Chômage de masse: Pierre Larrouturou veut porter plainte contre Valls et Sapin

Le fondateur de Nouvelle Donne entend poursuivre les principaux responsables de la politique conomique pour « non-assistance personne en danger » face au chmage.

Pour faire parler de lui, il ne chôme pas. Le fondateur du parti de gauche Nouvelle Donne Pierre Larrouturou s’apprête à porter plainte contre les principaux responsables de la politique économique française pour sa supposée inaction contre le chômage, indique L’Obs.

Lire: « Chômage en baisse: trois raisons de ne pas crier victoire trop vite »

Le poil à gratter du PS indique qu’il déposera plainte jeudi devant le procureur de la République de Paris pour « non-assistance à personne en danger ». A l’appui de cette plainte, une étude de l’Inserm, selon laquelle le chômage provoque 15 000 à 20 000 morts par an et que « le gouvernement a dédaigné des moyens simples et efficaces pour le faire baisser ».

Un livre à vendre

Seraient visés par la plainte le secrétaire général de l’Elysée Jean-Pierre Jouyet, le conseiller social du président de la République Michel Yahiel, le ministre de l’Economie Emmanuel Macron, le Premier ministre Manuel Valls, le ministre des Finances Michel Sapin, l’ancien ministre du Travail François Rebsamen, sa successeure Myriam El-Khomri, l’ancien président du Sénat Jean-Pierre Bel, le président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone et enfin le président du groupe PS de l’Assemblée nationale Bruno Le Roux.

Une plainte qui a toutes les chances de ne pas être instruite mais qui tombe à point nommé pour Pierre Larrouturou qui publie chez Fayard un essai intitulé Non-assistance à peuple en danger. Il y raconte, selon L’Obs, « comment il a tenté, en vain, de promouvoir à Matignon et à l’Elysée » des mesures susceptibles, selon lui, de réduire le chômage. Si la plainte est bel et bien considérée comme irrecevable, il songerait déjà à la porter devant la Cour européenne des droits de l’homme.

Plus de dialogue, moins de réformes: la recette pour convaincre les Français?

Au total, 70% des Franais disent faire confiance aux partenaires sociaux pour mener des rformes conomiques, contre 27% pour l’Etat et le Parlement.

Les Français ne se syndiquent pas, mais ils croient au dialogue social. Plus d’un Français sur deux (57%) se dit favorable au dialogue, quitte à aller moins vite dans le rythme des réformes, selon un sondage Odoxa pour MCI, France Info et Le Parisien/Aujourd’hui-en-France publié jeudi.

Ne plus accélérer les réformes

A la question, « souhaitez-vous que, d’ici à l’élection présidentielle de 2017, on accélère le rythme des réformes dans le pays, quitte à laisser moins de temps au dialogue ou, au contraire, qu’on laisse le temps au dialogue, quitte à aller moins vite? » 57% des personnes interrogées ont répondu « laisser le temps au dialogue ». « Il y a un an, ils étaient 57% à souhaiter le contraire », souligne Odoxa dans Le Parisien.

42% se disent favorables pour « accélérer le rythme des reformes ». « Ce sont davantage les sympathisants de la gauche (62%, contre 50% pour ceux de la droite) qui plaident pour qu’on mette le holà sur les réformes », précise le quotidien. Pour « mener des réformes économiques et sociales efficaces en termes d’emploi »: 70% des sondés « font le plus confiance à la négociation entre les syndicats et le patronat ». 27% ont eux plus confiance « à l’Etat et au Parlement ».

Enfin, 83% des personnes interrogées voient « dans les troubles causés par les taxis en juin, les agriculteurs en juillet, et ceux déclenchés par l’annonce de nouvelles suppressions de postes chez Air France, le signe d’un dialogue social qui se dégrade ». Pour 16% des sondés, ce sont « des cas isolés qui ne sont pas représentatifs de l’évolution du dialogue social dans notre pays ».

  • Sondage réalisé auprès d’un échantillon de 1000 personnes, âgées de 18 ans et plus, interrogées par internet les 22 et 23 octobre, selon la méthode des quotas.

François Hollande n’exclut pas de se rendre à « On n’est pas couché »

L’Elyse confirme avoir eu un contact avec la productrice de l’mission de Laurent Ruquier mais prcise que « rien n’est prvu ce stade ».

