Hayange: « Le maire frontiste veut la mort de notre Secours populaire »

Ce vendredi matin, le Secours populaire de Hayange, en Moselle, refusait de rendre les clefs du local qu’il occupe, réclamées par la municipalité FN qui l’accuse de faire de la politique et de la « propagande pro-migrants ». La présidente de l’antenne Anne Allievi raconte.

Ce vendredi matin, un huissier et la directrice générale des services de la ville sont venus dans nos locaux du Secours populaire à Hayange pour en reprendre les clés après que le maire frontiste, Fabien Engelmann, a décidé de nous expulser. Nous avons refusé de les leur donner. Nous estimons que cela n’est pas correct et que nous ne nous battons pas sur le même terrain. Notre mission est d’aider les plus démunis: nous avons besoin de ce local pour aider les 776 bénéficiaires de l’association.

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Pour le maire, dont les raisons de cette expulsion ont été publiées dans un communiqué, les membres de notre association sont « pro-migrants », « des anarcho-communistes » constitués en « succursale du Parti communiste ». Il nous reproche « d’instrumentaliser l’antenne d’Hayange à des fins politiques », de manipuler les gens.

Des raisons ni suffisantes, ni légales

Tout a commencé lorsque nous avons organisé un goûter pour des enfants avec deux autres associations caritatives au mois de décembre. Le maire avait alors décidé qu’il serait réservé aux enfants dont les parents bénéficient des minimas sociaux, excluant donc, de fait, les réfugiés. Interrogée à ce sujet par le journal Libération, j’avais alors confirmé l’information. Fabien Engelmann m’a accusée de l’avoir sali.

Par la suite, l’association « Hayange, plus belle ma ville » -ouvertement opposée au maire frontiste- a récolté plus de 1300 euros pour l’organisation d’un repas pendant les fêtes de Noël pour les personnes dans le besoin. L’association s’est tournée vers nous pour connaître les noms de bénéficiaires qui souhaiteraient y aller, ce que j’ai accepté avec plaisir. Nouveau coup dur pour le maire qui n’a pas apprécié que l’on travaille avec une association qui s’oppose à lui.

Depuis ces deux affaires, Fabien Engelmann souhaite fermer notre association. Cependant, ces raisons ne sont ni suffisantes, ni légales. Pour appuyer sa décision, il prétend que nous occupons illégalement les locaux, bien que ceux-ci nous aient été attribués par l’ancien maire en 2005, après le vote de cette décision. Pour lui, le fait de ne pas avoir signé de bail fait de nous des occupants « sans-titre, ni droit ».

« Faites ce que je dis, pas ce que je fais »

Fabien Engelmann nous reproche de faire dans la politique? Au Secours populaire, il n’en a jamais été question. C’est lui qui se bat sur un terrain politique. « Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais »: il a déjà annoncé dans la presse quotidienne régionale que si le local était récupéré, il y installera l’association « Fraternité française », pilotée par l’eurodéputée frontiste Mireille D’Ornano et dont la présidente d’honneur est Jany Le Pen, l’épouse de Jean-Marie Le Pen.

Heureusement, le président du Secours populaire national, Julien Lauprêtre, nous soutient publiquement. Pour lui, il s’agit d’une « initiative fasciste » qui consiste à « tirer sur une ambulance ». Hors de question de se laisser faire et de disparaître alors que nous nous sommes donnés pour mission d’aider les gens. Nous savons où est l’humanité, Fabien Engelmann ne le sait pas.

Un coup fatal pour l’association

Après avoir fortement diminué nos subventions, le maire les a complètement supprimées -bien qu’il prétende ne jamais avoir reçu notre demande, pourtant transmise en main propre à l’un de ses employés. Il nous interdit également de participer aux manifestations, a retiré le camion qui nous sert à charger et décharger les dons et souhaite aujourd’hui que l’on quitte notre local, coup fatal qui induirait irrémédiablement la mort du Secours populaire à Hayange.

