The Crisis, Act 2

Writing in L’Express (February 4th, 2015, N•3318), I said that there was the threat of a new global economic crisis while revealing the warning signs, which caused sniggering. The analysis is even truer today: the world is getting closer to a major economic disaster. And yet, nobody talks about it.

In particular, no one sees that what is at stake in China may lead, spread by contagion, to a global depression if we do not act quickly, with sufficient preventive action. China’s evolution was foreseeable: its average GDP growth of 10% per year could not be sustained and a slowdown was inevitable. Moreover, China is no longer competitive, in the heart of an Asia where a number of countries in turn are awakening. The Middle Kingdom has failed to create international companies, with globally recognized brands, as the United States and Japan succeeded in doing in their time. The Tianjin disaster dramatically exacerbates such threat, paralyzing a city of 15 million inhabitants, one of the first points of import and export in the country, and noting, following other similar events, how this country suffers from censorship that is imposed by the demands of a single-party state.

The consequences of this can be disastrous for the regime. The recession has indeed caused a decline by more than a third of the value of the stock exchange, where 200 million members of the middle class have invested half of their savings, that were set aside to fund health care and education expenses for them and their families, as well as for their pensions, that are not covered by the country. Furthermore, while economic slowdown continues, it is rural exodus that will slow down, reducing the demand for housing and toward the collapse of real estate, which will destroy the other half of savings of the middle class. And nothing is more dangerous, for any regime, than the destruction of its middle class: the basic structure of every social order.

The manipulation of the rate of exchange will not be sufficient to stop the fall. On the contrary, it may contribute to the problem by putting China into a situation where the country is dependent on the goodwill of international speculators and by encouraging other countries to influence the exchange rate in order to return to competitiveness.

Overall, the recession in China – if confirmed – will trigger the recession in Brazil, which in turn will bring about that of the United States, then ours. This threat, which does not appear to be receiving much attention at present, is approaching. Leaders in the western world will have to discuss a possible stimulus package, at the latest at the G7 in Istanbul in September. It is just that our countries no longer have, unlike in 2008, budgetary leeway, and our central banks no longer have, unlike in 2010, the option to lower their interest rates.

Then, what more should be done to help restore growth? The craziest solution, the easiest would be to resort to printing more money, as is currently done in the United States, Japan, Great Britain and the eurozone. It would end up ruining savers, that is to say, for older people, today great victors of a world without children, without providing work and growth prospects for younger people.

We still have all the means to prevent such a scenario, and even not to settle for stagnation without job creation, though this seems to be the best hypothesis today. The global economy has the opportunities for very strong growth, of a new kind, provided that mechanisms of coordination, reorientation, and monitoring that are global in scope are put in place; thinking about the economy through the lens of the interests of the next generations; fighting against economic, financial, social and political rents; and fostering innovations of all kinds. This requires boldness, confidence, transparency. All the things that politicians, regardless of the regimes under which they are, hate above all else.

j@attali.com

Valérie Trierweiler applaudit Ségolène Royal « des deux mains »

Interroge sur RTL ce mardi matin, l’ex-compagne de Franois Hollande a voqu son engagement au sein du Secours populaire. Elle a galement flicit la ministre de l’Ecologie pour ses rcentes propositions sur le gaspillage alimentaire.

Les tensions semblent bien loin. Ce mardi matin, Valérie Trierweiler était l’invitée de RTL pour évoquer en premier lieu son engagement auprès du Secours populaire. L’ancienne compagne de François Hollande participera mercredi, et comme chaque année, à la « Journée des oubliés des vacances ». A Paris, elle accompagnera plusieurs centaines d’enfants qui n’ont pas eu la chance de partir au bord de la mer durant l’été. Entre la politique et son activité au sein de l’association, l’ex-journaliste a fait son choix. « François Hollande est le président de tous les Français donc le mien aussi […] Mais maintenant mon président de coeur c’est Julien Lauprêtre [le président du Secours populaire, NDLR] ».

Outre son engagement associatif, Valérie Trierweiler a également répondu à quelques questions sur l’actualité politique. Elle a notamment félicité Ségolène Royal pour ses récentes propositions contre le gaspillage alimentaire. « Quand je vois qu’elle propose une loi, j’applaudis des deux mains », a lancé la journaliste de Paris Match. La ministre de l’Ecologie a annoncé lundi qu’elle réunirait « dans les dix jours » les représentants de la grande distribution pour leur demander de changer leurs pratiques afin de lutter contre cette pratique.

« Créer une communauté plus large »

La semaine dernière, l’ancienne Première dame avait fait sensation en accusant, dans un entretien accordé au magazine Grazia, les « bobos » responsables, selon elle, du climat de racisme social en France. « Il y a une forme de mépris des classes sociales dites supérieures à l’égard de ceux qui n’ont pas eu la même chance à la naissance », avait déclaré Valérie Trierweiler. Ce mardi sur RTL, elle a été plus nuancée. « Peut-être qu’il faudrait, parce que l’on vit dans un milieu privilégié, ne pas oublier ceux qui ne vivent pas dans ce monde-là et que l’on réussisse à créer une communauté beaucoup plus large. »

Le monde s’approche d’une grande catastrophe économique. Et personne n’en parle!

