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Le maire PCF de Saint-Denis annonce sa démission sur Facebook

Après douze années à la tête de la mairie de Saint-Denis, le maire PCF Didier Paillard vient d’annoncer sa démission surprise sur Facebook.

Il a décidé de passer la main. Ce mardi, le maire PCF de Saint-Denis (93), Didier Paillard, a annoncé par un message publié sur Facebook qu’il quittait ses fonctions.

« Après une quarantaine d’années en responsabilité, dont douze en tant de Maire, il me semble nécessaire que de nouvelles énergies, bien en phase avec l’évolution de la société, puissent s’exprimer. C’est ainsi que j’ai pris la décision de remettre mon mandat de Maire de Saint-Denis », écrit-il sur sa page.

D’après Le Parisien, « le bruit courait parmi les élus et militants de Saint-Denis depuis quelques jours ». Didier Paillard avait lui-même succédé au poste après la démission de son prédécesseur Patrick Braouzec en 2004.

La majorité PCF/Front de gauche va devoir se trouver un successeur, avant de procéder à un nouveau vote au Conseil municipal dans les prochaines semaines.

Questeur, un poste convoité

Ils sont souvent inconnus du grand public mais leur rôle à l’Assemblée nationale est crucial. Les questeurs sont des députés élus par leurs pairs en début de législature, et dont la fonction est renouvelée chaque année.

On retrouve ici la dyarchie dans l’organigramme de l’Assemblée, avec les services législatifs d’un côté et les services administratifs de l’autre : à la différence du Président, qui maîtrise le côté « politique », les questeurs s’occupent de toutes les questions administratives et financières (attributions de marchés, ouvertures de postes, etc.). Le dossier le plus brûlant sur leur bureau en ce moment est cependant les négociations sur le statut des collaborateurs.

Comme le Président (qui est à l’Hôtel de Lassay), les questeurs possèdent des appartements de fonction (l’Hôtel de la Questure), qui permettent à leurs collègues d’organiser des réceptions.

Bref, les questeurs tiennent les cordons de la bourse.

Au nombre de trois (deux de la majorité, un de l’opposition), il n’est donc pas étonnant que leur poste soit si convoité.

Le départ de Bernard Roman a libéré un poste de questeur. A quelques mois de la fin de la législature, la place aurait pu rester vacante. Mais plusieurs prétendants au titre se sont bousculés au portillon.

Le groupe socialiste a donc procédé à une élection interne, avec des règles de candidature que certains estimaient taillées pour écarter Marylise Lebranchu au profit de Jean Launay.

Au final, c’est bien le député du Lot qui a été désigné. L’élection d’un questeur n’échappe pas à la règle : toute élection interne se prépare savamment dans les couloirs de l’Assemblée.

« Notre idée de la France », un site pro-Hollande et un pas de plus vers 2017

Lancé mardi, ce site défend le bilan du président depuis le début de son quinquennat et critique les arguments de campagne des candidats de droite pour 2017.

Ils avaient prévu de le mettre en ligne lundi, mais les mauvais chiffres du chômage publiés par le ministère du Travail les ont poussés à retarder son lancement, comme l’a révélé BFM TV. C’est donc finalement ce mardi que les soutiens à la candidature de François Hollande pour sa réélection en 2017 ont ouvert le site « Notreideedelafrance.fr », qui vise à défendre le bilan de son quinquennat.

Un pas de plus vers 2017

Géré par l’association « Répondre à Gauche », présidée par Stéphane Le Foll, ce site veut être un « espace de discussion pour échanger, débattre et nourrir notre idée de la France ». « La première vocation de ce site sera de vous donner tous les éléments nécessaires pour expliquer les choix qui ont été faits et en mesurer les résultats déjà obtenus dans tous nos départements », ajoute le ministre de l’Agriculture dans un billet publié sur la page d’accueil. Voilà pour la version officielle. Officieusement, cette page semble surtout être un pas de plus vers la candidature de François Hollande en 2017.

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Son nom reprend d’ailleurs la formule prononcée par le président de la République lors de son discours de Wagram le 8 septembre, lorsqu’il avait esquissé l’idée d’une nouvelle candidature. « La France est bien plus qu’une identité, c’est une idée, c’est un projet, c’est une ambition, qui fait de la France un pays singulier, regardé, espéré dans le monde. C’est cette idée, l’idée de la France, qui doit nous mobiliser et que nous devons porter », avait-il lancé durant son intervention.

