VIDEO. « Hollande démission »: le président hué au Salon de l’agriculture

François Hollande a ouvert le Salon de l’agriculture à la Porte de Versailles à Paris sous les huées et sifflets des agriculteurs présents. Le chef de l’Etat a appelé à mener « des actions de réformes » de la part de l’ensemble des acteurs de la filière.

« Démission », « c’est l’état d’urgence pour l’élevage! » Le répit a été de courte durée pour François Hollande lors de l’ouverture ce samedi du Salon de l’agriculture porte de Versailles à Paris. Le président a été hué et sifflé. Des éleveurs, vêtus de tee-shirts noirs portant le slogan « Je suis éleveur, je meurs », ont notamment rejoint la foule rassemblée autour du chef de l’Etat, quelques heures avant l’ouverture au public.

LIRE AUSSI >> Le Salon de l’agriculture, le rendez-vous in-con-tour-nable des politiques

Arrivé vers 6h45, le chef de l’Etat a voulu afficher son soutien aux agriculteurs en difficulté, dans un calme alors relatif.

« On va tout faire » pour aider l’agriculture, car « en défendant l’agriculture je défends toute la nation », a ajouté François Hollande, accueilli à son arrivée par le président de la FNSEA Xavier Beulin, entouré de membres du syndicat drapeaux à la main. Le président a rappelé les mesures prises par le gouvernement, dont la baisse de dix points des cotisations, et souligné qu’au conseil européen du 7 mars, il évoquerait « la crise agricole avec la question de l’embargo russe ».

« Un effort de solidarité » demandé à la grande distribution

François Hollande a également salué le déplacement des exposants sur le salon, jugeant qu’il s’agissait là d’un « beau geste patriotique ». En outre, le président a renouvelé son appel à la responsabilité aux groupes de distribution, dont les négociations tarifaires annuelles avec leurs fournisseurs s’achèvent dans deux jours. « La grande distribution doit comprendre qu’elle doit faire un effort de solidarité et qu’elle ne doit pas faire la pression (pour qu’ils baissent leurs tarifs, NDLR) sur un certain nombre de producteurs, qui ont été traités dans des conditions qui ne sont pas acceptables », a-t-il lancé.

« Des contrôles doivent se faire, on les fait », a encore indiqué François Hollande. « Vous arrivez dans un contexte difficile. Un contexte de crise profonde. Elle dure », et « il y a beaucoup de désespérance, beaucoup de colère », lui a répondu Xavier Beulin. Une heure après le début de sa visite, des éleveurs, revêtus pour certains de t-shirts noirs, se sont d’ailleurs mis à huer le président en scandant « Démission ».

« Il s’en fout complètement de nous »

« Bon à rien », « on n’est pas des migrants » et autres insultes ont fusé tandis que le président progressait au milieu d’une haie hostile d’éleveurs. « Il s’en fout complètement de nous », clame un autre. « Ca fait un an qu’on mène des actions en France, personne ne nous écoute », renchérit un troisième. Le président, accompagné du ministre du l’Agriculture Stéphane Le Foll, n’a pas interrompu pour autant sa visite.

« Les cris de détresse, je les entends. La colère, je préfère qu’elle s’exprime à l’occasion de ce salon qu’à l’extérieur », a déclaré François Hollande pendant la suite de la visite du salon. Pas sûr que cela suffise à apaiser les esprits. Avec l’effondrement généralisé des cours agricoles qui frappe en particulier les éleveurs, plus de 40 000 exploitations sont en situation d’extrême urgence, selon Stéphane Le Foll.

Peu après, le stand du ministère de l’Agriculture a été démonté et les CRS ont dû intervenir.

Hollande sifflé au Salon de l’agriculture: ce n’est pas « acceptable », râle Le Foll

Le ministre de l’Agriculture a dénoncé les sifflets qui ont accompagné ce samedi la visite de François Hollande au Salon de l’agriculture. Outre ces huées, un stand du ministère a été démonté par des manifestants en colère.