Pour avoir écrit ici le 4 février dernier (voir L’Express N•3318) qu’une nouvelle crise économique mondiale menaçait, et en avoir révélé les signes avant-coureurs, j’ai déclenché d’innombrables ricanements. L’analyse est encore plus vraie aujourd’hui : le monde s’approche d’une grande catastrophe économique. Et personne n’en parle.

Nul ne voit, en particulier, que ce qui se joue en Chine peut entraîner, par contagion, une dépression planétaire si nous n’agissons pas vite, de façon préventive. L’évolution chinoise était prévisible : sa croissance à 10% par an ne pouvait être durable et le ralentissement était inévitable. De plus, la Chine n’est plus compétitive, au cœur d’une Asie dont nombre de pays s’éveillent à leur tour. L’Empire du Milieu n’a pas su, comme l’ont fait les Etats-Unis et le Japon en leur temps, créer des firmes de taille internationale, avec des marques mondiales. La catastrophe de Tianjin aggrave cette menace dans des proportions considérables, paralysant une ville de 15 millions d’habitants, l’un des premiers lieux d’exportation et d’importation du pays, et rappelant, après d’autres événements du même genre, combien ce pays souffre des censures que lui imposent les exigences d’un parti unique.

Les conséquences de cette situation peuvent être désastreuses pour le régime. La récession a, en effet, entraîné une baisse de plus d’un tiers de la valeur de la Bourse, où les 200 millions de membres de la classe moyenne ont investi la moitié de leur épargne, mise en réserve pour financer les frais de santé et d’éducation familiaux, ainsi que leurs retraites, que l’Etat ne couvre pas. De plus, si la croissance continue de ralentir, c’est l’exode rural qui va s’essouffler, réduisant la demande de logements et menant l’immobilier à l’effondrement, ce qui détruira l’autre moitié de l’épargne de la classe moyenne. Et rien n’est plus dangereux, pour tout régime, que de ruiner sa classe moyenne, ossature de tout ordre social.

La manipulation du taux de change ne suffira pas à enrayer cette chute. Au contraire, même, elle peut l’aggraver en mettant la Chine en situation de dépendre du bon vouloir des spéculateurs internationaux, et en incitant d’autres pays à agir sur leur taux de change pour rétablir leur compétitivité.

Au total, la récession chinoise, si elle se confirme, entraînera celle du Brésil, qui provoquera celle des Etats-Unis puis la nôtre. Cette menace, aujourd’hui négligée, sera bientôt d’actualité. Au plus tard lors du G7 d’Istanbul, en septembre, les dirigeants occidentaux devront débattre d’un éventuel plan de relance. Seulement voilà : nos Etats ne disposent plus, comme en 2008, de marges de manœuvre budgétaires, et nos banques centrales n’ont plus la possibilité, comme en 2010, de diminuer leurs taux d’intérêt.

Alors, que reste-t-il pour relancer la croissance ? La solution la plus folle, la plus facile, serait d’imprimer encore plus de billets, comme on le fait déjà aux Etats-Unis, au Japon, en Grande-Bretagne et dans la zone euro. Cela finirait par ruiner les épargnants, c’est-à-dire les seniors, aujourd’hui grands vainqueurs d’un monde sans enfants, sans pour autant donner du travail et des perspectives de croissance aux plus jeunes.

Nous avons encore tous les moyens d’empêcher un tel scénario et, même, de ne pas se contenter d’une stagnation sans création d’emplois, qui semble pourtant être aujourd’hui la meilleure hypothèse. L’économie mondiale a les possibilités d’une très forte croissance, d’un genre nouveau, à condition de mettre en place des mécanismes de coordination, de réorientation et de surveillance planétaires ; de penser l’économie en fonction de l’intérêt des générations suivantes ; de lutter contre les rentes économiques, financières, sociales et politiques ; et de favoriser les innovations de toutes natures. Cela suppose de l’audace, de la confiance, de la transparence. Toutes choses que les politiques, quels que soient les régimes, détestent par-dessus tout.

j@attali.com

Menu chargé pour la rentrée de François Hollande et Manuel Valls

Porc, moutarde de Dijon, produits laitiers… Voici les principaux ingrdients au menu (imaginaire) du djeuner (bien rel) qui runit Franois Hollande et Manuel Valls ce mardi midi, avant la rentre du gouvernement mercredi.

François Hollande et Manuel Valls déjeunent ensemble ce mardi, à la veille du Conseil des ministres de la rentrée. Et le menu (imaginaire) de ces retrouvailles politiques semble plus indigeste que gourmand. Jugez plutôt…

En guise de mise en bouche, l’impossible inversion des courbes risque de peser sur l’estomac du président de la République et celui de son Premier ministre. L’exécutif va devoir faire sans l’embellie conjoncturelle qui devait adoucir le goût de leur rentrée. Ce pâté n’est pas nouveau et aurait mérité d’être revisité. Mais la croissance s’obstine à ne pas décoller quand le chômage, lui, grimpe encore et toujours.

Porc français et moutarde de Dijon

Transition logique vers l’entrée, pour laquelle le chef cuisinier a choisi une déclinaison audacieuse de bouchées à la moutarde de Dijon. Un clin d’oeil politico-gastronomique au moment d’aborder la question du remplacement de François Rebsamen, qui quitte le ministère du Travail pour retrouver la mairie de Dijon.

