Do not complain

Throughout the world, in highly developed democracies, and in particular in France, the people live in a similar paradoxical situation: fewer and fewer people are concerned with politics and are voting while they increasingly complain about their fate and criticize politicians for not looking after them.

This attitude of « résigné-réclamant » (resigned-claimant) that is so widespread and so absurd, is gaining ground everywhere. Yet it must be stated quite clearly that the less we are concerned with politics, the less politicians are encouraged to look after the interests of those who do not make the effort to vote or look after themselves. Therefore, I would say to the privileged inhabitants of those democracies where anyone can take his fate into his own hands and influence the collective destiny:

« Do not complain! »

1. If you do not look after yourself, do not complain if you are not living the life that you always dreamed of. No one can contribute in the process of you becoming yourself unless you make the effort to follow the path that can take you there, and follow the simple rules of « becoming yourself. »

2. If you do not care for other people, starting with your own children, your parents, your neighbors, and also more widely all those whose fate concerns you or affect your own, directly or indirectly, do not complain if when the time comes, they turn their backs on you and show you their disdain by not being there when you need them. Do not complain if you do not feel the exquisite delight of serving others, and, in turn — yet also ecstatic experience — the gratitude for those who have helped you become yourself.

3. If you do not vote, do not complain about the choices made by elected officials. In particular, do not say that all political parties are the same and that everything has already been tried, and voting is useless. If you do not vote, you are actually giving ‘a double ballot paper’ to those who do vote, thus giving them your vote and they will choose for you the essential elements of you « becoming yourself »: security, education, health… Do not complain about the dilapidation of schools, the waste of public money, the threats to our health care system, the substantial shortfall in the resources allocated to the police and the army.

4. Finally, and most importantly, if you yourself do not do politics, if you are not a member of any party, if you have never been a candidate for nomination, do not complain about the quality of political leaders. Do not say that elected officials are mediocre, self-serving, and corrupt, do not say there are too many public servants among them. Do not say they lack courage and only care about their reelection, or only think about providing access to all positions to those closest to them. Do not say they are wasting public money. First, because, for most of these elected officials, these criticisms are unfair. Secondly, because, if these criticisms are legitimate for some politicians, it is your fault: you do not try you yourself to do politics, join a party, be a candidate, monitor those who are elected, and do so honestly, in order to serve the general interest, particularly that of future generations.

Do not complain about the world: it is what you make of it. And especially what you do not make of it. And not doing anything at all is the absolute worst way to operate. Suicidal.

In particular, do not complain about the directions the regions will take, with presidencies that you will let others choose, for six years. By not voting this Sunday you will have voted, in fact, for the worse.

j@attali.com

Ne vous plaignez pas, votez!

Dans le monde entier, dans les démocraties les plus développées et en particulier en France, le peuple se trouve dans la même situation paradoxale : de moins en moins de gens s’occupent de politique et vont voter, alors que de plus en plus se plaignent de leur sort et reprochent aux hommes politiques de ne pas s’occuper d’eux.

Cette attitude de « résigné-réclamant », si généralisée et si absurde, gagne partout du terrain. Il devrait pourtant être clair aux yeux de tous que, moins on s’occupe de politique, moins les hommes politiques sont incités a veiller aux intérêts de ceux qui ne font pas l’effort d’aller voter ni même de prendre soin d’eux-mêmes. Alors, aux habitants privilégiés de ces démocraties , où il est loisible à chacun de prendre son propre destin en main et d’influer sur le sort collectif, je dis :

« Ne vous plaignez pas! »

1. Si vous ne vous occupez pas de vous-même, ne vous plaignez pas si votre vie ne ressemble pas à celle dont vous aviez rêvé. Personne ne peut faire en sorte que vous deveniez vous-même si vous ne faites pas l’effort d’emprunter le chemin qui peux vous y conduire , et de suivre les règles simples du « devenir-soi ».

