Murmures à la jeunesse: le livre de Taubira contre la déchéance de nationalité

L’ancienne ministre de la Justice publie ce lundi un « livre-rquisitoire » contre la dchance de nationalit. Intitul Murmures la jeunesse, l’ouvrage a t discrtement imprim en Espagne, puis achemin en France sur des palettes opaques.

C’était à prévoir, Christiane Taubira n’est plus au gouvernement mais, continue d’être un caillou dans la chaussure de l’exécutif. Selon les informations de France 2, l’ancienne garde des Sceaux publie ce lundi un livre prenant une position très ferme contre la déchéance de nationalité, quatre jours avant le début de l’examen du projet de loi à l’Assemblée nationale. « Céder à la coulée d’angoisse et se laisser entraîner, au lieu d’endiguer, signe la fin du Politique et de la politique. Le glas. Plus fatal que l’hallali », écrit Christiane Taubira, avec le style recherché qui est le sien.

Cet ouvrage, de 94 pages, a été discrètement imprimé en Espagne, puis acheminé en France sur des palettes opaques, rapporte Le Monde. Tiré à 40 000 exemplaires, ce dernier a été présenté aux librairies comme un « livre sous X » pour éviter les fuites. Seul François Hollande était au courant de la publication de ce livre, rédigé dans la précipitation alors que Christiane Taubira était encore ministre de la Justice. Elle est d’ailleurs toujours présentée comme garde des Sceaux sur la 4e de couverture.

Dans cet essai intitulé Murmures à la jeunesse, elle évoque également la nécessité de comprendre les mécanismes qui poussent de jeunes Français à se tourner vers le terrorisme. « Il faut comprendre pour anticiper et aussi pour ramener du sens au monde. Que les cris des tyranneaux de la pensée cessent de tétaniser nos esprits. Sinon, par omission, nous aurons laissé s’installer de nouvelles frustrations grosses d’exaltations macabres, nous aurons arrosé le terreau où poussent ces contentieux passionnels… » assure-t-elle.

« Il est des choses trop inflammables pour s’en approcher sans méfiance »

Cette position, elle la partage avec le ministre de l’Economie Emmanuel Macron. Il avait lui aussi prononcé le mot de « terreau » sur lequel prospère le djihadisme. Cette déclaration n’était pas du goût du Premier ministre qui avait rétorqué: « expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser ».

Un autre aspect abordé dans ce livre concerne ses doutes à modifier la constitution alors que le Front national grimpe dans les sondages. « Il est des choses trop inflammables pour s’en approcher sans méfiance avec deux silex à la main, écrit-elle. L’un des silex est cette déchéance de nationalité visant des Français de naissance binationaux, l’autre est la triste et possible capacité pour la cheffe d’un juteux négoce familial d’accéder au pouvoir suprême » écrit-elle.

« Le tourment m’habitera jusqu’à la tombe »

Cet ouvrage a été rédigé alors que Christiane Taubira n’avait pas encore pris la décision de démissionner. « Je ne suis sûre de rien », écrit-elle avant de poursuivre: « Le tourment m’habitera jusqu’à la tombe. L’inquiétude. L’intranquillité. Peut-être est-ce faire trop de bruit pour peu de chose. Peut-être serait-il plus raisonnable d’être raisonnable et de laisser passer. En convenir. S’en accommoder. Ne pas ajouter au trouble. […] Ne vaut-il pas mieux alors un cri et une crise plutôt qu’un long et lent étiolement? Je ne suis sûre de rien, sauf de ne jamais trouver la paix si je m’avisais de bâillonner ma conscience. »

Le Journal du dimanche avait assuré ce dimanche qu’un livre écrit par Christiane Taubira et intitulé Etre ministre était prévu en mars. Selon l’hebdomadaire, cet ouvrage reprendra le texte d’une conférence tenue en novembre. L’ancienne ministre devrait y faire le point sur sa volonté de « résistance ».

La fin des parlementaires en mission?

On a déjà évoqué plusieurs fois le cas des parlementaires en mission. Ce système permet au gouvernement de charger un ou plusieurs parlementaires d’un sujet particulier pendant 6 mois, dans le but de lui de fournir un rapport et des propositions.

Actuellement, deux parlementaires ont ainsi été nommés sur la question de la « pratique d’une activité physique et sportive pour les élèves et les étudiants », deux autres sur les compétitions de jeux vidéo (dont les nouvelles règles viennent d’être votées dans la loi Numérique), le député Philippe Folliot s’occupe de Clipperton,…

Il est même arrivé des cas rares où les parlementaires en mission étaient utilisés par le gouvernement pour tout autre chose. Ainsi, le député Christian Nucci avait été désigné parlementaire en mission pour s’occuper du Haut-commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie en 1981.

