L’ancien maire de Vénissieux réclame des mesures contre la « gangrène » islamiste

Dans une lettre ouverte adressée à François Hollande, André Gerin estime qu’il existe, en France, « des territoires perdus de la République ».

L’ancien maire communiste de Vénissieux monte au créneau. André Gerin exhorte ce mercredi le président François Hollande à mettre en oeuvre des mesures « sans précédent » contre la « gangrène » islamiste.

EN DIRECT >> Prêtre tué: les deux assaillants ont-ils bénéficié de complicités?

Dans une lettre ouverte adressée au chef de l’Etat au moment où se déroulait l’attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray, l’élu se dit « convaincu » qu’il faut « franchir une étape sans précédent pour rétablir l’ordre républicain et redonner à l’Etat son autorité et sa légitimité ». « La France est gangrenée par l’islamisme », dénonce l’ancien maire, qui dirigea pendant 24 ans cette ville ouvrière de la banlieue de Lyon. Pour lui, il ne fait aucun doute qu’il existe « des territoires perdus de la République ».

« Une véritable idéologie de rupture et de haine de la France »

En mars, les propos du ministre de la Ville Patrick Kanner affirmant qu’il existait en France une centaine de Molenbeek (le quartier de Bruxelles d’où avaient été pilotés les attentats de Paris), avaient fait polémique.

Depuis le milieu des années 90, affirme André Gerin, « une véritable idéologie de rupture et de haine de la France s’est développée, pourrissant la tête de nos gamins et la vie de nos quartiers. Elle s’est insinuée tel un virus idéologique, communautariste, antisémite, complotiste, anti-France et anti-blanc, diffusant en continu sa haine de la France ».

« Quand les ghettos sociaux deviennent des ghettos ethniques, le constat est clair: le quartier n’est plus black, blanc, beur, c’est le communautarisme qui prédomine et la loi de la charia qui devient la norme dans l’espace public », écrit-il.

« Un diagnostic commun en définissant l’ennemi intérieur »

D’après l’ancien édile, « certains de nos adolescents ne se considèrent pas comme étant Français. Ils sont d’abord et avant tout musulmans. Ils l’affirment avec arrogance et nous distillent les discours préformatés et victimaires qui leur ont été inoculés ».

Pour celui qui se définit toujours comme « communiste et républicain », droite et gauche doivent d’abord partager « un diagnostic commun en définissant l’ennemi intérieur ». Afin de lutter contre cette réalité « enkystée dans la société depuis plusieurs décennies », il propose une « hausse massive des budgets régaliens et de sécurité », la création d’un service civique obligatoire, la mise hors d’état de nuire des terroristes potentiels, la réhabilitation des frontières nationales et la maîtrise des flux migratoires.

André Gerin, qui, comme député, avait été l’un des promoteurs de la loi contre le voile intégral, exige par ailleurs que ce texte soit véritablement appliqué.

Christiane Taubira fustige « ceux qui font commerce de la peur »

Plutôt discrète dans les médias depuis sa démission fin janvier, Christiane Taubira a pourtant fustigé ce samedi « ceux qui font commerce de la peur », dans une longue tribune sur les attentats, où elle appelle à relever le défi d’en « assécher le terreau ». Dans un long texte publié sur sa page Facebook, l’ancienne ministre de la Justice dénonce « ceux qui font commerce de la peur, de l’angoisse, de la douleur d’autrui et vocifèrent sans respect des larmes », en privilégiant « leurs intérêts partisans ou leur impatience à s’emparer du pouvoir d’État », en allusion aux déclarations de plusieurs élus de droite. « Ressasser des poncifs sur les décisions de justice, prises en indépendance par des magistrats dans notre État de droit ; gloser sur les effets de la prison lorsque aucun des tueurs du 13 novembre, ni celui du 14 juillet, n’avait d’antécédents carcéraux ; rabâcher les sempiternelles récriminations fondées sur de seules motivations partisanes, c’est s’obstiner à déguiser la réalité, se réfugier derrière des incongruités confortables, se satisfaire de facilités aberrantes, se situer en deçà des nécessités régaliennes, et finalement nous exposer durablement au danger », écrit Mme Taubira. « Quand il faudrait voir de haut et voir loin », tacle Christiane Taubira.

