Merkel et Hollande commémorent le centenaire de la bataille de Verdun

François Hollande et Angela Merkel commémorent l’une des batailles les plus sanglantes de la Grande guerre ce dimanche. Plus de 300 000 soldats ont perdu la vie en 1916 lors des affrontements.

C’est l’une des batailles les plus meurtrières de la Première Guerre mondiale: plus de 300 000 soldats, Allemands et Français, ont perdu la vie, lors de la bataille de Verdun en 1916. Une journée de commémoration se déroule ce dimanche, en présence de François Hollande et Angela Merkel. Cette célébration, le président français souhaite en faire un message permettant « d’éclairer le monde d’aujourd’hui », à la lumière de l’histoire du « suicide » de nations entraînées dans le précipice « par le nationalisme », a-t-il expliqué.

LIRE AUSSI >> Il y a cent ans jour pour jour, Verdun « l’hyperbataille »

La journée commencera par un moment de recueillement au cimetière allemand de Consenvoye, exactement comme le firent Helmut Kohl et François Mitterrand en 1984.

Francois Mitterrand et Helmut Kohl le 22 septembre 1984 à Douaumont

Francois Mitterrand et Helmut Kohl le 22 septembre 1984 à Douaumont

afp.com

La chancelière et le président se verront d’ailleurs remettre un fac-similé du livre d’or signé par leurs prédécesseurs. Les deux chefs d’Etat se rendront ensuite dans la ville de Verdun, une première pour un dirigeant allemand, où ils lâcheront des ballons frappés de la colombe de la paix. Dans cette ville devenue « symbole d’une paix féconde » comme l’écrivit le général de Gaulle, ils discuteront également de la question des migrants, lors d’un déjeuner de travail. Les risques d’un Brexit, à un mois du référendum britannique qui doit décider le 23 juin du maintien ou non du Royaume-Uni dans l’Union européenne, devraient aussi être évoqués.

LIRE AUSSI >> Verdun célèbre les cent ans d’une bataille infernale, un « délire inouï »

Douaumont, le linceul de 130 000 soldats

Après une visite au mémorial de Verdun rénové, où ils seront rejoints par les présidents de la Commission européenne et du Parlement européen Jean-Claude Juncker et Martin Schulz, l’acmé des célébrations sera l’entrée du président et de la chancelière dans l’immense nef de l’ossuaire de Douaumont. Nécropole nationale, Douaumont est le linceul de 130 000 soldats français et allemands qui y sont ensevelis. Au même moment, sonnera le glas jusqu’à des kilomètres à la ronde en mémoire des victimes.

130 000 soldats, Allemands et Français, sont ensevelis sur le site de Douaumont.

130 000 soldats, Allemands et Français, sont ensevelis sur le site de Douaumont.

afp.com/Gerard Cerles

Auparavant, dans une scénographie conçue par le cinéaste allemand Volker Schlöndorff, 3400 jeunes, Français et Allemands surgiront de la forêt figurant, au son de la Marche héroïque, les combattants de la Grande Guerre, avant de venir s’effondrer au pied de l’ossuaire. Angela Merkel et François Hollande prononceront enfin chacun un discours d’une dizaine de minutes, avant de quitter les tranchées.

LIRE AUSSI >> 1916: la bataille de Verdun, symbole de la guerre

Fin des 35 heures, double peine… La droite « dure » selon Robert Ménard

Robert Ménard a fait adopter ce dimanche 51 « marqueurs de droite », à l’issue des « rendez-vous de Béziers », qu réunissait cadre et intellectuels de la droite radicale. Au programme: préférence nationale et réduction de l’Etat-providence.

Robert Ménard, maire de Béziers, a fait adopter ce dimanche dans sa ville 51 « marqueurs de droite » avec l’objectif de voir les candidats de droite à la présidentielle les adopter, quitte à leur « pourrir la vie ». Cette présentation est venue en conclusion des « rendez-vous de Béziers », raout destiné à créer des ponts entre le FN et la droite traditionnelle.