L’emploi tombera-t-il dans l’escarcelle d’un ex-frondeur proche de Martine Aubry, Jean-Marc Germain, dont le nom circule avec insistance? Ce signe permettrait-il de mettre en sourdine les critiques des frondeurs qui vont redonner de la voix à l’approche du budget 2016?

C’est avec une certaine amertume en bouche que François Hollande et Manuel Valls aborderont ensuite le plat de résistance. Un filet mignon de porc au cidre breton. L’animal a été offert par un éleveur en colère venu rencontrer le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll cette semaine. 100% français, il faisait partie des nombreuses bêtes que les éleveurs ont continué de nourrir à perte pendant la suspension de la cotation au Marché du porc breton, qui reprend ce mardi.

Les produits laitiers sont leurs amis pour la vie

Fromage et dessert suivront pour le couple exécutif. Pourquoi choisir? D’autant qu’il faut soutenir la filière laitière, dans une situation critique qui se répercute sur les éleveurs de viande bovine. La crise de l’élevage, toutes productions confondues, doit être discutée lors du Conseil européen des ministres de l’Agriculture, convoqué le 7 septembre à Bruxelles à la demande de Paris. En guise de dessert, donc, un riz au lait subtilement caramélisé permettra de faire le plein de produits laitiers.

A noter qu’aucun vin n’agrémentera ce repas. Cela n’aurait pas été du meilleur effet, alors que les chiffres de la sécurité routière sont très mauvais. Le gouvernement doit réunir un « comité interministériel à la sécurité routière » chargé d’adopter de nouvelles mesures pour enrayer l’hécatombe. Aucun digestif non plus au programme, même si le couple exécutif aurait peut-être souhaité un peu de chaleur pour terminer, avant d’enchaîner sur la préparation épineuse des élections régionales et de la COP 21 à la fin de l’année. Boire ou conduire le pays, il faut choisir.

François Hollande, l’anesthésiste

Face aux maux dont souffre la France, Franois Hollande s’est refus oprer vif depuis 2012. L’urgence rformer l’Etat et le systme social s’impose chaque jour davantage. A moins de deux ans de la fin de son quinquennat, que veut, que peut le prsident? Enqute.

A l’hôpital, quand l’anesthésiste s’avance, c’est mauvais signe: soit une opération sérieuse vous attend, soit le corps médical a décidé de vous accompagner vers la mort. La première hypothèse laisse, elle, un espoir et témoigne au moins du volontarisme du chirurgien. Depuis trois ans, la France attend que le Dr Hollande passe à l’acte, après avoir prononcé nombre de diagnostics, étalé les instruments et s’être lavé les mains dans de nombreux dossiers. Las! il n’opère toujours pas et ne cesse d’endormir le patient pour lui faire croire qu’il ne va pas si mal, puisqu’il ne souffre pas trop. Dans la clinique socialiste, le bistouri rouille, la morphine coule…

Ce n’est pas par incompétence que le président anesthésiste procède ainsi, c’est par optimisme. Comme Béralde, le frère d’Argan, dans Le Malade imaginaire, il considère que « la nature, d’elle-même, quand nous la laissons faire, se tire doucement du désordre où elle est tombée ». Ainsi, Hollande attend que l’embellie économique annoncée par les experts guérisse le pays du mal qu’il n’a pas soigné.

Erreur! Si la croissance, cent fois annoncée et toujours enlisée, arrive un jour, si le chômage baisse un peu dans les prochains mois, cela aura la même importance qu’une chute de la fièvre chez un cancéreux: c’est toujours bon à prendre, mais ne change pas le problème de fond.

« Pronostic vital engagé »

Dresser le bilan de François Hollande est un exercice délicat, car le problème est moins dans ce qu’il fait que dans ce qu’il ne fait pas. Comme avec une radiographie, où les petites taches claires sont plus inquiétantes que les masses sombres, il faut savoir lire en négatif. Si la langueur française persiste, c’est parce que le président ne fait pas le boulot, et pas seulement en matière de fiscalité, de baisse des charges ou de temps de travail: par-delà la pharmacie sociale libérale, le président doit désormais appeler les Français à un immense effort, et réorienter à nouveau sa politique pour que les investisseurs soient enfin convaincus que parier sur la France peut rapporter.

En réformant, François Hollande permettrait à la France de rester parmi les grands. Et lui-même demeurerait dans l'Histoire.

En réformant, François Hollande permettrait à la France de rester parmi les grands. Et lui-même demeurerait dans l’Histoire.

REUTERS/Philippe Wojazer

Ensuite, parce que le pays a dépassé le stade de l’urgence et voit son « pronostic vital engagé », comme le dit la novlangue médicale, le chef de l’exécutif doit empoigner le bistouri pour deux opérations de la dernière chance, deux réformes essentielles. Mais François Hollande est-il un réformateur?

