Passe d’armes Sarkozy-Le Pen sur les migrants

L’ancien chef de l’Etat a reproch ce samedi Marine Le Pen son « inhumanit » sur la question des migrants. « Il ferait bien de parler du fond », lui a retorqu la prsidente du Front National.

Dans la crise des migrants, Nicolas Sarkozy s’est trouvé une nouvelle cible : Marine Le Pen. Moins de deux mois après avoir comparé l’afflux de migrants à une fuite d’eau, l’ancien chef de l’Etat a dénoncé ce samedi la brutalité de la présidente du Front National sur ce dossier.

« J’ai eu honte en entendant Mme Le Pen, son inhumanité, son absence totale du moindre sentiment, cette brutalité », a-t-il déclaré devant l’université d’été des Républicains des Pays de la Loire, trois jours après la publication de la photo du petit Aylan, retrouvé noyé sur une plage turque, la tête enfouie dans le sable.

« On peut penser ce qu’on veut sur l’immigration, mais on ne peut pas oublier qu’il s’agit d’être humains, personne ne peut l’oublier, et je ne serai pas le président d’une famille politique qui oubliera ça », a-t-il poursuivi. « Peu importe leur couleur de peau, peu importe la langue qu’ils parlent, peu importe d’où ils viennent (…) Ces enfants qui auraient pu être les nôtres, ces femmes, ces jeunes, ces personnes sont nos frères dans l’espèce humaine », a ajouté Nicolas Sarkozy.

« Il ferait bien de parler du fond » rétorque Le Pen

L’intéressée lui a répondu depuis Marseille, où le Front National tient son Université d’été : « Il ferait bien de parler du fond, cet ancien président de la République qui depuis des semaines n’a pas dit un mot de la gigantesque crise migratoire que vit la France et l’Europe aujourd’hui ».

« C’était après ou avant qu’il ait proposé d’accrocher M. de Villepin à un croc de boucher, traité Fillon d’eunuque, menacé Bayrou qu’il appelle le bègue de l’éclater? », a ironisé la présidente du FN.

Ce samedi, les deux prétendants à l’Elysée ont également dévoilé leurs propositions pour répondre à la crise des migrants. Nicolas Sarkozy s’est prononcé pour l’installation de « centres de rétention » en Afrique du Nord, en Serbie ou en Bulgarie. Objectif : statuer sur les demandes d’asile avant que les migrants ne rejoignent l’espace Schengen, où la libre circulation des personnes est la règle.

« Il faut refonder Schengen »

Il a également réaffirmé la nécessité d’un « Schengen II », dont « la condition préalable » serait que tous ses États membres aient « la même politique migratoire ». « Je ne crois pas à une réforme de Schengen. Il faut refonder Schengen et l’Europe », a-t-il dit.

De son côté, Marine Le Pen a imaginé ce samedi l’organisation pour les migrants de « zones humanitaires » dans leur pays où ils « seraient en sécurité », après y avoir été ramenés. Candidate aux élections régionales dans le Nord, elle promet d’arrêter de « financer les associations organisatrices de cette immigration clandestine », si elle venait à être élue.