Le parlementaire y voit un avantage : il peut travailler librement sur un sujet et a à sa disposition quelques maigres moyens, notamment l’appui d’un haut-fonctionnaire (rappelons que ces missions sont bénévoles pour l’élu). Le gouvernement lui y voit une bonne occasion de récompenser un parlementaire et parfois le moyen de déminer un sujet, sans qu’il soit, lui, impliqué directement.

La loi organique prévoit spécifiquement ces missions, qui ne peuvent durer plus de 6 mois, sauf décret spécial du Premier Ministre. C’est même un des rares cas où les députés peuvent déléguer leur vote.

Quand les parlementaires en mission ont été remis en place, avec la Vème République, il s’agissait de mieux associer les parlementaires au travail gouvernemental. S’il existe une limite de 6 mois, c’est qu’on considère qu’au-delà, le parlementaire deviendrait un véritable associé du gouvernement. Il devra donc choisir entre sa mission et son mandat parlementaire. Et s’il démissionne de son mandat, il laisse la place à son suppléant.

Nos lecteurs à l’esprit le plus retord voient immédiatement deux failles dans ce dispositif. Failles qui ont donc été immédiatement exploitées par tous les gouvernements :

1° Les députés en mission étant presque les seuls à pouvoir déléguer leur vote, le groupe majoritaire peut les utiliser en cas de majorité serrée pour gagner un scrutin public. C’est ce qui a notamment été fait récemment pour faire battre une proposition de loi du groupe Ecolo sur les langues régionales.

2° Ces missions, lorsqu’elles sont prolongées pour plus de 6 mois, permettent d’exfiltrer un député et de le remplacer par son suppléant. Cela permet d’éviter une élection partielle, qui est toujours un moment inconfortable pour une majorité impopulaire. C’est ce qui a été fait concernant François Brottes (dont on attend toujours les conclusions sur « la sécurité d’approvisionnement en électricité ») et Sandrine Hurel (qui était chargée d’un rapport sur la politique de vaccination). La manœuvre avait été tentée concernant Pierre Moscovici, mais avait piteusement échoué, à trois jours près.

Toutes ces bonnes et mauvaises raisons, ont conduit le gouvernement à multiplier ces missions :

Missions confiées à 1997-2002 2002-2007 2007-2012 2012-2015
un député 71 76 77 76
un sénateur 5 32 36 24
Total 76 108 113 100
source : Commission des Lois du Sénat

Le Sénat s’est saisi du sujet, avec une proposition de loi de Jacques Mézard, étudiée à la demande du groupe radical. En effet, outre les abus précédemment évoqués, ces missions posent d’autres problèmes. D’abord, le Parlement dispose de suffisamment de moyens humains et de pouvoirs d’enquête pour faire lui-même ces rapports. D’autant que le parlementaire en mission, exerçant ses pouvoirs hors du cadre parlementaire, ne bénéficie pas des pouvoirs spéciaux dont dispose un parlementaire lambda dans ses missions de contrôle (dans les années 80, un député avait ainsi été poursuivi en diffamation par la Scientologie pour un rapport remis au gouvernement).

De plus, si cela est utile, rien n’interdirait à un gouvernement de demander, de manière moins formelle, un rapport à un parlementaire. Ce ne sont en effet que les dispositions électorales (suppléance, délégation de vote) qui sont supprimées par la proposition de loi radicale.

Enfin, le Parlement n’est pas au service du gouvernement, comme le laissent penser ces missions. S’il est plus qu’indispensable que le Parlement anticipe mieux les projets de loi (qu’il doit parfois étudier dans des délais très brefs), il peut le faire lui-même. Il serait même nécessaire qu’au-delà de ses missions constitutionnelles de contrôle du gouvernement et d’évaluation des politiques publiques, il prépare mieux les réformes législatives à venir, en confiant de telles missions aux futurs rapporteurs, avant même le dépôt des projets de loi.

Les groupes disposent déjà de la possibilité de créer des commissions d’enquête et des missions d’information (qui sont collectives). On pourrait imaginer des « droits de tirage » pour chaque groupe, afin de nomment des parlementaires en mission sur tel ou tel sujet, qui disposeraient ainsi de l’appui indispensable des administrateurs. Du reste, certaines commissions le font déjà, avec un réel succès. Quand le Parlement veut travailler les réformes à venir, il n’a pas besoin d’autorisation gouvernementale.