« Besoin de sûreté, ce droit imprescriptible »

L’ex-ministre plaide que le « besoin de sûreté, ce droit imprescriptible », inclut la « préservation de nos libertés individuelles et publiques ». « Il convient de les organiser, pas de les opposer. Il revient à la puissance publique de trouver, et ce n’est pas simple, la souplesse qui permette d’ajuster le dispositif de sécurité aux multiples formes des attaques, dans la proportionnalité qu’exige l’État de droit, campé sur ses institutions solides », poursuit-elle. Elle en appelle aussi à « gagner la bataille du recrutement ». Cette bataille « n’est pas exclusive de l’action militaire ciblée sur les arsenaux et logistiques ; de l’action diplomatique opérant sur les rapports de force ; de l’asphyxie financière. Mais face à cette armée innombrable qui se lève de partout, assécher le terreau où germe, pousse, jaillit cette monstruosité si froide qu’elle paraît intoxiquée, tel est le défi », selon elle. La « rhétorique djihadiste, simple, brute (…) parvient ainsi à capter des individus en marge, au rapport parfois distendu avec la religion », ajoute Mme Taubira, « le terrain est celui des esprits, où frustrations, humiliations, ignorance et fêlures pourvoient en énergie destructrice ». Cette tribune est présentée par l’entourage de Mme Taubira comme la « première intervention politique directe sur l’actualité depuis des mois » de l’ex-ministre. Christiane Taubira avait quitté le gouvernement en janvier pour protester contre le projet de révision constitutionnelle permettant la déchéance de nationalité pour les personnes condamnées pour terrorisme, finalement abandonné par l’exécutif.

Sondage : pas d’effet « Nice » sur l’impopularité de Valls et d’Hollande

Après « Charlie » et dans une moindre mesure en novembre 2015, François Hollande avait bénéficié d’un regain de popularité. Cette fois, il n’en est rien. Tout au plus l’exécutif pourra se consoler en se disant que, au moins, l’inverse ne s’est pas produit. François Hollande a gagné un petit point de popularité en un mois, avec 19 % d’opinions positives. Manuel Valls perd un point, à 24 %, selon un sondage BVA pour Orange et i>Télé publié samedi. Effectué une semaine après l’attentat du 14 juillet sur la promenade des Anglais, le baromètre enregistre néanmoins un « regain de bonnes opinions » auprès des sympathisants de gauche, notamment PS, souligne BVA.

LIRE aussi Quand Valls et Wauquiez s’empoignent à l’Assemblée

Face aux attaques de la droite, l’exécutif a fait front en brandissant le respect de l’état de droit. Une stratégie qui limite donc les dégâts : le président de la République, avec 59 % de bonnes opinions (+ 3), et le Premier ministre, avec 64 % (+ 5) auprès des sympathisants PS. L’institut y voit « peut-être un réflexe de serrer les rangs derrière le gouvernement ». Mais toutes tendances confondues, à la question de savoir si la politique menée par François Hollande et le gouvernement est « juste », 78 % (stable) des personnes interrogées répondent « non », et quant à savoir si elle est efficace, 84 % tranchent négativement.

S’agissant de la cote d’influence des politiques, Alain Juppé est toujours en tête, tous bords politiques confondus, mais baisse de deux points avec 42 %, après avoir déjà connu une baisse de deux points le mois dernier.

Sarkozy, grand gagnant

Emmanuel Macron, avec 41 % (+ 1) ravit la deuxième position à Nicolas Hulot qui, à 37 %, perd 5 points. Nicolas Hulot, qui a déclaré le 5 juillet qu’il ne serait pas candidat à la présidentielle, reste cependant en tête auprès des sympathisants de gauche (54 %, – 1), juste devant Christiane Taubira qui remonte à 53 % (+ 3) et Anne Hidalgo (52 %, + 1).