Par ailleurs, « Notre idée de la France » va devenir le nom du micro-parti de François Hollande, créé pour la primaire de 2011 et intitulé jusqu’ici « Répondre à gauche », a révélé l’Obs ce mardi.

Le président Francois Hollande lors de son discours sur la démocratie et le terrorisme salle Wagram à Paris, le 8 septembre 2016.

Le président Francois Hollande lors de son discours sur la démocratie et le terrorisme salle Wagram à Paris, le 8 septembre 2016.

afp.com/Christophe Ena

Un fact-checking contre la droite

Chiffres à l’appui, le site, très peu fourni en contenus et au design extrêmement simple, propose surtout un bilan de l’action présidentielle de François Hollande sous forme de fiches. Elles présentent les actions menées par son gouvernement dans chaque département depuis 2012. En cliquant sur chacun d’entre elles, une infographie passe en revue les emplois qui y ont été créés, les sommes investies pour améliorer la qualité du débit internet, le nombre de maisons de santé mises en place, ou encore l’état du marché immobilier.

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Une autre page, ironiquement intitulée « Prenez les au sérieux », critique en vidéo les positions de Nicolas Sarkozy, François Fillon, Alain Juppé, et Marine Le Pen, sous forme de fact-checking. Le premier est notamment épinglé pour ses récents propos au sujet des « ancêtres Gaulois ». Dans une tribune, une centaine de jeunes, essentiellement socialistes, appellent également François Hollande à se représenter, tout en assurant que « oui, en 2017, nous les jeunes, vivrons mieux qu’en 2012″. Il ne manque plus que les propositions du chef de l’Etat en vue d’un second mandat.

France-Russie: Juppé met en garde Fillon contre « l’excès de vodka »

Le maire de Bordeaux a taclé son adversaire à la primaire François Fillon, ce mardi, en faisant référence à son tropisme pro-Poutine.

La passion de François Fillon pour son ami Poutine est sans borne. Au point qu’Alain Juppé lui a conseillé avec humour, ce mardi, de faire « attention à l’excès de vodka », en allusion à sa fascination pour la Russie de Vladimir Poutine.

En réponse à son concurrent à la primaire de la droite, qui avait qualifié ses propositions de réformes, trop timorées à son goût, de « tisane », Alain Juppé l’a mis en garde, sur France Inter, contre « l’excès de vodka ».

Fillon, avocat d’un renforcement des relations avec Moscou

Le député de la 2e circonscription de Paris plaide avec constance pour un renforcement des relations avec Moscou et la levée des sanctions imposées en raison du soutien russe à la guerre dans l’est de l’Ukraine et à l’annexion de la Crimée. Lundi, il regrettait qu’il n’y ait « jamais eu de volonté de constituer une coalition militaire, stratégique, avec les Russes pour régler le conflit syrien, jamais ». La veille, Moscou était mis en accusation au Conseil de sécurité de l’ONU pour les bombardements indiscriminés menés par les aviation russe et syrienne sur les quartiers insurgés d’Alep qui ont provoqué la mort de dizaines de civils.

L’ancien Premier ministre « consomme toujours avec modération », a réagi son porte-parole Jérôme Chartier au bon mot d’Alain Juppé. La vodka avec modération ne pose « pas de difficulté », d’après lui. « François Fillon dénonce toutes les formes d’exactions contre l’Humanité, qu’elles soient à Alep ou sur d’autres territoires », a ajouté le porte-parole.

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« François Fillon n’a pas dit qu’il fallait accepter tout ce que la Russie faisait, il a dit qu’il fallait discuter avec la Russie », a ajouté Valérie Boyer, également porte-parole, rappelant que les « humiliations qu’on faisait subir à la Russie étaient inutiles », selon François Fillon, et que « ceux qui en ont subi directement les conséquences en France sont les agriculteurs ».

Pour le candidat à la primaire de la droite, la priorité n’est pas de mettre fin à ce carnage. Elle est « de mettre fin aux actions de l’État islamique », selon Jérôme Chartier, et il faut une « coalition internationale » qui agit « de façon coordonnée » contre le groupe terroriste.

