Etat d’urgence: la France pourrait bafouer les droits de l’Homme

Les autorits franaises ont inform le Conseil de l’Europe qu’elles pourraient droger la convention europenne des droits de l’Homme: « un certain nombre de mesures prises dans le cadre de l’tat d’urgence instaur la suite des attentats » de Paris sont « susceptibles de ncessiter une drogation ».

La France prévient: elle pourrait déroger à la convention européenne des droits de l’Homme. Les autorités françaises ont en effet informé le secrétaire général du Conseil de l’Europe, Thorbjorn Jagland, « d’un certain nombre de mesures prises dans le cadre de l’état d’urgence instauré à la suite des attentats terroristes de grande ampleur perpétrés à Paris ». Ces mesures « sont susceptibles de nécessiter une dérogation à certains droits garantis par la convention européenne des droits de l’homme ».

Cette dernière reste cependant en vigueur en France et certains de ces droits ne pourront tolérer de dérogation, a prévenu en réponse le Conseil de l’Europe, notamment le droit à la vie et l’interdiction de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants. De même, l’interdiction de l’esclavage et le principe affirmé à l’article 7 – pas de peine sans loi.

« Danger public menaçant la vie de la nation »

La notification de cet état d’exception est prévue à l’article 15 de la convention européenne des droits de l’homme: en « cas de guerre ou d’autre danger public menaçant la vie de la nation », un Etat signataire « peut prendre des mesures dérogeant aux obligations » de la convention, sous réserve d’en informer le Conseil de l’Europe.

Il ne revient pas pour l’instant à l’organisation paneuropéenne de se prononcer sur le bien-fondé de cette démarche de la part de la France. En revanche, la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), garante de la convention, pourra se prononcer sur la validité de cette dérogation, lorsqu’elle sera saisie de requêtes précises, alléguant d’éventuelles atteintes, par la France, aux droits fondamentaux.

L’état d’urgence a été proclamé en France le soir des attentats meurtriers du 13 novembre à Paris et Saint-Denis (130 morts et plus de 350 blessés). Prolongé jusqu’à fin février par le Parlement, il donne à la police de nouveaux pouvoirs, sans passer préalablement par un juge, notamment pour les perquisitions ou la surveillance électronique de personnes.

François Hollande: « Ils ont le culte de la mort, nous avons l’amour de la vie »

Le discours de Franois Hollande, ce vendredi aux Invalides, prononc pour rendre hommage aux victimes des attentats du 13 novembre, restera l’un des plus importants de son quinquennat. L’Express le retranscrit en intgralit.

C’est sans doute l’un de ses discours les plus importants de son quinquennat. Peut-être de sa vie. Vendredi 27 novembre, François Hollande a rendu hommage aux 130 personnes mortes dans les attentats du 13 novembre.

Voici, reproduit intégralement, le texte du discours que François Hollande aurait écrit lui-même. L’Express a mis en gras les passages les plus forts:

« Vendredi 13 novembre, ce jour que nous n’oublierons jamais, la France a été frappée lâchement, dans un acte de guerre organisé de loin et froidement exécuté. Une horde d’assassins a tué 130 des nôtres et en a blessé des centaines, au nom d’une cause folle et d’un dieu trahi.

Aujourd’hui, la Nation tout entière, ses forces vives, pleurent les victimes. 130 noms, 130 vies arrachées, 130 destins fauchés, 130 rires que l’on n’entendra plus, 130 voix qui à jamais se sont tues. Ces femmes, ces hommes, incarnaient le bonheur de vivre. C’est parce qu’ils étaient la vie qu’ils ont été tués. C’est parce qu’ils étaient la France qu’ils ont été abattus. C’est parce qu’ils étaient la liberté qu’ils ont été massacrés.

En cet instant si grave et si douloureux, où la Nation fait corps avec elle-même, j’adresse en son nom notre compassion, notre affection, notre sollicitude, aux familles et aux proches réunis ici, dans ce même malheur. Des parents qui ne reverront plus leur enfant, des enfants qui grandiront sans leurs parents, des couples brisés par la perte de l’être aimé, des frères et des soeurs pour toujours séparés. 130 morts et tant de blessés marqués à jamais, marqués dans leur chair, traumatisés au plus profond d’eux-mêmes.

Alors, je veux dire simplement ces mots : la France sera à vos côtés. Nous rassemblerons nos forces pour apaiser les douleurs et après avoir enterré les morts, il nous reviendra de « réparer » les vivants.