2. Si vous ne vous occupez pas des autres, à commencer par vos propres enfants, vos parents, vos voisins, et aussi plus largement tous ceux dont le sort vous concerne ou influe sur le vôtre, directement ou indirectement, ne vous plaignez pas si, le jour venu, ils vous tournent le dos et vous clament leur mépris, s’ils ne sont pas là quand vous avez besoin d’eux. Ne vous plaignez pas si vous n’éprouvez pas le délicieux plaisir de rendre service, et en retour celui, tout aussi jubilatoire, d’être reconnaissant envers ceux qui vous aurons aidé à devenir vous-même.

3. Si vous ne votez pas, ne vous plaignez pas des choix que font les élus. En particulier, ne dites pas que les programmes de tous les partis sont identiques, qu’on a tout essayé et que voter ne sert à rien. Si vous ne votez pas, vous donnez en fait un bulletin double à ceux qui le font, vous leur abandonnez votre voix et ils choisissent pour vous des éléments essentiels de votre « devenir soi »: la sécurité, l’éducation, la santé… Ne vous plaignez pas du délabrement de l’école, des gaspillages d’argent public, des menaces qui pèsent sur notre système de santé, de l’insuffisance des moyens attribués aux forces de police et à l’armée.

4. Enfin, et plus encore, si vous ne faites pas vous-même de politique, si vous n’êtes membre d’aucun parti, si vous n’êtes jamais candidat à une investiture, ne vous plaignez pas de la qualité de la classe politique. Ne dites pas que les élus sont médiocres, intéressés, corrompus, ne dites pas qu’il y a trop de fonctionnaires parmi eux. Ne dites pas plus qu’ils manquent de courage et ne s’intéressent qu’à leur réélection, ou ne songent qu’à placer leurs proches à tous les postes. Ne dites pas non plus qu’ils gaspillent l’argent public. D’abord, parce que, pour la plupart d’entre eux, ces critiques sont injustes. Ensuite, parce que , si elles sont légitimes à l’encontre de quelques-uns, c’est de votre faute: vous n’essayez pas de faire vous-même de la politique, d’entrer dans un parti, d’être candidat, de contrôler les elus, et de le faire honnêtement, pour servir l’intérêt général, en particulier celui des prochaines générations.

Ne vous plaignez pas du monde: il est ce que vous en faites. Et surtout ce que vous n’en faites pas. Et ne rien faire est la pire façon d’agir. Suicidaire.

En particulier ne vous plaignez pas non plus des directions que prendront les régions , avec des présidents que vous aurez laissé choisir par d’autres, pour six ans. En n’allant pas voter dimanche, vous aurez voté, en réalité, pour le pire.

j@attali.com

Manuel Valls: « Le Front national n’aime pas la France et trompe les Français »

A ct de cette annonce sur l’tat d’urgence, « une restriction des liberts » pour « protger nos liberts, Manuel Valls a appel la mobilisation des Franais pour barrer le passage au FN lors des lections rgionales.

Elections régionales, Front national, état d’urgence… Manuel Valls a balayé l’actualité ce mardi au micro d’Europe 1. Le point sur ses déclarations.

  • Une éventuelle prolongation de l’état d’urgence « pour protéger nos libertés »

« Nous sommes à plus de 2 000 perquisitions administratives qui ont été menées depuis la mise en place de l’état d’urgence. Elles ont permis de saisir 320 armes, dont une trentaine d’armes de guerre. Plus de 250 procédures judiciaires ont été initiées suite à ces perquisitions, plus de 210 personnes ont été placées en garde à vue », a déclaré Manuel Valls sur Europe 1 mardi matin. Selon le premier ministre, « cela prouve bien que ces perquisitions ne sont pas dues au hasard et qu’elles permettent d’étayer des soupçons objectifs ».

>> Lire aussi: « Quand état d’urgence rime avec dérapages et descentes opportunistes »

Manuel Valls a déclaré en outre qu’il ne fallait pas « écarter », « en fonction de la menace », la « possibilité » d’une prolongation de l’état d’urgence après le 26 février, terme fixé par la loi adoptée dans la foulée des attentats. Au micro d’Europe 1, le Premier ministre a rappelé l’intention de l’exécutif d’inscrire la notion d’état d’urgence dans la Constitution. Reconnaissant « une restriction des libertés » due à cet état d’urgence, Manuel Valls a estimé qu’il s’agissait précisément de « protéger nos libertés ».