Avant de décliner ses « marqueurs de droite », Robert Ménard s’est félicité d’avoir mis « à la même table des gens qui ne pensent pas la même chose, qui pour un certain nombre ne s’étaient jamais parlé. » Il a également « remercié » Marion Maréchal-Le Pen pour sa présence, malgré le départ précipité samedi de la députée du Vaucluse, agacée par le ton « anti-FN » du colloque.

« Frontière » entre la droite et le reste

Les participants ont ensuite adopté, à l’aide de cartons bleus brandis et souvent à une large unanimité, 51 propositions avec pour thèmes : de l’air, effort, ordre, indépendance, mérite, du sens, justice, avenir, République, pluralisme. Objectif: définir des « marqueurs » qui « posent une frontière » entre ce qui est de droite et ce qui ne le serait pas.

Une seule proposition a été remaniée: celle d' »autoriser le voile islamiste au seul espace privé et aux seules voies privées » a été limitée, sous la pression du public, au seul espace privé.

Préférence nationale

Les autres propositions adoptées illustrent la ligne politique incarnée par le maire de Béziers: libérale sur le plan économique et conservatrice sur les questions sociétales. Un « moratoire de cinq ans sur les impôts » a ainsi été voté, tout comme la « fin du statut » des fonctionnaires pour une partie des nouveaux, la fin des 35 heures et la retraite à 65 ans;

Parmi les autres mesures votées par l’assemblée: la déchéance de nationalité pour les « terroristes et leurs apologistes », la majorité pénale à 15 ans, l’abrogation de la loi Taubira, la préférence nationale (logements sociaux, emploi, agriculture) et le rétablissement de la double peine.

Macron doit-il démissionner? « La question va se poser », selon Le Foll

Le ministre de l’Agriculture n’exclut pas un départ du gouvernement d’Emmanuel Macron, très investi dans son nouveau mouvement politique. « Je pense que c’est à lui que la question va se poser, c’est certain », a-t-il affirmé ce dimanche.

Emmanuel Macron ne fait plus mystère de ses ambitions. Le ministre de l’Economie a donné samedi le coup d’envoi d’une campagne de porte-à-porte pour le compte de son mouvement politique, baptisé « En Marche! ». Mais cet activisme est-il compatible avec une présence au gouvernement? Stéphane Le Foll en doute et a évoqué publiquement ce dimanche la situation de l’impétueux ministre.

LIRE AUSSI >> Macron et « la meilleure façon de se payer un costard »: ce qui s’est vraiment passé

A la question: « Est-ce que s’il veut continuer son mouvement il doit quitter le gouvernement? », le porte-parole du gouvernement a répondu: « je pense que c’est à lui que la question va se poser, c’est certain ».

« Je souhaite qu’il reste au gouvernement »

« Il y a une action gouvernementale dans un moment difficile où il faut qu’il y ait une conférence forte. A partir de là, chacun dans ce gouvernement assume la responsabilité de défendre ce qui est fait, ce qui est choisi », a-t-il expliqué.

« Moi je souhaite qu’il reste au gouvernement, parce que c’est quelqu’un qui a des qualités (…) mais en même temps, la question lui sera posée », a-t-il conclu.

Le lancement de ce porte-à-porte a valu à Emmanuel Macron de nouvelles piques du Premier ministre, Manuel Valls, qui l’a rappelé samedi dans Le Parisien à son devoir de »loyauté » à l’égard du gouvernement: « c’est bien de faire du porte-à-porte. Que tout le monde fasse du porte-à-porte, mais dans les heures où on n’est pas ministre! ».

« Fachos, rentrez chez vous »: manifestation anti-Ménard à Béziers

Près de 200 personnes ont manifesté ce samedi à Béziers pour protester contre le grand raout organisé par Robert Ménard, qui veut réunir la « droite hors les murs », notamment au sein de son mouvement « Oz ta droite ». Le président de SOS Racisme Dominique Sopo était dans le cortège.