A vous tous, je vous promets solennellement que la France mettra tout en oeuvre pour détruire l’armée des fanatiques qui ont commis ces crimes, qu’elle agira sans répit pour protéger ses enfants. Je vous promets aussi que la France restera elle-même, telle que les disparus l’avaient aimée et telle qu’ils auraient voulu qu’elle demeure. Et s’il fallait une raison de nous tenir debout, aujourd’hui, une raison de nous battre pour nos principes, une raison de défendre cette République qui est notre bien commun, nous la trouverions dans leur souvenir.

Ces femmes, ces hommes, venaient de plus de 50 communes de France. De villes, de banlieues, de villages. Ils venaient aussi du monde, dix-sept pays portent aujourd’hui avec nous le deuil.

TOPSHOTSFrench President Francois Hollande reviews troops during a military ceremony in the courtyard of the Hotel des Invalides on November 19, 2015 in Paris. AFP PHOTO / DOMINIQUE FAGET / AFP / DOMINIQUE FAGET

TOPSHOTSFrench President Francois Hollande reviews troops during a military ceremony in the courtyard of the Hotel des Invalides on November 19, 2015 in Paris. AFP PHOTO / DOMINIQUE FAGET / AFP / DOMINIQUE FAGET

AFP / DOMINIQUE FAGET

Ces femmes, ces hommes, en ce vendredi 13 novembre, étaient à Paris, une ville qui donne un manteau de lumière aux idées, une ville qui vibre le jour et qui brille la nuit. Ils étaient sur les terrasses des cafés, ces lieux de passage ouverts aux rencontres et aux idées. Ils partageaient un repas aux saveurs du monde, dans cette soirée où l’automne ne paraissait pas finir. Ils chantaient au Bataclan aux sons d’un groupe américain qui leur faisait l’amitié de se produire dans une salle qui depuis deux siècles incarne l’esprit de Paris.

Ces hommes, ces femmes, avaient tous les âges, mais la plupart avait moins de 35 ans. Ils étaient des enfants lors de la chute du mur de Berlin, ils n’avaient pas eu le temps de croire à la fin de l’Histoire, elle les avait déjà rattrapés quand survint le 11 septembre 2001. Ils avaient alors compris que le monde était guetté par de nouveaux périls. Les attentats du début de l’année les avaient bouleversés. Beaucoup, je le sais, avaient tenu à manifester le 11 janvier, comme des millions de Français. Ils avaient dit leur refus de céder face à la menace terroriste. Ils savaient que la France n’est l’ennemie d’aucun peuple, que ses soldats se portent là où on les appelle, pour protéger les plus faibles et non pour assouvir une quelconque domination.

Ces femmes, ces hommes, étaient la jeunesse de France, la jeunesse d’un peuple libre, qui chérit la culture, la sienne, c’est-à-dire toutes les cultures.

Parmi les victimes du Bataclan, beaucoup avaient fait de la musique leur métier. C’est cette musique qui était insupportable aux terroristes. C’est cette harmonie qu’ils voulaient casser, briser. C’est cette joie qu’ils voulaient ensevelir dans le fracas de leurs bombes. Et bien, ils ne l’arrêteront pas. Et comme pour mieux leur répondre, nous multiplierons les chansons, les concerts, les spectacles ; nous continuerons à aller dans les stades, et notamment au Stade si bien nommé, le Stade de France à Saint-Denis. Nous participerons aux grands rendez-vous sportifs, comme aux rencontres les plus modestes, et nous pourrons aussi communier dans les mêmes émotions, en faisant fi de nos différences, de nos origines, de nos couleurs, de nos convictions, de nos croyances, de nos confessions, car nous sommes une seule et même Nation, portés par les mêmes valeurs.

Que veulent les terroristes? Nous diviser, nous opposer, nous jeter les uns contre les autres. Je vous l’assure, ils échoueront. Ils ont le culte de la mort, mais nous, nous, nous avons l’amour, l’amour de la vie.

Ceux qui sont tombés le 13 novembre étaient la France, toute la France. Ils étaient étudiant, journaliste, enseignant, restaurateur, ingénieur, chauffeur, avocat, graphiste, architecte, mais aussi charpentier, serveur, photographe, fonctionnaire, publicitaire, vendeur, artiste. Ils étaient les métiers de la France, les talents du monde. Tous voulaient réussir, pour eux-mêmes, pour leur famille, pour leur pays. C’est en nous rappelant leur visage, leur nom, mais aussi leurs espoirs, leurs joies, leurs rêves anéantis, que nous agirons désormais.