Fabien Engelmann est très loin d’imaginer les conséquences qu’aurait la disparition de l’association pour les personnes déjà en galère, notamment dans cette ville pourtant réputée pour sa paupérisation et son fort taux de chômage. Pour le moment, nous restons dans nos locaux et nous continuons à travailler. Des dizaines de personnes, élus et associatifs, sont venues nous soutenir ce vendredi matin. Les bénéficiaires ne comprennent pas ce qu’il se passe, ils seront les premiers à en pâtir si nous sommes expulsés.

Patrick Buisson promet d’autres révélations sur Nicolas Sarkozy

« Ce livre, c’est le premier volet, d’autres choses sortiront », a assuré l’ancien conseiller de l’ombre du président ce jeudi soir sur Europe 1.

Répudié, il est longtemps resté silencieux. L’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy a publié ce jeudi La Cause du peuple aux éditions Perrin, avec ce sous-titre: L’histoire interdite de la présidence Sarkozy. Patrick Buisson y divulgue des aspects peu reluisants de ce quinquennat et ne compte manifestement pas s’arrêter là: « Ce livre c’est le premier volet, d’autres choses sortiront », a-t-il assuré ce jeudi soir sur Europe 1.

« Progressivement, d’autres choses sortiront »

Dans les 464 pages de son ouvrage, le très droitier Patrick Buisson affirme « restituer le propos de Sarkozy ». Mais, précise l’ancien rédacteur en chef du magazine Minute, « par respect pour la fonction, je n’ai pas tout restitué, qui est au-delà de ce qu’on imagine ». Il précise au micro d’Europe 1 avoir « expurgé [s]es verbatims des propos diffamatoires, triviaux, auxquels peuvent parvenir Nicolas Sarkozy. »

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L’artisan des campagnes droitières de Nicolas Sarkozy n’exclut d’ailleurs pas de publier d’autres révélations sur lui. « Progressivement, la vérité sera connue », assure-t-il. « La vérité ce sont toutes les choses ignobles utilisées contre moi. »

« Nicolas Sarkozy a voulu ma mort »

Mis en cause dans l’affaire des écoutes à l’Elysée puis accablé par une partie de l’échiquier politique, Patrick Buisson a longtemps gardé le silence. « Je n’ai pas parlé quand on me couvrait de boue, j’estimais que j’étais inaudible ». Et de déplorer: l’ancien chef de l’Etat « n’a pas cherché une seule seconde à avoir d’explication. Il a voulu me tuer. Il a voulu ma mort civile, sociale et professionnelle. »

La Cause du peuple, qui paraît donc en pleine campagne de la primaire à droite, a été écrit, admet Patrick Buisson, « pour dire: ne reconduisez pas cet homme à la tête de l’Etat. »

Shimon Peres rejoint Yasser Arafat

Un Plouc Chez les Bobos :

https://blogs.mediapart.fr/cuenod/blog

T. Soulcié :

http://www.soulcie.fr/

Wingz :

http://www.wingz.fr/

Deligne :

http://deligne-dessins.tumblr.com/

Conversation avec Jacques Attali (Blog de Jacques Attali) :

http://blogs.lexpress.fr/attali/

Des pellicules plein la tête (Blog de Christophe Carrière) :

http://blogs.lexpress.fr/cinema/

Nouvelle formule (Blog de l’Express par Eric Mettout) :

http://blogs.lexpress.fr/nouvelleformule/

Affaire Bygmalion: ce que révèle l’enquête diffusée par Envoyé Spécial

Une enquête diffusée jeudi sur France 2 révèle les coulisses du système de double facturation mis en place pour masquer l’explosion des dépenses de campagne de Nicolas Sarkozy en 2012. La fraude aurait débuté plus d’un mois avant l’élection.

Le reportage, très attendu, a été regardé par 3,5 millions de téléspectateurs. Le magazine Envoyé Spécial a diffusé jeudi sur France 2 une enquête détaillée sur l’affaire Bygmalion. Lors de la dernière élection présidentielle, l’UMP est soupçonné d’avoir mis en oeuvre avec cette société de communication un système de double facturation pour qu’une partie des dépenses du candidat Sarkozy, estimé à 18 millions d’euros, ne figure pas dans ses comptes de campagne.