Auprès des sympathisants de la droite et du centre, Alain Juppé continue de dominer ses concurrents à la primaire de novembre avec 64 %, mais il perd quatre points. François Fillon (52 %, + 1) passe devant Bruno Le Maire, en recul (51 %, – 4), tandis que Nicolas Sarkozy progresse de six points à 48 %. Mais l’ancien président de la République, probable candidat à la primaire, « devance symboliquement » d’un point Alain Juppé auprès des sympathisants LR, avec une remontée de sept points (69 %) quand Alain Juppé en perd deux (68 %). BVA note également un « regain de bonnes opinions » concernant Nicolas Sarkozy auprès des sympathisants FN (35 %, + 8). L’effet de son discours plus que musclé post-attentat.

Enquête réalisée auprès d’un échantillon de 1 234 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas), recrutées par téléphone, puis interrogées les 20 et 21 juillet par Internet.

Nicolas Dupont-Aignan : « L’État de droit n’est pas un totem ! »

Le Point.fr : Pourquoi avoir proposé cette motion de censure aux députés ?

Nicolas Dupont-Aignan : Parce que j’en ai assez de l’irresponsabilité permanente du gouvernement ! J’estime que, dans une société démocratique, il faut rétablir le principe de responsabilité. Après ces trois attentats, après le meurtre horrible des policiers et compte tenu de l’incapacité du pouvoir à se donner les moyens de répondre à cet état de guerre, j’estime que le gouvernement aurait dû, depuis longtemps, remettre sa démission au président de la République. À l’Assemblée nationale, dans la nuit de mardi à mercredi, j’ai vu le gouvernement refuser systématiquement toutes les mesures de bon sens, qui sont pourtant indispensables et urgentes. C’est une véritable « non-assistance à peuple en danger ».

C’est une expression extrêmement violente, vous ne trouvez pas ?

Non, ce n’est pas trop fort, car le gouvernement n’a fait que dix pour cent du chemin. On fait croire aux Français que le gouvernement agit… Oui, il a fait des choses, mais avec du retard. J’avais demandé l’état d’urgence au lendemain de Charlie, il a été mis en place en novembre. Avec le gouvernement, c’est toujours trop tard et trop peu. C’est une guerre totale, c’est une guerre asymétrique, d’un genre nouveau. L’enjeu n’est pas de faire quelque chose. Heureusement qu’il fait des choses, mais ce qu’on lui demande, c’est une obligation de résultat. Il n’y a pas de risque zéro, évidemment. Mais il y a beaucoup de mesures à prendre qui permettraient de resserrer les mailles du filet.

Quelles mesures justement préconisez-vous ?

Le point-clé, que demande Ciotti, que demande Wauquiez, que l’on demande tous finalement, c’est du bon sens. L’arrestation immédiate de ceux qui reviennent de Syrie, en premier lieu. Il faut les arrêter immédiatement, tous, pour évaluer leur dangerosité, les mettre dans des centres de rétention, sous contrôle judiciaire. Deuxième mesure, plus compliquée juridiquement : la rétention des fichés S de manière préventive pour ceux qui sont les plus dangereux, et le bracelet électronique pour les autres. Troisième mesure, il faut rétablir la double peine : tout étranger qui commet un délit en France doit être expulsé. Et, enfin, je propose une autre mesure : mettre en place une cour de sûreté de l’État qui gérerait les affaires de terrorisme pour désembouteiller la justice. Et je recommande le recrutement d’un personnel administratif pour que les gendarmes et policiers puissent être mis sur le terrain. On pourrait augmenter les forces de gendarmerie et de police de 10 000 personnes.

La rétention préventive des fichés S peut paraître contraire à l’État de droit…

Cela dépend de qui on parle : ceux qui sont partis en Syrie sont coupables de trahison envers la nation et d’intelligence avec l’ennemi. Ils sont donc coupables ! Par conséquent, s’ils reviennent en France, ils vont en prison.

