien syndicaliste (un des pères de la Sécurité sociale et du Smig, ndlr) a été un grand ministre du Travail de la IVe et même de la Ve République. Il gardait son poste peu importe le gouvernement parce qu’il était compétent sur le fond des dossiers », note Bruno Bethouart.

Et si aujourd’hui le poste de ministre du Travail ressemble à un mauvais strapontin pour politicien, « le paradoxe, c’est que des professionnels et des spécialistes, ce n’est pas ce qui manque au sein du ministère », précise Bruno Bethouart. Mais à écouter l’historien, pour retrouver de la stabilité, le ministère ne devrait plus avoir la baisse du chômage comme obsession. Une stratégie à l’opposé du pari politique de François Hollande.

The Crisis, Act 2

Writing in L’Express (February 4th, 2015, N•3318), I said that there was the threat of a new global economic crisis while revealing the warning signs, which caused sniggering. The analysis is even truer today: the world is getting closer to a major economic disaster. And yet, nobody talks about it.

In particular, no one sees that what is at stake in China may lead, spread by contagion, to a global depression if we do not act quickly, with sufficient preventive action. China’s evolution was foreseeable: its average GDP growth of 10% per year could not be sustained and a slowdown was inevitable. Moreover, China is no longer competitive, in the heart of an Asia where a number of countries in turn are awakening. The Middle Kingdom has failed to create international companies, with globally recognized brands, as the United States and Japan succeeded in doing in their time. The Tianjin disaster dramatically exacerbates such threat, paralyzing a city of 15 million inhabitants, one of the first points of import and export in the country, and noting, following other similar events, how this country suffers from censorship that is imposed by the demands of a single-party state.

The consequences of this can be disastrous for the regime. The recession has indeed caused a decline by more than a third of the value of the stock exchange, where 200 million members of the middle class have invested half of their savings, that were set aside to fund health care and education expenses for them and their families, as well as for their pensions, that are not covered by the country. Furthermore, while economic slowdown continues, it is rural exodus that will slow down, reducing the demand for housing and toward the collapse of real estate, which will destroy the other half of savings of the middle class. And nothing is more dangerous, for any regime, than the destruction of its middle class: the basic structure of every social order.

The manipulation of the rate of exchange will not be sufficient to stop the fall. On the contrary, it may contribute to the problem by putting China into a situation where the country is dependent on the goodwill of international speculators and by encouraging other countries to influence the exchange rate in order to return to competitiveness.

Overall, the recession in China – if confirmed – will trigger the recession in Brazil, which in turn will bring about that of the United States, then ours. This threat, which does not appear to be receiving much attention at present, is approaching. Leaders in the western world will have to discuss a possible stimulus package, at the latest at the G7 in Istanbul in September. It is just that our countries no longer have, unlike in 2008, budgetary leeway, and our central banks no longer have, unlike in 2010, the option to lower their interest rates.

Then, what more should be done to help restore growth? The craziest solution, the easiest would be to resort to printing more money, as is currently done in the United States, Japan, Great Britain and the eurozone. It would end up ruining savers, that is to say, for older people, today great victors of a world without children, without providing work and growth prospects for younger people.

We still have all the means to prevent such a scenario, and even not to settle for stagnation without job creation, though this seems to be the best hypothesis today. The global economy has the opportunities for very strong growth, of a new kind, provided that mechanisms of coordination, reorientation, and monitoring that are global in scope are put in place; thinking about the economy through the lens of the interests of the next generations; fighting against economic, financial, social and political rents; and fostering innovations of all kinds. This requires boldness, confidence, transparency. All the things that politicians, regardless of the regimes under which they are, hate above all else.

j@attali.com

Valérie Trierweiler applaudit Ségolène Royal « des deux mains »

Interroge sur RTL ce mardi matin, l’ex-compagne de Franois Hollande a voqu son engagement au sein du Secours populaire. Elle a galement flicit la ministre de l’Ecologie pour ses rcentes propositions sur le gaspillage alimentaire.