Ce n’était pas une surprise. François Hollande a été copieusement sifflé ce samedi lors de sa visite du Salon de l’agriculture. Le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll s’est empressé de dénoncer cet accueil musclé du chef de l’Etat.

« Siffler le président de la République pour moi ce n’est pas acceptable. En même temps on était parfaitement conscient qu’à l’occasion de l’inauguration de ce salon un certain nombre d’agriculteurs, d’éleveurs en particulier, allaient souhaiter exprimer la colère qu’ils ressentent », a-t-il déclaré devant la presse, à l’issue de la visite de François Hollande.

LIRE AUSSI >> « Hollande démission »: le président hué au Salon de l’agriculture

« On était parfaitement conscients du contexte et de la difficulté mais le président de la République a souhaité être là ce matin en soutien au monde agricole. Notre présence est aussi un respect vis-à-vis des agriculteurs », a assuré le ministre. « Je ne peux que déplorer ce qui s’est passé ce matin au stand du ministère », a-t-il ajouté.

Un stand du ministère de l’Agriculture démonté

Outre les huées qui ont accompagné la visite de François Hollande,des manifestants ont démonté le stand du ministère de l’Agriculture.

Le ministre a également balayé les remarques sur le temps passé par le Président au Salon, plus court que les années précédentes, « chacun a l’habitude de faire des calculs sur le temps passé. Le président de la République a passé le temps qu’il faut. Ce matin il était là quand d’autres n’ont pas voulu inaugurer le salon de l’Agriculture », a-t-il rappelé.

LIRE AUSSI >> Heurts au Salon de l’agriculture, les CRS interviennent

François Hollande est resté 5H45 cette année sur le salon. Il était resté 8 heures en 2015, 7 heures en 2014, 10 heures en 2013 et une douzaine d’heures en 2012, pendant la campagne présidentielle.

« C’est une faute politique »: après le scud d’Aubry, les critiques

Les réponses au missile lancé entre autres par la maire de Lille ce mercredi n’ont pas tardé. François Bayrou, Michel Sapin ou encore Florian Philippot ont critiqué, chacun à leur manière. Pour certains, la « fracture de la gauche » n’a jamais été aussi évidente.

Dans une tribune cosignée par plusieurs personnalités socialistes et publiée ce mercredi dans Le Monde, Martine Aubry accuse François Hollande et Manuel Valls de conduire à l' »affaiblissement durable de la France ». Après la déchéance de nationalité et le projet de réforme du travail de Myriam El Khomri, voici une nouvelle occasion pour le gouvernement de se diviser.

LIRE AUSSI >> « Pas ça, pas nous… »: le direct du gauche infligé par Aubry à Hollande et Valls

  • Michel Sapin appelle les signataires de la tribune à rester solidaires

Michel Sapin,le ministre des Finances,a appelé les signataires de la tribune à « éviter les postures ». « Quand on est dans une période difficile, la France comme la gauche, il faut éviter les postures », explique-t-il dans l’émission Questions d’info sur LCP/France Info/AFP/LeMonde.

Martine Aubry, ancienne ministre et signataire de la motion majoritaire lors du dernier congrès du PS, en 2015, fait partie de ceux qui « savent très bien quelles sont les difficultés de l’exercice d’un quinquennat » a-t-il ajouté, et « que ces périodes difficiles se traversent par du dialogue, du débat et de la solidarité ». Michel Sapin dénonce dans cette tribune un « amalgame » d’un ensemble de sujets, de la réforme du droit du Travail à l’accueil des réfugiés, et estime qu’elle n’est « pas de l’argumentation politique ».

  • Jean-Marie Le Guen réplique à la maire de Lille
Jean-Marie Le Guen réplique à Martine Aubry, qui critique une nouvelle fois l'exécutif.

Jean-Marie Le Guen réplique à Martine Aubry, qui critique une nouvelle fois l’exécutif.