  • Oui à la fouille des bagages par les agents de sécurité SNCF et RATP

« Nous allons soutenir une proposition de loi du député Gilles Savary qui va être examinée avant Noël par le Parlement pour permettre aux agents de sécurité de la SNCF et de la RATP de pouvoir fouiller les bagages puisque, comme vous le savez, aujourd’hui, ça n’est pas possible », a déclaré le chef du gouvernement sur Europe 1.

La proposition de loi vise notamment à autoriser « les agents des services internes de sécurité de la SNCF et de la RATP à procéder à des palpations de sécurité » et à la fouille des bagages, avec l’accord des passagers, ou à autoriser les policiers, sous certaines conditions, à procéder « à l’inspection visuelle des bagages à main et à leur fouille » en vue de « prévenir une atteinte grave à la sécurité des personnes et des biens ». Déposée avant les attentats, elle avait été retardée en attendant les propositions de l’exécutif sur de nouvelles mesures de sécurité. Le texte sera « examiné avant Noël par le Parlement », a assuré M. Valls mardi matin.

Le Premier ministre a par ailleurs confirmé l’installation de portiques de sécurité dans les gares françaises desservies par le train à grande vitesse international Thalys (gare du Nord à Paris et Lille). Ces portiques devront aussi être installés dans les gares desservies par le Thalys « en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne », a dit M. Valls. Des « expérimentations » avec des portiques pourront également être menées sur d’autres grandes lignes en France, selon le Premier ministre.

  • « Attention à la supercherie du FN »

« Le Front national n’est pas uniquement un danger économique qui mettrait le pays par terre, qui ruinerait ceux à qui il s’adresse, c’est-à-dire les retraités qui ont des petites pensions, les ouvriers, les jeunes qui voient leur avenir bouché. Le Front national n’aime pas la France, trompe les Français y compris sur le terrorisme » a martelé Manuel Valls.

« Attention à la supercherie. A ceux qui vous disent avec nous il n’y a aurait pas d’attentats. Il faut mettre fin à la supercherie de l’extrême droite sur tous les domaines, sur celui de la sécurité » a expliqué Manuel Valls sur Europe 1, avant de saluer la prise de parole de Pierre Gattaz sur le FN dans les colonnes du Parisien ce mardi, ainsi que les unes de la Voix du Nord.

  • « L’économie de marché, nous l’assumons pleinement »

« J’assume pleinement le fait que nous sommes dans une économie ouverte de marché et de soutien des entreprises » a expliqué Manuel Valls au micro d’Europe 1. La croissance « n’est pas suffisante pour créer suffisamment d’emplois » a expliqué le Premier ministre, alors que le chômage est reparti en très forte hausse en octobre. « Cela veut dire qu’il faut poursuivre les réformes et notamment assouplir notre droit du travail » a indiqué Manuel Valls.

Il a par ailleurs exhorté les touristes à venir à Paris pour consommer: « c’est le moment des fêtes, dépensez, vivez, reprenez le chemin des spectacles, du cinéma et du théâtre ». « Venez à Paris, les conditions de sécurité sont assurées » a maintenu Manuel Valls alors que l’impact sur des attentats du 13 novembre n’a pour l’instant pu être chiffré.

  • A la COP 21, un « accord indispensable pour la planète »

Au lendemain de l’ouverture de la conférence mondiale sur le climat qui se tient au Bourget, Manuel Valls a estimé qu’un « accord ambitieux, universel, contraignant pour limiter le réchauffement à deux degrés » était « indispensable pour la planète ». « C’est un moment considérable. C’est la première fois qu’il y a 150 chefs d’Etats et de gouvernement qui veulent cette réussite. Il appartient maintenant aux négociateurs de réussir cet accord », a estimé Manuel Valls, avant de se féliciter de cette première journée.

« La journée d’hier a été l’occasion de donner une impulsion politique. Il faut être optimiste et volontariste. Mais rien n’est fait et la négociation ne fait que commencer » a considéré le Premier ministre.