La commune de Béziers fait figure ce week-end decapitale de l’extrême droite française. L’édile de la ville, Robert Ménard, a convié cadres et intellectuels de la droite radicale à trois journées de débats visant à créer des passerelles entre les droites.

LIRE AUSSI >> Cette droite qui tourne en cercle

En réaction à cette initiative, près de 200 personnes se sont rassemblées ce samedi dans la commune, à l’appel de partis et syndicats de gauche dans le cadre d’une journée baptisée « Béziers Debout, en lutte face à l’extrême droite ». Le rassemblement avait lieu à l’appel des partis de gauche (PCF, PG, Ensemble), des syndicats (CGT, Solidaires, FSU) et des associations (Attac, LDH, Nuit Debout, le Réseau citoyen solidaire).

Les manifestants ont notamment scandé « Nous sommes, nous sommes les fils de Jean Moulin » (né à Béziers, ndlr) ou « Vous n’êtes pas les bienvenus dans notre ville. Fachos, rentrez chez vous! ». »Bonne nouvelle: Marion Le Pen est déjà partie », a scandé une jeune fille, après qu’un organisateur de la marche eut appelé, au micro, à une marche « pacifique et montrant l’exemple ».

Le président de SOS Racisme présent

La députée du Vaucluse a en effet claqué la porte du rassemblement d’extrême droite, vexée de l’ambiance anti-FN qui y régnait. Dominique Sopo, président de SOS Racisme, a fait le déplacement pour « dénoncer un rassemblement de la haine qui joue sur tous les populismes, notamment en vue des élections présidentielles », a-t-il dit fustigeant les « provocations médiatiques » du maire.

A 10 heures, ce samedi, une autre marche contre les violences à l’encontre des forces de l’ordre avait attiré près de 300 personnes à l’appel du député LR Elie Aboud. « Toutes les sensibilités politiques sont représentées », a indiqué ce dernier. Le maire de Béziers Robert Ménard et son adjointe Annie Schmitt ont eux-mêmes rejoint le cortège.

Macron et « la meilleure façon de se payer un costard »: ce qui s’est vraiment passé

Pris à partie par deux militants proches du mouvement Nuit Debout, le ministre de l’Economie a justifié ses « costards » par le fait qu’il travaillait, lui. Une marque de mépris? L’Express a retrouvé des témoins et visionné toute la scène.

Emmanuel Macron veut aller au contact des Français. Vendredi après-midi, dans la petite cité héraultaise de Lunel, l’homme de la majorité le mieux placé dans les sondages pour 2017 a pu savourer tous les aspects de ces rencontres. En répondant à un militant un peu agressif que la meilleure façon de se payer un costard était de travailler, il a fait l’objet de critiques sur son supposé mépris.

L’Express a pu visionner toute la scène, filmée par deux journalistes locaux, Laurent Damiron et Dimitri Moulins. Elle dure près six minutes.

Une poignée de main en conclusion

On y découvre un ministre de l’Economie face à deux militants. Un livre de Gérard Filoche dénonçant la loi El Khomri en main, le plus âgé dénonce « des lois qui sont dans l’intérêt des patrons », et ne laisse guère la parole quand Emmanuel Macron tente de le contredire. La scène s’échauffe quand le jeune homme qui se tient à son côté s’exclame: « On en a marre, j’ai 21 ans, je me retrouve en fin de formation, je n’ai pas de sous pour me payer un costard cravate comme ça! », en désignant son tee-shirt noir.

« Vous n’allez pas me faire peur avec votre tee-shirt. La meilleure façon de se payer un costard c’est de travailler », lui répond alors le ministre. « Depuis l’âge de seize ans je travaille! » réplique le jeune militant, qui finit par s’éloigner. La discussion avec l’homme plus âgé, arborant un autocollant du syndicat SUD et se disant enseignant à Nîmes, se poursuit encore plusieurs minutes. Toujours difficile, mais respectueuse.