Inventer l’État du XXIe siècle

D’abord, l’administration: parce qu’elle a fondé l’Etat républicain à partir de 1870, c’est à la gauche de le réinventer, de dire ce qu’est aujourd’hui le service public, donc la place des fonctionnaires. Moins nombreux et mieux rémunérés, ils doivent cadrer et contrôler la vie collective, mais exécuter le moins de tâches possible hors du domaine régalien. L’Etat, sans but lucratif, sait définir et garantir l’intérêt général, mais, dès qu’il est chargé du fonctionnement, sa productivité est médiocre, son efficacité, inégale, et son management humain, pathétique.

Il doit seulement dire la règle, puis laisser faire et vérifier – et sanctionner s’il le faut. Puisque la droite, libérale dans l’opposition et colbertiste au pouvoir, est ontologiquement incapable d’inventer l’Etat du XXIe siècle, la gauche doit l’instaurer, donc d’abord le penser. Mais François Hollande est-il un penseur?

Ensuite, le système social: condamné à la fois par une démographie qui augmente ses coûts et par une économie qui plombe ses recettes, il doit être démonté et reconstruit. La droite, mélangeant logique comptable et achat de la paix sociale, n’ayant jamais accompli que des réformes en trompe l’oeil, c’est à la gauche de le réinventer. Le gouvernement actuel doit cesser les économies de bouts de chandelle et inventer l’électricité. Mais François Hollande est-il un inventeur?

Au milieu de tous les changements impératifs, ce sont là deux révolutions indispensables, qui n’aboutiront pas avant 2017 et ne rapporteront au président candidat que de la colère dans les urnes. Néanmoins, s’il les engage vite, il offre à la France l’espoir de rester un grand pays et se donne à lui-même une chance de demeurer dans l’Histoire comme un grand homme. Mais François Hollande est-il un grand homme?

Le Conseil constitutionnel valide l’essentiel de la loi Macron

Les Sages ont toutefois retoqu plusieurs articles dont celui rformant la justice prud’homale et le plafonnement des indemnits en cas de licenciement sans cause relle ou srieuse.

La loi Macron a accroché du bout du pied la dernière haie mais elle a enfin bouclé sa course. Le conseil constitutionnel a validé l’essentiel du texte censé doper la croissance, censurant quelques dispositions importantes. Ce n’est pas le cas de l’ouverture des magasins 12 dimanches par an et tous les dimanches dans les nouvelles zones touristiques internationales (ZTI), ni l’ouverture à la concurrence des lignes d’autocar interurbaines. La réforme du passage du permis de conduire, des mesures sur la vie des entreprises, ou encore la lutte contre la fraude aux travailleurs détachés ne sont pas plus contestées.

Le Premier ministre Manuel Valls s’est félicité de cette adoption.

Elles pourront donc entrer en vigueur telles que prévues, une fois la loi promulguée et les décrets d’application pris par le gouvernement.

>> Aller plus loin: « Loi Macron: 20 mesures qui vont changer la vie des entreprises et salariés »

Toutefois, le Conseil constitutionnel a censuré plusieurs articles, en partie ou en totalité, parmi ceux contestés par les parlementaires.

Adieu les amendements « Evin » et « Bure »

Le plus important concerne la réforme de la justice prud’homale et le plafonnement des indemnités en cas de licenciement sans cause réelle ou sérieuse, que la loi voulait variable selon la taille de l’entreprise et l’ancienneté du salarié.

S’il a validé le critère d’ancienneté, le Conseil constitutionnel a rejeté celui lié à la taille de l’entreprise, jugeant qu' »il devait retenir des critères présentant un lien avec le préjudice subi par le salarié ».

Les Sages ont surtout déniché une foule de « cavaliers législatifs », c’est-à-dire des dispositions n’ayant rien à voir avec l’objet du projet de loi.

Retoqué donc l’article visant à assouplir la communication sur l’alcool et remettant en cause la loi Evin, selon les autorités sanitaires et plusieurs associations.

Censuré aussi le projet Cigéo d’enfouissement des déchets radioactifs à Bure (Meuse) que le gouvernement souhaitait entériner, « pour clarifier la totalité des coûts » de la filière nucléaire comme l’expliquait le ministre de l’Economie Emmanuel Macron mi-juillet juste avant l’adoption finale du texte. Les écologistes avaient, eux, dénoncé « un coup de force ».

« C’est une victoire du droit », se félicite l’UDI

Le Conseil a également censuré les articles relatifs à la réforme des chambres de commerce et des métiers, estimant là encore qu’il s’agissait d’un « cavalier législatif ».

« Des articles substantiels ont été censurés par le Conseil Constitutionnel », s’est félicité le président de la Commission du Sénat chargée d’examiner la loi Macron, Vincent Capo-Canellas (UDI). « C’est une victoire du droit », a-t-il ajouté dans un communiqué. « Modifier la loi est maintenant une nécessité ».

L’été des mariages politiques

Les politiques aussi se disent « oui » pour la vie… Les festivits ont t nombreuses cette anne, rassemblant chaque fois des invits qui, sur la scne publique, s’envoient plus souvent des piques que des confettis. Carnet de noces.