Les tensions semblent bien loin. Ce mardi matin, Valérie Trierweiler était l’invitée de RTL pour évoquer en premier lieu son engagement auprès du Secours populaire. L’ancienne compagne de François Hollande participera mercredi, et comme chaque année, à la « Journée des oubliés des vacances ». A Paris, elle accompagnera plusieurs centaines d’enfants qui n’ont pas eu la chance de partir au bord de la mer durant l’été. Entre la politique et son activité au sein de l’association, l’ex-journaliste a fait son choix. « François Hollande est le président de tous les Français donc le mien aussi […] Mais maintenant mon président de coeur c’est Julien Lauprêtre [le président du Secours populaire, NDLR] ».

Outre son engagement associatif, Valérie Trierweiler a également répondu à quelques questions sur l’actualité politique. Elle a notamment félicité Ségolène Royal pour ses récentes propositions contre le gaspillage alimentaire. « Quand je vois qu’elle propose une loi, j’applaudis des deux mains », a lancé la journaliste de Paris Match. La ministre de l’Ecologie a annoncé lundi qu’elle réunirait « dans les dix jours » les représentants de la grande distribution pour leur demander de changer leurs pratiques afin de lutter contre cette pratique.

« Créer une communauté plus large »

La semaine dernière, l’ancienne Première dame avait fait sensation en accusant, dans un entretien accordé au magazine Grazia, les « bobos » responsables, selon elle, du climat de racisme social en France. « Il y a une forme de mépris des classes sociales dites supérieures à l’égard de ceux qui n’ont pas eu la même chance à la naissance », avait déclaré Valérie Trierweiler. Ce mardi sur RTL, elle a été plus nuancée. « Peut-être qu’il faudrait, parce que l’on vit dans un milieu privilégié, ne pas oublier ceux qui ne vivent pas dans ce monde-là et que l’on réussisse à créer une communauté beaucoup plus large. »

Le monde s’approche d’une grande catastrophe économique. Et personne n’en parle!

Pour avoir écrit ici le 4 février dernier (voir L’Express N•3318) qu’une nouvelle crise économique mondiale menaçait, et en avoir révélé les signes avant-coureurs, j’ai déclenché d’innombrables ricanements. L’analyse est encore plus vraie aujourd’hui : le monde s’approche d’une grande catastrophe économique. Et personne n’en parle.

Nul ne voit, en particulier, que ce qui se joue en Chine peut entraîner, par contagion, une dépression planétaire si nous n’agissons pas vite, de façon préventive. L’évolution chinoise était prévisible : sa croissance à 10% par an ne pouvait être durable et le ralentissement était inévitable. De plus, la Chine n’est plus compétitive, au cœur d’une Asie dont nombre de pays s’éveillent à leur tour. L’Empire du Milieu n’a pas su, comme l’ont fait les Etats-Unis et le Japon en leur temps, créer des firmes de taille internationale, avec des marques mondiales. La catastrophe de Tianjin aggrave cette menace dans des proportions considérables, paralysant une ville de 15 millions d’habitants, l’un des premiers lieux d’exportation et d’importation du pays, et rappelant, après d’autres événements du même genre, combien ce pays souffre des censures que lui imposent les exigences d’un parti unique.

Les conséquences de cette situation peuvent être désastreuses pour le régime. La récession a, en effet, entraîné une baisse de plus d’un tiers de la valeur de la Bourse, où les 200 millions de membres de la classe moyenne ont investi la moitié de leur épargne, mise en réserve pour financer les frais de santé et d’éducation familiaux, ainsi que leurs retraites, que l’Etat ne couvre pas. De plus, si la croissance continue de ralentir, c’est l’exode rural qui va s’essouffler, réduisant la demande de logements et menant l’immobilier à l’effondrement, ce qui détruira l’autre moitié de l’épargne de la classe moyenne. Et rien n’est plus dangereux, pour tout régime, que de ruiner sa classe moyenne, ossature de tout ordre social.

La manipulation du taux de change ne suffira pas à enrayer cette chute. Au contraire, même, elle peut l’aggraver en mettant la Chine en situation de dépendre du bon vouloir des spéculateurs internationaux, et en incitant d’autres pays à agir sur leur taux de change pour rétablir leur compétitivité.