Elle se finira par une poignée de mains, avant que le ministre de l’Economie ne reprenne son chemin, régulièrement alpagué par des citoyens avec qui il n’hésite pas à engager la conversation.

Rencontre avec la CGT en fin de journée

Patrick Vignal, député PS de l’Hérault, était l’hôte du ministre ce jour-là: « Je présentais à Emmanuel Macron la fabrique numérique de Lunel, qui permet de lutter contre le décrochage scolaire. Deux militants contre la loi Travail, équipés d’un mégaphone, essayaient de perturber la rencontre avec les jeunes depuis l’extérieur. Je suis sorti pour leur demander d’arrêter et j’ai promis que le ministre viendrait les voir. »

La journée se passait jusqu’alors « à merveille », regrette Patrick Vignal. « Emmanuel Macron est un grand ministre de l’Economie qui a su se montrer disponible de 12h à 21h dans une petite ville comme Lunel. » Après plus d’une heure de pêche à l’anguille sur l’étang de l’Or, le ministre s’apprêtait à rencontrer des chefs d’entreprise en fin d’après-midi. Invitée à participer, la CGT de Lunel a lu un texte contre la loi Travail que le député juge « équilibré ». S’il n’y avait pas eu le 49.3, lui-même aurait voté contre, assure-t-il.

Ce samedi, Emmanuel Macron a répondu sur Twitter à l’une des nombreuses personnes qui lui ont reproché son mépris.

67% des Français ont une mauvaise opinion de Philippe Martinez

Le secrétaire général de la CGT est perçu, par une très grande majorité des Français, comme un contestataire, selon un sondage Odoxa pour Le Parisien. 58% des personnes interrogées jugent même qu’il n’est pas compétent.

La personnalité de Philippe Martinez ne semble pas conquérir les Français. 67% d’entre eux ont une mauvaise opinion du secrétaire général de la CGT, en première ligne contre le projet de loi travail, selon un sondage Odoxa pour Le Parisien publié ce dimanche.

LIRE AUSSI >> Loi Travail: le double jeu de la CGT

Chez les sympathisants de gauche, ils sont 53% à avoir une « bonne » opinion du leader syndicaliste, contre 47% une « mauvaise » opinion. Le secrétaire général de la CGT est perçu unanimement comme un contestataire (84 %), politisé (75 %) et éloigné des réalités des entreprises (54 %). Les personnes interrogées estiment même qu’il n’est pas ouvert au dialogue, à 65%.

66% des Français craignent une paralysie totale du pays

Concernant la CGT, 63% des sondés ont une « mauvaise » opinion du syndicat. Chez les sympathisants de gauche, ils sont 52% à avoir une « bonne opinion » du syndicat contre 48%, une « mauvaise ». Ils sont 58% à ne pas faire confiance à l’action de la CGT pour défendre les intérêts des salariés, contre 42%. Toujours dans le sondage, à la question, vous, personnellement soutenez-vous le mouvement d’opposition à la loi travail, 53% des personnes interrogées répondent « non ». Enfin, 66% des sondés craignent une paralysie totale du pays comme en 1995, 34% ne la craignent pas.

LIRE AUSSI >> Loi Travail: les syndicats peuvent-ils maintenir la pression jusqu’au 14 juin?

Seuls 13% des Français veulent que la loi Travail soit conservée en l’état

Selon un sondage Ifop pour le Journal du Dimanche, 46% des Français souhaitent le retrait pur et simple de la loi El Khomri.

Alors que la grogne sociale croît contre la loi travail, 46% des Français souhaitent que le gouvernement retire le projet de loi, selon un sondage Ifop pour Le Journal du Dimanche. Ils sont seulement 13% à vouloir qu’il soit conservé en l’état.