Nous connaissons l’ennemi, c’est la haine ; celle qui tue à Bamako, à Tunis, à Palmyre, à Copenhague, à Paris et qui a tué naguère à Londres ou à Madrid. L’ennemi, c’est le fanatisme qui veut soumettre l’homme à un ordre inhumain, c’est l’obscurantisme, c’est-à-dire un islam dévoyé qui renie le message de son livre sacré.Cet ennemi nous le vaincrons ensemble, avec nos forces, celles de la République, avec nos armes, celles de la démocratie, avec nos institutions, avec le droit. Dans ce combat, nous pouvons compter sur nos militaires, engagés sur des opérations difficiles, en Syrie, en Irak, au Sahel. Nous pouvons compter sur nos policiers, nos gendarmes, en lien avec la justice, qui se sont encore comportés de façon admirable pour mettre hors d’état de nuire les terroristes.

Nous pouvons compter sur le Parlement pour adopter toutes les mesures qu’appelle la défense des intérêts du pays, dans un esprit de concorde nationale, et dans le respect des libertés fondamentales. Et puis, et puis surtout, nous pouvons compter sur chaque Française et sur chaque Français pour faire preuve de vigilance, de résolution, d’humanité, de dignité.

Nous mènerons ce combat jusqu’au bout et nous le gagnerons en étant fidèles à l’idée même de la France. Quelle est-elle ? Un art de vivre, une volonté farouche d’être ensemble, un attachement à la laïcité, une appartenance à la Nation, une confiance dans notre destin collectif.

French President Francois Hollande attends a ceremony to pay a national homage to the victims of the Paris attacks at Les Invalides monument in Paris, France, November 27, 2015. REUTERS/Philippe Wojazer TPX IMAGES OF THE DAY - RTX1W2S0

French President Francois Hollande attends a ceremony to pay a national homage to the victims of the Paris attacks at Les Invalides monument in Paris, France, November 27, 2015. REUTERS/Philippe Wojazer TPX IMAGES OF THE DAY – RTX1W2S0

REUTERS/Philippe Wojazer

Je vous l’affirme ici: nous ne changerons pas ; nous serons unis, unis sur l’essentiel. Et je salue, ici, devant vous, familles, ces innombrables gestes de tant de Français anonymes qui se sont pressés sur les lieux des drames pour allumer une bougie, déposer un bouquet, laisser un message, apporter un dessin. Et si l’on cherche un mot pour qualifier cet élan, ce mot existe dans la devise de la République: c’est la fraternité.

Et que dire de la mobilisation de tous les services publics pour porter secours et assistance aux victimes, pour accompagner les survivants, pour soutenir les proches. Ces personnels de santé, admirables. Leur action dit aussi ce que nous sommes: un pays solidaire.

Tout ce qui s’est passé depuis le 13 novembre porte la marque de la gravité, de la conscience des défis qui se présentent à notre pays. Ceux qui sont tombés, le 13 novembre, incarnaient nos valeurs et notre devoir est plus que jamais de les faire vivre, ces valeurs.

Nous ne céderons ni à la peur, ni à la haine. Et si la colère nous saisit, nous la mettrons au service de la calme détermination à défendre la liberté au jour le jour, c’est-à-dire la volonté de faire de la France un grand pays, fier de son Histoire, de son mode vie, de sa culture, de son rayonnement, de son idéal universel, du respect et même de la ferveur que notre pays inspire au monde chaque fois qu’il est blessé.

Je n’oublie pas les images venues de la planète entière, célébrant dans le même mouvement, le sacrifice de ceux qui étaient tombés à Paris, comme si c’était le monde entier qui se couvrait de deuil.

Le patriotisme que nous voyons aujourd’hui se manifester, avec ces drapeaux fièrement arborés, ces rassemblements spontanés, ces foules qui chantent la Marseillaise; tout cela n’a rien à voir avec je ne sais quel instinct de revanche ou je ne sais quel rejet de l’autre. Ce patriotisme est le symbole de notre union, de notre inaltérable résistance face aux coups qui peuvent nous être portés, car la France garde intacte, malgré le drame, malgré le sang versé, ses principes d’espérance et de tolérance.