Au total, la récession chinoise, si elle se confirme, entraînera celle du Brésil, qui provoquera celle des Etats-Unis puis la nôtre. Cette menace, aujourd’hui négligée, sera bientôt d’actualité. Au plus tard lors du G7 d’Istanbul, en septembre, les dirigeants occidentaux devront débattre d’un éventuel plan de relance. Seulement voilà : nos Etats ne disposent plus, comme en 2008, de marges de manœuvre budgétaires, et nos banques centrales n’ont plus la possibilité, comme en 2010, de diminuer leurs taux d’intérêt.

Alors, que reste-t-il pour relancer la croissance ? La solution la plus folle, la plus facile, serait d’imprimer encore plus de billets, comme on le fait déjà aux Etats-Unis, au Japon, en Grande-Bretagne et dans la zone euro. Cela finirait par ruiner les épargnants, c’est-à-dire les seniors, aujourd’hui grands vainqueurs d’un monde sans enfants, sans pour autant donner du travail et des perspectives de croissance aux plus jeunes.

Nous avons encore tous les moyens d’empêcher un tel scénario et, même, de ne pas se contenter d’une stagnation sans création d’emplois, qui semble pourtant être aujourd’hui la meilleure hypothèse. L’économie mondiale a les possibilités d’une très forte croissance, d’un genre nouveau, à condition de mettre en place des mécanismes de coordination, de réorientation et de surveillance planétaires ; de penser l’économie en fonction de l’intérêt des générations suivantes ; de lutter contre les rentes économiques, financières, sociales et politiques ; et de favoriser les innovations de toutes natures. Cela suppose de l’audace, de la confiance, de la transparence. Toutes choses que les politiques, quels que soient les régimes, détestent par-dessus tout.

j@attali.com

Menu chargé pour la rentrée de François Hollande et Manuel Valls

Porc, moutarde de Dijon, produits laitiers… Voici les principaux ingrdients au menu (imaginaire) du djeuner (bien rel) qui runit Franois Hollande et Manuel Valls ce mardi midi, avant la rentre du gouvernement mercredi.

François Hollande et Manuel Valls déjeunent ensemble ce mardi, à la veille du Conseil des ministres de la rentrée. Et le menu (imaginaire) de ces retrouvailles politiques semble plus indigeste que gourmand. Jugez plutôt…

En guise de mise en bouche, l’impossible inversion des courbes risque de peser sur l’estomac du président de la République et celui de son Premier ministre. L’exécutif va devoir faire sans l’embellie conjoncturelle qui devait adoucir le goût de leur rentrée. Ce pâté n’est pas nouveau et aurait mérité d’être revisité. Mais la croissance s’obstine à ne pas décoller quand le chômage, lui, grimpe encore et toujours.

Porc français et moutarde de Dijon

Transition logique vers l’entrée, pour laquelle le chef cuisinier a choisi une déclinaison audacieuse de bouchées à la moutarde de Dijon. Un clin d’oeil politico-gastronomique au moment d’aborder la question du remplacement de François Rebsamen, qui quitte le ministère du Travail pour retrouver la mairie de Dijon.

L’emploi tombera-t-il dans l’escarcelle d’un ex-frondeur proche de Martine Aubry, Jean-Marc Germain, dont le nom circule avec insistance? Ce signe permettrait-il de mettre en sourdine les critiques des frondeurs qui vont redonner de la voix à l’approche du budget 2016?

C’est avec une certaine amertume en bouche que François Hollande et Manuel Valls aborderont ensuite le plat de résistance. Un filet mignon de porc au cidre breton. L’animal a été offert par un éleveur en colère venu rencontrer le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll cette semaine. 100% français, il faisait partie des nombreuses bêtes que les éleveurs ont continué de nourrir à perte pendant la suspension de la cotation au Marché du porc breton, qui reprend ce mardi.

Les produits laitiers sont leurs amis pour la vie

Fromage et dessert suivront pour le couple exécutif. Pourquoi choisir? D’autant qu’il faut soutenir la filière laitière, dans une situation critique qui se répercute sur les éleveurs de viande bovine. La crise de l’élevage, toutes productions confondues, doit être discutée lors du Conseil européen des ministres de l’Agriculture, convoqué le 7 septembre à Bruxelles à la demande de Paris. En guise de dessert, donc, un riz au lait subtilement caramélisé permettra de faire le plein de produits laitiers.