François Fillon, Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin, Xavier Bertrand et même Hervé Morin… Ils sont nombreux, ces politiques à assurer qu’ils refusent de se rendre à On n’est pas couché, l’émission d' »infotainment » de Laurent Ruquier sur France 2. Mais François Hollande n’est pas de cet avis.

Même s’il n’y a « rien de prévu » à ce stade, l’Elysée confirme à L’Express ne « pas s’opposer par principe » à une invitation sur le plateau où officient Léa Salamé et Yann Moix. « Nous recevons de nombreuses invitations à de nombreuses émissions, explique l’entourage du président de la République. Nous les examinons toutes. Mais pour y répondre positivement, il faut que ça ait du sens. Nous gardons On n’est pas couché dans un coin de nos têtes. »

« Faire connaissance »

Le conseiller en communication de François Hollande confirme l’information du magazine Society selon laquelle il a rencontré au printemps Catherine Barma, la productrice d’On n’est pas couché. L’objectif était de « faire connaissance », précise-t-il.

Une participation à On n’est pas couché correspondrait en tous les cas à la nouvelle stratégie de François Hollande qui ne se refuse aucun support de communication.

Nicolas Sarkozy, ambassadeur de François Hollande à Moscou malgré lui

Alors qu’il entend jouer sa propre partition, l’ancien prsident de la Rpublique a dfendu devant Vladimir Poutine des positions pourtant proches de celles de la diplomatie franaise.

Alors que le Premier ministre lui demande de ne « pas mettre en cause » la position de la diplomatie française, Nicolas Sarkozy a souhaité s’expliquer sur BFMTV sur les raisons de sa visite controversée jeudi à Moscou. Sur le fond, pas de grandes différences en réalité entre le président de Les Républicains et celle du quai d’Orsay. Certes, Nicolas Sarkozy ne fait pas du départ de Bachar el-Assad un « préalable » mais il assure, sans ambiguïté, que le dictateur syrien, assassin de « 250 000 personnes », « ne peut pas représenter l’avenir ». « Bachar est une chose, son parti en est une autre. » Les bombes, qu’elles soient russes, françaises ou américaines, « doivent tomber sur les barbares de Daesh et non sur l’opposition nationaliste », dit avoir déclaré Nicolas Sarkozy à Vladimir Poutine.

Sur le dossier ukrainien, l’ancien président de la République indique vouloir « convaincre » le président russe « d’appliquer pleinement l’accord de Minsk ». C’est-à-dire exactement la position française. Une proximité avec la position du quai d’Orsay telle que Nicolas Sarkozy est obligé de préciser à la journaliste Ruth Elkrief: « je ne suis pas le porte-parole de monsieur Hollande qui a déjà du mal à porter sa propre parole ».

« Il faut se déplacer pour parler »

Les différences avec la diplomatie française, sur le dossier syrien comme ukrainien, n’est en réalité pas à trouver sur le fond, mais sur la forme. « J’ai des désaccords avec monsieur Poutine », constate Nicolas Sarkozy qui assure qu’il « faut se déplacer pour parler » de ces désaccords. Une méthode donc avec comme auto-modèle, sa gestion de la crise géorgienne de 2008. Fort de cette expérience, rappelée comme un mantra, Nicolas Sarkozy est persuadé que des « compromis » peuvent être trouvés avec le chef du Kremlin. « A-t-on besoin de se rajouter [aux difficultés du monde actuel comme le climat ou le terrorisme] en plus une guerre froide avec la Russie? », interroge Nicolas Sarkozy.

Et pour s’assurer de la bienveillance du pouvoir russe, le chef de l’opposition a trouvé sa martingale: la câlinothérapie. « Contrairement à Obama, je considère la Russie comme une puissance mondiale, pas comme une puissance régionale », insiste l’ancien chef de l’Etat qui en profite pour remiser au placard son image atlantiste. Admire-t-il Vladimir Poutine, interroge la journaliste. « C’est quelqu’un que je respecte », répond Nicolas Sarkozy qui, « pas russe », refuse de « porter un jugement » sur le régime musclé de Moscou.