L’épreuve nous a tous meurtris, les familles d’abord, les Français, quelle que soit leur condition, leur confession, leurs origines. L’épreuve nous a tous meurtris, mais elle nous rendra plus fort. Je vais vous dire ma confiance dans la génération qui vient. Avant elle, d’autres générations ont connu, à la fleur de l’âge, des évènements tragiques qui ont forgé leur identité. L’attaque du 13 novembre restera dans la mémoire de la jeunesse d’aujourd’hui comme une initiation terrible à la dureté du monde, mais aussi comme une invitation à l’affronter en inventant un nouvel engagement. Je sais que cette génération tiendra solidement le flambeau que nous lui transmettons.

Je suis sûr qu’elle aura le courage de prendre pleinement en main l’avenir de notre Nation. Le malheur qui a touché les martyrs du 13 novembre investit cette jeunesse de cette grande et noble tâche. La liberté ne demande pas à être vengée, mais à être servie. Je salue cette génération nouvelle. Elle a été frappée, elle n’est pas effrayée, elle est lucide et entreprenante, à l’image des innocents dont nous portons le deuil. Elle saura, j’en suis convaincu, faire preuve de grandeur. Elle vivra, elle vivra pleinement, au nom des morts que nous pleurons aujourd’hui.

Malgré les larmes, cette génération est aujourd’hui devenue le visage de la France.

Vive la République et vive la France. »

EN IMAGES. Les temps forts de l’hommage national aux Invalides

Deux semaines aprs les attentats de Paris et Saint-Denis, l’Etat a rendu un hommage poignant aux 130 victimes des attaques, lors d’une crmonie solennelle aux Invalides prside par le prsident Franois Hollande.

La cérémonie était sobre mais solennelle. Grave, mais émouvante. Depuis les Invalides, ce vendredi, le président François Hollande a rendu hommage aux 130 victimes qui étaient « le visage de la France », frappée par les attentats de Paris et de Saint-Denis du 13 novembre, il y a deux semaines.

> A voir: ils s’appelaient Lucie, Romain, Hyacinthe, Fabrice…

EN IMAGES. Les temps forts de l'hommage national aux Invalides

REUTERS/Jacky Naegelen

Les familles de ceux tombés sous les balles des djihadistes de l’Etat islamique et ceux blessés dans leurs attaques assistaient à la cérémonie depuis une vaste tribune de 2650 places, dans la cour d’honneur de l’Hôtel national des Invalides. Ils étaient filmés en plans très larges par les caméras du ministère de la Défense.

EN IMAGES. Les temps forts de l'hommage national aux Invalides

REUTERS/Charles Platiau

Devant eux, arrivé à 10h30 et après les honneurs rendus par la garde républicaine, le chef de l’État François Hollande, avec une simple chaise.

EN IMAGES. Les temps forts de l'hommage national aux Invalides

REUTERS/Jacky Naegelen

Aux côtés des familles figuraient le gouvernement, les responsables politiques -sans distinction de tendances- mais aussi le corps diplomatique ou encore des représentants des services de secours et de police intervenus lors des attentats.

« A la hauteur de ce que nous attendions »

Après une première Marseillaise entonnée dans la cour des Invalides, les chanteuses Yael Naim, Camélia Jordana et Nolwenn Leroy ont interprété Quand on n’a que l’amour de Jacques Brel. Dans le même temps, les portraits des victimes décédées étaient projetés sur fond noir, devant la façade du bâtiment. Puis, dans un silence glacial, les noms des victimes et leur âge ont été égrenés, un par un, pendant onze longues minutes.

« C’était très émouvant », a commenté le père d’un des blessés au Bataclan, « à la hauteur de ce que nous attendions ». Un autre père, celui de Matthieu Giroud, tué dans la salle de spectacle visée par les attaques, a été « beaucoup impressionné ». Avec cette cérémonie, François Giroud estime que « l’État nous montre là qu’il est présent avec nous ».

Des visages graves, fermés et tristes

L’Etat dans toute son administration était effectivement représenté: parmi les personnalités du monde politique, étaient présents l’ancien président Nicolas Sarkozy, les anciens Premiers ministres Lionel Jospin, Jean-Pierre Raffarin, François Fillon, Jean-Marc Ayrault, Edith Cresson et Alain Juppé, la maire de Paris Anne Hidalgo… De nombreux parlementaires s’ajoutent à cette liste, dont les présidents du Sénat Gérard Larcher et de l’Assemblée nationale Claude Bartolone.