L’enquête de France 2 s’articule autour d’un certain Franck Attal. Ce spécialiste de l’événementiel au sein de Bygmalion était chargé en 2012 d’organiser les meetings de l’ancien chef de l’Etat. Mis en examen pour « complicité de financement illégal de campagne électorale », il raconte à France 2 les coulisses de la dernière élection présidentielle.

Le meeting de Villepinte, plus de 5 millions d’euros

C’est le 19 février 2012 que la campagne de Nicolas Sarkozy dérape. A l’issue d’un meeting à Marseille, facturé 777 000 euros, l’entourage du président exige à Bygmalion des réunions de plus grande ampleur, dotées de « moyens dignes du cinéma », affirme Franck Attal. Nicolas Sarkozy va alors multiplier les meetings pour refaire son retard sur François Hollande.

Une première alerte est donnée le 7 mars. Une note rédigée par un expert-comptable et adressée à Guillaume Lambert, alors directeur de campagne de Nicolas Sarkozy, demande de limiter les dépenses. Sous peine d’exploser le plafond autorisé, fixé à 22,5 millions d’euros. Mais la machine est en branle, elle ne s’arrêtera plus.

Le 11 mars, Nicolas Sarkozy tient son grand meeting de Villepinte. Son coût: plus de 5,5 millions d’euros. C’est alors que germe l’idée du système de double facturation, destiné à masquer l’explosion des dépenses. Franck Attal explique que l’idée lui a été soumise à la fin du mois de mars par Jérôme Lavrilleux, directeur adjoint de la campagne du chef de l’Etat.

L’idée est simple: maintenir le rythme des meetings et faire facturer à l’UMP une partie des dépenses de campagne, sous couvert de réunions thématiques fictives pour le parti de droite. « J’ai une sensation qui me dit ‘tu es piégé' », confie Frank Attal à France 2. S’il reconnaît ce système de fraude, qu’il nomme « ventilation », Jérôme Lavrilleux en conteste le calendrier. Il assure que la double facturation a été mis en oeuvre à l’issue de la campagne et de ses 48 meetings. Un document comptable dévoilé par Envoyé Spécial révèle ainsi que la fraude a commencé le 29 mars 2012.

Interrogé par France 2, le cofondateur de Bygmalion Guy Alvès confie avoir été contraint d’accepter ce système frauduleux « au risque de couler la boîte ». De son côté, l’UMP s’est vu facturer une série de rencontres thématiques fictives par Bygmalion, qui n’ont évidemment jamais vu le jour.

Nicolas Sarkozy a refusé de répondre

Selon Envoyé Spécial, le budget consacré par le parti à ces conventions est passé en 2012 de 100 000 euros à plus de 23 millions d’euros. Jean-Francois Copé, alors secrétaire général de l’UMP, affirme ne pas avoir été au courant de cette fraude. « Je ne voyais pas un chèque ou une facture. Je ne m’occupais pas de ça. »

Le principal intéressé, Nicolas Sarkozy, a refusé de répondre aux sollicitations d’Envoyé Spécial. Le candidat à la primaire à droite a été mis en examen pour « financement illégal de campagne électorale » pour avoir, en qualité de candidat, dépassé le plafond légal des dépenses électorales. Le parquet a demandé son renvoi en correctionnelle.

Primaire à droite: en meeting, Juppé affiche une image de fermeté

Le candidat à la primaire à droite a plaidé pour une limitation des interventions de l’Etat dans l’économie, tout en prônant une réponse ferme de la puissance publique face au défi terroriste.

Ses adversaires le dépeignent en candidat tiède, éloigné des aspirations des électeurs de droite. Pour contrer la critique, Alain Juppé a montré ses muscles jeudi lors d’un meeting à Villeurbanne. Le candidat à la primaire à droite a plaidé pour un Etat régalien fort, tout en affichant un certain libéralisme sur les questions économiques.

