Contre l’état d’urgence, une gauche désabusée de la politique de Hollande

Plusieurs milliers de Parisiens ont rpondu samedi aprs-midi l’appel la manifestation contre l’tat d’urgence. Des milliers d’lecteurs de gauche, qui ne se retrouvent plus dans la politique mene par le gouvernement. Et queques trangers, dus par « le pays des droits de l’Homme ».

Il fallait avoir une bonne raison samedi après-midi pour sortir de chez soi à Paris. Selon la police, 5500 ont fait le déplacement à Paris ce samedi 30 janvier. 5500 personnes selon la police, 20 000 selon les organisateurs, ont tout de même bravé la pluie battante pour manifester leur opposition à l’état d’urgence et l’inscription dans la constitution de la déchéance de nationalité, que le gouvernement s’apprête à mettre en oeuvre. Le cortège s’est retrouvé dès 14h30 Place de la République. Avec cette atmosphère quelque peu particulière, l’endroit étant devenu depuis les attentats du 13 novembre un lieu de recueillement pour de nombreux Parisiens.

Les manifestants parisiens se sont donné rendez-vous à 14h30 Place de la République. Un lieu de recueillement depuis les attentats de novembre.

Les manifestants parisiens se sont donné rendez-vous à 14h30 Place de la République. Un lieu de recueillement depuis les attentats de novembre.

L’Express/Ludwig Gallet

Ce samedi, ils n’étaient pas là pour ça. Ils sont venus dénoncer la pérennisation d’un « Etat policier », par un président de la République qu’ils avaient pour la plupart soutenu au second tour de l’élection présidentielle en 2012. Une gauche aujourd’hui marginalisée politiquement, occultée par François Hollande depuis son virage social-démocrate, ou social-libéral. Dans les rangs des manifestants, des drapeaux aux couleurs d’Europe Ecologie Les Verts ou du NPA. Des syndicats aussi, parmi lesquels la CGT ou Force Ouvrière. Et puis des associations, en soutien aux migrants, ou la Quadrature du net, qui promeut la liberté sur Internet.

EN IMAGES >> « Assignés à résistance », les opposants à l’état d’urgence manifestent

« L’état d’urgence ne fait qu’épuiser nos forces de l’ordre »

Les milliers de personnes rassemblées samedi à Paris se retrouvent dans une gauche isolée, alors que les sondages montrent que la grande majorité des Français sont favorables à la déchéance de nationalité. « Je pense que les politiques et les médias présentent mal le débat, dénonce Virgile, un militant du Parti de gauche. La déchéance de nationalité ne servira à rien. Et l’état d’urgence ne fait que pressuriser et épuiser nos forces de l’ordre. C’est une question de moyens, humains et financiers. Mais on ne répond pas à ce problème, on s’en prend seulement à l’état de droit.

Selon la police, 5500 ont fait le déplacement à Paris ce samedi 30 janvier. Ils étaient 20 000 selon les organisateurs.

Selon la police, 5500 ont fait le déplacement à Paris ce samedi 30 janvier. Ils étaient 20 000 selon les organisateurs.

L’Express/Ludwig Gallet

D’autres sont simplement venus faire entendre leur voix, bien loin des partis politiques. « On est quand même en train de changer la constitution, sans la moindre union politique, quitte à virer des membres du gouvernement, s’indigne Marie, venue sur le tard devant le Conseil d’Etat, le point d’arrivée de la manifestation. Il faudrait peut-être consulter directement les Français sur des sujets aussi importants. On dit qu’ils sont pour? Au moins, avec un référendum, nous en aurions le coeur net. »

Emma, 20 ans, ne votera pas en 2017

Marie n’aborde pas l’arrivée de la prochaine présidentielle avec enthousiasme. Loin de là. L’année prochaine, elle se résoudra à voter pour François Hollande au second tour s’il s’agit de contrer le Front national. D’autres se sont d’ores et déjà interdits de faire un choix entre la gauche et la droite. A tout juste 20 ans, Emma n’a encore jamais voté dans le cadre d’une présidentielle. « Nous sommes condamnés à avoir des candidats dont on ne veut pas, qui ne nous représentent pas ». Cette étudiante en philosophie a déjà pris sa décision: en 2017, elle ne se rendra pas dans l’isoloir.

Le gouvernement a décidé d'intégrer les délits dans l'extension de la déchéance de nationalité, contrairement à l'avis du Conseil d'Etat. C'est là que s'est achevée la manifestation à Paris.

Le gouvernement a décidé d’intégrer les délits dans l’extension de la déchéance de nationalité, contrairement à l’avis du Conseil d’Etat. C’est là que s’est achevée la manifestation à Paris.

L’Express/Ludwig Gallet

Dans le cortège, des étrangers qui idéalisaient la France

Giovanni et Anna, qui sont arrivés d’Italie la semaine dernière pour le programme d’échange européen Erasmus, voulaient aussi marquer leur opposition aux mesures prises en réponse aux attaques de novembre. Dans le cortège, il n’était pas rare de trouver, comme eux, des étrangers qui de leur propre aveu idéalisaient un peu la France, « pays des droits de l’Homme ». « C’est vrai qu’en Espagne, avec tous les problèmes de ces dernières années, on a un peu mythifié la France, confie Laura. Cette doctorante en histoire ancienne déplore aujourd’hui le manque de mobilisation contre l’état d’urgence. Et s’inquiète plus largement de la montée de la droite et de l’extrême droite en Europe, qui lui « rappelle d’un certain point de vue les années 30. »

Il y a un an, Greg et Molly décidaient de quitter les Etats-Unis pour venir s’installer en France, là où ils avaient déjà passé quelques années au moment de leurs études. Elle est avocate, lui professeur. Tous deux aimeraient retrouver ce qui a fait selon eux la grandeur de la France après les attentats du 11 septembre 2001. Ils n’ont pas oublié comment, un certain 14 février 2003, Dominique de Villepin a exprimé à l’ONU l’opposition française à une intervention militaire en Irak. « La France, à l’époque, avait montré son engagement, réaffirmé ses idéaux. J’ai envie de faire la même chose aujourd’hui pour ce pays. Pour moi, François Hollande cherche à faire passer un message aux électeurs du Front national. Mais sa politique nous divise, et c’est exactement ce que souhaitait Daech. »