Et sur tous les visages de personnalités et d’anonymes filmés par les caméras des chaînes d’information, qui ont retransmis en direct l’évènement, la même tristesse, voire les mêmes sanglots difficilement retenus. Une émotion et une gravité lisibles également du côté du président François Hollande et du Premier ministre Manuel Valls.

Après une minute de silence, un violoncelle a rendu encore plus poignant cet instant, interprétant Sarabande de la suite n°2 de Jean-Sébastien Bach par Edgar Moreau.

EN IMAGES. Les temps forts de l'hommage national aux Invalides

AFP / DOMINIQUE FAGET

« Vendredi 13 novembre, ce jour que nous n’oublierons jamais, la France a été frappée en son coeur », a ainsi commencé le chef de l’État dans son discours qui s’est ensuite tenu depuis l’estrade dressée spécialement pour l’occasion.

EN IMAGES. Les temps forts de l'hommage national aux Invalides

REUTERS/Philippe Wojazer

Les attentats du 13 novembre, un « acte de guerre organisé de loin et froidement exécuté » par « une horde d’assassins » qui ont agit « au nom d’une cause folle et d’un Dieu trahi », a ajouté François Hollande.

« La liberté ne demande pas à être vengée mais servie »

« Aujourd’hui, rassemblée, la Nation pleure ses victimes. » Le visage fermé, une écharpe noire autour du cou, François Hollande a évoqué ces « 130 noms, 130 vies arrachées, 130 destins fauchés, 130 rires que l’on n’entendra plus, 130 voix qui à jamais se sont tues », cette anaphore résonnant dans la cour de l’hôtel national des Invalides.

> Lire l’intégralité du discours prononcé par le président François Hollande

« C’est parce qu’ils étaient la France qu’ils ont été abattus, c’est parce qu’ils étaient la liberté qu’ils ont été massacrés », a-t-il poursuivi, rendant hommage à cette génération « qui est devenue le visage de la France », celui déjà évoqué par André Malraux en 1964 lors du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon.

« Nous ne cèderons ni à la peur ni à la haine; et si la colère nous saisit, nous la mettrons au service de la calme détermination à défendre la liberté au jour le jour », a lancé le chef de l’Etat. Et de souligner que « la liberté ne demande pas à être vengée, mais à être servie ».

EN IMAGES. Les temps forts de l'hommage national aux Invalides

BFM TV (Capture d’écran)

A l’issue de son discours, une nouvelle Marseillaise -certes plus martiale- a cette fois été entonnée par les chanteurs de l’Académie de l’Opéra de Paris, le Choeur de l’Armée française accompagné par l’orchestre de la Garde républicaine. Puis les invités, accompagnés par la musique, ont progressivement quitté les lieux, après un peu plus de 45 minutes d’une cérémonie sobre mais réussie.

Manuel Valls n’accorde « aucune excuse sociale ou culturelle » aux terroristes

Lors de la sance de questions au gouvernement, le Premier ministre a donn raison au dput Les Rpublicains Jrme Chartier qui faisait part de sa rage contre ceux « qui cherchent des excuses aux terroristes ».

Manuel Valls affiche sa fermeté sur la question du terrorisme. « Aucune excuse ne doit être cherchée [aux terroristes, NDLR], aucune excuse. Aucune excuse sociale, sociologique et culturelle car, dans notre pays, rien ne justifie qu’on prenne des armes et qu’on s’en prenne à ses propres compatriotes », a déclaré le Premier ministre lors de la séance des questions au gouvernement, sous les applaudissements venus des bancs de droite comme de gauche. Le Premier ministre répondait au député Les Républicains Jérôme Chartier (Val d’Oise), qui avait exprimé sa « rage » contre « celles et ceux que j’entends qui cherchent des excuses aux terroristes », qui ne représentent « aucune idéologie » et ne sont « que des assassins ».

>> Lire aussi: « En revenant sur ses pas, Abaaoud a assisté au spectacle qu’il a mis en scène »

Manuel Valls a jugé ces propos « très justes », alors que le gouvernement a insisté sur la réponse sécuritaire depuis les attentats du 13 novembre et se tient à l’écart de justifications sociales ou économiques. Seul le ministre de l’Economie Emmanuel Macron avait affirmé samedi que la société française devait assumer une « part de responsabilité » dans le « terreau » sur lequel le djihadisme a pu prospérer en France.