Taubira: comment l’éditeur Philippe Rey a-t-il gardé son livre secret?

L’ex-ministre de la Justice a contact son diteur le 10 janvier pour publier son court texte contre l’extension de la dchance de nationalit… alors qu’elle tait encore au gouvernement. Mais comment ont-ils vit que cela ne s’bruite? Explications.

Comment Christiane Taubira et son éditeur, Philippe Rey, ont-ils gardé secret le livre que l’ex-ministre de la Justice a écrit avant sa démission du gouvernement, mercredi dernier? Alors que le petit ouvrage, Murmures à la jeunesse où elle critique l’extension de la déchéance de nationalité, est mis en place dans les librairies ce lundi matin, quelques détails émergent.

« Elle m’a contacté vers le 10 janvier pour me dire qu’elle avait écrit un court texte d’une centaine de pages et qu’elle souhaitait le publier fin janvier, avant l’ouverture du débat à l’Assemblée sur la déchéance de nationalité. Elle nous a aussi demandé la plus grande confidentialité », raconte Philippe Rey, qui avait noué de « très bonnes relations » avec la ministre à l’occasion de la réédition l’an dernier de son livre L’esclavage raconté à ma fille.

François Hollande a su le 23 janvier

« Le bon à tirer (le texte définitif envoyé à l’imprimeur) a été donné le 18 janvier et imprimé dans la semaine », poursuit-il. Christiane Taubira a alors « remis un exemplaire des épreuves au Président de la République le vendredi 23 janvier. Le président est parti en Inde le samedi et la démission a été annoncée mercredi matin », précise-t-il.

« Elle ne nous a rien dit sur sa démission, mais c’était intrigant pour moi, car j’imaginais qu’une ministre en exercice allait avoir quelques ennuis en publiant un texte comme cela avant un débat politique majeur… Mais pour nous, il devait être mis en vente avec la mention de l’auteure comme ministre de la Justice », poursuit-il. « Je ne sais pas si le livre a joué un rôle dans sa démission, mais il fait partie des éléments qui ont un peu forcé le destin », note-t-il, alors que Christiane Taubira a démissionné en raison d’un « désaccord politique majeur » dans le dossier de la déchéance de nationalité.

Impression en Espagne et « film opaque »

Pour garder le secret, l’éditeur a fait imprimer en Espagne car « il y a des agents du renseignement en lien avec pas mal d’imprimeurs français », assure-t-il. Le livre a été acheminé le 28 janvier en France « sous un film opaque ». Pour éviter les fuites lors de la mise en place des exemplaires en librairies, l’éditeur a proposé l’ouvrage aux libraires « ‘sous X’, sans révéler ni l’auteur, ni le contenu ».

« Les libraires ont bien joué le jeu car ils savent que nous ne sommes pas coutumiers du fait et que donc, c’était important », souligne Philippe Rey, qui regrette seulement que le mystère ait été éventé 12 heures trop tôt, par France 2 dimanche soir. Une anticipation qui attise toutefois la curiosité… Tiré dans un premier temps à 45 000 exemplaires, le petit ouvrage de 96 pages sort officiellement mardi. « Je pense qu’on va réimprimer assez vite », a indiqué l’éditeur.

Raul Castro à Paris: devine qui vient dîner ce soir à l’Elysée?

Le chef d’Etat cubain Raul Castro, en visite officielle Paris ce lundi, va dner l’Elyse. Autour de la table… quelques surprises et une « erreur administrative ».

Le dîner s’annonce historique et folklorique. Pour la première visite officielle d’un chef d’Etat cubain à Paris depuis 21 ans, l’Elysée a prévu une grande soirée d’honneur avec Raul Castro. Au menu, des signatures de contrats en pagaille et des plats concoctés par le chef de l’Elysée.

Le plus surprenant ne sera pourtant pas dans les assiettes, mais autour de la table. Certains des convives sont déjà connus, avec quelques noms inattendus, comme le révèle Le Parisien.

De Mélenchon à David Guetta

Jean-Luc Mélenchon le 23 août 2015 à Paris

Jean-Luc Mélenchon le 23 août 2015 à Paris

afp.com/Thomas Samson

Jean Luc Mélenchon, co-président du Parti de Gauche a récemment rappelé son attachement à Cuba, en glissant un tacle au président de la République, qui semble ne pas lui en avoir tenu rigueur: « Hollande, c’est le bubble gum que le Che consommait », a-t-il affirmé sur France 2.