A noter qu’aucun vin n’agrémentera ce repas. Cela n’aurait pas été du meilleur effet, alors que les chiffres de la sécurité routière sont très mauvais. Le gouvernement doit réunir un « comité interministériel à la sécurité routière » chargé d’adopter de nouvelles mesures pour enrayer l’hécatombe. Aucun digestif non plus au programme, même si le couple exécutif aurait peut-être souhaité un peu de chaleur pour terminer, avant d’enchaîner sur la préparation épineuse des élections régionales et de la COP 21 à la fin de l’année. Boire ou conduire le pays, il faut choisir.

François Hollande, l’anesthésiste

Face aux maux dont souffre la France, Franois Hollande s’est refus oprer vif depuis 2012. L’urgence rformer l’Etat et le systme social s’impose chaque jour davantage. A moins de deux ans de la fin de son quinquennat, que veut, que peut le prsident? Enqute.

A l’hôpital, quand l’anesthésiste s’avance, c’est mauvais signe: soit une opération sérieuse vous attend, soit le corps médical a décidé de vous accompagner vers la mort. La première hypothèse laisse, elle, un espoir et témoigne au moins du volontarisme du chirurgien. Depuis trois ans, la France attend que le Dr Hollande passe à l’acte, après avoir prononcé nombre de diagnostics, étalé les instruments et s’être lavé les mains dans de nombreux dossiers. Las! il n’opère toujours pas et ne cesse d’endormir le patient pour lui faire croire qu’il ne va pas si mal, puisqu’il ne souffre pas trop. Dans la clinique socialiste, le bistouri rouille, la morphine coule…

Ce n’est pas par incompétence que le président anesthésiste procède ainsi, c’est par optimisme. Comme Béralde, le frère d’Argan, dans Le Malade imaginaire, il considère que « la nature, d’elle-même, quand nous la laissons faire, se tire doucement du désordre où elle est tombée ». Ainsi, Hollande attend que l’embellie économique annoncée par les experts guérisse le pays du mal qu’il n’a pas soigné.

Erreur! Si la croissance, cent fois annoncée et toujours enlisée, arrive un jour, si le chômage baisse un peu dans les prochains mois, cela aura la même importance qu’une chute de la fièvre chez un cancéreux: c’est toujours bon à prendre, mais ne change pas le problème de fond.

« Pronostic vital engagé »

Dresser le bilan de François Hollande est un exercice délicat, car le problème est moins dans ce qu’il fait que dans ce qu’il ne fait pas. Comme avec une radiographie, où les petites taches claires sont plus inquiétantes que les masses sombres, il faut savoir lire en négatif. Si la langueur française persiste, c’est parce que le président ne fait pas le boulot, et pas seulement en matière de fiscalité, de baisse des charges ou de temps de travail: par-delà la pharmacie sociale libérale, le président doit désormais appeler les Français à un immense effort, et réorienter à nouveau sa politique pour que les investisseurs soient enfin convaincus que parier sur la France peut rapporter.

En réformant, François Hollande permettrait à la France de rester parmi les grands. Et lui-même demeurerait dans l'Histoire.

En réformant, François Hollande permettrait à la France de rester parmi les grands. Et lui-même demeurerait dans l’Histoire.

REUTERS/Philippe Wojazer

Ensuite, parce que le pays a dépassé le stade de l’urgence et voit son « pronostic vital engagé », comme le dit la novlangue médicale, le chef de l’exécutif doit empoigner le bistouri pour deux opérations de la dernière chance, deux réformes essentielles. Mais François Hollande est-il un réformateur?

Inventer l’État du XXIe siècle

D’abord, l’administration: parce qu’elle a fondé l’Etat républicain à partir de 1870, c’est à la gauche de le réinventer, de dire ce qu’est aujourd’hui le service public, donc la place des fonctionnaires. Moins nombreux et mieux rémunérés, ils doivent cadrer et contrôler la vie collective, mais exécuter le moins de tâches possible hors du domaine régalien. L’Etat, sans but lucratif, sait définir et garantir l’intérêt général, mais, dès qu’il est chargé du fonctionnement, sa productivité est médiocre, son efficacité, inégale, et son management humain, pathétique.