Hollande pratique, lui, ses « formats Normandie »

Ce respect pour les méthodes viriles est peut-être finalement ce qui distingue le plus Nicolas Sarkozy de François Hollande dans son approche russe. Car le président de la République lui aussi se flatte d’entretenir une relation franche avec Vladimir Poutine à travers les « formats Normandie », initiés à l’occasion du 70e anniversaire du Débarquement sur le dossier ukrainien. Alain Juppé lui-même a rappelé jeudi sur son blog que « la France n’a jamais cessé » de dialoguer avec Moscou tout au long des dernières crises.

Sondage régionales 2015: la droite et le FN au coude à coude

28 % des Franais sont favorables aux listes du FN, soit un point de plus que les listes des Rpublicains allis l’UDI et au MoDem (27 %), selon un sondage TNS Sofres-Onepoint pour Le Figaro, RTL et LCI.

Le FN et la droite dans un mouchoir de poche pour les régionales des 6 et 13 décembre. 28% des personnes interrogées se sont prononcées en faveur des listes du Parti de Marine le Pen, selon un sondage TNS Sofres-Onepoint pour Le Figaro, RTL et LCI, publié ce jeudi.

Le Parti socialiste arrive loin derrière à 21% des intentions de vote, tandis que les Verts piétinent à 8% et le Front de gauche à 6%. Le Parti socialiste pourrait se retrouver confronté au dilemme du front républicain dans plusieurs régions souligne Le Figaro : soit se retirer au profit de la droite voire s’allier avec elle pour conserver des élus, soit se maintenir au second tour au risque de faire élire des candidats FN dans plusieurs régions.

La principale surprise de ce sondage tient dans l’intérêt que les personnes interrogées montrent à ce scrutin. 59 % d’entre eux disent s’intéresser au scrutin, un chiffre en hausse de 14 points depuis septembre.

Régionales dans le Nord: Calais et le chômage au coeur du débat

Marine Le Pen, Xavier Bertrand et Pierre de Saintignon ont dbattu mardi soir mois de six semaines du premier tour des lections rgionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie.

Cette fois, il y a bien eu débat. Après la rencontre avortée sur le plateau de l’émission Des paroles et des actes, Xavier Bertrand (Les Républicains), Marine Le Pen (FN) et Pierre de Saintignon (PS), têtes de liste aux élections régionales de décembre, se sont lancé des anathèmes au cours de leur premier débat télévisé mardi. Une joute qui a souvent tourné à la confusion.

Un débat peu intelligible

Les échanges se tenaient sur Europe 1 et iTélé au siège de La Voix du Nord, à Lille, cinq jours après l’annulation d’une première confrontation sur France 2. Les trois candidats en Nord-Pas-de-Calais-Picardie se sont régulièrement interrompus, rendant le débat peu intelligible.

Sans surprise, Marine Le Pen, donnée gagnante du scrutin par des sondages, a fait le procès de ses adversaires à propos de la vague d’immigration en Europe, notamment à Calais, mettant sur le même plan « UMP et PS responsables de l’ouverture totale des frontières ». « Nous sommes dans la région Nord-Pas-de-Calais, les gens sont généreux », a répliqué Pierre de Saintignon, reprochant à la droite d’avoir « signé les accords du Touquet » plaçant le poste frontière franco-britannique à Calais.

>> Aller plus loin: Peut-on déplacer la frontière de l’autre côté de la Manche?

Xavier Bertrand contre « les Anglais »

Pour Xavier Bertrand, « c’est à cause des Anglais. Il faut continuer à faire pression à mort sur les Anglais pour qu’ils prennent part à ce fardeau », a-t-il dit. En matière économique, Marine Le Pen s’est bornée à prôner « la mise en oeuvre de critères sociaux et environnementaux » pour l’attribution des marchés publics « qui permettraient d’avantager les entreprises locales ». « Vous ne connaissez pas vos dossiers », lui a répondu Pierre de Saintignon, affirmant que « près de 97% » des marchés vont à des entreprises régionales.

Xavier Bertrand s’en est pris en termes vifs à la candidate FN. « On est habitué à entendre Marine Le Pen caricaturale (…), c’est son seul projet. C’est la candidate des dénonciations, des peurs, des colères ».

Marine Le Pen à sec sur l’économie

Attaqué par la tête de liste FN sur le Régime social des indépendants (RSI), il a affirmé qu’elle n’avait « pas intérêt à régler les problèmes des commerçants ». « Votre fonds de commerce, c’est le malheur des gens. Il n’y a rien d’autre qui vous intéresse », lui a-t-il lancé. En l’absence de propositions détaillées de Marine Le Pen, le débat économique a surtout opposé Xavier Bertrand et Pierre de Saintignon.