Le DJ David Guetta lors d'un concert à Berlin le 8 juillet 2012

Le DJ David Guetta lors d’un concert à Berlin le 8 juillet 2012

afp.com/Frederic Lafargue

Le célèbre DJ David Guetta, qui préparerait un grand concert à Cuba et à qui l’on prête une liaison amoureuse avec une mannequin cubaine de 22 ans Jessica Ledon, sera aussi parmi les invités, selon Le Parisien.

« Hasta Siempre »

La chanteuse et actrice Nathalie Cardone, née d’une mère espagnole a aussi reçu son invitation. L’occasion de revoir le clip de son tube Hasta Siempre.

L'actrice Virginie Efira est attendue au dîner de l'Elysée.

L’actrice Virginie Efira est attendue au dîner de l’Elysée.

Eric Gaillard/REUTERS

L’actrice et animatrice belge Virginie Efira et le réalisateur Costa Gavras, tous les deux très actifs dans le festival du film français de la Havane devraient être présents.

Le cinéaste Costa-Gavras pose pour les photographes à son arrivée au 68ème Festival de Cannes, le 18 mai 2015

Le cinéaste Costa-Gavras pose pour les photographes à son arrivée au 68ème Festival de Cannes, le 18 mai 2015

afp.com/Anne-Christine Poujoulat

Enfin, l’ancien champion de monde de boxe Jean-Marc Mormeck, apportera la caution sportive à ce dîner riche en célébrités.

Le boxeur français Jean-Marc Mormeck, sextuple champion du monde, le 5 décembre 2014 à Issy-les-Moulineaux, près de Paris

Le boxeur français Jean-Marc Mormeck, sextuple champion du monde, le 5 décembre 2014 à Issy-les-Moulineaux, près de Paris

afp.com/Bertrand Guay

Erreur d’invitation pour les filles de Jacqueline Sauvage

Du côté des ministres, la parité sera respectée avec Laurent Fabius, Ségolène Royal, Marisol Touraine et le secrétaire d’Etat Matthias Fekl.

En revanche, une erreur s’était glissée dans les invitations. Les trois filles et les deux avocates de Jacqueline Sauvage, récemment graciée, ne seront pas autour de la table. L’Elysée reconnaît « une erreur administrative ».

Contre l’état d’urgence, une gauche désabusée de la politique de Hollande

Plusieurs milliers de Parisiens ont rpondu samedi aprs-midi l’appel la manifestation contre l’tat d’urgence. Des milliers d’lecteurs de gauche, qui ne se retrouvent plus dans la politique mene par le gouvernement. Et queques trangers, dus par « le pays des droits de l’Homme ».

Il fallait avoir une bonne raison samedi après-midi pour sortir de chez soi à Paris. Selon la police, 5500 ont fait le déplacement à Paris ce samedi 30 janvier. 5500 personnes selon la police, 20 000 selon les organisateurs, ont tout de même bravé la pluie battante pour manifester leur opposition à l’état d’urgence et l’inscription dans la constitution de la déchéance de nationalité, que le gouvernement s’apprête à mettre en oeuvre. Le cortège s’est retrouvé dès 14h30 Place de la République. Avec cette atmosphère quelque peu particulière, l’endroit étant devenu depuis les attentats du 13 novembre un lieu de recueillement pour de nombreux Parisiens.

Les manifestants parisiens se sont donné rendez-vous à 14h30 Place de la République. Un lieu de recueillement depuis les attentats de novembre.

Les manifestants parisiens se sont donné rendez-vous à 14h30 Place de la République. Un lieu de recueillement depuis les attentats de novembre.

L’Express/Ludwig Gallet

Ce samedi, ils n’étaient pas là pour ça. Ils sont venus dénoncer la pérennisation d’un « Etat policier », par un président de la République qu’ils avaient pour la plupart soutenu au second tour de l’élection présidentielle en 2012. Une gauche aujourd’hui marginalisée politiquement, occultée par François Hollande depuis son virage social-démocrate, ou social-libéral. Dans les rangs des manifestants, des drapeaux aux couleurs d’Europe Ecologie Les Verts ou du NPA. Des syndicats aussi, parmi lesquels la CGT ou Force Ouvrière. Et puis des associations, en soutien aux migrants, ou la Quadrature du net, qui promeut la liberté sur Internet.

EN IMAGES >> « Assignés à résistance », les opposants à l’état d’urgence manifestent

« L’état d’urgence ne fait qu’épuiser nos forces de l’ordre »

Les milliers de personnes rassemblées samedi à Paris se retrouvent dans une gauche isolée, alors que les sondages montrent que la grande majorité des Français sont favorables à la déchéance de nationalité. « Je pense que les politiques et les médias présentent mal le débat, dénonce Virgile, un militant du Parti de gauche. La déchéance de nationalité ne servira à rien. Et l’état d’urgence ne fait que pressuriser et épuiser nos forces de l’ordre. C’est une question de moyens, humains et financiers. Mais on ne répond pas à ce problème, on s’en prend seulement à l’état de droit.