  • La prime de Noël versée à partir du 16 décembre

La prime de Noël sera reconduite cette année et versée à compter du 16 décembre aux ménages aux revenus les plus modestes, a indiqué mardi Manuel Valls sur Europe 1. Le montant de cette prime restera à peu près le même que celui de l’an passé: « un peu plus de 150 euros pour une personnes seule et un peu plus de 320 euros pour un couple avec deux enfants », a précisé le Premier ministre. « Plus de deux millions de foyers en bénéficient », a-t-il souligné. Depuis 1988, cette aide est versée par la Caisse des allocations familiales en décembre à certains Français aux faibles ressources.

  • Sur l’affaire Benzema

Interrogé sur les propos du champion de natation Camille Lacourt estimant que Karim Benzema n’était « plus apte » à représenter la France, Manuel Valls a expliqué qu’un « grand sportif doit être exemplaire », faute de quoi il « n’a pas sa place dans l’équipe de France ».

« Le roi supplicié »

2048x1536-fit_hollande-invalidesLes malheurs le frappent comme plaies d’Egypte: a-t-on jamais vu, en notre Histoire, roi si tourmenté, au point que les larmes lui viennent aux yeux?

Une fois n’est point coutume, ma chère et tendre, le sort de ce roi nous a serré le coeur. Jusques alors, nous l’avions raillé, moqué, brocardé à plaisir: c’était un très bon client. C’était tout autant un roi mou: l’un de ses féaux ne l’avait-il point surnommé « Guimauve le Conquérant »? C’était un roi habité par le démon de la procrastination: tout à embobiner ses commensaux, il cultivait avec un talent consommé l’art d’enterrer, de dissimuler, de noyer le poisson, et de renvoyer aux calendes grecques.

Les assassinats du treize novembre le tirèrent de son émolliente léthargie. Le rêve onirique dépeint par ses imagiers tourna au cauchemar, scellant ainsi la fin de sa ridicule geste Potemkine qui l’avait égaré chez Lucette, à siroter du jus de chaussette.

La fiction bisounours, tricotée par les petites mains de la manufacture des bobards, a brutalement fait place à l’élégie. Le supplice a balayé la routine, le prêchi-prêcha, cette irrémissible propension à barbouiller de rose cette tenace grisaille qui faisait notre quotidien.

Une fois n’étant point coutume, nous l’écrivions, ce roi, notre roi, nous inspire à présent la pitié que l’on porte aux suppliciés.

Peut nous chaut de savoir si le calvaire qu’il endure relève ou non du châtiment céleste. Le voici à ployer sous la mitraille, le feu nourri des événements funestes qui font de lui le grand ordonnateur des pompes funèbres.

Bientôt son règne viendra à s’achever: que restera-t-il de cette geste incohérente, toute de bric et de broc, entachée par le malheur et les échecs?

Par le Ciel, par quel sortilège entend-t-il passer à la postérité? Sous le nom de François le Malheureux, Fanfan la Scoumoune?

S’il n’est point blessé en sa chair, il l’est assurément en son âme.

Pour son règne durant, ne sera-t-il point honni tel celui par qui le malheur arrive, celui qui a le mauvais oeil, celui qui fait pleuvoir sous des cieux d’azur?

Pour l’heure, ses sujets se serrent, tels des moineaux apeurés par la tempête. Mais qu’en sera-t-il lorsque les mauvais vents viendront à se dissiper? Notre roi subira-t-il alors le sort de ceux que l’on ne veut plus ni voir ni entendre car ils éveillent les souvenirs les plus cruels?

Ce pauvre roi, notre roi, saura-t-il un jour distiller le bonheur, rétablir paix et prospérité? Le ferait-il que nulle âme ne lui en saurait crédit. Le voici à présent enfermé en la Vierge de fer, ce sarcophage infernal qui, lorsqu’il vient à être fermé par le bourreau, vous larde de mille dagues à des fins de vous supplicier sans vous délivrer dans la mort.

L’avez-vous seulement vu, ma chère et tendre, au bord des larmes, en cette Cour glaciale des Invalides?