« La montée des marches, les photographes, les applaudissements du public massé derrière les barrières… Le Festival de Cannes à Alfortville! Ce mariage, c’était the place to be« , se souvient l’un des invités, amusé. Il faut dire que l’annonce des noces du sénateur maire socialiste Luc Carvounas fait carrément l’objet d’une dépêche AFP,le 30 juin: « Premier mariage gay d’un parlementaire français », signale l’agence de presse, qui y voit « une nouvelle étape dans la banalisation de l’homosexualité, longtemps taboue, dans le monde politique ». Quelques jours plus tôt, le 26 juin, Carvounas s’exprime pour la première fois dans un média communautaire, Yagg; il explique qu’il faut, « pour que la société avance, des hommes et des femmes politiques « out »« . Autrement dit, qui s’assument.

Le 11 juillet, ce mariage de deux hommes amoureux, tout de bleu vêtus, a donc aussi un sens politique, alors que certains candidats à l’élection présidentielle de 2017 assurent qu’ils reviendront sur le mariage pour tous en cas de victoire. « Un parlementaire qui épouse son compagnon, c’est un signal pour l’opposition, confirme le marié à L’Express: on a franchi le Rubicon. C’est acquis, définitif; personne ne pourra défaire ce qui a été fait. » Dans la semaine qui suit la fête, Carvounas déjeune avec le maire de Neuilly, le député Jean-Christophe Fromantin. Le centriste, résolument hostile au mariage pour tous au moment des débats à l’Assemblée, félicite le socialiste, qui s’en étonne un peu: « Pas du tout, rétorque Fromantin. J’étais contre le texte, je le reste, mais à partir du moment où la loi est votée, ce n’est plus un sujet. » « Je regarde tout ça comme une évolution naturelle de la société, conclut Luc Carvounas. L’homosexualité punie par la loi, ça me paraissait la préhistoire quand j’étais adolescent, alors que ça a duré jusqu’en 1982. Les enfants d’aujourd’hui vont grandir avec le mariage pour tous. Dans dix ans, l’idée que les homosexuels ne pouvaient pas se marier, ça semblera le Moyen Age. »

Carvounas et son compagnon n’ont pas tout fait « comme on fait d’habitude »: ils ont sorti les alliances de leur poche et les ont passées sans façon, ils ont évité la marche nuptiale à l’arrivée et la pluie de riz en quittant la mairie. Ils ne partiront pas en voyage de noces, juste quinze jours en Grèce pour les vacances, exactement comme chaque année. Pour le reste, eux aussi, ils se sont sentis « cul-cul la praline » d’être si émus au moment de se dire « oui »; chacun des deux époux porte désormais le nom de l’autre accolé au sien sur les papiers officiels; et le soir de la noce, aux Pavillons des étangs, en plein coeur du bois de Boulogne, la bringue a duré toute la nuit entre amis et personnalités publiques – le gratin du gratin, du président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, à l’ancienne ministre Cécile Duflot, « une vraie copine », en passant par le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, le sénateur écolo Jean-Vincent Placé, des membres du gouvernement… Seuls manquaient le chef de l’Etat, qui a envoyé un mot manuscrit signé « François », et Manuel Valls, présent à la mairie le matin, mais absent de la soirée.

Valls pendu au téléphone

Absent et excusé: le soir du 11 juillet, Valls est invité dans l’Yonne à la fiesta des 30 ans de mariage de Stéphane Fouks, l’un de ses plus vieux copains, vice-président d’Havas et grand « gourou de la com ». « Au moins 200 personnes, un orchestre catalan génial, une ambiance de folie, des rôtisseries hallucinantes et des desserts à tomber par terre », résume l’un des participants.

« Quand Manuel est arrivé, poursuit-il, on a tous remarqué: « Tiens, il est tout seul… » Au même moment, j’ai reçu le SMS d’un ami parti pour le week-end aux Francofolies de La Rochelle: « Je suis à un concert de la femme de Valls. Il n’est pas dans la salle. » C’était dingue! J’ai répondu: « Normal, il est ici, assis à la table d’à côté ;-) » »

Il semblerait que la crise grecque ait empêché le chef du gouvernement de profiter pleinement de la soirée, l’obligeant à la passer presque entièrement au téléphone avant de quitter les lieux pour regagner Paris dans la nuit. Invité aussi, Dominique Strauss-Kahn n’est pas en France ce week-end-là. Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement, incarne les strauss-kahniens à lui tout seul: « Il n’y avait quasiment aucun politique, raconte un invité. La famille, les enfants, les potes, quelques journalistes et beaucoup de gens de chez Havas. J’avais peur du côté boulot-boulot, mais Stéphane et sa femme avaient mis les petits plats dans les grands pour que tout le monde se sente bien. C’était très cool, sincèrement. »

Une mariée en robe longue blanche

Certains comptent en années, d’autres en semaines. Le 13 juillet, Pierre Moscovici fête, lui, le premier mois de son mariage. « Ça m’est apparu comme une évidence », dit-il aujourd’hui. « Pierre, je ne m’attendais pas à te marier! » lance la maire de Paris, Anne Hidalgo, au commissaire européen presque sexagénaire avant de recueillir son consentement, le 13 juin, à la mairie du VIe arrondissement de Paris. Pas de quoi désarçonner le marié, toujours aussi flegmatique malgré le caractère a priori irréversible de l’événement. La photo improbable des époux s’embrassant à pleine bouche à la sortie de la mairie fait aussitôt le tour des réseaux sociaux – « Non mais SANS DÉCONNER », lance un abonné sur Twitter pour commenter le cliché…