La question des employés radicalisés

Après les attentats de janvier, l’exécutif avait en revanche déclenché une réponse également sociétale, Manuel Valls dénonçant personnellement un « apartheid social, territorial et ethnique » en France et dans ses banlieues. « Nous devons être non seulement impitoyables dans la lutte contre le terrorisme mais aussi intransigeants quant à l’application des lois et des règles de la République », a déclaré le Premier ministre mercredi à l’Assemblée. Et notamment les lois qui concernent « l’égalité des hommes et des femmes » et celle sur l’interdiction du port du voile intégral, a-t-il répondu à Jérôme Chartier, qui l’interrogeait notamment sur sa détermination à faire appliquer cette loi.

A la question « Est-ce que tout a été fait? » depuis janvier pour éviter d’autres attentats, le Premier ministre a répondu par l’affirmative, même s’il a reconnu « une question évidemment difficile ». « En conscience (…) moi je considère et nous considérons que tout a été fait par mon gouvernement et que tout continuera à être fait par rapport à (la) menace », a-t-il déclaré.

Le Premier ministre a notamment souligné la loi sur le renseignement « que d’ailleurs on critiquait à l’extérieur de cet hémicycle comme une loi liberticide et ce sont souvent aujourd’hui les mêmes commentateurs qui nous expliquent que nous n’avons pas assez fait pour lutter contre le terrorisme et qui critiquaient cette loi ». Manuel Valls a également affiché son intention d' »aller plus loin » sur « la question de ce qui se passe dans les services publics », en matière d’employés radicalisés, « pas seulement sur le thème de la laïcité, mais sur la difficulté que représentent ces individus ».

Comment gérer l’accueil des migrants? – L’édito de Christophe Barbier

Par Christophe Barbier, publié le 25/11/2015 à 18:57

Faut-il fermer les portes de l’Europe aux migrants ? Tout le monde n’est pas d’accord sur la politique à adopter à leur égard. Si on peut gérer leur arrivée, nous pourrons en accueillir plus et éviter tous les périls qui viennent avec ces migrants, notamment l’infiltration éventuelle de terroristes. L’édito de Christophe Barbier.

Le paquet de cigarettes neutre pourrait être instauré dès mai 2016

L’Assemble nationale a approuv de justesse cette mesure vivement conteste par cigarettiers et buralistes. Les paquets neutres, sans logo, auront tous la mme forme, taille, couleur et typographie.

De justesse. L’instauration du paquet de cigarettes neutre à partir de mai 2016 a été approuvé mercredi soir à deux voix près. En effet, l’amendement de suppression de cette mesure en nouvelle lecture du projet de loi Santé a été rejeté par 56 voix contre 54. Pas moins de 17 socialistes ont tenté de supprimer cette mesure phare du texte de Marisol Touraine.

>> Lire notre éclairage: « Les jeunes penseront que leurs clopes sont moins bonnes »

Le Sénat avait supprimé cette disposition du projet de loi Santé, proposant à la place de suivre la directive européenne qui prévoit d’accroître la taille des avertissements sanitaires sur les paquets. Mais les députés l’avaient ensuite rétabli en commission.

Levée de boucliers des buralistes

Ces paquets de cigarettes neutres auront tous la même forme, la même taille, la même couleur et la même typographie, sans aucun logo. Le nom de la marque continuera toutefois d’apparaître en petit sur les paquets. Ils ont été introduits pour la première fois en Australie fin 2012. L’Irlande a voté en février une loi pour l’imposer, suivie tout récemment par le Royaume-Uni.

La mesure a suscité une levée de boucliers chez les cigarettiers qui menacent d’actions en justice, et chez les buralistes qui mènent une campagne à grand renfort d’affiches proclamant « oui à la prévention, non à la punition ».

« 78 000 morts du tabac par an, c’est plus de 200 morts par jour. Alors que dans tous les autres pays européens la consommation de tabac baisse, elle augmente en France », a rappelé de son côté la ministre de la santé Marisol Touraine.