Ces larmes amères, cette harangue empreinte de majesté, que signifiaient-elles au juste? Que le roi, tel un Bossuet gagné par le démon de l’autocritique, prononçait sa propre oraison funèbre? Pleurait-il les illusions perdues, pleurait-il les victimes des assassins?

Il n’est toutefois point requis d’être grand maître de la prédiction divinatoire: son calvaire n’est point sur sa fin.

Le hasard, barman cynique des destins, a rendu public les très mauvais chiffres du désoeuvrement au moment où le royaume pleurait ses enfants. Pour renfort de ce potage infernal, notre roi, ce pauvre Flou, se doit encore de faire son deuil de deux régions qu’il perdra sans grand doute sous quinzaine, le Nord et la Provence. Ainsi que le mande Artois, faisant sien un mot de Jacques le Hardi, « les merdes, ça vole en escadrille ».

Le drapeau tricolore, symbole du patriotisme et de la France universelle – L’édito de Christophe Barbier

Par Christophe Barbier, publié le 27/11/2015 à 17:48, mis à jour à 17:49

Une hausse brutale du chômage en octobre, c’est mauvais pour François Hollande. En revanche, formidable mouvement que cette restauration des couleurs nationales pour cet hommage aux victimes des attentats. Enfin, bravo à Nicolas Hulot pour son implication dans la lutte contre le réchauffement climatique et la COP21. Les photos de la semaine par Christophe Barbier.

Les chiffres du chômage, ce calvaire de tout ministre du Travail

Jeudi soir, le ministre du Travail a comment des chiffres du chmage catastrophiques. 42 000 inscrits Ple Emploi supplmentaires en octobre, sur la seule catgorie A. Mois aprs mois, l’exercice tourne au supplice chinois.

A chaque fin de mois, la rue de Grenelle s’agite. Le ministère du Travail reçoit le nombre de chômeurs inscrits à Pôle emploi du mois précédent. Depuis le début du quinquennat, les nouvelles n’ont été que trop rarement positives. Depuis avril 2012, le bilan du gouvernement est tout simplement mauvais. 676 000 personnes sans emploi supplémentaires, un rythme encore plus élevé que sous les années Sarkozy. Un calvaire pour le ministre en place.

Les médias, eux, attendent ces statistiques avec la plus grande impatience. En matière de chômage, les journalistes privilégient les chiffres de Pôle emploi. Du fait de leur régularité, mais aussi parce qu’il est aisé de les commenter. Ils reçoivent le communiqué clé en main: les chiffres, et le commentaire du ministère du Travail, qui tente le plus souvent de mettre en avant telle ou telle réforme, annonçant des jours meilleurs. Tout y est passé depuis le début du quinquennat. Les emplois aidés, le Pacte de responsabilité… Mais la courbe du chômage, elle, ne s’inverse pas. Jeudi, Pôle emploi a même annoncé un nouveau record du nombre de chômeurs.

Les mois passent donc et rien ne change. Les arguments du ministère perdent de leur poids. « C’est un moment assez anxiogène », confirme un ancien conseiller rompu à l’exercice. Surtout que le travail est fait dans l’urgence. Généralement, le ministère ne reçoit les chiffres que la veille de la publication. « Au moment où ils arrivent, on ignore totalement la nature des chiffres, s’ils seront bons ou pas. C’est très aléatoire », poursuit notre interlocuteur.

« Un rendez-vous absurde »

Avant de laisser sa place à Myriam El Khomri, François Rebsamen avait bien tenté de prendre ses distances avec ce rendez-vous mensuel. « Un moment de solitude », comme il l’a lui-même qualifié en donnant les clés du ministère à sa remplaçante. Il avait tenté de mettre davantage en avant les statistiques de l’Insee, celles qui servent de référence au niveau mondial. Il a même tenté à plusieurs reprises de sécher le commentaire des chiffres de Pôle emploi. Mais leur date de publication est bien inscrite dans les agendas des rédactions, et le ministre a toujours fini par céder. « Les chiffres mensuels n’ont pas beaucoup de sens », assure notre ancien conseiller. « C’est la partie infime, mais la plus visible de l’iceberg, de l’action de l’exécutif. Mais pour le ministre du Travail, c’est un désastre. C’est aussi très négatif pour le moral des Français, le moral des chômeurs. »