Une mariée en robe longue blanche, un apéro à la Pizza Chic – « cuisine exigeante, produits sélectionnés, cadre atypique: Fare il bene col buono » -, à deux pas de la place Saint-Sulpice, une soirée sans chichis au domicile du couple, plutôt cocktail à la main que dance floor jusqu’au bout de la nuit: les invités – ministres, anciens ministres, ancien Premier ministre – ont jugé la noce « très réussie ». Lionel Jospin n’a assisté qu’au déjeuner, François Hollande a débarqué après la finale du Top 14 de rugby au Stade de France. Ce matin du 13 juin, raconte Le Monde, le président est déjà passé au mariage de la belle-fille de Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de l’Elysée, avec le fils de Dominique Bussereau, ex-ministre de Nicolas Sarkozy.

Hollande a « passé l’âge » de se marier

L’amour fait fi de la politique – parfois même du mariage: « On devrait toujours être amoureux. C’est la raison pour laquelle on ne devrait jamais se marier », disait Oscar Wilde. Interrogée par le quotidien La Provence, le 18 juillet, à propos de ce subtil aphorisme, Julie Gayet avoue au journaliste apprécier la phrase « Je rejoins ce que dit Oscar Wilde sur les apparences et la façade du mariage. En tant que comédienne, je joue dans mon métier, pas dans la vie! » Présente au Festival d’Avignon pour une lecture musicale, Madame Wilde, la compagne du président de la République s’est sans doute souvenue des mots de François Hollande le soir du mariage de Moscovici, rapportés dans la presse: « Me marier, moi? J’ai passé l’âge. Et un mariage, ça coûte cher! »

Pas forcément. Denis Baupin, député d’Europe Ecologie-les Verts et vice-président de l’Assemblée nationale, et sa femme, Emmanuelle Cosse, actuelle secrétaire nationale du mouvement écologiste, ont fait simple et raisonnable le 20 juin à Paris. Des invitations lancées par mail, quelques semaines plus tôt, pas de cartons calligraphiés et autres « RSVP » trop guindés. Du monde à la mairie du IXe, où la noce est célébrée, mais juste quelques amis le soir dans l’arrière-salle d’un restaurant sur les hauteurs de Belleville: « Non, on n’a pas dansé, dit un des convives. Les lieux ne s’y prêtaient pas du tout. Le dîner non plus, d’ailleurs. » Twitter a suivi la matinée des mariés: la couleur du teeshirt de Madame assortie à celle de la cravate de Monsieur, vert émeraude, des photos de la cérémonie via le compte Twitter de la sénatrice EELV Esther Benbassa, et un nouveau mot d’esprit d’Anne Hidalgo, raconté par Marie-Pierre de La Gontrie, vice-présidente socialiste de la région Ile-de- France: « Voir Denis Baupin et Emmanuelle Cosse me dire oui. Je savoure ce bonheur. » D’ordinaire, les élus écologistes sont moins arrangeants avec la première édile de Paris…

Quelques jours avant le mariage, une brève dans Le Journal du dimanche a beaucoup fâché la future épousée: les mariés n’auraient fait le choix d’Hidalgo que pour échapper au maire Républicain du IXe. Ou pis, à l’ex-compagne de Denis Baupin, principale opposante au sein du conseil municipal de l’arrondissement. La maire de Paris n’était pas un choix par défaut, proteste le couple. Qui lui a même demandé de procéder au baptême civil de ses jumeaux. Un baptême placé sous le signe presque exclusif de la politique, et en tout état de cause très gauche plurielle: des parlementaires et d’anciens ministres EELV et socialistes… Fustiger régulièrement la ligne du gouvernement n’a pas empêché les mariés d’inviter Claude Bartolone, Jean-Christophe Cambadélis ou même Luc Carvounas, proche d’un Premier ministre honni par une majorité des convives. Cet été, entre Alfortville et le IXe parisien, tous ceux-là ont eu au moins deux fois l’occasion de s’amuser. Par les temps qui courent…

François Hollande part en vacances, mais ne le dites à personne

De retour d’Egypte, le chef de l’Etat entame dix jours de repos, pas de vacances, prcise son entourage. Son lieu de villgiature est tenu secret.

Pas de vacances pour le président. De retour d’Egypte, François Hollande est censé partir en vacances pour dix jours mais le chef de l’Etat refuse de prononcer ce mot. Au Figaro, son entourage préfère parler de « repos ». Impossible de savoir où il se retirera durant cette période. Ses proches assurent ne pas savoir où il se rend, même son conseiller en communication Gaspard Gantzer. « Et même si je le savais, je ne le dirais pas », ajoute-t-il au Parisien.

Les vacances, c’est du passé

Un seul indice a été livré par François Hollande lui-même: ce ne sera pas au fort de Brégançon, dans le Var. Le président n’a pas l’intention de revenir sur sa décision d’ouvrir ce lieu de la République aux Français.