Hollande et Merkel se recueillent place de la République à Paris

Par LEXPRESS.fr avec AFP, publié le 26/11/2015 à 09:34

La chancelière alemande Angela Merkel a promis mercredi 25 novembre d’agir « vite » pour répondre à la demande de François Hollande de « réfléchir aux responsabilités supplémentaires » que l’Allemagne pourrait assumer dans la lutte contre le terrorisme, lors d’une déclaration commune à l’Elysée.

Hollande appelle à « pavoiser » leurs domiciles de drapeaux français

Par LEXPRESS.fr avec AFP, publié le 26/11/2015 à 09:49

Le président François Hollande a appelé les Français à « pavoiser » leurs domiciles de drapeaux bleu-blanc-rouge lors de l’hommage national qui sera rendu vendredi aux victimes des attentats de Paris, a annoncé le porte-parole du gouvernement français, Stéphane Le Foll.

Attentats: Manuel Valls rassure le secteur du tourisme

Par LEXPRESS.fr avec AFP, publié le 24/11/2015 à 11:40

Le Premier ministre a voulu lundi 23 novembre « rassurer sur leur sécurité » les touristes désireux de se rendre en France, dix jours après les attentats qui ont fait 130 morts, évoquant des aides financières pour les hôteliers.

La France doit-elle garder l’Arabie saoudite pour alliée?

De nombreuses voix s’lvent pour dnoncer la lune de miel entre la France de Hollande et la monarchie du Golfe, tant pour son pitre bilan en matire de droits humains que pour sa politique extrieure erratique.

La France se fourvoie-t-elle par sa relation privilégiée avec l’Arabie saoudite? Après les attentats du 13 novembre, revendiqués par le groupe Etat islamique, de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer la politique de l’Elysée vis-à-vis de Ryad, « un Daech qui a réussi » selon la description qu’en fait l’écrivain Kamel Daoud, dans une tribune publiée dans le New York Times. Un problème déjà souligné après les attentats de janvier.

L’Arabie Saoudite, ainsi que les autres monarchies du Golfe, est souvent accusée de soutenir financièrement les groupes djihadistes. Pour Stéphane Lacroix, spécialiste de la région, chercheur au CERI et professeur à Sciences-Po, cette idée est fausse. Depuis que la contestation du régime syrien s’est militarisée, en 2012, « l’Arabie saoudite a le plus souvent soutenu les forces modérées de l’Armée syrienne libre », assure le chercheur. Riyad s’est toujours méfié de tous les courants de l’islam politique qui ne ménagent pas leurs critiques pour les uns, et leurs attaques terroristes, pour ce qui est de l’EI, contre la monarchie. Au printemps 2014, elle a d’ailleurs classé l’EI, le Front al-Nosra (affilié à Al-Qaïda) mais également les Frères musulmans comme organisations terroristes.

En Syrie, obnubilée par son hostilité à l’Iran, la monarchie a pu parfois arroser assez largement des groupes d’opposants syriens. « Il n’est pas exclu qu’une partie de ces fonds ou que des armes fournies par Riyad aient atterri dans les mains d’autres groupes que ceux à qui ils étaient destinés », admet Stéphane Lacroix.

Collectes privées

Quand bien même l’Etat saoudien lui-même ne financerait pas de groupes djihadistes, il lui est reproché de ne pas assez surveiller l’argent collecté au profit de groupes islamistes par des oulémas ou par des hommes d’affaires saoudiens. Mais si certains de ces fonds sont parvenus à des djihadistes, »il s’agit plus probablement de ceux d’Al-Nosra que de Daech », estime notre spécialiste, qui précise que les miettes qui auraient pu parvenir à l’EI sont symboliques, Daech étant très largement auto-financé.

C’est François Hollande qui a, depuis son arrivée à l’Elysée, misé sur une alliance renforcée avec l’Arabie Saoudite. Au point d’être invité d’honneur à un sommet extraordinaire du Conseil de sécurité du Golfe en mai dernier, une première pour un chef d’Etat occidental comme le souligne Libération. L’objectif, intéressé, des ventes d’armes françaises y est peut-être pour beaucoup. Même si, selon une source du ministère de la Défense, « les exportations d’armement à destination de l’Arabie saoudite et de l’Égypte sont conformes à nos engagements internationaux ».