Squarcini, Buisson, Libye, sondage… La (très) mauvaise journée de Sarkozy

Entre la prolongation de la garde à vue de Squarcini, les révélations de Buisson et la publication d’un sondage favorable à Juppé, les dernières heures ont été mouvementées pour l’ancien président de la République.

La route vers l’élection présidentielle de 2017 s’annonce longue pour Nicolas Sarkozy. Surtout s’il connaît dans les prochains mois d’autres journées comme celle de ce mardi 27 septembre. La semaine avait déjà mal débuté pour l’ancien chef de l’Etat avec le placement en garde à vue de Bernard Squarcini, ancien directeur de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI, actuelle DGSI) sous sa présidence.

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Bernard Squarcini toujours en garde à vue

Ce mardi, l’ancien patron du renseignement intérieur est toujours entendu par les enquêteurs de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). Bernard Squarcini, dont Nicolas Sarkozy est proche, est visé par une information judiciaire ouverte par le parquet de Paris pour « violation du secret professionnel », « trafic d’influence » et « compromission ». Il est soupçonné d’avoir utilisé à des fins privées ou politiques ses réseaux policiers, dont Christian Flaesch, ancien directeur de la police judiciaire parisienne. La garde à vue de ce dernier, qui avait débuté lundi, a été levée ce mardi en début de soirée. Il sera convoqué ultérieurement devant le juge.

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Michel Gaudin, ancien préfet de police de Paris et actuel directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, a lui été entendu sous le régime de l’audition libre.

Étrillé par Patrick Buisson

Nicolas Sarkozy a ensuite eu affaire à la révélation d’anecdotes assassines. Son ancien conseiller Patrick Buisson sort en effet un livre, La Cause du peuple, l’histoire interdite de la présidence Sarkozy, dont L’Express a publié les premiers extraits. L’ancien journaliste de Minute y raconte notamment que Sarkozy avait affirmé en 2012: « Bien sûr que nous avons des valeurs communes avec le FN. »

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Il relate également avoir été mandaté pour entrer en contact avec Jean-Marie Le Pen entre les deux tours de la présidentielle de 2007. « Appelle Le Pen… Demande-lui ce qu’il veut. Faut-il que je le reçoive? S’il faut le recevoir maintenant, tu sais, je le recevrai. Je ne suis pas comme les autres. Je sais prendre mes responsabilités, moi », aurait promis le candidat de l’UMP afin de s’assurer que les suffrages d’extrême-droite se reportent sur lui au second tour.

Dans son nouveau livre La Cause du peuple, Patrick Buisson malmène Nicolas Sarkozy.

Dans son nouveau livre La Cause du peuple, Patrick Buisson malmène Nicolas Sarkozy.

afp.com/MIGUEL MEDINA

Soupçonné d’avoir bénéficié de financements libyens

Nicolas Sarkozy a de nouveau été confronté à son passé mardi après-midi, avec de nouvelles avancées sur les soupçons qui pèsent sur un financement libyen de sa campagne présidentielle en 2007. Selon Mediapart, la justice française détient un carnet de notes rédigé par un dignitaire libyen qui évoque dès 2007 un financement occulte de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, pour un total de 6,5 millions d’euros. Des juges d’instruction enquêtent depuis 2013 sur ces accusations, démenties par le camp Sarkozy.

A la traîne face à Juppé

Preuve que son début de semaine est décidément compliqué, Nicolas Sarkozy a enfin pu constater qu’il est toujours distancé par Alain Juppé dans la course à la primaire à droite. Selon le dernier baromètre Kantar-Sofrès-One Point publié mardi, l’ancien président de la République, crédité de 34% des suffrages fin août, à égalité avec Alain Juppé, recule d’un point, à 33%, tandis que le maire de Bordeaux progresse de cinq points et récolte désormais 39% des intentions de vote.

Les Français sont de gauche (mais ne veulent pas le savoir)

… mais ils ne veulent pas le savoir.