Selon la police, 5500 ont fait le déplacement à Paris ce samedi 30 janvier. Ils étaient 20 000 selon les organisateurs.

Selon la police, 5500 ont fait le déplacement à Paris ce samedi 30 janvier. Ils étaient 20 000 selon les organisateurs.

L’Express/Ludwig Gallet

D’autres sont simplement venus faire entendre leur voix, bien loin des partis politiques. « On est quand même en train de changer la constitution, sans la moindre union politique, quitte à virer des membres du gouvernement, s’indigne Marie, venue sur le tard devant le Conseil d’Etat, le point d’arrivée de la manifestation. Il faudrait peut-être consulter directement les Français sur des sujets aussi importants. On dit qu’ils sont pour? Au moins, avec un référendum, nous en aurions le coeur net. »

Emma, 20 ans, ne votera pas en 2017

Marie n’aborde pas l’arrivée de la prochaine présidentielle avec enthousiasme. Loin de là. L’année prochaine, elle se résoudra à voter pour François Hollande au second tour s’il s’agit de contrer le Front national. D’autres se sont d’ores et déjà interdits de faire un choix entre la gauche et la droite. A tout juste 20 ans, Emma n’a encore jamais voté dans le cadre d’une présidentielle. « Nous sommes condamnés à avoir des candidats dont on ne veut pas, qui ne nous représentent pas ». Cette étudiante en philosophie a déjà pris sa décision: en 2017, elle ne se rendra pas dans l’isoloir.

Le gouvernement a décidé d'intégrer les délits dans l'extension de la déchéance de nationalité, contrairement à l'avis du Conseil d'Etat. C'est là que s'est achevée la manifestation à Paris.

Le gouvernement a décidé d’intégrer les délits dans l’extension de la déchéance de nationalité, contrairement à l’avis du Conseil d’Etat. C’est là que s’est achevée la manifestation à Paris.

L’Express/Ludwig Gallet

Dans le cortège, des étrangers qui idéalisaient la France

Giovanni et Anna, qui sont arrivés d’Italie la semaine dernière pour le programme d’échange européen Erasmus, voulaient aussi marquer leur opposition aux mesures prises en réponse aux attaques de novembre. Dans le cortège, il n’était pas rare de trouver, comme eux, des étrangers qui de leur propre aveu idéalisaient un peu la France, « pays des droits de l’Homme ». « C’est vrai qu’en Espagne, avec tous les problèmes de ces dernières années, on a un peu mythifié la France, confie Laura. Cette doctorante en histoire ancienne déplore aujourd’hui le manque de mobilisation contre l’état d’urgence. Et s’inquiète plus largement de la montée de la droite et de l’extrême droite en Europe, qui lui « rappelle d’un certain point de vue les années 30. »

Il y a un an, Greg et Molly décidaient de quitter les Etats-Unis pour venir s’installer en France, là où ils avaient déjà passé quelques années au moment de leurs études. Elle est avocate, lui professeur. Tous deux aimeraient retrouver ce qui a fait selon eux la grandeur de la France après les attentats du 11 septembre 2001. Ils n’ont pas oublié comment, un certain 14 février 2003, Dominique de Villepin a exprimé à l’ONU l’opposition française à une intervention militaire en Irak. « La France, à l’époque, avait montré son engagement, réaffirmé ses idéaux. J’ai envie de faire la même chose aujourd’hui pour ce pays. Pour moi, François Hollande cherche à faire passer un message aux électeurs du Front national. Mais sa politique nous divise, et c’est exactement ce que souhaitait Daech. »

Le syndrome Tsipras.

Rien de tel que l’épreuve du pouvoir pour mesurer la crédibilité des mouvements politiques adeptes de solutions radicales. En leur confiant le volant, la société civile mesure leur capacité à mieux conduire sur une route difficile : le test est infaillible. Il l’est même tellement qu’au vu d’expériences récentes, il n’est pas certain que les divers « alter » prodigues en propositions renversantes soient soudain si pressés de les mettre à exécution.