Se flattant d’être « concret et précis » et non « un joueur de flûte » comme ses adversaires, le candidat Les Républicains a rappelé son « objectif que 60 000 personnes retrouvent un emploi » d’ici septembre 2016. « Savez-vous combien il y a d’embauches non précaires? 200 000 par an dans la région! », lui a répondu le socialiste. « Vous voulez nous faire croire que allez faire ce que vous n’avez pas pu faire ces dernières années. Vous êtes le François Hollande de la région, celui qui a fait augmenter le chômage et augmenté les impôts », a encore attaqué Xavier Bertrand. « Votre programme, c’est une catastrophe industrielle », a rétorqué Pierre de Saintignon, accusant le candidat LR de « passer son temps à courir derrière Marine Le Pen, tous les jours et sur tous les sujets ».

Marine Le Pen a aussi accusé Xavier Bertrand d’avoir, comme ministre de la Santé, puis du Travail, « tout raté ». Les trois débatteurs sont néanmoins tombés d’accord sur la nécessité de réaliser le Canal Seine-Nord, Marine Le Pen affirmant, contrairement à ses deux contradicteurs, que cet investissement n’était pas financé.

« Race blanche »: Alain Delon soutient Nadine Morano et lui tire son chapeau

Dans une interview TV Magazine publie ce mercredi, l’acteur de bientt 80 ans flicite l’eurodpute pour son attitude la suite de ses propos sur la France « pays de race blanche ». Il voque galement le Front national et son amiti avec Jean-Marie Le Pen.

Voilà un soutien inattendu pour Nadine Morano. Dans une interview accordée à TV Magazine, Alain Delon prend la défense de l’eurodéputée concernant ses propos tenus fin septembre sur la France « pays de race blanche ». « Juste une question: le Kenya est un pays de quelle race? Les gens sont noirs. C’est une polémique ridicule, grotesque, qui n’a aucun sens », estime l’acteur qui s’apprête à fêter ses 80 ans.

Pour lui, l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy « a des c… de tenir comme elle tient et de dire: ‘Je vous emmerde tous, je dis ce que je pense et je continuerai à le dire’. Chapeau! ».

>> Lire aussi: Nadine Morano ne s’excuse pas, elle ne sera pas tête de liste aux régionales

« On a le droit de ne pas aimer, mais on doit respecter le Front national »

Egalement interrogé sur le Front National, Alain Delon affirme ne pas être proche de ce parti: « Et, si je l’étais, pourquoi n’en aurais-je pas le droit? L’extrême gauche et Mélenchon, c’est valable, mais l’extrême droite, non? », s’interroge-t-il. « Le Front national représente quand même six millions de personnes. C’est six millions de cons? On a le droit de ne pas aimer, mais on doit le respecter. »

L’acteur ne nie pas en revanche sa proximité avec le fondateur du Front national avec qui il est « ami depuis cinquante ans ». Il précise néanmoins sa pensée sur le parti de Marine Le Pen. « J’ai simplement dit que je trouvais ça normal que les gens se rapprochent de ce parti parce qu’ils en ont marre. Marre de tout! Et c’est pour ça qu’ils sont prêts à aller n’importe où. Je le confirme: les gens ne savent plus où ils en sont, alors pourquoi pas le Front national… »

« Je n’ai jamais fait quelque chose pour de l’argent »

A propos de la politique menée par François Hollande et Manuel Valls, Alain Delon affirme « qu'(il) a connu la France du général de Gaulle et c’était autre chose ». « Depuis, elle [la France, NDLR] a été plutôt en se dégradant. Gauche, droite, tous les coups sont permis. Ce qui se passe est dégueulasse, d’où le désintérêt des Français pour la politique. »

Enfin, Alain Delon a évoqué sa carrière en assurant n’avoir « jamais été à la recherche du succès, du triomphe ou de l’argent ». « Je n’ai jamais fait quelque chose pour de l’argent. J’ai toujours fait ce que je voulais, quand je voulais, où je voulais et avec qui je voulais! Vous imaginez la chance que j’ai eue… », conclu-t-il.