La formation des chômeurs, la démocratisation de l’union Européenne et la construction de la francophonie ; tous les discours des dirigeants et des observateurs politiques expliquent doctement que la France est passée à droite et que l’idéologie libérale domine désormais le pays ; certains vont même jusqu’à affirmer que la gauche est définitivement morte. De fait, tous les sondages pour les prochaines élections le confirment : une immense majorité des électeurs se prépare à voter à droite, et même à l’extrême droite. En réalité, tout cela est une illusion : la France est, plus que jamais, idéologiquement à gauche. Et c’est en raison de la faillite de la gauche gouvernementale que les électeurs se réfugient à droite et chez des populistes, dont ils exigeront, une fois qu’ils leur auront confié le pouvoir, des ­solutions de gauche.

En effet, le pays affronte une crise profonde du sens et du réel, qui se manifeste par un discrédit des élites, une avidité croissante des plus riches, une précarité dramatique des plus pauvres, une ­inquiétude grandissante des classes moyennes, menacées dans leur niveau de vie et celui de leurs enfants ; et une insécurité générale.

Face à cette crise, les priorités et les revendications des Français sont clairement de gauche : elles portent sur l’emploi, la formation, la laïcité, l’égalité, la mobilité sociale, la lutte contre les injustices, la corruption, les passe-droits. Ils ne demandent pas moins de solidarité ; et s’ils réclament moins d’impôts, pour ceux qui en paient, ils ne veulent pas d’une réduction des services que ceux-ci financent. Qui plus est, la revendication de plus de sécurité et d’ordre n’est en rien spécifiquement de droite, puisqu’elle suppose un renforcement massif des moyens de l’Etat. Au total, dans la crise présente, que chacun sent durable, le réflexe des Français est, plus que jamais, de se tourner vers l’Etat, et non vers le marché ; comme le montrent, très récemment, les réactions à la ­situation d’Alstom, à celle des migrants à Calais, ou aux menaces terroristes.

La gauche à laquelle les Français aspirent n’a rien à voir avec le stalinisme, la bureaucratie ou le protectionnisme ; elle ne se confond en rien avec la « démocrature » hongroise ou la dictature de la Corée du Nord. Inspirée en particulier par les nouvelles technologies, qui façonnent les plus jeunes, elle se doit de promettre plus de partage, de col­laboration, de gratuité, d’altruisme et de responsabilité à l’égard des générations futures. Et c’est bien aussi ce qu’on voit surgir partout ailleurs en Europe, dans toutes les forces motrices du renouveau politique.

Aussi, si les Français glissent aujourd’hui vers le populisme, porté par le Front national et certains dirigeants des « Républicains », c’est parce que la gauche s’est laissée impressionner par l’idéologie des marchés et qu’elle n’ose pas lui opposer celle de la démocratie ; c’est parce qu’elle prône et applique une politique libérale. La droite elle-même a compris que le marché ne saurait être la seule réponse, et que la nouvelle distinction est entre égoïsme et altruisme.

Il est encore temps pour la majorité actuelle d’oser être elle-même ; de proposer une analyse de gauche de la situation (trop de marché, pas assez de démocratie), une stratégie de gauche (fraternelle, moderne, ouverte, internationaliste, altruiste, dans l’intérêt du pays et en particulier des générations suivantes) et un programme de gauche. Il s’agit alors de mettre l’accent sur l’approfondissement de la lutte contre les précarités, le renforcement de l’école, la formation des chômeurs et la mobilisation générale du pays pour la défense de ses libertés et de ses valeurs, dont la ­fraternité et la laïcité sont les premiers fleurons.

j@attali.com

Piétonisation à Paris: une affaire de couleur politique

Le Conseil de Paris a voté ce lundi matin la piétonisation des quais rive droite. Les Républicains et l’UDI ont voté contre, le Modem s’est abstenu, tous contestent la méthode retenue par la gauche parisienne et Anne Hidalgo.

Paris Plages, ce sera désormais toute l’année. Anne Hidalgo a tenu bon, malgré l’avis défavorable de la commission d’enquête publique et la fronde de la droite: ce lundi matin, le Conseil de Paris a voté, à l’unanimité de sa majorité de gauche, la piétonisation des quais rive droite, du tunnel des Tuileries au tunnel Henri IV.