L’exemple grec a-t-il porté ses fruits et défini une sorte de syndrome Tsipras? Qu’on se souvienne, il y a juste un an, la victoire électorale de Syriza était présentée comme l’annonce d’un bouleversement, les exigences européennes consécutives à la gabegie financière en Grèce allaient être non seulement contestées, mais les nouveaux dirigeants grecs allaient, par leur action déterminée, « renverser la table » et imposer des règles nouvelles. Alexis Tsipras devenait le héros des « gauches de gauche », pour un peu, c’était le début de « la lutte finale »…

Certes, pendant plusieurs mois, nous avons eu droit à un festival de politique-spectacle à Bruxelles, les délégués ostensiblement sans cravate, le ministre Varoufakis, sa grosse moto et ses foucades, les déclarations définitives suivies de négociations ressemblant à un dialogue de sourds et Tsipras a fini par se faire plébisciter chez lui par un référendum qui lui laissait pratiquement les mains libres.

C’est alors que tout a basculé et de concession en concession, Alexis Tsipras a fini par mettre en oeuvre les mesures qu’il avait naguère dénoncées avec véhémence. Certes, il y a eu quelques remous, mais moins qu’aurait pu le laisser supposer un tel retournement, comme si l’opinion grecque se réveillait de la sorte de transe hypnotique qui lui avait fait croire que le programme que proposait Syriza était vraiment possible. Parvenu au pouvoir, Tsipras a découvert ce que Jacques Prévert nommait « les terrifiants pépins de la réalité », que nul discours idéologique n’escamote comme par enchantement. Il le reconnaissait implicitement le 24 janvier 2016 face à 4000 militants de Syriza célébrant le premier anniversaire de leur gouvernement : « Le changement ne vient pas avec la théorie des livres mais dans l’action quotidienne ». Au vu de ce qu’est cette dernière, il est difficile de parler de succès.

Est-ce que cela n’aurait pas rendu circonspects les émules de Syriza? En Espagne, le mouvement « Podemos » se déclare sur la même ligne, sa dénomination même (« nous pouvons ») laisse entendre que tout ça est affaire de volonté, comme le dit l’adage « si l’on veut, l’on peut » Oui, mais c’est un adage et sans même invoquer l’histoire, l’expérience quotidienne montre qu’il est plus facile de régler les questions quand on n’est pas en charge de responsabilité que d’apporter une solution quand on se trouve aux commandes. Surtout si l’on a promis de tout transformer et de bouleverser intégralement la donne. N’est-ce pas précisément un homme décidé à changer le monde, Lénine, qui a reconnu que « les faits sont têtus »?

Alors, quand exaltés par des envolées de tribune qui leur ont donné l’espoir de voir leurs problèmes résolus, les électeurs promeuvent un mouvement radical et le mettent soudainement en état d’agir concrètement, un doute assaille peut-être ses dirigeants et cette hypothèse expliquerait alors l’actuelle équation espagnole.

Suite aux élections du 20 décembre 2015, aucun grand parti n’a obtenu une majorité absolue et Podemos a fait entrer 69 députés, de quoi jouer les arbitres. Le chef du gouvernement sortant de droite libérale, Mariano Rajoy, a envisagé une coalition avec les centristes et le parti socialiste espagnol (PSOE). Ce dernier ayant refusé, Rajoy a renoncé. C’est alors que le leader de Podemos, Pablo Iglesias, a proposé aux socialistes une combinaison les associant dans une coalition de gauche apparemment viable. Mais il a assorti cette offre d’exigences telles (une vice-présidence pour lui-même et quatre ministères-clés) que de toute évidence, le PSOE ne pouvait accepter. Cela ressemble fort à une manœuvre visant à se faire récuser par l’autre et à échapper ainsi de facto à une prise de responsabilité concrète, ce qui s’appelle en d’autres termes une dérobade. Podemos va ainsi se retrouver dans le confort d’une attitude d’opposition autorisant les options radicales, ce qui lui évitera évidemment d’avoir à cautionner, tel Tsipras en Grèce, des décisions absolument contraires à ce qu’il prônait en campagne.

Parfait, mais l’exercice n’est pas sans risque. Il ne reste aux partis espagnols que l’alternative d’une incertaine coalition socialistes-centristes. Si elle ne fonctionne pas d’ici début avril, il y aura de nouvelles élections et si Podemos est demeuré fidèle à sa même ligne radicale, rien ne dit qu’il ne gagnera pas de nouveaux électeurs et qu’il ne risquera pas de se trouver alors en situation de gouverner. Iglesias ne deviendrait-il pas alors un second Tsipras?