Il l’a dit lors du dîner de la presse présidentielle. A cette occasion, il a ajouté, dans des propos repris par Le Figaro: « Longtemps j’ai pris de longues vacances. J’ai été onze ans premier secrétaire du PS et je partais en vacances après le 14 juillet, au moment de la dernière semaine du Tour de France, la plus intéressante. Je revenais très tard, au moment de La Rochelle. »

Eviter les photos en maillot de bain

François Hollande garde en mémoire la séquence de l’été 2012. Les photos de son départ gare de Lyon ou de son bain de soleil en maillot de bain sur la plage de Brégançon avaient accéléré son impopularité et l’enterrement du président normal. Hors de question de commettre la même erreur de communication.

A peine sa période de « repos » entamée, l’actualité a d’ailleurs déjà perturbé le programme. Ce vendredi soir, le chef de l’Etat restera à Paris pour accueillir Isabelle Prime, otage française au Yémen dont la libération a été annoncée dans la nuit de jeudi à vendredi.

Le « Panier fleuri », villégiature secrète du roi

Quand-Hollande-se-vantait-d’-être-payé-à-ne-rien-faireMais, par le sang du Christ, où le roi de France se pouvait-il de passer ses vacances ? La question était sur toutes les lèvres, taraudant les esprits sans trêve aucune. Gazetiers et courtisans supputaient, dissertaient, jabotaient… En vain. La villégiature du roi avait été classée « secret défense ».

D’aucuns, faisant les farauds, affirmaient, la main sur le cœur, que le Flou avait prolongé son escapade chez Sissi Imperator, et qu’il séjournait au « Mena House » du Caire, une résidence offrant une vue spectaculaire sur les pyramides : feu le roi François le Fourbe y avait ses petites habitudes. Dûment cuisiné, Monsieur du Drian fit savoir qu’il n’en était rien, tout ainsi que le jeune imagier du roi Monsieur de Gantzer qui jura sur la tête de sa mère qu’il ignorait où le roi entendait prendre quelque repos. Le comte Cazeneuve, tout de son sérieux de cardinal, écarta la question d’un revers de manche, comme s’il venait à écarter une mouche importune.

Plantés aux grilles du Château, les gazetiers battaient la semelle, suffoquant dans la touffeur de ce début du mois d’août muy caliente.

Nous vous savons curieuse, ma chère et tendre : nous le sommes tout autant. Une fois encore, notre salut vint d’Artois qui s’en fut à notre secours. Certes, vous le jugez avec âpreté, pipelette, bignole, toujours au cul des bonnes à flairer ragots et rumeurs, tel un vieux chien truffier. Nous le questionnâmes donc, et il céda, non sans avoir fait sa sucrée… et sifflé notre meilleur champagne.

Voici donc son récit des vacances royales, tout ainsi qu’il nous le livra.

« Nuitamment, une lourde berline cuirassée comme un Mistral invendu, s’en fut par la grille du Coq, dans un fracas d’Apocalypse. Tirée par six purs sangs arabes offerts par Sissi Imperator, la berline gagna promptement la campagne, grillant les gazetiers ensommeillés qui n’eurent point le loisir de filer le train de ce mystérieux équipage.

Les paparazzi à la Lanterne

Le stratagème ourdi par le comte Le Foll, l’âme damnée du Flou, fit donc merveille. Les paparazzi se ruèrent en direction du Pavillon de la Lanterne. Et firent chou blanc. Le roi s’était bel et bien enfui comme un pet sur une toile cirée.

A quelques lieues du Château, le Flou et son Du Guesclin firent halte, abandonnant laquais et gens de sûreté pour s’évanouir aussitôt, vêtus tels de simples bourgeois, nantis d’un équipage des plus roturiers.

Il nous faut confesser que l’entreprise relevait d’une folle témérité : notre roi, le Flou, s’était pris de décider voici plusieurs lunes de s’en aller incognito à la rencontre de ses sujets à des fins de savoir quelles étaient les fondements de leur ire à son égard. Dans ce dessein pour le moins inouï, il avait convaincu le comte Le Foll de prendre part à cet incroyable road movie.

Le Flou décida donc de se grimer en honnête bourgeois. Cela ne lui fut point trop difficile : ses deux mentons et sa petite bedaine lui conféraient un « physique rassurant » ainsi que l’on le mande sur les sites de rencontre qui se font forts de caser les impétrants un peu relous. Mais à des fins de leurrer les esprits, le roi se fit confectionner une fausse barbe grisonnante qui, selon lui, seyait parfaitement à la nouvelle identité qu’il s’était choisie, celle d’un drapier du Nord, flanqué de son factotum, un grand échalas qui avait, quant à lui, décidé de teindre sa crinière argentée en un noir de corbeau du plus bel effet.

Village Potemkine

Après avoir longuement chevauché jusques au coucher du soleil, le roi et son féal s’enquirent d’un gite et jetèrent leur dévolu sur une plaisante auberge aux confins du Vexin, nichée en un charmant village aux allures de « force tranquille ».

Le comte Le Foll, pris de court par le stupéfiant caprice du roi, avait pris soin de consulter son moteur de recherche afin de s’épargner toute déconvenue : selon les informations qu’il avait obtenues, l’établissement était tenu par une sorte de haridelle confite en bondieuseries : le profil idéal du village Potemkine qui ne manqua point séduire le comte qui songea à en faire chasser les paysans : ces temps derniers, ces gueux avaient eu le front de fomenter une jacquerie qui avait ruiné son sommeil.