« Je veux un État fort, puissant, là où lui seul peut agir, et nous en avons plus que jamais besoin face à la montée des périls. Mais je veux aussi un État discret et modeste, là où d’autres sont plus efficaces que lui, au service de l’économie et de l’emploi », a lancé le maire de Bordeaux. L’ex-Premier ministre a développé ses propositions sur la sécurité, la justice, le terrorisme, déjà connues. Parfois accusé d’angélisme, il a martelé qu’il serait « inflexible » avec « toutes les dérives d’inspiration salafiste ».

Pas un « robinet d’eau tiède »

« Je ne ferai pas de démagogie anti-fonctionnaires », a aussi dit celui qui prévoit de supprimer de 250 000 à 300 000 postes de fonctionnaires. « Notre fonction publique n’est pas managée », a-t-il dit, expliquant qu’il fallait « adapter les effectifs en tirant les leçons de cette modernisation de l’administration ».

Il a distribué quelques piques à gauche et à droite. « Je veux rendre à la fonction présidentielle sa dimension, son exigence, sa dignité, trop souvent mises à mal ces dernières années », a-t-il dit. A l’attention de François Hollande: « il n’avait pas promis qu’il ferait venir un banquier de Rothschild comme ministre de l’Economie ». Et s’adressant à Laurent Wauquiez, président LR de la région Rhônes-Alpes-Auvergne, président par intérim de LR, et soutien de Nicolas Sarkozy: « Nous n’aimons pas, ni toi ni moi, les robinets d’eau tiède ».

Hervé Mariton présent au meeting

Le député LR Hervé Mariton était l’invité de marque de la soirée. Il a annoncé mercredi son ralliement à Alain Juppé, faute d’avoir pu se présenter à la primaire. Fervent opposant au mariage d’homosexuels, ce libéral assumé a salué le « sérieux » et le « refus des postures démagogiques » d’Alain Juppé. « On dit qu’il y a des électeurs de la gauche et du centre, je ne connais aucun candidat qui ait jamais refusé des électeurs », a-t-il dit.

Il a répété son principal désaccord avec Alain Juppé sur l’abrogation de la loi Taubira, ce qui a suscité quelques sifflets dans l’assistance. « Nous allons faire la route ensemble jusqu’au 20 et 27 novembre et sans doute au-delà », lui a lancé Alain Juppé.

Menace terroriste: de l’usage de la fonction de contrôle du gouvernement

La semaine dernière en Commission des Lois a été décidée la création d’une mission d’information pour suivre la mise en œuvre par le Gouvernement des propositions faites par la commission d’enquête relative aux moyens mis en œuvre par l’État pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier 2015.

Les deux co-rapporteurs de cette mission seront Georges Fenech et Sébastien Piétrasanta, respectivement Président et Rapporteur de la commission d’enquête.

La création de cette mission d’information rentre dans la fonction de contrôle des députés mais le contrôle de quoi ? Vraisemblablement de la mise en œuvre des propositions,  elles-mêmes issues de la commission d’enquête, l’un des instruments de contrôle de l’action de l’exécutif. Le contrôle sur le contrôle en quelque sorte. On ne sait pas encore comment et par qui seront mises en œuvre les propositions de la commission d’enquête. Cette mission d’information est plus un signe de vigilance des parlementaires.

Sur le principe, la volonté des députés de contrôler le pouvoir exécutif est prévue par les textes et est légitime au regard de la place de l’exécutif dans l’élaboration des lois.Mais, dans ce cas précis, la mission d’information est un outil bien faible pour y arriver. Une mission d’information n’a pas de pouvoir d’enquête par exemple.

L’utilisation de la mission d’information comme moyen de contrôler le Gouvernement n’est pas nouvelle. On peut signaler qu’il y a eu des missions d’information communes pour assurer le suivi des textes, comme la loi dite « Macron », ou la loi transition énergétique.

Dans ce cadre-là, la mission d’information est un outil de contrôle plus efficace : les députés peuvent demander des comptes aux ministères en charge de l’élaboration des décrets, notamment sur les délais de parution mais également sur les dispositions qu’ils contiennent.

Le contrôle parlementaire de l’état d’urgence a été encore plus significatif et a souvent été un point central des différents débats sur les textes relatifs à l’état d’urgence, pour aller vers plus de contrôle parlementaire sur les mesures prises par le Gouvernement.