LIRE AUSSI >> 67% des Français ont une mauvaise opinion de Philippe Martinez

Dans le détail, 51% des sympathisants de gauche désirent le retrait. Ils sont 41% chez Les Républicains et 68% au Front National. Interrogés sur leur pronostic concernant l’avenir du projet de réforme du code du travail, 57% des personnes sondées pensent que le projet sera conservé en y apportant des modifications, 26% que le gouvernement va le conserver en l’état et 14% croient que le gouvernement va retirer le projet.

Enfin, interrogés sur l’échelon de décision souhaité pour déterminer le temps de travail dans les entreprises, une majorité préfère qu’il le soit par le code du travail avec peu de dérogations. 33% voudrait qu’il soit déterminé dans chaque entreprise par un accord et 22% souhaiterait un accord de branche.

VIDEO. Affaire Bygmalion: Copé clame son innocence dans ONPC

Laurent Ruquier recevait le candidat à la primaire à droite dans son émission, samedi soir. Jean-François Copé venait présenter son ouvrage, « Le Sursaut français ».

Jean-François Copé est en campagne pour la primaire à droite. Invité sur le plateau de l’émission « On n’est pas couché » pour présenter son livre, « Le Sursaut français », le maire de Meaux est largement revenu sur le contexte de l’affaire des fausses factures émises par l’UMP pour dissimuler les dépenses de campagne de Nicolas Sarkozy, baptisée affaire Bygmalion. Celle-ci lui avait valu d’être poussé à la démission par les ténors du parti.

LIRE AUSSI >> L’affaire Bygmalion pour les nuls

« Le pire, c’est cette scène du 27 mai 2014 [lors du bureau politique] (…) j’ai vu un phénomène de meute », se remémore Jean-François Copé. « C’était à la fois très violent puisque le contexte était de voir un certain nombre de mes petits camarades pointer un doigt accusateur, alors même que je leur expliquais que j’étais totalement innocent dans cette affaire dite Bygmalion ». Il ajoute: « Il y a avait une telle violence, une telle haine, que je me suis dit ce jour-là, il faut vraiment les laisser entre eux ». Le député précise qu’il a revu l’ensemble des ténors, à l’exception de François Fillon.

LIRE AUSSI >> Bygmalion: comment l’affaire Copé est devenue une affaire Sarkozy

3% des intentions de vote

Jean-François Copé est également revenu sur les blocages et manifestations contre la loi Travail qui agitent le pays, ces derniers mois. Il a concédé que le gouvernement de Nicolas Sarkzoy, où il a officié, n’a pas fait « certaines réformes » du code du Travail, ou dans le domaine des « retraites ».

Selon un sondage Elabe pour BFMTV, publié en mars dernier, le député de Seine-et-Marne recueille 3% des intentions de vote à la primaire à droite. Celle-ci se déroulera à la fin de l’année 2016.

Loi travail: Martinez estime que Hollande « n’a plus la majorité »

Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez pointe les cafouillages au sein du gouvernement sur la question d’éventuelles modifications de l’article 2 de la loi Travail.

La guerre des nerfs ne faiblit pas entre le gouvernement et la CGT sur la loi Travail. Philippe Martinez n’a pas laissé passer l’opportunité des cafouillages des dernières 24 heures sur une éventuelle modification de son article 2, que la centrale syndicale rejette.

EN DIRECT >> Suivez la journée de mobilisation nationale de la CGT

« Quelle est aujourd’hui la position du gouvernement? Est-ce que c’est celle de Manuel Valls, de Michel Sapin, de Bruno Le Roux? Cela nous met dans l’embarras pour savoir à qui s’adresser, a ironisé le secrétaire général de la CGT, au départ de la manifestation parisienne contre le projet El Khomri. Comme pour d’autres sujets, cela montre que le président n’a plus la majorité. »

LIRE AUSSI >> Le double jeu de la CGT sur la loi Travail

Objet de toutes les tensions, l’article 2 donne la primauté aux accords d’entreprises dans l’aménagement du temps de travail, une ligne rouge pour les syndicats qui redoutent le dumping social. « FO n’acceptera jamais, je dis bien jamais, l’inversion de la hiérarchie des normes », a d’ailleurs réaffirmé le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, également au départ de la manifestation parisienne.