« Hollande a poussé les choses trop loin »

« Cette inflexion avait pour objectif de rééquilibrer la politique de l’ancien président Nicolas Sarkozy qui avait délaissé l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis au profit quasi-exclusif du Qatar », rappelle aussi à L’Express Yves Aubin de la Messuzière, ancien ambassadeur et président de la Mission laïque. « Il fallait renouer avec ces pays, comme tous les grands Etats le font, mais François Hollande a poussé les choses trop loin », concède le diplomate. « Ce faisant, Paris donne l’impression de prendre parti pour l’axe sunnite opposé aux velléités d’influence de l’Iran dans la région. »

S’il est une raison de déplorer la position de la France, complète Stéphane Lacroix, c’est « le soutien béat aux régimes autoritaires. On avait commencé à corriger le tir après les printemps arabes. On retombe dans le même culte de la stabilité à tout prix. Une large partie du ressentiment des populations arabes à notre égard tient à ce discours. Il nous discrédite et rend inaudible le discours anti-Assad tenu au nom de la démocratie. » On ne peut pas dans le même temps se proclamer de la défense des droits de l’Homme en Syrie et s’aligner sur l’une des théocraties les plus réactionnaires de la région, un régime qui condamne à mort des poètes ou des manifestants mineurs. « La France devrait être beaucoup plus ferme sur la question des droits humains en Arabie Saoudite », renchérit Yves Aubin de la Messuzière. Interrogée par L’Express, une source diplomatique du Quai d’Orsay répond que « la qualité de la relation franco-saoudienne nous permet d’aborder l’ensemble des sujets », notamment l’opposition de Paris à la peine de mort.

Riyad, source d’inspiration des intégristes

On oublie que le clergé religieux saoudien « produit, rend légitime, répand, prêche et défend le wahhabisme, islamisme ultra-puritain dont se nourrit Daech », fustige Kamel Daoud dans le New York Times. La responsabilité saoudienne dans la diffusion d’un islam ultra rigoriste est en effet ancienne, soit par l’envoi de prêcheurs ultraconservateurs dans nombre de pays musulmans, soit via les médias saoudiens. Pour autant, souligne Stéphane Lacroix, là aussi, on passe à côté de la complexité de la question. « Salafisme n’est pas synonyme de djihadisme. Le profil de la plupart des terroristes ayant agi en France le prouve. Ils ont d’abord opéré une rupture avec la société, avant de s’islamiser, parfois en quelques semaines seulement. »

Beaucoup reprochent à l’Arabie saoudite, toute à son obsession anti-iranienne, de s’être fourvoyée dans une guerre dévastatrice au Yémen, au détriment du combat contre l’EI. En Irak et en Syrie, les monarchies du Golfe engagées dans la coalition anti-Daech en « font moins depuis mars car elles sont plus occupées par les opérations au Yémen », expliquait récemment un responsable militaire américain. Les ONG de défense des droits de l’Homme dénoncent quant à elles des ventes d’armes -par Washington, comme par Paris- à un pays soupçonné de crimes de guerre. Avec un résultat désastreux: plus de 5700 morts dont la moitié de civils en huit mois. Et le renforcement, de fait, des djihadistes d’Al-Qaïda au Yémen (AQPA) et de l’EI qui ont profité du chaos généré par cette intervention pour pousser leurs pions.

Une lutte mesurée contre Daech

En Irak, où la coalition internationale affronte Daech depuis l’été 2014, l’Arabie saoudite est sans doute aussi réticente à apporter un appui aérien qui pourrait profiter à l’armée irakienne, ou aux milices chiites, sous influence iranienne.

L’Arabie saoudite contribue toutefois à la lutte anti-Daech en Syrie, « par son soutien aux groupes rebelles qui se battent contre Daech », explique Stéphane Lacroix. Depuis l’apparition de l’EI en Syrie, en 2014, parallèlement aux forces kurdes, les groupes rebelles ont été aux avant-postes dans la lutte contre Daech, alors que le régime l’a pendant de longs mois épargné des bombardements réservés aux zones rebelles. « Ce sont ces groupes rebelles qui sont la solution à la lutte anti-Daech », insiste Stéphane Lacroix. Comme lui, nombre de spécialistes expliquent que les armées occidentales doivent se limiter à un appui extérieur, aérien, de la lutte de groupes locaux. En Syrie, les groupes rebelles compteraient 70 000 à 100 000 hommes en Syrie, contre environ 30 000 combattants de Daech. « Seules des forces sunnites, insiste Stéphane Lacroixont la légitimité pour reprendre les territoires sunnites dont l’EI s’estemparé et dont il prétend porter le flambeau ».