Les Tontons flingueurs de votre famille d’accueil rêvent de vous immoler, ficelée tel un rôti, sur le bûcher qu’ils auraient tout exprès érigé sur la Place des Nuit debout.
Pour l’heure, Madame, vous avez la vie sauve: Monsieur de Sarcosie et Monsieur de Juppé se chamaillent cette fois à des fins de savoir qui aura le privilège de jeter l’étoupe dans les fagots de bois sec qui craquent sous vos pieds délicats. Sous son air sournois de premier communiant, Monsieur Le Maire s’emploie à gratter les allumettes pour embraser votre effigie.
Seriez-vous haïssable, Madame, dans ce rôle de peste un tantinet foldingue que l’on vous prête?
Lorsque l’envie vous prend de vous évader de votre pluvieux manoir du Cotentin, une petite choje toute chimple, merde qwâ, pour gagner la Cour et respirer son atmosphère si délétère, vous ne manquez jamais faire entendre la petite musique de votre dissidence.
N’avez-vous point confié à Madame de Salamé votre amour pour « Nuit debout », assurant d’un regard si plaisamment embué, qu’il s’agissait là d’un mouvement de fond qu’il convenait d’appréhender avec délicatesse et compassion.
Rien dans le cerveau
Baste! La veille encore, Monsieur de Sarcosie bien à la peine pour réchauffer le coeur de ses zélotes clairsemés, affirmait que les Pastoureaux de « Nuit debout » n’avaient rien dans le cerveau.
Aussi sec vous saisîtes l’opportunité de le faire passer pour réactionnaire tout aussi borné qu’il se doit, lançant ainsi d’un gracieux geste un gros caillou dans ses tulipes.
Vexé comme pou, il fit donner sa garde noire: tout en finesse, Ciotti et Peltier brocardèrent ce mouvement qui, passées les effluves de la sympathie, vient à casser les bonbons de tout le monde.
Peu vous chaut, Madame! Seuls comptent le trait, le mot, la pique que vous jetâtes à la figure du Bref qui, faut-il vous le rappeler, préside aux destinées d’un parti dont il vous a d’ailleurs virée, tout ainsi que la baronne Morano avec qui, nolens volens, vous vous devez de partager l’infortune.
Avec la Morano, les scènes de ménage ont fait place aux mamours: la Cour du Bref rapporte qu’ils auraient même soupé de concert.
« Le destin scellé des rebelles »
Vous voici donc bien seule, Madame, à chanter vos Nuits d’amour. A droite, l’on condamne, crucifie, brocarde. A gauche, l’on observe un silence gêné: serait-ce bien le moment de jeter huile sur feu, pendant que le Parlement s’apprête à célébrer les funérailles de la loi El-Khomri?
Souffrez, Madame, que l’on se prenne de vous comparer à Monsieur de Macron, et même à vous peindre à son bras, à la une de « Point de vue » ou de « Gala », sous un titre aguicheur du genre: « Le destin scellé des rebelles ». C’est vendeur, coco…
Soublaïme, Magnifaïk!
Vous aussi, Madame, vous employez à donner des coups de tatane dans les tibias de votre maître: il se mande que vous jurez comme marin en bordée. N’avez-vous point récemment confié que vous vous trouviez en mode « greffage de couilles »? Ce langage de caillera n’a point l’heur de vous seoir…
Souffrez que l’on vous susurre de laisser à cet extravagant Monsieur Trump le monopole des aphorismes de biker en goguette.
Vous peinez à convaincre, Madame: dans la course à la primaire, les écrans radar ne vous décèlent point.
Votre programme, Madame, tout aussi incendiaire que vos cheveux ballevolants sur vos frêles épaules, ne serait-il point à effaroucher le micheton? « Quelque chose à mi-chemin entre Thatcher et Reagan », voici qui fait davantage penser à médecine de cheval qu’à manufacture de rêves éthérés.
Jadis, vous passiez, selon le mot de l’ancien roi Jacques le Hardi, pour une « emmerdeuse ». Vous vous prîtes récemment d’annoncer que si le destin daignait poser la Couronne de France sur votre tête, vous supprimeriez la charge de Grand chambellan. Nous vous confions, toute honte bue, que nous n’avons rien entendu à cette amphigourique proposition.
Mais puisqu’il s’agit de tête, prenez garde Madame: vos ennemis vous rêvent déjà en Marie-Antoinette.