Le roi fut donc abusé et peignit sur son doux visage un léger sourire de contentement lorsqu’il vit femmes et enfants lier les bottes de foin, en un cadre aussi bucolique que l’Angelus de Millet. Si notre roi avait été perspicace, il n’aurait point manqué voir que ces paysans étaient bien gourds à l’ouvrage : ils étaient tous des sbires du comte Cazeneuve, que Le Foll avait pris soin de mettre au parfum. D’aucuns avaient ainsi entrepris de traire un taureau…

L’auberge, gentiment adornée de géraniums, semblait échappée de « Hansel et Gretel », faite de biscuits propres à casser les dents les mieux chaussées.

Le comte, flanqué de son roi qui se plaignait que la selle lui taraudât le joufflu, mirent pied à terre et s’enquirent de faire venir les gens de maison, tout ainsi que la tenancière.

– Holà ! Quelqu’un ! Promptement ! s’écria Le Foll de la voix des puissants habitués à être obéis sur le champ.

– Si fait, si fait, mon bon Seigneur. Soyez les bienvenus dans notre humble « Panier fleuri », la meilleure maison à vingt lieues à la ronde.

Le comte entrepris les présentations : le roi fut ainsi introduit dans la qualité d’un drapier de Cambrai en voyage d’affaires.

– Pourquoi Cambrai, souffla le Flou ?

– A cause des bêtises, rétorqua Le Foll.

Nini la Saumure

Nos deux drapiers d’un jour ne manquèrent point être intrigués par l’accoutrement de la taulière, une grande bringue un peu tapée, sanglée dans une guêpière des plus suggestives, tout juste dissimulée par un voile de gaze arachnéen. Fardée telle une voiture volée, elle avait la voix voilée des femmes qui pétunent comme des chaudières en peine de ramonage.

– Madame, s’inclina Le Foll, épris du sens de l’étiquette, esquissant un baise main.

– Nini la Saumure, minauda la taulière. Mes clients m’appellent ainsi. Point de chichis entre nous, beau gentilhomme. Le Panier fleuri est le havre, l’oasis des cœurs esseulés, cabossés par la vie, prêts à s’abîmer dans les plaisirs les plus raffinés. Si ces gentilshommes veulent se donner la peine de découvrir leurs chambres, nos accortes soubrettes se feront une joie de les y mener.

Le roi n’en crut point ses yeux : quelle étrange auberge le comte avait choisi là !

– Pour Barbiquet, nous avons pensé que la chambre « Retour d’Egypte » conviendrait tout à fait, siffla la grande bringue, entre deux quintes. Et pour toi, mon grand, mon légionnaire, la chambre chinoise.

Interloqué, sidéré de s’entendre coller le sobriquet de « Barbiquet », le roi s’exécuta néanmoins et gagna sa chambre qui n’avait qu’un très lointain cousinage avec la suite du « Mena House ».

– Eh, toi, le Mandarin, viens donc retapisser ta carrée, tonna la vieille maquerelle. Le Foll manqua défuncter…

– Serait-ce une maison de plaisir, souffla le Flou

– Un claque, Sire, et je n’y avais point pris garde.

– Ha ! Le roi n’est point mon cousin, brailla la maquerelle. S’il était ici même, je ne manquerais point lui mander tout ce que j’ai sur le cœur ! A coups de fourche, je le chasserais, ce branque, ce bon à nib’, ce marchand de salades !

– Si fait, la Mère, nous avons compris.

– Mais, assez parlé de ce roi maudit, laissez moi à présent vous présenter nos charmantes hôtesses, toutes venues gagner un peu de paix après la faillite du Carlton. Pour Barbiquet, je verrais bien la célèbre Rita Pompéi, un volcan, une éruption…

Je te tente, mon rat?

Se tournant alors vers Le Foll, elle lui coula un regard de braise :

– Je te tente, mon rat ? Je suis sure que le roi et sa clique te font les pires misères : ta femme te fait la gueule, tu couches à la cuisine avec le chat, et même ton chien te regarde de travers. Depuis que les sans culottes sont là, tout va de guingois. Le micheton n’a plus le cœur à l’ouvrage…

Penaud, le roi s’en vint de contempler ses chausses. Son voyage en France d’en bas tournait au naufrage. Et que penser des gazettes si par malheur elles apprenaient que le roi s’était commis dans un trip aussi pourri…

C’est alors que le miracle se produit.

Une lourde berline fit une entrée fracassante dans la cour du « Panier fleuri ».

Starring le comte Cazeneuve, toujours sapé à quatre épingles, blême de colère.

– Silence, la Mère ! Un mot et je te fais trancher ta langue de pute. Rentre tes poules et oublie tout ! Tu t’apprêtais à héberger deux fameux aigrefins, deux escrocs d’envergure qui ont pillé le Trésor, ruiné la Couronne. Embarquez les ! Aux fers ! Je les cuisinerai moi-même !

Dans la nuit, le Flou regagna son Château, tout de dépit et d’amertume. Le Foll rasa les murs pendant de longs jours. Seul le comte Cazeneuve confessa que, pour une fois, il s’était bien amusé.