Protéiforme, la fonction de contrôle de l’exécutif, prérogative des députés, n’est pas pleinement exploitée : les questions au Gouvernement, les semaines de contrôle sont des séquences qui ne permettent pas un réel contrôle de l’action du Gouvernement. Les députés font donc preuve d’imagination pour approfondir ce contrôle. Ils  ont une marge de création dans cette fonction-là, à eux de s’en saisir.

Une ex-candidate FN condamnée pour avoir comparé Taubira à un singe

Anne-Sophie Leclère avait publié sur sa page Facebook un photomontage comparant Christiane Taubira à un singe. Exclue du Front national, elle a été condamné ce mercredi à 3000 euros d’amende avec sursis pour injure raciale.

Anne-Sophie Leclère, ancienne candidate du Front national aux municipales dans les Ardennes, a été condamnée ce mercredi à 3000 euros d’amende avec sursis pour injure raciale, après avoir comparé l’ancienne ministre de la Justice Christiane Taubira à un singe. Le parquet avait requis deux mois de prison avec sursis.

Le tribunal correctionnel de Paris a prononcé une peine « symbolique », a estimé l’avocat d’Anne-Sophie Leclère, Me Jérôme Triomphe. Selon lui, les juges ont tenu compte du fait qu’elle avait « largement payé les propos qu’on lui reproche ».

Reconnue coupable d’injure publique

En octobre 2013, un reportage d’Envoyé spécial avait montré un photomontage posté sur sa page Facebook. Anne-Sophie Leclère y avait apposé, d’un côté un petit singe et de l’autre la garde des Sceaux, avec les légendes « à 18 mois » et « maintenant ». Le Front national l’avait immédiatement suspendue, avant de l’exclure du parti deux mois plus tard.

Le tribunal l’a déclarée coupable du délit d’injure publique pour le photomontage, mais l’a relaxée pour le surplus. Elle avait expliqué à l’audience qu’elle ignorait que la caméra tournait. Il s’agissait du troisième procès d’Anne-Sophie Leclère, le premier où elle était présente.

Une première condamnation annulée

En juillet 2014, le tribunal correctionnel de Cayenne (Guyane), ancienne terre d’élection de Christiane Taubira, l’a condamnée à neuf mois de prison ferme et cinq ans d’inéligibilité. Condamnation annulée le 22 juin par la cour d’appel, qui a jugé « irrecevable » l’action menée par l’association Walwari (un mouvement cofondé par l’ancienne garde des Sceaux début 1993).

Mais, parallèlement à cette procédure initiée en Guyane par Walwari, le parquet de Paris, qui n’avait pas été averti par Christiane Taubira de l’existence de cette procédure à Cayenne, avait ouvert une enquête, qui a donné lieu à ce procès devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris.

Hollande osera-t-il limiter les avantages des présidents de la République?

Le Conseil d’Etat a rejeté ce mercredi la requête formulée par l’association Anticor, qui estimait que le statut des présidents de la République, qui accorde aux ex-chefs de l’Etat de nombreux avantages, était « juridiquement inexistant ».

Le Conseil d’Etat vient-il d’enterrer la polémique sur la rétribution et les avantages accordés aux anciens présidents de la République? Ce mercredi après-midi, la juridiction administrative suprême a décidé de rejeter le recours formé par l’association Anticor contre le statuts des anciens chefs de l’Etat français. Une décision attendue, dont la première conséquence pourrait être de freiner d’éventuelles ambitions de réforme.

Pour rappel, le statut des présidents de la République ne repose que sur un courrier écrit en 1985 de la main de Laurent Fabius, alors Premier ministre, puis transmis à François Mitterrand, alors chef de l’Etat. Il n’a jamais été publié au Journal officiel. Ce qui justifierait, selon Anticor, son invalidité. « Soyons sérieux, on a un Premier ministre qui a rédigé en toute opacité un courrier au président de la République pour lui accorder de nombreux avantages, s’agace auprès de L’Express Jean-Christophe Picard, le président de l’association. Il ne faut pas être dupe, il a écrit à l’époque ce qu’on lui a demandé d’écrire. On connaît le fonctionnement de la Ve République. »

