Banlieues: 18 ministres aux Mureaux, pour quoi faire?

Manuel Valls runit ce lundi un comit interministriel sur la question des banlieues. Au lendemain de la fusillade Marseille, et dix ans aprs les meutes de Clichy-sous-Bois, Matignon promet des « mesures fortes ».

Six jours après le déplacement à la Courneuve de François Hollande, c’est au tour du gouvernement de poursuivre la « séquence banlieues ». Manuel Valls réunit lundi aux Mureaux, dans les Yvelines, un comité interministériel destiné à faire le point sur les mesures annoncées il y a six mois pour lutter contre le phénomène de ghettos urbains, et à « amplifier » certaines d’entre elles.

Deux mois après les attentats du mois de janvier, le Premier ministre avait dévoilé le 6 mars une batterie de soixante mesures, visant à faire reculer l' »apartheid » dont souffrent selon lui les quartiers en difficulté, en agissant sur le logement, l’éducation, la formation… Il se rend ce lundi aux Mureaux accompagnés de 17 ministres, dont Najat Vallaud-Belkacem (Education), Myriam El Khomri (Emploi), Sylvia Pinel (Logement) et Patrick Kanner (Ville).

« Des mesures fortes »

Le comité interministériel sera précédé de plusieurs visites de terrain, à la mission locale, sur le chantier du nouveau commissariat et dans le quartier de la Vigne blanche. Selon Matignon, environ « un tiers des mesures est mis en oeuvre, la moitié est bien engagée ». Les autres suivront mais « nécessitent le temps du déploiement ». Des « mesures fortes » concernant le logement devraient être dévoilées, dans la continuité des annonces faites en mars.

Après une phase de négociation entre les villes qui ne respectent pas le quota légal de logements sociaux (25%) et le délégué interministériel Thierry Repentin, des « dispositions seront prises » concernant celles qui refusent de se mettre à niveau. « L’Etat se donnera les moyens de reprendre la main », prévient-on à Matignon.

Pour lutter contre les discriminations à l’embauche, le gouvernement devrait annoncer l’expérimentation dans le privé de procédures de « testing » permettant de mesurer l’ouverture des entreprises aux populations issues de la diversité. Une disposition visera à « élargir le recrutement » des écoles préparant à la fonction publique. La visite se terminera par l’installation du Conseil national des villes, une instance qui a pour mission de conseiller le gouvernement sur l’élaboration de la politique de la Ville.

Zyed et Bouna, dix ans après

La date de mise en place de ce comité interministériel ne doit rien au hasard. Elle intervient dix ans après les émeutes de Clichy-sous-Bois. Le 27 octobre 2005, Bouna Traoré, 15 ans, et Zyed Benna, 17 ans, étaient morts électrocutés dans un transformateur EDF, en essayant d’échapper à la police. Le 18 mai dernier, la justice a relaxé les deux policiers poursuivis pour non-assistance à personne en danger. A savoir une policière qui se trouvait au standard ce soir-là, et un collègue qui était sur les lieux.

Ce mardi, un hommage sera rendu aux deux adolescents à Clichy-sous-Bois. Comme le fait savoir Le Parisien, seront notamment organisés des tournois de football, un concert gratuit avec les rappeurs Youssoupha et Mac Tyer, mais aussi un rassemblement plus traditionnel, auquel assistera le ministre de la Ville Patrick Kanner.

Les fusillades marseillaises

Manuel Valls ne pouvait pas l’anticiper, mais le comité interministériel arrive au lendemain d’un nouveau drame à Marseille, une énième fusillade ayant fait trois morts, dont deux adolescents de 15 ans. Ils sont morts dans la nuit de samedi à dimanche, abattus au moyen d’une arme automatique de calibre 9mm. « Rien n’arrêtera la détermination de l’Etat à lutter contre le crime organisé », avait réagit dans la foulée le Premier ministre dans un tweet.