Loi Travail: le gouvernement perdant à tous les coups

Les récents couacs de l’exécutif sur les modifications à apporter à la loi El Khomri soulignent la difficulté pour le gouvernement à trouver une voie de sortie de crise. C’est normal: il n’y en pas. Enfin, aucune qui ne soit pas douloureuse.

La petite musique gouvernementale sur le thème de la fermeté face à la CGT, jouée depuis plusieurs jours par Manuel Valls, commence à être parcellée de fausses notes. Mercredi déjà, avec Bruno Le Roux qui s’était dit ouvert à une rediscussion de l’article 2 sur la primauté de l’accord d’entreprise sur l’accord de branche. Jeudi, encore plus symbolique, c’est le ministre des Finances Michel Sapin qui a dit: « Peut-être qu’il faut toucher à l’article 2″ sur certains « points ». Avant d’être recadré sèchement par le Premier ministre et se recadrer ensuite lui-même. Bref, ça sent la panique à bord du paquebot exécutif. Une fébrilité qui s’explique très facilement: le gouvernement n’a le choix, pour sortir de la crise, qu’entre des mauvaises solutions. Reste à savoir quelle est la moins mauvaise pour lui.

SUIVRE >> Notre direct sur les manifestations contre la loi Travail du jeudi 26 mai

Retirer la loi Travail

Le président François Hollande prend part à la Conférence nationale du handicap à l'Elysée à Paris le 19 mai 2016.

Le président François Hollande prend part à la Conférence nationale du handicap à l’Elysée à Paris le 19 mai 2016.

afp.com/GONZALO FUENTES

Cette option mettrait fin immédiatement au blocage, sonnerait la fin du mouvement social… Mais aussi du gouvernement. Impossible pour Manuel Valls de rester en place dans un tel cas de figure et après avoir eu des propos aussi tranchés sur sa volonté d’aller jusqu’au bout. Des mois de remous politiques, des phrases martiales pour finalement retirer le texte? Ça ne serait pourtant pas une première. C’est le destin tragico-comique qu’a déjà vécu le projet de réforme constitutionnelle sur la déchéance de nationalité pour les terroristes binationaux. « J’entends bien que c’est une solution inenvisageable car elle donnerait un signal de faiblesse, observe Laurent Baumel, l’un des principaux députés frondeurs du PS. Mais, voilà ce qui arrive à vouloir se poser comme un réformateur courageux et à vouloir parler à des gens qui de toute façon ne voteront pas pour vous… »

Remanier le texte

Manuel Valls à Evry le 18 mai 2016.

Manuel Valls à Evry le 18 mai 2016.

afp.com/THOMAS SAMSON

C’est l’option à laquelle poussent certains députés socialistes et qui a été perceptible à travers les « couacs » de Bruno Le Roux et de Michel Sapin, deux hollandais historiques. Cette piste offre l’avantage de ne pas céder complètement à la rue, tout en tentant d’apaiser. Mais elle pose plusieurs problèmes.

Tout d’abord, il faudrait se mettre d’accord sur les points à discuter. Manuel Valls l’a redit ce jeudi: s’il est « toujours ouvert quand il faut améliorer tel ou tel aspect », « pas question de toucher » aux « grandes lignes du texte, l’article 2, c’est-à-dire la négociation dans l’entreprise, la garantie jeunes, les nouveaux droits pour les salariés, la lutte contre le détachement illégal, ce que nous faisons pour les jeunes ». Bref, rien de substantiel. Mercredi, Bruno Le Roux s’est dit favorable à ce « que la branche donne un avis a priori »et non a posteriori, sur l’accord d’entreprise. Ce que les députés appellent le « compromis Sirugue », du nom du rapporteur du texte à l’Assemblée. « Quand bien même nous l’accepterions, ce qui n’est pas du tout le cas aujourd’hui, cela ne signifie pas que la CGT et FO l’accepteraient », met en garde Laurent Baumel.