A vrai dire, il n’est pas que les promoteurs des solutions les plus radicales à devoir se soucier de la confrontation au réel. La tentation est grande de promettre un avenir radieux et le grand changement quand on est dans l’opposition. Relisons le discours du Bourget du candidat Hollande en 2012 ; réécoutons la célèbre anaphore « Moi, président », qui laissa face aux téléspectateurs son compétiteur éberlué ; comparons à ce qu’a été (et à ce que va être) la politique réellement conduite par le président Hollande.

Mais là, le syndrome Tsipras est parfaitement assumé, l’intéressé n’a ni à s’excuser, ni moins encore à se dérober : à la rigueur, il pourra dire « vous m’aviez mal compris ». Il semble même avoir l’intention de solliciter un second mandat.

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La déchéance de nationalité sera « une peine complémentaire »

Elle sera prononce par un juge judiciaire et non plus par dcision administrative, selon l’avant-projet de loi qui sera examin mercredi en Conseil des ministres.

Comme le Premier ministre Manuel Valls l’avait déjà laissé entendre mercredi devant la commission des Lois de l’Assemblée, la déchéance de nationalité sera « une peine complémentaire ». Elle sera prononcée par un juge judiciaire et non plus par décision administrative, selon l’avant-projet de loi dont l’AFP a obtenu copie ce dimanche.

L’exécutif veut en effet inscrire la déchéance de nationalité pour terrorisme dans la Constitution, une mesure décriée contre laquelle des milliers de personnes ont manifesté dimanche.

Seuls les binationaux concernés

Si la référence aux binationaux est bel et bien gommée, ils sont, dans les faits, les seuls qui pourront être concernés par la déchéance de nationalité puisqu’il est écrit noir sur blanc dans le texte, qui sera examiné mercredi en Conseil des ministres, que cette peine ne peut être prononcée « si elle a pour résultat de rendre la personne condamnée apatride ».

LIRE AUSSI >> Déchéance de nationalité: trois questions pour tout comprendre

L’avant-projet de loi « portant réforme de la déchéance de nationalité » crée un nouvel article du code pénal stipulant que cette peine est encourue pour « les crimes d’atteintes aux intérêts fondamentaux de la Nation », « les crimes constituant des actes de terrorisme », « les délits constituant des actes de terrorisme punis d’au moins 10 ans d’emprisonnement » ainsi que « les délits d’atteintes aux intérêts fondamentaux de la Nation punis d’au moins 10 ans d’emprisonnement ».

Déchéance des droits attachés à la nationalité

Dans le cas de ces crimes et délits graves, le juge judiciaire pourra, à la place de la déchéance de nationalité, décider -et cette fois pour tous les Français, y compris mononationaux- de déchoir la personne condamnée de tout ou partie des droits attachés à la nationalité: droit de vote, droit d’éligibilité, droit d’exercer une fonction juridictionnelle, droit d’exercer une fonction publique. Dans ce cas-là aussi, il s’agira d’une déchéance « définitive », précise le texte.

Le nouvel article du code pénal établit donc que « toute personne peut être déchue de la nationalité française ou des droits attachés à celle-ci lorsqu’elle est définitivement condamnée pour un crime ou un délit constituant une atteinte grave à la vie de la Nation dans les conditions prévues à l’article 131-18-1 du code pénal ».

Anne Hidalgo voudrait fusionner quatre arrondissements de Paris

La maire de la capitale envisage de fusionner certains arrondissements l’chelon administratif. Les 1er, 2e, 3e et 4e arrondissements ne formeraient ainsi plus qu’une seule et mme unit administrative.

La maire de Paris Anne Hidalgo souhaite réduire le nombre d’arrondissements à Paris, d’ici 2020. Son idée: fusionner les 1er, 2e, 3e et 4e arrondissements, révèle Le Monde, qui a pu consulter une note de la Ville.

Un changement purement administratif

En réalité, les arrondissements ne disparaitraient pas pour en former un nouveau, c’est simplement au niveau administratif que – celui de la représentation politique – le changement se ferait sentir. Les arrondissements rapprochés n’auraient plus qu’un seul maire. La mairie se défend de tout calcul politicien: cette fusion « serait neutre sur l’équilibre politique actuel entre majorité et opposition au Conseil de Paris », précise la note, consultée par Le Monde. Il y aurait, après regroupement, 9 maires de la majorité contre 8 de l’opposition.

L’autre scénario consisterait à fusionner les 5e, 6e, 7e, 8e et 9e arrondissements. Mais celui-là, en revanche, modifierait l’équilibre politique et il est donc a priori écarté.

Le Monde explique que ces propositions « devront être votées dans les arrondissements avant d’être soumises au conseil de Paris des 15 et 16 février ».