10 millions d’euros par an

Dans le détail, les anciens présidents de la République se voient accorder une rétribution, jusqu’à la fin de leurs jours de 65 000 euros brut par an, une voiture avec deux chauffeurs, sept collaborateurs, un appartement de fonction meublé, deux personnels de maison, des lignes téléphoniques ainsi que de la gratuité des réseaux ferrés et aériens. Aujourd’hui, l’ensemble de ces avantages représentent un coût de dix millions d’euros par an, aux frais du contribuable, selon un rapport de la Cour des comptes, commandé en 2014 par François Hollande, révélé le 20 septembre dernier par Mediapart.

Pour l’association Anticor, ces avantages, non limités dans le temps, posent aujourd’hui problème. L’exemple de Nicolas Sarkozy est, selon eux, parlant. Ils se demandent si le prédécesseur de François Hollande, qui se positionne pour 2017, ne serait pas susceptible de mettre ces avantages payés par le contribuable au service de sa campagne. Ce qui créerait, toujours selon eux, une rupture d’égalité entre les candidats.

Ce mercredi, le Conseil d’Etat a exposé un argumentaire inverse. La juridiction considère que ces moyens humains et matériels « n’ont pas pour objet et ne sauraient avoir pour effet » de financer une campagne électorale « à laquelle un ancien président de la République aurait décidé de se porter candidat. Elles ne créent donc pas, conclut la juridiction, une rupture d’égalité entre les candidats à l’élection présidentielle. » Pour elle, le fait que le courrier n’ait pas été publié au Journal officiel ne remet aucunement en cause sa validité.

Un débat avant tout politique

« En tant que juriste, je crois que cette décision participe grandement à la simplification des normes, ironise Jean-Christophe Picard. Plus besoin d’une loi ou d’un décret, plus besoin de soumettre la norme au Parlement, il suffit d’un courrier entre le Premier ministre et le président de la République. »

Le débat est sans doute un peu plus complexe qu’il n’y paraît. René Dosière, député socialiste de l’Aisne, a travaillé cette année sur une proposition de résolution visant à réformer le statut des anciens présidents de la République. « Juridiquement, je pense qu’il n’y a pas grand chose à redire à la décision du Conseil d’Etat, qui a suivi les recommandations du rapporteur public. » Pour lui, le débat n’est de toute façon pas juridique, mais politique. « La question aujourd’hui, c’est de se demander si les avantages accordés aux anciens chefs de l’Etat ne mériteraient pas un débat public, et un échange avec les parlementaires. Je le crois. »

Dans le rapport commandé il y a deux ans par François Hollande, les experts de la Cour des comptes préconisaient une limitation des avantages dans le temps. En divisant par deux le nombre de collaborateurs au bout de dix ans, notamment. Ils conseillaient aussi de justifier les dépenses de représentation et les déplacement effectués avec la voiture de fonction. « En février, les retours que j’avais sur le sujet montraient que l’Elysée semblait ouvert à une réforme. C’est la raison pour laquelle j’ai soumis ma proposition de résolution au groupe socialiste, qui n’a depuis pas donné suite. Ce que je crains, c’est que plus la présidentielle approche, plus cela devienne difficile de lancer le débat. Contacté par L’Express, l’Elysée fait savoir que la question n’a pas encore été tranchée. La balle est plus que jamais dans son camp.

Livre de Patrick Buisson: Nicolas Sarkozy fustige la « calomnie et la trahison »

L’ancien chef de l’Etat, visé par le brûlot de son ancien conseiller, a assuré mercredi qu’il ne se laisserait pas « impressionner par la moindre manoeuvre, aussi grossière soit-elle ».

Sale semaine pour Nicolas Sarkozy. En repli des sondages, le candidat à la primaire à droite est confronté à une série de turbulences. Alors que Mediapart a publié de nouvelles révélations sur un éventuel financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, Patrick Buisson publie ce jeudi un livre à charge contre l’homme qu’il a conseillé pendant cinq ans à l’Elysée. Livre dont les bonnes feuilles ont été publiées dans L’Express.