Beaucoup de fichés S ne sont pas allés en Syrie, beaucoup n’ont, à l’égard du droit, rien fait de répréhensible…

C’est une obligation de sécurité nationale, et cela peut tout à fait se faire sous contrôle judiciaire. C’est ce qu’ont fait les Américains d’ailleurs. En France, on fait bien des hospitalisations d’office : il y en a 70 000 par an. On n’a pas attendu qu’ils tuent quelqu’un pour les interner. Quand on a des éléments de radicalisation chez une personne, on a une obligation d’agir. C’est très simple : à la guerre, on tue l’adversaire avant qu’il ne vous tue. Alors, je ne demande pas de tuer le fiché S, mais de l’interner, de l’assigner à résidence ou de lui mettre un bracelet électronique. On n’a pas le droit de jouer avec la peau des Français. Le droit est au service de la nation. Le droit doit s’adapter.

D’autres ont, comme vous, déclaré qu’il fallait affaiblir, ou tout du moins adapter, l’État de droit. N’est-ce pas étrange que des députés mettent en cause ce qui est à la base d’un système démocratique, à la base de notre République ?

Excusez-moi, mais la République, d’abord, c’est la France. On doit défendre les Français. L’État de droit n’est pas un totem ! Il n’est qu’un instrument. L’État de droit n’a de sens que si les Français sont en sécurité. Qu’est-ce que l’on veut ? que les Français se fassent justice eux-mêmes ? Parce que si on continue comme ça, demain, les Français vont s’armer, ils ont déjà commencé d’ailleurs. Quand on est assassiné, quand on nous tire dans le dos, il faut se défendre. Quand la République avait le bagne de Cayenne, elle se défendait. Le droit n’est qu’un instrument au service de l’État, de la France et de la démocratie.

Vous parlez du bagne de Cayenne, certains à droite demandent un Guantánamo à la française. Vous aussi ?

Ah, mais je l’ai demandé aussi ! Un Guantánamo, un bagne de Cayenne ou les Kerguelen, mais sous un contrôle judiciaire. Je pense que l’on n’a rien vu de ce qui va arriver. Et si on ne prend pas ces mesures de précaution, ça se finira très mal.

Vous avez déclaré que le gouvernement voulait « empêcher le débat démocratique ». Pourquoi dites-vous cela ?

Parce que, dès que l’on a osé proposer d’autres solutions, on a été accusé de rompre l’unité nationale. On nous a immédiatement fait un procès en sorcellerie. Il faut arrêter ce cinéma. L’argument de l’unité nationale aujourd’hui est un édredon que l’on jette sur les Français. On les endort. Car la vraie unité nationale, ce n’est pas de se taire. D’ailleurs, c’est aussi pour cela que j’ai proposé ma mention de censure : je trouve que Les Républicains sont très timorés, car ils ont mauvaise conscience. Et le gouvernement, à juste raison, peut leur répondre qu’ils n’ont rien fait de plus.

Ne pensez-vous pas, malgré tout, que l’événement méritait un temps de silence, de recueillement, au moins le jour qui a suivi le drame ?

Attendez, le temps des pleurs, on l’a eu. Mais le devoir d’un homme politique, c’est de dire « ça suffit ». J’ai réagi très vite, car j’avais déposé au président de la République, à deux reprises, au lendemain de Charlie et au lendemain du Bataclan, exactement les mêmes mesures. J’ai même fait un discours au Congrès de Versailles, sifflé par les socialistes, où je prédisais exactement ce qui est arrivé. Donc, j’en ai assez de prêcher dans le désert après chaque attentat. On pouvait excuser une inadaptation de notre réponse après Charlie. On pouvait, à la rigueur, se dire, après le Bataclan, que l’on avait été surpris par l’ampleur du phénomène. Mais, depuis, on est prévenu. Personne ne peut dire : Je ne savais pas.

Fillon estime qu' »une forme de guerre mondiale » est engagée

Les mots sont lourds de sens. L’ancien Premier ministre François Fillon (LR) a estimé, dans le Journal du dimanche, qu’« une forme de guerre mondiale » est engagée. Selon lui, « la société française tout entière doit se mobiliser contre le totalitarisme islamiste », avec les valeurs de la République à « imposer » aux musulmans.