Et même si le gouvernement acceptait de revenir complètement sur l’article 2 de la loi, une option qui pourrait convaincre FO de se ranger, la CGT ne reculerait probablement pas. Philippe Martinez réclame l’abrogation pure et simple de la loi. Bref, l’exécutif céderait un peu sans lever pour autant les blocages. Que des coups à prendre. D’autant que si le gouvernement remanie le texte, la droite le pilonnera. Et rappellera qu’elle s’y oppose parce qu’elle trouve que la loi, intéressante à ses yeux originellement, a déjà été vidé de sa substance. En effet, certains points importants comme le plafonnement des indemnités prud’homales, les forfaits-jour pour les PME, la réduction du périmètre géographique pour les licenciements économiques ont déjà été abandonnés dans le texte sur lequel le gouvernement a engagé sa responsabilité au palais Bourbon.

Passer en force

Examen du projet de Loi Travail a l'Assemblée Nationale. En présence de la ministre du Travail Myriam El Khomri, le 4 mai 2016.

Examen du projet de Loi Travail a l’Assemblée Nationale. En présence de la ministre du Travail Myriam El Khomri, le 4 mai 2016.

MAXPPP/Christophe Petit Tesson

Après les déclarations fermes du Premier ministre, ne rien discuter permet à l’exécutif d’afficher une position de fermeté bienvenue après les procès en atermoiement contre François Hollande entretenus tout au long du quinquennat. « Ne nous trompons pas. La CGT brandit la loi Travail comme un épouvantail avec un seul objectif: pousser Valls à la démission et faire perdre Hollande en 2017″, met en garde un proche du Premier ministre. Et de poursuivre: « Si on baisse les bras, on prend le toboggan. Et le président de la République trinquera plus que le Premier ministre. »

Mais tenir sa position suppose que le mouvement social perdure. Le gouvernement fait le pari que l’opinion lui apportera son soutien face aux « bloqueurs » de la CGT. Pari pour l’instant perdu. Selon un sondage Elabe pour BFMTV, près de sept Français sur dix se disent favorables au retrait de la loi El Khomri. Un pourrissement de la situation – une grève reconductible dans les transports va bientôt suivre – que les Français pourraient mettre davantage sur le compte de l’inflexibilité gouvernementale que syndicale. Une position qui sera de plus en plus dure à tenir si les incidents se multiplient. Ce jeudi, une voiture a forcé un barrage à Fos-sur-Mer, faisant un blessé grave.

Refiler la patate chaude aux députés

Le président François Hollande, le Premier ministre, Manuel Valls et la ministre du travail Myriam El Khomri, après sa nomination, le 2 septembre 2015 à l'Elysée.

Le président François Hollande, le Premier ministre, Manuel Valls et la ministre du travail Myriam El Khomri, après sa nomination, le 2 septembre 2015 à l’Elysée.

afp.com/ALAIN JOCARD

Le gouvernement pourrait s’en remettre au débat parlementaire, méthode moins violente que le passage en force du 49.3. Mais aucune raison dans ce cas que la plupart des députés soient d’accord pour adopter le texte qui n’a pas trouvé de majorité en première lecture. François Hollande pourra toujours pointer du doigt la responsabilité des parlementaires, comme il l’avait fait pour justifier son renoncer à la réforme constitutionnelle. Mais là encore, l’image serait catastrophique d’un exécutif qui n’a pas su imposer son projet à sa propre majorité.