Charte européenne des langues régionales: les vraies raisons du refus du Sénat

Les snateurs de droite et du centre ont rejet mardi soir le projet de loi visant ratifier la charte europenne des langues rgionales. Certains par tradition jacobine, d’autres par calcul politicien.

La France s’en glorifie: elle serait LE pays des droits de l’homme. Cela ne l’empêche pas d’être l’un des Etats du Vieux-Continent à priver une partie de ses citoyens d’un droit élémentaire, celui de parler sa langue maternelle. Cette contradiction risque de perdurer puisque, ce mardi, le Sénat a rejeté par 180 voix contre 155 le projet de loi qui aurait permis de ratifier la Charte européenne des langues régionales et minoritaires. A la différence de 25 autres nations européennes…

« La majorité était acquise »

En l’occurrence, le texte a, pour l’essentiel, été victime de considérations politiques, car, sur le fond, une majorité de sénateurs se sont déclarés favorables aux langues régionales. Pourtant, la gauche a longtemps cru pouvoir compter sur l’appui de parlementaires de la droite et du centre issus des territoires à forte identité (Alsace, Bretagne, Corse, Pays basque, Béarn, etc). « Nous avions effectué les pointages avant l’été: la majorité était acquise », affirme la sénatrice socialiste Frédérique Espagnac. Elle a dû déchanter.

Le projet aurait ensuite été examiné par l’Assemblée, où une proposition de loi similaire avait recueilli 361 voix pour et 149 contre en janvier 2014. Restait, pour ce texte modifiant la Constitution, à convoquer le Congrès (rassemblement des députés et des sénateurs à Versailles) et à y rassembler une majorité des trois cinquièmes. Cela paraissait jouable. François Hollande avait même fixé le calendrier: 2016.

Seulement voilà, à la rentrée, quelques ténors Républicains de la Haute Assemblée – son président, Gérard Larcher, et le président du groupe, Bruno Retailleau – sont montés au créneau et ont fait pression sur leurs troupes. Avec succès. Mardi, l’adoption d’une question préalable a permis de rejeter le texte avant même qu’il ne soit examiné. La raison de ce blocage? Le fond, en apparence, mais aussi quelques calculs de bas étage.

Une Charte « inutile » et « dangereuse »

Commençons par le fond. Deux arguments ont été utilisés par les adversaires de la ratification: selon eux, la Charte serait « inutile » et « dangereuse ».

Inutile, puisque les 39 mesures que la France a retenues parmi les 98 proposées – la Charte fonctionne selon une logique de « libre-service »- seraient… déjà en vigueur sur notre territoire.

Dangereuse, puisqu’elle conférerait des « droits spécifiques » à des « groupes » de locuteurs à l’intérieur de « territoires ». N’est-ce pas pour cette raison que le Conseil constitutionnel s’était opposé à la ratification du texte en 1999, considérant que cela porterait atteinte à l' »indivisibilité de la République », à « l’égalité devant la loi » et à « l’unicité du peuple français »?

Mais l’objet du projet de loi était précisément de modifier la Constitution pour permettre la ratification de la Charte. Et, pour lever les obstacles soulevés par le Conseil constitutionnel, une « déclaration interprétative » avait été ajoutée. Celle-ci stipule explicitement que « l’emploi du terme de ‘groupes’ de locuteurs ne confère pas de droits collectifs pour les locuteurs des langues régionales ou minoritaires ». Elle précise également que la Charte sera « interprétée dans un sens compatible avec le préambule de la Constitution, qui assure l’égalité de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ». Le Conseil constitutionnel a d’ailleurs reconnu qu’aucune des 39 mesures retenues par la France ne contrevenait à notre loi fondamentale.

Qu’à cela ne tienne. Reprenant l’avis du très jacobin Conseil d’Etat, Philippe Bas, le rapporteur Républicain de la commission des lois, estime que tout cela introduirait une incohérence entre des textes « peu compatibles entre eux ». La déclaration interprétative viendrait contredire la Charte, qui elle-même mettrait en péril les principes fondamentaux de notre Constitution. Une majorité de sénateurs, issus des rangs Républicains et centristes, l’ont suivi, accompagnés par une poignée de radicaux de gauche.

