Satisfaire les besoins du Nord au détriment du Sud

Aujourd’hui, l’Europe importe environ un quart du total des prises mondiales de poisson et représente le plus grand marché. Plus de la moitié du poisson importé par l’UE provient des pays en voie de développement. Chaque année, nous autres Européens avons déjà mangé l’ensemble du poisson pêché dans nos eaux avant la fin du premier semestre. Le reste de l’année, nous consommons donc du poisson importé au détriment d’autres régions du globe, où il forme une source de nutrition et/ou la clé de voûte des structures économiques locales. La forte demande de poisson importé diminuerait très probablement si les stocks halieutiques des eaux intérieures de l’Union européenne retrouvaient un niveau raisonnable. La consommation de poisson dans l’hémisphère Nord va également avoir un impact négatif croissant sur les conditions de vie de ceux qui dépendent de la ressource pour subvenir à leurs besoins. En outre, notre analyse des flux de répartition montre clairement que les prises supplémentaires ne serviront pas à satisfaire la demande croissante des pays tributaires du poisson. De toute évidence, la résolution des problèmes de raréfaction des ressources et d’inégalité de répartition ne doit pas être laissée aux pays les plus démunis, sous peine d’exacerber les conflits et d’accroître l’instabilité, notamment si le secteur halieutique n’est pas mieux régulé.