En matière de chômage, des tas de paramètres peuvent expliquer telle ou telle hausse. Ils l’expliquent, mais ne sont pas compréhensibles pour autant. Le ministère du Travail n’a par exemple pas compris pourquoi le nombre de radiés avait subitement chuté, pour passer de 50 000 à 38 000 ou 28 000 environ chaque mois. Sans oublier des initiatives de Pôle emploi pas toujours bien perçues du côté de l’exécutif, notamment lorsque l’organisme décide d’envoyer en mai dernier trois SMS de rappel à ses inscrits pour qu’ils actualisent leur situation. François Rebsamen avait même fini par afficher sa volonté de supprimer ces messages. Une méthode un peu particulière de lutte contre le chômage.

Quand l’Elysée et Matignon s’en mêlent

La rédaction des communiqués de presse pose également question. Le gouvernement rivalise d’imagination pour trouver des « points positifs » à mettre en avant. En ce moment, c’est le chômage des jeunes, qui tend en effet à diminuer depuis janvier. Pour le reste, notre source confirme des textes « pas toujours très clairs », « difficilement compréhensibles ». Illustration:

Il faut dire qu’avant d’arriver dans les boîtes de réception des journalistes, le fameux communiqué de presse fait du chemin. Il est l’oeuvre de « technocrates », et passe par le ministère du Travail, mais aussi par Matignon et l’Elysée. Le ministre peut invalider des points, mais il n’est pas à la manoeuvre. « Les gens qui rédigent ces communiqués n’arrivent pas toujours à dire ‘le chat est blanc’. Au final on lit ‘le chat pourrait être blanc' ». Pour la ministre du Travail, le chat est aujourd’hui bien gris.

Pour Valls, il faut « reconstruire une grande partie de la République »

En dplacement dans sa ville d’Evry, dans l’Essonne, le Premier ministre a appel « un sursaut rpublicain majeur », deux semaines aprs les attentats du 13 novembre dernier.

Manuel Valls ne mâche pas ses mots. Après les attentats djihadistes qui ont touché la capitale, le Premier ministre a en effet appelé à « reconstruire une grande partie de la République », vendredi soir, lors d’un déplacement à Evry, dans l’Essonne. Il a également réitéré son rejet de toute « excuse » vis-à-vis des jeunes basculant dans le jihadisme et les attentats.

>> Lire aussi: Abaaoud à sa cousine Hasna: « il y aura d’autres » attentats « encore pires »

Au programme, une reconstruction de « l’école de la République », pour « que chacun trouve sa place dans la société ». « Il n’y a pas d’un côté une réponse sécuritaire, et de l’autre une réponse sociale ou une réponse qui protégerait les libertés », a-t-il affirmé. « C’est une vision qui est dangereuse car elle nous affaiblit », selon Manuel Valls, qui s’est défendu de tout « discours bushiste » après que l’exécutif ait parlé de « guerre ».

« L’affaire d’une génération »

« Nous avons une seule réponse, et c’est la République », a-t-il insisté, appelant également à « une force morale nouvelle, une capacité de se dépasser, de se sublimer ». « Plus que de montrer nos diversités, Il faut faire appel à ce qui nous unit, au-delà de nos différences », a indiqué le Premier ministre.

Tout en reconnaissant que ce travail était « l’affaire d’une génération », le Premier ministre a de nouveau répété qu’il refusait toute « excuse » à l’égard des auteurs des attentats. « Ce n’est pas parce qu’un jeune est dans la galère, d’origine immigrée » et vivant dans un quartier confronté à l’islamisme radical, « ce n’est pas parce qu’on est au chômage, d’origine maghrébine et de culture musulmane, que l’on devient un terroriste ou un voyou », a lancé Manuel Valls.

Hommage aux victimes: discours, musique et recueillement

Personnalits, familles de victimes, dramaturgie solennelle : l’hommage national aux Invalides restera comme un grand moment d’unit nationale du quinquennat Hollande. Retour sur un hommage poignant.