Capture d’écran France2

Le secrétaire d’Etat chargé des Relations avec le Parlement a, lui, répondu du tac au tac à Martine Aubry. Interrogé par France 2, ce très proche de Manuel Valls pointe la rancoeur de la maire de Lille: « Martine Aubry n’a pas complètement assimilé la défaite des primaires il y a 4 ans [elle avait perdu face à François Hollande, NDLR] », grince-t-il. Et d’ajouter: « Je pense que la manière dont elle s’engage aujourd’hui n’est pas profitable à la gauche. » Invité sur BFMTV le soir-même, il en a rajouté une couché et a dénoncé une « faute politique ».

  • Jean Pierre Raffarin appelle à une « participation massive à la primaire de droite »

Pour Jean Pierre Raffarin, « la gauche déstabilise la gauche ». L’ancien Premier ministre s’est fendu d’un tweet affirmant que « la seule issue pour un sursaut national était une participation massive à la primaire de la droite et du centre ». Une manière de faire de la pub pour la primaire de son camp, qui aura lieu à la fin du mois de novembre.

  • François de Rugy tacle Dany Cohn-Bendit

Le plus étrange pour François de Rugy, coprésident du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, est de « voir Dany Cohn-Bendit signer un texte qui se demande ‘ce qui restera des idéaux du socialisme’… »

  • François Bayrou évoque la « rupture de la gauche »

Pour François Bayrou, ce texte n’est autre qu’une « révélation de la fracture définitive de la gauche ». Invité au micro de RMC, le patron du Modem a estimé qu’il s’agissait d' »un accident historique qui va frapper la gauche parce qu’elle n’a pas tenu ses promesses ». « C’est une tribune qui, en effet, est le coup de bistouri qui tranche, qui approfondit cette rupture-là. On est face à la rupture de la gauche, ça oui », affirme le centriste. « Je ne me souviens pas d’avoir vu un gouvernement aussi fracturé en son sein. (…) J’ai l’impression d’assister à une guerre civile à l’intérieur du gouvernement et de la majorité. »

  • Roger Karoutchi s’impatiente face à une « gauche explosée »

De son côté, l’ancien ministre Roger Karoutchi semble s’impatienter sur Twitter : « Aubry exécute la politique de Hollande et Valls qui abîme la France… Qui va encore 14 mois supporter le spectacle de cette gauche explosée? »

  • Florian Philippot parle de « la fin du règne » pour les socialistes

Pour le vice-président du Front national, l’implication de Martine Aubry est un lanceur d’alerte : « Majorité à la dérive: même Aubry l’européiste trouve que la soumission à la finance va trop loin. Ça sonne faux mais ça sent la fin de règne », s’est-il réjoui sur Twitter.

Guy Bedos « péterait bien la gueule » à Manuel Valls

L’humoriste s’en est pris ce mercredi midi au Premier ministre, lors d’une interview sur le plateau de La Nouvelle Edition de Canal+. Il a fustigé la politique menée à l’encontre des migrants de Calais et déclaré que « par moment […] il péterait bien la gueule » à Manuel Valls.

Ces deux-là ne passeront pas leurs vacances ensemble. L’humoriste Guy Bedos a violemment taclé le Premier ministre, ce mercredi, sur le plateau de La Nouvelle Edition de Canal+, fustigeant sa politique à l’encontre des migrants de Calais. Très remonté contre Manuel Valls, l’octogénaire a déclaré qu’il « [lui] péterait bien la gueule […] par moment ».

Une déclaration à voir dans la séquence ci-dessous:

LIRE AUSSI >> Evacuation de la jungle de Calais: où vont aller les migrants?