Une décision « souhaitée par les Parisiens, bénéfique sur les plans urbain et culturel et absolument indispensable sur le plan sanitaire et environnemental », selon la maire de Paris.

« Pourquoi se focaliser sur la voiture individuelle? »

Les Républicains et l’UDI ont voté contre, le Modem s’est abstenu. Parmi les opposants, personne ne remet en cause la piétonisation en tant que telle, ni l’objectif sanitaire de lutte contre la pollution.

« Nous ne sommes pas opposés à la piétonisation, confie-t-on à L’Express dans l’entourage de la cheffe du groupe Les Républicains Nathalie Kosciusko-Morizet. Nous sommes opposés à ce projet-là. » NKM, qui proposait une piétonisation partielle laissant un passage aux voitures, a dénoncé pendant les débats un projet « conduit en force », sans concertation véritable avec les départements limitrophes, dont les habitants vont subir les conséquences lorsqu’ils se déplaceront à Paris.

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« La méthode est autoritaire, dénonce Edith Gallois pour l’UDI. La consultation publique s’est tenue dans un périmètre trop restreint pour être significative. » Elle n’a eu lieu que dans quatre arrondissements, les plus immédiatement concernés, les 1er, 4e, 7e et 12e. « Les débats ont été manichéens, regrette la conseillère du 13e arrondissement, avec une gauche présentée comme favorable au progrès et une droite présentée comme rétrograde. Nous sommes d’accord pour diminuer la pollution, mais pourquoi se focaliser sur la voiture individuelle, alors que le nombre de deux-roues ne cesse d’augmenter? »

« Les berges, c’est très bien, mais quid du reste? »

« Il y a deux problèmes de fond, assure Jean-François Legaret, maire Les Républicains du 1er arrondissement: les quais hauts sont saturés, la pollution s’y est aggravée. D’autre part, l’offre de transports en commun est insuffisante. Elle s’est même détériorée, puisque de nombreuses lignes de bus sont perturbées par les embouteillages consécutifs à la fermeture des quais depuis cet été. »

« Le projet va dans le bon sens, tempère Yann Wehrling, conseiller Modem de Paris. Aujourd’hui, il est agréable de se promener au centre de Bordeaux, tandis que Paris a pris du retard en matière de piétonisation. Il fallait fermer cet axe traversant. Mais la piétonisation d’un centre-ville ne peut se faire comme ça, sur un seul axe. Les berges, c’est très bien, mais quid du reste? J’aurais voté pour si le projet était assorti d’un plan sur 10 ans pour fermer l’hypercentre aux voitures. »

« Méprisant vis-à-vis de la banlieue »

« Un tel projet ne peut se faire autrement qu’à l’échelle de l’agglomération, poursuit Yann Wehrling. Anne Hidalgo n’a pas pris le temps de réunir autour d’une table les différentes autorités concernées, dont la région. Il y a dans sa méthode quelque chose de quasiment méprisant vis-à-vis de la banlieue. »

Trop vite, trop fort et trop seul, Paris? « Ceux qui disent que la méthode est brutale voudraient qu’on n’agisse pas, qu’on ne bouge pas », s’est défendue Anne Hidalgo sur RTL. Comme pour la piétonisation de la rive gauche, la mairie parie sur le ralliement progressif des opposants.

Le Medef Paris, dont les adhérents sont vivement opposés au projet, a publié un communiqué plutôt apaisé, insistant sur la nécessité de respecter la période d’essai de six mois qui est prévue par le vote de ce matin. En théorie, la réversibilité de l’aménagement est toujours possible. Mais imagine-t-on Anne Hidalgo faire demi-tour?

Chirac, un visage français

3403-jacques-chirac_5685277Sire. C’est le coeur serré que nous vous adressons ces quelques lignes. Dès avant que ce sourcilleux tchékiste de Saint Pierre se décide à statuer sur le destin de votre âme, laissez-nous vous mettre en garde.

S’il vous est encore loisible d’influer à des fins qu’il ne vous flanque point au Paradis, de grâce, Sire, préférez l’Enfer, un Eden qui vous siérait bien davantage que l’émolliente atmosphère de ces Cieux que vous même, Sire, auriez qualifié d’aussi chiants qu’un après midi en maison de retraite.