Fusion des arrondissements: Anne Hidalgo « a des arrière-pensées électoralistes »

Le maire (LR) du 1er arrondissement de Paris Jean-Franois Legaret ragit vivement auprs de L’Express la note de la mairie de Paris qui propose de fusionner les quatre premiers arrondissements de la capitale.

Le maire (LR) du 1er arrondissement de Paris Jean-François Legaret n'entend pas du tout voir son arrondissement être fusionné avec celui du 2e, du 3e et du 4e arrondissement.

Le maire (LR) du 1er arrondissement de Paris Jean-François Legaret n’entend pas du tout voir son arrondissement être fusionné avec celui du 2e, du 3e et du 4e arrondissement.

AFP PHOTO / THOMAS SAMSON

Dans une note, révélée par Le Monde, on apprend que la maire (PS) de Paris Anne Hidalgo veut fusionner les 1er, 2e, 3e et 4e arrondissements pour n’en faire qu’un seul. Qu’en pensez-vous?

C’est une réforme totalement déconnectée de la réalité. Ce qui préoccupe les Parisiens, c’est la propreté, la sécurité, le logement, les crèches, le coût de la vie, les impôts, la circulation, la pollution… Mais pas un seul Parisien ne m’a jamais dit: « J’ai un problème urgent, c’est de revoir la carte des mairies d’arrondissement! » Anne Hidalgo a des arrière-pensées électoralistes. C’est d’une très grande médiocrité.

Mais les arrondissements du centre de Paris ne sont-ils pas trop petits par rapport aux autres?

On nous dit qu’il y a des déséquilibres. Il se trouve que je suis le conseiller de Paris le plus représentatif puisque je représente 17 500 habitants. Les autres, en moyenne, en représentent 11 000. Et c’est le maire du 2e arrondissement qui en représente le moins. Mais ça, ce n’est pas de ma faute. On nous dit qu’il faut tenir compte des décisions du Conseil constitutionnel, c’est d’une mauvaise foi! Il a déjà approuvé la mouture actuelle [adoptée en 2013] de la répartition des conseillers de Paris par arrondissement. Si on fusionnait les quatre premiers arrondissements, cela créerait une mairie de secteur qui représenterait 100 000 habitants. Pourquoi garder alors un 8e arrondissement à 30 000 habitants et un 15e arrondissement à 230 000 habitants? De toute façon, on ne peut pas prendre en compte comme seul critère le nombre d’habitants. Le 1er arrondissement compte 17 500 habitants la nuit mais 90 000 emplois le jour, a la plus grosse gare souterraine d’Europe [Les Halles] et le plus grand musée du monde. C’est également l’arrondissement où il y a le plus de chantiers: les Halles, la Samaritaine, le Louvre, la Poste du Louvre, le théâtre du Châtelet… Pour chacun de ces chantiers, il faut des réunions de quartiers que j’anime. Qui d’autre le fera?

Vous évoquez des « arrière-pensées électoralistes ». Pourquoi? La note d’Anne Hidalgo indique pourtant que la modification « serait neutre sur l’équilibre politique actuel entre majorité et opposition »…

Qu’est-ce qu’Anne Hidalgo en sait? C’est énorme, comme si les élections avaient déjà eu lieu! Je ne veux pas être paranoïaque mais ça supprimerait pourtant une mairie d’arrondissement d’opposition… Ce que tout le monde veut, c’est la démocratie de proximité. Tout le monde le sait, sauf madame Hidalgo. Au conseil de Paris, elle a d’ailleurs eu une phrase répugnante. Elle a parlé d’inégalité de l’accueil dans les mairies d’arrondissement. Ce qui voulait dire que les habitants du 1er arrondissement étaient trop bien traités! Ce nivellement par le bas, je me battrai contre. Par ailleurs, je suis le seul maire à recevoir des habitants une fois par semaine sans rendez-vous. C’est rendu justement possible parce que nous sommes dans une petite mairie à taille humaine. Cette vie de quartier, on la protégera.

Jacqueline Sauvage: Il faut continuer le combat contre les violences conjugales – L’édito de Christophe Barbier

Par Christophe Barbier, publié le 29/01/2016 à 17:00, mis à jour à 17:04

Il faut gracier Jacqueline Sauvage et François Hollande a raison de le faire avec une profonde réflexion. À Disneyland, les protocoles de sécurité ont été efficaces pour repérer l’homme armé qui tout de même réussi à entrer dans l’hôtel du parc. Enfin, Manuel Valls a-t-il choisi le calme social plutôt que l’emploi dans l’affaire des taxis contre les VTC? L’édito de Christophe Barbier.