Bedos cosignataire d’une tribune contre le démantèlement

Comment l’humoriste, qui a co-signé mardi la pétition contre le démantèlement de la « jungle » de Calais publiée dans Le Monde, en est-il arrivé à tenir ses propos? Au cours de l’interview arrive la problématique de la « jungle » de Calais, que le gouvernement veut évacuer partiellement cette semaine. Une volonté qui scandalise Guy Bedos: « Je suis révolté que ces familles, ces femmes et ces enfants, soient réfugiés en France à cause de carnages dans leur pays. Ils ne veulent pas rester en France, ils veulent rejoindre l’Angleterre où ils ont de la famille et dont ils parlent la langue. On reçoit le premier ministre britannique, David Cameron, et le gouvernement n’est pas capable de le convaincre d’ouvrir ses frontières!

Sur le plateau, un journaliste lui demande alors: « Vous faites partie de ces gens qui sont de gauche et qui, étant de gauche, sont anti-Hollande? ». Réponse de l’intéressé: « Ah ben oui. Au départ, je n’ai rien contre Hollande. Je suis plus agacé par Manuel Valls. Manuel Valls, je lui péterais bien la gueule par moment. Carrément ».

Les quatre vérités de Martine Aubry à Manuel Valls et François Hollande

L’ancienne ministre du travail persiste et signe. Elle est revenue jeudi matin sur le contenu de la tribune qu’elle a co-signée avec des personnalités socialistes et écologistes, publiée mercredi, intitulée « Trop c’est trop ».

Mercredi elle adressait un direct du gauche au gouvernement de Manuel Valls sous la forme d’une tribune dans les colonnes du Monde pour dénoncer la politique du gouvernement. Ce jeudi, Martine Aubry était dans vos postes de radio, invitée de la matinale de RTL, renvoyant une nouvelle fois l’exécutif et ses réformes en cours dans les cordes. « Ce n’est pas agréable de ce que l’on a dire à des amis aussi fortement » a commencé la maire de Lille, en rappelant que François Hollande « est un ami ».

Avant de redire son opposition au projet de réforme du code du travail porté par Myriam El Khomri, glissant au passage: « Je ne vois pas pourquoi on l’appelle la loi El Khomri, je ne pense pas que c’est elle qui l’a écrite! (…) Le contenu ne correspond pas aux demandes des entreprises, on y retrouve toutes les vielles recettes du CNPF (ancien nom du Medef), de 1996″.

1. Sur la compétitivité

« Les entreprises n’ont pas de problème de compétitivité, leurs marges sont celles d’avant la crise, (…) il faut cibler les aides sur celles qui en ont vraiment besoin, et imposer de véritables contreparties » a expliqué l’ancienne ministre du travail socialiste, avant d’ajouter « on ne me fera pas croire qu’on rendra les entreprises plus compétitive en fragilisant les salariés, (…) sur la question des licenciements, on nous propose une fragilisation comme on n’en a jamais vu! ».

Si elle reconnait qu’il y a peut-être 2 ou 3 articles à garder dans la loi El Khomri, Martine Aubry a donc redit sa volonté de discuter de son contenu avec le premier ministre: « Je suis prête au débat avec Manuel Valls ».

2. Sur la fiscalité et la CSG

Martine Aubry est également revenue sur la question de la fiscalité: « On dit que 50% des Français ne paient pas l’impôt, mais c’est faux. La CSG, tout le monde la paie. Il faut y mettre de la progressivité, et prendre en compte pour son calcul le quotient familial ».

LIRE AUSSI >> Le Conseil constitutionnel censure la CSG progressive

3. Sur Emmanuel Macron

L’ancienne première secrétaire du PS a aussi adressé quelques piques à Emmanuel Macron, lui reprochant ses propos sur les fonctionnaires: « On ne peut pas attaquer les fonctionnaires comme il l’a fait et être ministre de la République (…). Dans ma ville de Lille, je rencontre des jeunes qui veulent monter leur entreprise, mais aussi des jeunes qui veulent être infirmier, policier, et c’est très bien, il nous en faut! Il faut cesser d’opposer les Français les uns contre les autres ».