Des motivations principalement d’ordre politique

Ce débat juridique, toutefois, ne doit pas masquer l’essentiel. En réalité, les motivations de la droite sont principalement d’ordre politique, et parfois politiciens. On peut tenter de les résumer ainsi:

  1. Préserver l’unité nationale. Ils n’osent plus vraiment le dire, mais, tradition jacobine oblige, de nombreux sénateurs Républicains restent fondamentalement hostiles aux langues régionales. Selon eux, celles-ci constituent une menace pour l’unité nationale et doivent donc être éradiquées. Pas question, dans ces conditions, d’adopter un texte qui pourrait permettre à ses défenseurs de les relancer.
  2. Masquer ses divisions. Si la discussion parlementaire s’était déroulée librement, la droite se serait éparpillée, comme cela s’était produit à l’Assemblée nationale en janvier 2014. Car, dans leur for intérieur, certains sénateurs Républicains et centristes, souvent issus des régions où les langues régionales sont encore pratiquées, sont favorables à cette ratification. Voter la question préalable a permis d’éviter le débat et de ne pas exposer les désaccords du groupe devant l’opinion.
  3. Ne pas faire un « cadeau » à Hollande. Avant l’été, les « pointages » les plus sérieux montraient qu’il existait une majorité sur ce texte au Sénat – pour simplifier: toute la gauche, moins les radicaux, plus une trentaine de sénateurs de droite et du centre. Ce qui rendait vraisemblable une majorité des 3/5e au Congrès, dès lors qu’un texte sur le même sujet avait rassemblé à l’Assemblée nationale 361 voix pour et 149 contre en janvier 2014. Les Républicains n’avaient aucune envie d’accorder à Hollande un tel succès, a fortiori à un an de la présidentielle.
  4. Concurrencer le Front national. En mettant en avant les risques de « communautarisme », une partie des Républicains, Bruno Retailleau, notamment, n’a pas choisi une terminologie innocente. « Il ne faut pas aller sur ce terrain au moment où les Français ressentent un malaise identitaire », a lancé le sénateur de Vendée. En s’opposant à cette charte, il s’agit donc aussi de couper l’herbe sous le pied du Front national, en assimilant les langues historiquement parlées sur le territoire national à celles pratiquées par les migrants. Une analogie spécieuse sur le fond (les langues des migrants sont exclues du bénéfice de la Charte), mais censément habile sur le plan électoral.

Les amoureux des langues régionales mécontents

Cette tactique, évidemment, a un gros défaut. En bloquant le texte, les sénateurs de droite mécontentent les amoureux des langues régionales, qui se recrutent aussi dans leur camp. On souhaite notamment bien du plaisir à des élus comme Jean-Pierre Grand (Hérault), Pierre Médevielle (Haute-Garonne), René Danesi et Catherine Troendlé (Haut-Rhin), Fabienne Keller (Bas-Rhin) ou Michel Vaspart (Côte d’Armor). Elus dans des régions où l’attachement à la langue historique est encore fort, ils risquent d’avoir bien du mal à expliquer leur vote. Et ce n’est pas le dépôt, dans le même temps, d’une proposition de loi bâclée visant à « promouvoir les langues régionales » qui modifiera la donne.

Voilà comment le Sénat, autoproclamé « chambre des territoires », a fini par s’opposer à une charte qui cherche à défendre les langues parlées historiquement sur nos territoires. Une contradiction de plus.

Revue de web

Sur son blog, Authueil propose, dans un texte au vitriol, de supprimer la commission du développement durable. Cette commission sert de punching-ball facile, n’étant pas la seule à avoir une activité législative réduite.

On avait évoqué ici l’installation d’un buste d’Olympe de Gouges à l’Assemblée. Une philosophe s’interroge sur ce sujet dans Libération.

Sur son blog, Jonathan Chibois publie une histoire (politique) du site Internet de l’Assemblée.

Des articles de la revue Parlement[s] sur l’évolution de la violence à l’Assemblée et le « havre de paix » que constitueraient les commissions sont maintenant en lecture libre.

Enfin, le site Rue89 consacre un article à votre serviteur, qui peut être lu ici.

Le Foll: la France n’extrade pas des « citoyens français »

Par LEXPRESS.fr avec AFP, publié le 28/10/2015 à 12:37

La France n’extrade pas « des citoyens français », a rappelé mercredi 28 octobre 2015 Stéphane Le Foll, le porte-parole du gouvernement, à propos de la fuite en France des deux pilotes français condamnés à vingt ans de prison à Saint-Domingue pour trafic de drogue.