Une cérémonie glaciale. Les 130 noms de victimes résonnent dans la brume des Invalides, pavoisée de deux immenses drapeaux. François Hollande est silencieux, ce vendredi matin, pour l’hommage national aux victimes des attentats du 13 novembre. Seul, assis sur sa chaise, devant des gradins représentant la République dans toutes ses composantes : responsables politiques, institutions, figures des communautés religieuses, anciens premiers ministres….

François Hollande lors de la cérémonie d'hommage national aux victimes des attentats de Paris et Saint-Denis, dans la cour des Invalides le 27 novembre 2015 à Paris

François Hollande lors de la cérémonie d’hommage national aux victimes des attentats de Paris et Saint-Denis, dans la cour des Invalides le 27 novembre 2015 à Paris

afp.com/PHILIPPE WOJAZER

Les participants ont reçu des couvertures, pour se protéger du froid tenace. On voit sur leur chaise roulante une vingtaine de blessés des attentats. Et, non loin, les familles endeuillées, qui ont été installées à l’opposé des emplacements réservés à la presse, de façon à rester loin des objectifs des photographes. L’orchestre de l’armée joue du Bach pour conjurer la douleur. Nathalie Dessay entonne du Barbara.

Marine le Pen à un mètre de Jean-Luc Mélenchon

L’unité nationale en musique. Et en mille images. Comme mille façons de dire le refus de céder à la peur. Nicolas Sarkozy est là, au premier rang. Plus loin, Marine le Pen et Jean-Luc Mélenchon ont été placés à un mètre de distance. Ils sont silencieux dans l’émotion. François Bayrou est arrivé parmi les premiers. Mis à l’honneur pour leur bravoure et leur abnégation, les secouristes, les policiers d’élite et la protection civile forment un carré à part, près du pupitre dont François Hollande s’approche pour un discours vibrant sur cet acte de guerre « organisé de loin » au nom d’un « dieu trahi ».

A l’Elysée, on voulait une cérémonie « sobre », « a minima », mais le sens de la dramaturgie solennelle n’a pas été oublié. Cinq caméras filment le tout (au lieu de trois habituellement pour les cérémonies aux Invalides). Un grand écran fait défiler les visages des défunts.

Un visage et un nom pour les victimes des attentats de Paris.

Un visage et un nom pour les victimes des attentats de Paris.

DR

La sécurité est maximale. Pour entrer aux Invalides, il convient de montrer patte blanche. Et même ultra-blanche. Fouille au corps, portique de sécurité, chiens renifleurs, appareils de détection des explosifs. « Can you switch on your electronic devices? », demande un démineur aux journalistes. Il faut allumer ses ordinateurs, les appareils photos. Les gendarmes vérifient qu’ils ne sont pas piégés. Au portail, trône une affiche d’une exposition en cours: « Chevaliers et bombardes. » La violence, hélas, n’est pas qu’un chapitre d’histoire.

Après son allocution, le chef de l’Etat quitte, seul, la grande cour. Bientôt suivi par Manuel Valls. Et Nicolas Sarkozy. Sur l’esplanade des Invalides, à l’extérieur, 200 badauds se sont massés. Drapeaux en main. En guise d’adieu anonyme.

Optimiste et guerrier, Hollande a rendu hommage aux « 130 vies arrachées »

Le chef de l’Etat a rendu hommage, ce mercredi, aux victimes et aux blesss des attentats qui ont frapp Paris le 13 novembre dernier dans un discours empreint d’un certain optimisme.

A la terreur, François Hollande tente de répondre par l’optimisme. Deux semaines après les sanglants attentats de Paris, qui ont fait 130 victimes et près de 350 blessés, le chef de l’Etat leur a rendu hommage ce vendredi dans une cérémonie nationale, aux Invalides.