Martine Aubry a enfin dénoncé le mode de communication de Manuel Valls, martelant: « Il faut en finir avec les discours anxiogènes ».

4. Sur la perspective de 2017

« Quand on aura réglé le présent, on verra qui on choisit pour demain ». Interrogée sur la possibilité qu’elle propose sa candidature, elle a affirmé: « Ce n’est pas du tout mon projet, voilà, c’est clair. Mon projet c’est d’aider la gauche à réussir (…). Mais pour réussir demain, et moi je souhaite qu’un homme ou une femme de gauche réussisse demain, il faut régler le présent, il faut qu’on travaille tous ensemble (…) pour pouvoir proposer un projet aux Français, un projet de gauche, mais un projet qui prend en compte les réalités aujourd’hui du monde ».

L’Angleterre et l’Europe.

Ainsi, la perspective du « brexit », autrement dit le retrait britannique de l’Union européenne, n’est plus à écarter. L’Angleterre se veut, non dans l’Europe, mais à côté. Pourquoi? Et en a-t-il toujours été ainsi? Un bref survol historique peut être éclairant.

Au Moyen-âge, du XI° au XV° siècle, l’Angleterre est tournée vers le continent (et spécialement vers ce qui va devenir la France). On peut même dire qu’elle en fait intimement partie.

Depuis la conquête de 1066, qui a fait roi d’Angleterre le duc Guillaume de Normandie, la noblesse y a des origines normande, picarde, bretonne, comme en témoignent encore aujourd’hui des patronymes courants dans la haute aristocratie anglaise tels Beaufort, Montaigu de Beaulieu, Mortimer (Mortemer) et autres Villiers. La dynastie Plantagenêt, qui règne durant quatre siècles, descend des comtes d’Anjou et au XII° siècle, suite à son mariage avec Aliénor d’Aquitaine, Henri II Plantagenêt, né au Mans, roi d’Angleterre de 1150 à 1189, contrôle directement ou indirectement un territoire qui, des frontières de l’Ecosse aux Pyrénées, recouvre presque la moitié de la France actuelle. On parle français à la cour d’Angleterre et la langue populaire dérivée de l’anglo-saxon est méprisée. Il faudra attendre la seconde moitié du XIV° siècle pour voir, avec Geoffrey Chaucer, émerger durablement une littérature de langue anglaise.

Rivaux des Capétiens qui portent le titre de roi de France depuis 987, les Plantagenêts vont même jusqu’à revendiquer la couronne de France au XIV° siècle sous le prétexte qu’Edouard III d’Angleterre en tient l’héritage de sa mère, fille du roi de France Philippe IV le Bel. Il en sort ce que nous appelons la Guerre de Cent ans. En 1420, après le désastre français d’Azincourt, le traité de Troyes fonde même le principe de l’union des deux royaumes sous le sceptre de Henri V d’Angleterre.

Ainsi, jusqu’au milieu du XV° siècle, les « affaires de France » polarisent la politique des rois d’Angleterre, qui ont perçu leur royaume insulaire comme partie intégrante d’un ensemble continental. C’est précisément l’échec de ces ambitions et la perte de leurs possessions de France, entre 1430 et 1450, qui conditionnent un grand tournant.

Ces évènements, auxquels s’ajoute une crise dynastique qui conduit à une guerre civile de trente ans (la guerre des Deux-Roses), entraînent une sorte de repli. L’avènement de Henri VII Tudor en 1485, suite à la défaite et à la mort de Richard III, dernier des Plantagenêts, est plus en effet qu’un changement de dynastie. La vieille aristocratie anglo-normande, décimée par la guerre des Roses, est en partie remplacée par la promotion de familles nouvelles, la langue anglaise s’impose, les Tudor, d’origine galloise, renoncent non seulement aux aventures outremer, mais ils vont à présent privilégier leur royaume et nourrir méfiance et suspicion à l’égard des puissances du continent.

Le signe annonciateur de ce tournant historique, c’est la rupture avec l’Eglise romaine sous le règne de Henri VIII.