Il doit seulement dire la règle, puis laisser faire et vérifier – et sanctionner s’il le faut. Puisque la droite, libérale dans l’opposition et colbertiste au pouvoir, est ontologiquement incapable d’inventer l’Etat du XXIe siècle, la gauche doit l’instaurer, donc d’abord le penser. Mais François Hollande est-il un penseur?

Ensuite, le système social: condamné à la fois par une démographie qui augmente ses coûts et par une économie qui plombe ses recettes, il doit être démonté et reconstruit. La droite, mélangeant logique comptable et achat de la paix sociale, n’ayant jamais accompli que des réformes en trompe l’oeil, c’est à la gauche de le réinventer. Le gouvernement actuel doit cesser les économies de bouts de chandelle et inventer l’électricité. Mais François Hollande est-il un inventeur?

Au milieu de tous les changements impératifs, ce sont là deux révolutions indispensables, qui n’aboutiront pas avant 2017 et ne rapporteront au président candidat que de la colère dans les urnes. Néanmoins, s’il les engage vite, il offre à la France l’espoir de rester un grand pays et se donne à lui-même une chance de demeurer dans l’Histoire comme un grand homme. Mais François Hollande est-il un grand homme?

Le Conseil constitutionnel valide l’essentiel de la loi Macron

Les Sages ont toutefois retoqu plusieurs articles dont celui rformant la justice prud’homale et le plafonnement des indemnits en cas de licenciement sans cause relle ou srieuse.

La loi Macron a accroché du bout du pied la dernière haie mais elle a enfin bouclé sa course. Le conseil constitutionnel a validé l’essentiel du texte censé doper la croissance, censurant quelques dispositions importantes. Ce n’est pas le cas de l’ouverture des magasins 12 dimanches par an et tous les dimanches dans les nouvelles zones touristiques internationales (ZTI), ni l’ouverture à la concurrence des lignes d’autocar interurbaines. La réforme du passage du permis de conduire, des mesures sur la vie des entreprises, ou encore la lutte contre la fraude aux travailleurs détachés ne sont pas plus contestées.

Le Premier ministre Manuel Valls s’est félicité de cette adoption.

Elles pourront donc entrer en vigueur telles que prévues, une fois la loi promulguée et les décrets d’application pris par le gouvernement.

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Toutefois, le Conseil constitutionnel a censuré plusieurs articles, en partie ou en totalité, parmi ceux contestés par les parlementaires.

Adieu les amendements « Evin » et « Bure »

Le plus important concerne la réforme de la justice prud’homale et le plafonnement des indemnités en cas de licenciement sans cause réelle ou sérieuse, que la loi voulait variable selon la taille de l’entreprise et l’ancienneté du salarié.

S’il a validé le critère d’ancienneté, le Conseil constitutionnel a rejeté celui lié à la taille de l’entreprise, jugeant qu' »il devait retenir des critères présentant un lien avec le préjudice subi par le salarié ».

Les Sages ont surtout déniché une foule de « cavaliers législatifs », c’est-à-dire des dispositions n’ayant rien à voir avec l’objet du projet de loi.

Retoqué donc l’article visant à assouplir la communication sur l’alcool et remettant en cause la loi Evin, selon les autorités sanitaires et plusieurs associations.

Censuré aussi le projet Cigéo d’enfouissement des déchets radioactifs à Bure (Meuse) que le gouvernement souhaitait entériner, « pour clarifier la totalité des coûts » de la filière nucléaire comme l’expliquait le ministre de l’Economie Emmanuel Macron mi-juillet juste avant l’adoption finale du texte. Les écologistes avaient, eux, dénoncé « un coup de force ».

« C’est une victoire du droit », se félicite l’UDI

Le Conseil a également censuré les articles relatifs à la réforme des chambres de commerce et des métiers, estimant là encore qu’il s’agissait d’un « cavalier législatif ».

« Des articles substantiels ont été censurés par le Conseil Constitutionnel », s’est félicité le président de la Commission du Sénat chargée d’examiner la loi Macron, Vincent Capo-Canellas (UDI). « C’est une victoire du droit », a-t-il ajouté dans un communiqué. « Modifier la loi est maintenant une nécessité ».