« Nous sommes entrés dans une forme de guerre mondiale qui s’étend de l’Asie du Sud-Est jusqu’à l’Afrique occidentale, en passant par tout le Proche-Orient. Une fois passée l’émotion, la tentation, c’est de faire comme si on pouvait rentrer tranquillement chez soi en espérant qu’il n’y ait plus d’attentats. Sauf que l’organisation État islamique – qui nous fait la guerre – ne connaît ni faiblesse ni trêve », a-t-il déclaré au quotidien. S’il a concédé que « c’est une expression forte qui rappelle la Première et la Seconde Guerre mondiale, aux caractères extrêmement différents », cet ancien chef du gouvernement a dit constater « un mouvement totalitaire, comme le nazisme. Il emploie les mêmes ressorts : imposer par la force au reste du monde un mode de vie et de pensée ».

Aggraver les peines

« Il a déjà déstabilisé de nombreux pays et descend vers l’Afrique occidentale via le Sahel. Nous avons à juste titre choisi de riposter militairement », a ajouté ce député de Paris et membre de la commission des Affaires étrangères. Interrogé sur des mesures qui pourraient être prises en plus de l’état d’urgence et du nouveau renforcement de l’arsenal antiterroriste adoptés au Parlement, François Fillon a demandé « l’application du livre IV du Code pénal, qui permet d’aggraver fortement les peines pour les actes de terrorisme ou de complicité » et « surtout d’arrêter, de juger et de condamner jusqu’à trente ans de prison toute personne pour intelligence avec l’ennemi ». « La notion d’intelligence avec l’ennemi est conforme à l’état de droit, ce qui ne serait pas le cas avec une sorte de Guantánamo des fichés S », a-t-il glissé, dans un tacle à plusieurs élus du parti LR.

Favorable à la double peine

Ce candidat à la primaire de la droite s’est aussi dit favorable au rétablissement de la double peine, supprimée par Nicolas Sarkozy lorsqu’il était ministre de l’Intérieur, car « nous sommes en guerre » et il faut « des mesures d’exception » comme « l’expulsion immédiate des personnes étrangères condamnées pour des faits de délinquance ». Pour cette proposition, « je n’ai attendu ni le FN ni les tragiques événements de Paris et de Nice. C’était d’ailleurs la règle avant 2003. Il suffit d’y revenir », s’est-il justifié.

Outre la nécessité « d’aller combattre l'[organisation] État islamique sur place au Moyen-Orient avec les alliés capables de gagner », l’ex-chef du gouvernement a plaidé que « la société française tout entière doit se mobiliser contre le totalitarisme islamiste. Au premier rang de laquelle doivent se trouver les Français de confession musulmane ». « La République a su imposer aux catholiques, aux protestants et aux juifs le respect de ses valeurs. Il n’existe aucune raison pour qu’elle ne les impose pas avec autorité aux musulmans », selon lui.

Sondage : 67 % des Français pour un gouvernement d’union nationale

Juppé président, Valls Premier ministre, Macron, Bayrou et Le Maire ministres. Un rêve ? Non, un souhait des Français. Un sondage Ifop publié dans le Journal du dimanche révèle que deux tiers des Français sont favorables à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale.

Dix jours après l’attentat de Nice, 84 morts, 67 % des Français seraient favorables à un gouvernement d’union nationale « face au défi du terrorisme », formule l’institut de sondage. La plus grande adhésion est rencontrée parmi les sympathisants UDI (81 %), LR (71 %), FN (70 %) puis PS (68 %). Au total à droite, 72 % des sondés sont pour, contre 58 % à gauche. L’idée rencontre un grand succès chez les 18-24 ans, dont 80 % sont pour. La tranche des 25-34 ans est la moins favorable (63 % pour, 32 % contre). Parmi les sondés, qui étaient également invités à se prononcer sur leur confiance en François Hollande et le gouvernement pour lutter contre le terrorisme, seuls 35 % se disent « confiants ».

Défiance envers l’opposition

Pour rappel, ils étaient 51 % les 8 et 9 janvier 2015 et 50 % le 16 novembre 2015. Ce taux de confiance a toutefois remonté de deux points depuis les 15 et 16 juillet, où il avait chuté à 33 %. Près de trois quarts des sympathisants PS (74 %) font encore confiance à François Hollande pour lutter contre le terrorisme, contre 42 % au Front de gauche, 19 % chez les proches LR et 15 % pour le FN. Le record de défiance est constaté parmi les sympathisants FN (85 %).