Peu importent les raisons purement circonstancielles du geste (le refus du pape d’entériner le divorce de Henri VIII), on doit en retenir le sens. Le roi rejette toute autorité étrangère à la sienne dans son royaume. L’Acte de Suprématie de 1534, confirmé en 1559 par sa fille Elisabeth 1ère, et qui fait du souverain le chef de l’église d’Angleterre, n’est en rien une adhésion à la Réforme protestante : Henri VIII prend d’ailleurs ses distances à l’égard des luthériens dès 1539 ; l’anglicanisme conserve une grande part du rituel et le système hiérarchique de l’Eglise catholique. Cela dit le roi d’Angleterre est maître chez lui. Le schisme annonce ce qui va devenir pour les siècles suivants le double impératif de la politique anglaise : ne dépendre en aucun cas d’une quelconque autorité extérieure au royaume et (corollaire) combattre toute entreprise hégémonique qui tendrait à unifier les états du continent et pourrait représenter une menace potentielle.

Ainsi, dès le XVI° siècle, les Tudor se dressent contre la prépondérance que s’assure en Europe de l’Ouest la monarchie espagnole de Philippe II. Menacée d’invasion en 1588 par l’expédition de l’Invincible Armada, Elisabeth 1ère soutient la révolte des Pays-Bas contre la domination espagnole, elle riposte en se dotant d’une puissance maritime et en s’implantant en Amérique du Nord. Un siècle plus tard, quand la monarchie de Louis XIV inaugure une période de suprématie française, l’Angleterre s’institue adversaire déterminé et durable de la France, participant à toutes les entreprises militaires qui tentent de contrer la puissance des Bourbons.

Plus étonnant (et très révélateur), l’Angleterre devient paradoxalement, à partir de 1793, l’âme et la source de financement des coalitions que les monarchies européennes constituent contre la Révolution française. Alors qu’idéologiquement, ce sont les institutions anglaises qui se trouvent les plus proches du programme de 1789, c’est l’Angleterre qui refuse jusque 1802 de faire la paix. Celle-ci établie, elle la rompt quelques mois plus tard dès qu’elle perçoit la réalité des ambitions de Napoléon Bonaparte.

La France ayant cessé d’être un danger après 1815, l’Angleterre est tranquille jusqu’à ce que monte, dans le dernier quart du XIX° siècle, la puissance d’une Allemagne unifiée qui ne cache pas des ambitions hégémoniques. Le royaume se rapproche alors de son ancien ennemi français et la première moitié du XX° siècle le verra combattre jusqu’à la ruine définitive de l’entreprise de suprématie allemande.

Plus tard, à partir de 1950, naît et progresse l’idée d’un rapprochement des puissances européennes, tant pour établir enfin la paix que pour créer un vaste ensemble de développement économique.

Londres n’est pas hostile à ce dernier point, mais ne veut pas entendre parler d’une unité politique qui ressusciterait de facto une grande puissance continentale. Dans un premier temps, le Royaume-Uni se tient non seulement à l’écart, mais il convainc un certain nombre de pays de refuser l’Europe politique au profit d’une simple zone de libre-échange dont il serait le chef de file. Loin de modifier ce point de vue, l’adhésion britannique à la CEE, en 1973 inaugure en fait une méthode plus efficace puisque agissant de l’intérieur tout en poursuivant le même but. Méthodiquement, le Royaume-Uni visera constamment à promouvoir, au sein de l’Union, l’ouverture économique en entravant tout ce qui ressemble de près ou de loin à une quelconque fédéralisation.