Auriez-vous seulement idée de moisir, vous, le Primat des Gueules, entre Jeanne d’Arc et Bernadette Soubirou? Et ce pour une Eternité non négociable, all inclusive.

Voici qui, assurément, serait sort marqué du sceau de l’injustice.

Vous imaginerait-on seulement à gésir sur un nuage mollasson, à bouffer quinoa et tofu, à contempler d’un oeil torve les chamailleries de vos anciens disciples tout à se friter pour une Couronne qui vint à s’échouer sur une tête qui peine à la porter.

Non que votre règne fut coulé dans le bronze de la grandeur: transgressons la règle de l’élégie à des fins de sacrifier au rite du bilan, petits tabellions que nous sommes à éplucher les écrevisses, tout de vétilleuse mesquinerie comptable.

Sire, confessons direct que vous n’avez pas foutu grand chose. Mais que vous avez su, comme personne, donner le change.

Ainsi, quelques lunes après être à son tour monté sur le trône, cet ingrat de Monsieur de Sarcosie vous qualifia de « roi fainéant ».

Ha! Le cuistre, le faquin, le maroufle, le traître! Que n’avait-il alors oublié que vous aviez supprimé le service militaire que d’aucuns, mutatis mutandis, veulent à présent rétablir. Que n’avait-il encore oublié que vous vous dressâtes, avec cette noblesse qui ondoyait votre caractère, contre le roi du Nouveau monde qui s’était pris d’aller tordre le cou de Saddam le Sanguinaire.

Vous fûtes alors un Vercingetorix fort présentable, à balancer épée, bouclier et smartphone à la tête de ce César de Prisunic.

Sire, vous incarnâtes la France, pétri de qualités, bourré de défauts. Vous fûtes de notre Panthéon, tout ainsi que Johnny Hallyday, la Tour Eiffel et le jambon beurre.

Pétri de qualités? Vos anciens sujets vous ont gardé en leur coeur, serrant comme une icône l’image d’un chic type, clope au bec, bisant les mémères, reluquant les rosières, toujours prompt à peloter le cul des vaches et siroter une Corona.

Bourré de défauts? Ha! Voici qui enfièvre nos esprits! Puisque la mode est à la gauloiserie, ressuscitée par Monsieur de Sarcosie en quête de frissons identitaires, mandons que dans l’historiographie de vitrail, vous fûtes un héros sans cause véritable, mais paré des atours et du karma imposé par le CDD de la Couronne.

N’est-ce point là l’essence de l’héroïsme? Être ou paraître? Aviez-vous seulement tranché, Sire? Nous ne sûmes jamais faire la juste part de ces deux états.

Vous fûtes un fauve, couturé par de lourdes blessures et peu choyé par le sort. L’âme cabossée, vous trimballiez votre gueule d’acteur en noir et blanc, sans cesse d’égrener votre leitmotiv: « A cet égard »… Prélude à phrases creuses qui trahissaient un manque flagrant de conviction et un acte de contrition des plus désinvolte.

Vous fûtes un tueur, un vrai, américaine au bord des lèvres, l’oeil ténébreux, tout droit sorti d’un quai lugubre du lac Michigan. Valéry le Hautain, Edouard le Bouffi, Lionel le Grincheux, ad patres, chaussés de charentaises en ciment. Plouf!

Assurément, vous viendrez à nous manquer cruellement quand l’heure sera venue de paraître devant Dieu.

Un moment délicat: vous n’aurez point la licence de l’embobiner, tout ainsi que lui faire des promesses de comice agricole.

Nous prions pour le salut de votre âme.

Patrick Buisson sur Nicolas Sarkozy: les secrets d’un livre explosif

En 2007, Nicolas Sarkozy avait beaucoup misé sur Patrick Buisson pour accéder à l’Elysée. Le conseiller, aujourd’hui répudié, après être longtemps resté silencieux, publie, en pleine campagne de la primaire de la droite, un livre volumineux pour raconter et réfléchir. Un titre provocateur: La Cause du peuple. En réalité, une bombe.