Lors d’un meeting à Chantilly mercredi soir, Nicolas Sarkozy a fait mine de ne pas s’intéresser à ces affaires. « Rien ne me détournera de mon projet. Rien ne me dissuadera de tout donner pour le peuple de France. Rien », a insisté le candidat à la primaire à droite.

« Manoeuvre grossière »

« Quand on est candidat à la présidence de la République, on doit avoir le cuir épais. Très épais », a-t-il lancé. « Quand on aspire à conduire le destin de notre pays, on ne se laisse pas impressionner par la moindre manoeuvre, aussi grossière soit-elle ».

« Quand on sait l’ampleur des défis que notre pays doit relever, on ne recule pas, même devant la bassesse, même devant l’outrance, même devant la calomnie, même devant la trahison. Au contraire, on est fort, parce qu’on sait qu’il ne peut y avoir de place pour la faiblesse pour celui qui veut vraiment changer notre pays. »

« J’ai une capacité de résistance »

« Ceux qui pensent pouvoir m’atteindre doivent savoir que j’ai une capacité de résistance, une détermination et une volonté que l’expérience du pouvoir et de la vie n’a eu de cesse de renforcer. Je ne suis d’ailleurs pas le premier à subir de telles attaques. Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac et même François Mitterrand ont eu leur lot de caricatures, d’insultes, de coups bas », a-t-il fait remarquer.

« Ma sérénité et mon sang-froid sont, au minimum, égaux à ceux dont ils ont su faire preuve à l’époque. Ceux qui pensent pouvoir me décourager doivent savoir qu’ils se décourageront avant moi. Ceux qui veulent démobiliser notre électorat doivent savoir que je (…) ne laisserai personne vous dire ce qu’il faut penser. Les débats qui seraient acceptables et ceux qui ne le seraient pas », a-t-il également affirmé.

A quelques mois des élections, l’exécutif soigne sa gauche

A l’approche des échéances électorales, Manuel Valls et François Hollande multiplient les gestes à destination de la gauche, pour tenter de donner tort aux sondages.

Ecole obligatoire de 3 à 18 ans, lutte contre la pauvreté, défense de l’État et des fonctionnaires: à l’approche des élections législatives et de la présidentielle, au printemps prochain, l’exécutif donne, depuis plusieurs semaines, un coup de barre à gauche. Objectif: cajoler la gauche, et tenter d’enrayer la percée d’Emmanuel Macron mais aussi de Jean-Luc Mélenchon.

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Multiplier les symboles

Toute la semaine, François Hollande et le gouvernement se sont illustrés dans le cadre de cette nouvelle stratégie. Mercredi, à l’Elysée, lors d’une cérémonie de réintégration dans leurs grades militaires de quatre mineurs grévistes de 1948, le chef de l’Etat en a profité pour célébrer les valeurs et les luttes de la gauche. Il a également rendu un homme à Christiane Taubira, icône de la gauche, présente au « Château ».

Rue de Grenelle, au ministère de l’Education, Najat Vallaud-Belkacem réfléchit à élargir la durée obligatoire de la scolarité. En début de semaine, elle a proposé de rendre l’école obligatoire de 3 à 18 ans.

Même sur le dossier sensible des réfugiés, le discours a évolué, et François Hollande et ses ministres répliquent à la droite que la répartition des 9000 migrants de Calais ne pose pas de problème insurmontable.

Charger Sarkozy, épargner les frondeurs

Les boucs-émissaires ont également changé. Nicolas Sarkozy, désormais lancé dans la course à la primaire de la droite, est redevenu la cible préférée du couple exécutif, suivi de l’ancien ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, qui pourrait décider de tenter de conquérir l’Elysée. Par ailleurs, le discours s’est nettement apaisé vis-à-vis des frondeurs et de la gauche de la gauche.

Terminé donc les tentatives d’union nationale et les emprunts à la droite type déchéance de nationalité, qui s’est soldée par un fiasco. A sept mois de la présidentielle, François Hollande, donné éliminé dès le premier tour, comme les autres présidentiables socialistes, veut rassembler autour de lui. Y arrivera-t-il?

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