>> Lire notre reportage sur place: Hommage aux victimes: discours, musique et recueillement

Un hommage sobre, et empreint d’espoir qu’il a placé dans la génération touchée par les attaques des djihadistes, baptisée « génération Bataclan ». « Malgré les larmes, cette génération est aujourd’hui devenue le visage de la France […] Je sais que cette génération tiendra solidement le flambeau que nous lui transmettons », assure-t-il devant l’assemblée, constituée d’hommes et de femmes politiques, tous bords confondus, et des familles des victimes.

Hollande veut vaincre « l’islam dévoyé »

Le ton de son discours était évidemment grave. Solennel. Comment pouvait-il en être autrement. Derrière son pupitre, François Hollande a détaché chaque syllabe des mots de son discours et déploré ces « 130 vies arrachées. 130 destins fauchés […] C’est parce qu’ils étaient la vie qu’ils ont été tués. C’est parce qu’ils étaient la France qu’ils ont été abattus ».

Dans son allocution, il a pointé du doigt les responsables de cette barbarie, un « acte de guerre » comme il l’avait déjà décrit au lendemain des attentats, « froidement exécuté au nom d’une cause folle et d’un Dieu trahi ». Ces responsables, désignés comme un « ennemi », sont la « haine », le « fanatisme » et « l’obscurantisme », assure-t-il, avant de mettre un mot plus précis: « l’islam » radical, cet « islam dévoyé qui renie le message de son livre sacré ». Un champ lexical très guerrier, donc, comme pour mieux préparer à la guerre engagée contre le terrorisme, et notamment contre Daech en Syrie, qui s’annonce longue.

« La France restera elle-même »

Son discours n’était pourtant pas une déclaration de guerre ; il avait déjà évoqué l’intensification des frappes en Syrie lors du Congrès, à Versailles. Face au tableau qu’il a peint, complexe et obscur, et malgré le bilan, lourd, la tristesse, omniprésente, et la menace d’autres attentats qui plane, François Hollande a tenté d’éclaircir l’horizon. Après la promesse de « détruire l’armée des fanatiques qui ont commis ces crimes », il en a formulé une autre: « Je vous promets aussi que la France restera elle-même, telle que les disparus l’avaient aimée, et telle qu’ils auraient voulue qu’elle demeure ».

Une façon d’essayer de rassurer l’opinion publique, encore sous le choc, et qui va devoir composer jusqu’à la fin du mois de février avec l’état d’urgence, dénoncé par certains qui y voient une atteinte aux libertés individuelles au nom de l’impératif sécuritaire.

>> Lire aussi: Hommage national: pourquoi certains proches des victimes l’ont boycotté

« Nous ne changerons pas »

Dans l’enceinte de l’Hôtel des Invalides, François Hollande a appelé les Français à ne pas céder à la terreur et à ne pas bouder les salles de spectacles ou les stades de foot, deux lieux touchés par les attaques: « Nous multiplierons les concerts, les chansons, les spectacles, nous continuerons à aller au stade. Nous participerons aux grands rendez-vous sportifs comme aux rencontres les plus modestes ».

« Je vous l’affirme ici: nous ne changerons pas, assène-t-il. Nous serons unis. Unis sur l’essentiel et je salue ici, devant vous, familles, ces innombrables gestes de tant de Français qui se sont pressés sur les lieux des drames, allumer une bougie, déposer une fleur […] ».

Ni opposition, ni division

François Hollande a par ailleurs fait preuve de confiance dans l’attitude à venir des Français, et a appelé à l’unité. Un message qui sonne comme une réponse à la hausse des actes islamophobes recensée après les attentats du 13 novembre. « Que veulent les terroristes? Nous opposer? Nous diviser? Je vous l’assure, ils échoueront, assure-t-il. Ils ont le culte de la mort. Nous, nous avons l’amour de la vie« .

Enfin, à la toute fin de son discours, le chef de l’Etat a répété son optimisme envers la jeunesse française: « Je suis sûr qu’elle aura le courage de prendre pleinement en main l’avenir de notre Nation. Le malheur qui a touché les martyrs du 13 novembre [l’]investit de cette grande et noble tâche, a conclu François Hollande. Avec une phrase de conclusion qui a remporté un vif succès sur les réseaux sociaux: La liberté ne demande pas à être vengée, mais à être servie. »

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