Le président de la République et son gouvernement rencontrent une défiance particulière chez les 25-34 ans (81 % de « pas confiance »), contrairement aux 50-64 ans (52 %). Ces derniers sont d’ailleurs les plus nombreux à lui accorder leur confiance (48 %). Toutefois, 60 % des Français estiment que l’opposition ne ferait « ni mieux ni moins bien » que le chef de l’État, dont 64 % chez les sondés « sans sympathie partisane ». Parmi les proches du PS et du Front de gauche, ce taux atteint 70 %, 38 % chez les LR et 50 % au FN.

L’enquête a été menée par téléphone auprès d’un échantillon de 1 004 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, indique l’Ifop.

Loi travail : le Conseil constitutionnel saisi par la droite

Ce vendredi, plusieurs députés Les Républicains (LR) et UDI ont confirmé la saisine du Conseil constitutionnel sur le projet de loi travail. Leurs griefs portent sur deux articles mineurs consacrés aux locaux syndicaux et au dialogue social dans les entreprises franchisées. Dans un courrier adressé aux sages, ces élus évoquent le « second alinéa de l’article 61 de la Constitution » pour déférer au Conseil « l’ensemble de la loi relative au travail, à la modernisation du dialogue social et à la sécurisation des parcours professionnels telle qu’elle a été adoptée par le Parlement » ce jeudi. Ils estiment qu’elle « porte atteinte à plusieurs principes et libertés constitutionnels ».

« Non-respect du débat parlementaire »

Leurs griefs portent sur l’article 27 du texte qui prévoit notamment que si une collectivité retire à une organisation syndicale des locaux mis à sa disposition, sans lui proposer un autre local, cela ouvre « droit à une indemnité spécifique ». Les élus de droite « s’interrogent sur la conformité de cette obligation de dédommagement avec le principe de libre administration des collectivités territoriales ». Le second article qui pose problème aux yeux des élus LR et UDI est l’article 64, qui prévoit la possibilité de mettre en place une instance de dialogue social pour « les réseaux d’exploitants d’au moins trois cents salariés en France, liés par un contrat de franchise ». Ils y voient une remise en cause du « statut même de la franchise », le franchisé devant être « libre de déterminer les conditions d’exploitation de son entreprise et de gestion de son personnel ».

« Souhaitant que ces questions soient tranchées en droit, les députés auteurs de la présente saisine demandent donc au Conseil constitutionnel de se prononcer sur ces points et tous ceux qu’il estimera pertinents eu égard à la compétence et la fonction que lui confère la Constitution », écrivent les signataires. Cette saisine avait été annoncée dès jeudi et la totalité du groupe LR est signataire a priori, indique-t-on au groupe. À ces signatures vont s’ajouter celles d’au moins 40 contestataires de gauche, dont des « frondeurs » PS, des élus du Front de gauche et des écologistes, au motif du « non-respect du débat parlementaire ». 60 signatures minimum sont nécessaires pour une saisine des sages.

Financement des campagnes 2012 : bientôt un procès pour le FN ?

Le parquet de Paris a demandé le renvoi en procès du Front national et de deux dirigeants frontistes dans l’enquête sur le financement de ses campagnes de 2012, a appris l’AFP vendredi de sources judiciaire et proche du dossier. La justice soupçonne le mouvement d’avoir mis en place un système d’enrichissement frauduleux aux frais de l’État avec l’un de ses prestataires, la société Riwal, et le micro-parti de Marine Le Pen, Jeanne, en profitant des remboursements publics sur les frais de campagne. Des faits contestés par le parti et tous les protagonistes.

Si les juges d’instruction suivent les réquisitions du parquet, signées le 11 juillet, le FN sera jugé pour complicité d’escroquerie dans le cadre des législatives de 2012 et recel d’abus de biens sociaux. Parmi les mis en cause, le parquet demande aussi le renvoi en procès du trésorier du FN, Wallerand de Saint-Just, pour recel d’abus de biens sociaux, et de l’un de ses vice-président Jean-François Jalkh, notamment pour escroqueries lors des législatives et présidentielle de 2012, ont indiqué les sources.