Son nom est synonyme de scandale. De scandales, plutôt. Patrick Buisson sent le soufre. Son passé de ­directeur de Minute, il y a trente ans. ­L’affaire des sondages de l’Elysée, pour laquelle il est mis en examen, de même que plusieurs anciens collaborateurs de Nicolas Sarkozy, et dont les derniers rebondissements montrent qu’elle est loin d’être terminée. Et puis l’esclandre lorsque Le Point révèle, en février 2014, qu’il a enregistré le ­président à son insu quand il travaillait à l’Elysée. La défense de Buisson bafouille, la condamnation par le tribunal de grande instance de Paris ne tarde pas: il doit verser 20 000 euros à ­Nicolas Sarkozy et à Carla Bruni pour atteinte à la vie privée et aussi parce qu’il a agi sans le « consentement » de l’ex-chef de l’Etat, « ce qui constitue un trouble manifestement ­illicite ». L’ancien conseiller ne manquera pas de remarquer que seule l’épouse encaissera son chèque, pas l’époux.

"La Cause du peuple", ou l'histoire interdite de la présidence Sarkozy (éditions Perrin).

« La Cause du peuple », ou l’histoire interdite de la présidence Sarkozy (éditions Perrin).

Collection privée

En septembre 2014 tombe une sentence ô combien plus sensible à ses yeux et à ses oreilles qu’une condamnation de justice. Au 20 Heures de France 2, Nicolas Sarkozy est interrogé à son sujet: « Vous savez, dans ma vie, j’en ai connu des trahisons, dans tous les plans, mais, comme celle-là, rarement… » Il marque un long silence. « Rarement. » Sur le moment, Patrick Buisson vacille. Il se tait. Il se préserve. Il se réserve. Plus tard, il dira: « J’admets la rupture, mais pourquoi la défroque de l’ignominie? » Il interprétera son exclusion de manière uniquement politique: « Sarkozy sait que la présence de Marine Le Pen au second tour de la prochaine présidentielle est acquise, on jette donc la ligne Buisson aux poubelles de l’histoire. Mon utilité devient nulle. »

« Je ne suis pas Valérie Trierweiler »

Depuis que le quinquennat 2007-2012 s’est achevé, plusieurs éditeurs le sollicitent, notamment Albin Michel, la maison où il a déjà publié plusieurs ouvrages depuis vingt ans. Il a refusé de s’exprimer oralement, il va le faire longuement, dans un livre. L’écriture lui prend plus d’un an. Très vite, il dépose le titre, La Cause du peuple, bien content d’adresser, lui le tenant d’une droite sans complexe, un pied de nez aux maoïstes. Il s’entoure d’un maximum de garanties pour garder le plus longtemps secret le contenu de son ouvrage. Du réviseur au photographe, chacun signe un contrat de confidentialité. Le livre paraît finalement aux éditions Perrin, avec ce sous-titre: L’histoire interdite de la présidence Sarkozy.

En se lançant dans l’aventure, il a une obsession: « Je ne suis pas Valérie Trierweiler. » De fait, la ressemblance entre les deux n’est pas frappante. Il réfute l’accusation du règlement de comptes ou du grand déballage. L’étendue de sa culture politique, qui affleure à chaque page ou presque, l’acuité de ses analyses, aussi contestées qu’elles aient pu l’être, l’incitent à se situer à un autre niveau que celui de « la chronique malveillante ». Pendant qu’il travaille, il veille à respecter les équilibres entre anecdotes et réflexions. Il n’ignore pas que seules les premières retiendront l’attention dans un premier temps, il veut croire que les secondes finiront par obliger la droite à s’interroger sur sa stratégie et sur son idéologie. Alors, il insiste pour souligner qu’il ne dévoile rien qui puisse nourrir la chronique judiciaire – sans doute ce silence d’aujourd’hui vaut-il aussi avertissement pour demain, au cas où Nicolas Sarkozy lui chercherait noise. La première réaction de l’ancien président, le 26 septembre sur Europe 1, est d’une grande sobriété: « Ça ne m’intéresse nullement. »

Si Buisson évoque Carla Bruni, c’est parce qu’elle a, selon lui, occupé une place qui dépasse largement la sphère privée: « Elle a eu un rôle politique considérable, et un rôle sur Nicolas Sarkozy, car l’intime a privatisé la fonction. » Il a repris son texte à moult reprises. « Parfois, forcément, j’euphémise, mais je suis obligé de dire les choses », explique-t-il dans un néologisme digne des Tontons flingueurs. Il n’y a pas de grand homme pour son valet de chambre? Il n’y a pas de grand président pour un conseiller qui l’a vu de si près, brut de décoffrage, avant de connaître la répudiation. Les 464 pages écrites par celui qui a grandement contribué à la construction du président Sarkozy conduisent à une déconstruction de sa personne, de sa méthode et de son corpus idéologique. Quelles que soient les arrière-pensées de l’auteur, et elles ne manquent pas, le résultat est dévastateur.