Une telle constance séculaire est un élément d’explication à la tentation actuelle du « brexit ». Cela dit, l’Angleterre n’est plus à la tête d’un « empire sur lequel le soleil ne se couche jamais » ; le « brexit » risque d’autre part de disloquer le Royaume-Uni, les Ecossais ne partageant pas l’europhobie de nombreux Anglais ; les milieux d’affaires de la City s’inquiètent à juste titre d’un risque de marginalisation…

Surtout, le choc produit et la menace induite sur l’avenir même de l’Union européenne peut aussi susciter, de ce côté-là, un sursaut qui prendrait par exemple la forme d’un resserrement des liens des pays de la zone euro et, précisément, un début de fédéralisation à cette échelle, prémices de ce que l’Angleterre redoute avant tout depuis un demi-millénaire.

Le « brexit » ne serait-il donc pas aussi pour l’Angleterre ce qu’on appelle « ouvrir la boîte de Pandore »?

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...

Pendant ce temps là, à Lima, l’avion de François Hollande tombe en panne

Le long périple de 45 000 kilomètres de François Hollande a été interrompu ce mercredi pendant quelques heures par la panne de l’airbus A330 présidentiel.

Après la pluie, la panne. Mercredi, François Hollande est arrivé en retard sur le tarmac de l’aéroport de Buenos Aires. Motif: l’Airbus A330 présidentiel est resté cloué au sol à Lima, à cause d’un problème technique, selon Le Point.

Un voyage de 45 000 kilomètres

Le président de la République a entamé dimanche un long périple de 45 000 kilomètres qui l’a déjà mené à Wallis-et-Futuna, en Polynésie française, avant l’Amérique du sud et Lima, mardi. Pour aller du Pérou à l’Argentine François Hollande a donc finalement voyagé à bord d’un Falcon gouvernemental « de secours ».

LIRE AUSSI >> Hollande reconnait « l’impact sanitaire » des essais nucléaires en Polynésie

Le président est attendu en Uruguay jeudi en fin de journée, avant un retour à Paris vendredi après-midi. Juste à temps pour participer à l’inauguration du Salon de l’Agriculture…

Au cours de ce voyage, François Hollande s’est refusé à faire le moindre commentaire sur la tribune musclée publiée par Martine Aubry dans Le Monde mercredi.

LIRE AUSSI >> Après la Polynésie, pourquoi François Hollande se rend en Amérique du Sud

La loi El Khomri est nécessaire mais insuffisante – L’édito de Christophe Barbier

Par Christophe Barbier, publié le 23/02/2016 à 16:48

Avec la loi El Khomri, on pourrait aller plus fort, plus vite, plus loin si nous n’étions pas à la fin du quinquennat. Bien sûr, il faut simplifier la débauche pour galvaniser l’embauche et favoriser la flexibilité, que nous avons trop peu dans notre pays. Nous sommes déjà suffisamment en retard dans la guerre contre le chômage. L’édito de Christophe Barbier.

VIDEO. A Wallis et Futuna, François Hollande s’applaudit avant le Kava

De passage à Wallis, le président français s’est plié à la longue cérémonie du Kava, consistant à boire un breuvage sacré. Avec une patience presque imperturbable.

L’air un peu las, François Hollande scande de trois claquements de main la cérémonie du Kava à laquelle l’ont convié les chefs coutumiers du royaume d’Uvéa, sur l’île de Wallis. Il vient de supporter avec patience le rituel haut en couleurs consistant à boire un breuvage sacré à base de racines et de branches de poivrier broyées, qui durait plus d’une heure.

A-t-il, par négligence, applaudi à contre-temps, comme le soutien le Lab? Toujours est-il que cette visite était plus tranquille que celle qui a suivi en Polynésie, avec la reconnaissance de l’impact sanitaire des essais nucléaires.

A Wallis, François Hollande a multiplié les promesses : davantage de crédits pour la santé, l’installation d’un scanner, un prix de l’électricité, aujourd’hui cinq fois supérieur à celui de la métropole, ramené progressivement au même niveau d’ici à 2020, une nouvelle liaison aérienne… Tandis qu’il annonçait à Futuna l’installation du premier distributeur automatique de billets de banque, ainsi que celle d’un centre de dialyse.