Prêt avec intérêts auprès de Jeanne

Le principal volet de l’affaire porte sur les législatives de 2012. Au centre de l’enquête, des kits de campagne (tracts, affiches, cartes postales), au tarif de 16 650 euros, fournis à quelque 525 candidats par Riwal, une société dirigée par un très proche de Marine Le Pen, Frédéric Chatillon. Pour les acheter, les candidats devaient contracter un prêt avec intérêts auprès de Jeanne.

Les juges soupçonnent derrière ce montage complexe des prestations gonflées et surfacturées au détriment de l’État, qui rembourse les frais de campagne aux candidats dépassant 5 % des voix. Les juges soupçonnent un système imposé aux candidats sans tenir compte de leurs besoins sur le terrain ni de la réalité de leur campagne, « dans l’unique but de majorer des dépenses électorales remboursables », avait indiqué à l’AFP une source proche de l’enquête.

Le FN dénonce un dossier vide

Le FN, qui dénonce un dossier vide et instruit à charge pour lui nuire avant la présidentielle de 2017, conteste toute surfacturation et fait valoir que ses comptes ont été validés par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP).

Le parquet requiert également le renvoi en procès de Frédéric Chatillon pour faux, escroqueries, abus de biens sociaux, ainsi que les personnes morales Riwal, pour financement illégal de campagnes électorales et escroqueries, et Jeanne pour escroqueries, ont indiqué les sources. Un procès est également demandé pour l’élu régional FN Axel Loustau, qui était en 2012 à la fois trésorier de Jeanne et actionnaire de Riwal. Marine Le Pen avait été entendue dans ce dossier sous le statut de témoin assistée, sans être mise en examen.

Le Projet France : Montebourg crée son micro-parti

Arnaud Montebourg, ex-ministre de l’Économie, vient de lancer son mouvement Le Projet France : un micro-parti qui, selon François Kalfon, doit permettre de « lever des fonds » et de « percevoir des dons », confirmant ainsi une information de l’hebdomadaire L’Express. « C’est très simple, quand vous faites une activité politique, vous avez besoin d’un cadre légal pour lever des fonds et percevoir des dons », souligne François Kalfon, un proche d’Arnaud Montebourg.

Pas de candidature officielle

Ancien ministre de l’Économie, Arnaud Montebourg n’a toutefois pas encore officialisé sa candidature à la primaire de la gauche. François Kalfon a par ailleurs confirmé une information du magazine Capital selon laquelle Arnaud Montebourg a suspendu sa collaboration avec l’entreprise Habitat où il occupait le poste de vice-président du conseil d’administration depuis mars 2015. « Habitat est une marque « business to consumer », et il ne faut pas de parasites entre cette activité et les positions politiques d’Arnaud Montebourg », a-t-il déclaré.

Menaces de l’EI : le maire de Marseille demande plus de protection

Le maire LR de MarseilleJean-Claude Gaudin, dont la ville est mentionnée dans une vidéo de l’organisation État islamique comme une cible potentielle, a demandé vendredi soir au Premier ministre, « une mobilisation accrue » pour assurer la protection des Marseillais et des touristes. Le sénateur maire évoque dans une lettre ouverte adressée à Manuel Valls « les déclarations particulièrement menaçantes de l’État islamique à l’égard de Marseille qui ont profondément ému et inquiété l’ensemble de mes concitoyens ».

L’élu invite le chef du gouvernement « à considérer la menace dont la deuxième ville de France est aujourd’hui la cible » et demande « une mobilisation accrue et significative de tous les moyens humains et matériels nécessaires à la protection des Marseillais, ainsi que des milliers de visiteurs ou de touristes ». « La sécurité des biens et des personnes relève de la compétence de l’État », ajoute M. Gaudin, en pleine polémique entre le gouvernement et la municipalité de Nice sur le dispositif de sécurité mis en place le 14 juillet sur la promenade des Anglais : « Le gouvernement se doit d’anticiper les risques sérieux qui pèsent sur (ses) concitoyens. »