« Si j’ai tout enregistré, c’est donc que ce que je dis est vrai »

Même devant ses amis, Nicolas Sarkozy n’évoque quasiment jamais le nom de Patrick Buisson. Avant la trêve estivale, alors que certains de ses collaborateurs se disputent la paternité d’un de ses discours, il observe: « Je travaille de plus en plus seul, je fais de moins en moins confiance. » « A cause de l’affaire Buisson? » lui demande-t-on. « Notamment. » Puis il se montre mutique – c’est si rare chez lui. Depuis la rupture de ses relations avec son ancien conseiller, il a néanmoins pris soin de rencontrer l’avocat de Buisson. Et même, révèle L’Opinion le 8 octobre 2014, Georges Buisson, qui a longtemps eu le projet d’écrire un ouvrage terrible sur son père. Pendant l’été 2016, l’un des fidèles de l’ancien chef de l’Etat, Pierre Charon, tente une approche directe auprès de Buisson. Un livre? Quel livre?

Que Patrick Buisson fût un conseiller au rôle déterminant entre 2005 et 2012, personne ne peut le nier. Mais quel crédit apporter à l’homme au dictaphone? Il sait qu’il est voué aux gémonies depuis la révélation de ses enregistrements. « Comment croire ce qu’un homme qui vous a enregistré à son insu peut raconter? » Cette question, que tout le monde va se poser, il se la pose également. Pour retourner l’argument: « Si j’ai tout enregistré, c’est donc que ce que je dis est vrai. » Mais la pirouette ne suffira pas face à la tempête. Alors il a décidé, en guise de prologue à son ouvrage, de traiter la question, « avant d’aller plus loin ». 11 pages consacrées à un plaidoyer pro domo: « Le fait d’enregistrer certaines réunions importantes était pour moi la garantie de pouvoir disposer d’un verbatim fidèle et d’accomplir mon travail en fournissant les arguments et les éléments de langage les plus appropriés. […] Et, s’il y avait bien réfléchi, Nicolas Sarkozy aurait eu d’autant moins de raisons de s’en formaliser que, de notre collaboration, je n’avais pas tiré la matière d’un ouvrage à chaud, comme il en alla d’un grand nombre de ses conseillers et de ses ministres dans l’année qui suivit sa défaite. »

Il lui reste des batailles judiciaires à mener. Celle qui l’oppose à Christiane Taubira, par exemple. L’ancienne garde des Sceaux devait être entendue, le 24 août, par un juge d’instruction et risquait une mise en examen: il y a trois ans, Buisson a déposé plainte pour prise illégale d’intérêts, la ministre de la Justice de l’époque étant demeurée au comité de parrainage d’Anticor, partie civile dans l’affaire des sondages de l’Elysée. La date a fuité, Taubira a obtenu un report – et Le Canard Enchaîné a fait écho d’une phrase de l’ex-ministre de la Justice, « Je peux devenir très méchante », laissée à la libre interprétation de l’exécutif actuel…

En revanche, Patrick Buisson ne sera pas de la prochaine bataille politique. Il n’ira pas voter à la primaire de la droite. Pour la première fois depuis longtemps, il ne voit pas très bien qui va gagner. Nicolas Sarkozy, servi par la noirceur de l’actualité, mais dont le crédit est atteint? Alain Juppé, aidé par son ascétisme, mais dont le projet paraît décalé de l’attente de l’électorat de droite? L’élection présidentielle elle-même lui semble indéchiffrable, dans un système démocratique ballotté. Et donc plus propice que jamais aux coups de tonnerre, dont le premier éclate maintenant, avec la parution de ce livre que L’Express a lu dans son intégralité.