« Le comte Valls moque le roi et sa politique du bikini »

francois-hollande-manuel-valls-2015_5448929Depuis que le comte Valls, tel un gros coucou, s’est pris de phagocyter son nid, le comte de Catalogne remâche son amertume. Subirait-il à son tour le sort des déchus, des réprouvés, des essorés, tels les comtes Le Foll et Rebs, à présent bannis de la Cour?

Le roi, tout enfiévré à l’idée de mener campagne et de se parer de ses nouveaux atours d’impétrant, se lasse: l’on mande en Cour qu’il juge ses prétoriens historiques « usés et gourds à la manoeuvre ». En cette charrette prennent place, debout, les suppliciés qui n’ont commis pour seul crime que celui d’avoir cessé de plaire.

Après les grâces et les compliments, voici donc venu le temps du délit de sale gueule.

« Seul sur Mars »

Le sort du Grand chambellan n’est guère plus enviable: victime de la bouderie royale, il erre comme une âme en peine, seul sur Mars, en son hôtel de Matignon. Ses gens confessent qu’il serait gagné par une sorte de haut mal qui le rend nerveux, irritable, fatigué, jaloux, aigri: l’ombrageux comte tance ses mages et maîtres à penser du matin jusques au soir. Et s’en vient, telle une épouse cocufiée, à fustiger la nouvelle frénésie du roi d’être nulle part et partout à la fois, le privant, lui, le bouillant matamore, de son air, de son mantra ainsi que de tout ce qui fit sa force et son énergie.

Le voici à gésir comme pantin désarticulé, sur une vieille chaise, tel un jouet cassé, promis à subir le bannissement et le supplice des toiles d’araignées.

Il s’est brûlé, consumé: qu’espérait-il donc? Ne savait-il point que la charge de Grand chambellan était d’essence mortifère et qu’il subirait, tout ainsi que ses pairs, le sort de ceux qui ont eu le malheur de voir le roi nu? Le roi est un astre, un soleil: qui s’y frotte s’y crame…

Artois, toujours aussi peau de vache, nous moque, ma chère et tendre.

– Un soleil? Marquise, vos esprits vous égarent! Si le Flou était l’astre princeps, il nous éclairerait tout aussi chichement qu’une lampe de poche!

– Comte, ne niez point qu’il grille tout ceux qui ont le front de s’en approcher!

« Le papyrus de Césarin »

– Un roi barbecue! Voici qui est trop farce! Marquise, avant peu, n’oserez-vous point comparer le comte Valls à une merguez oubliée? L’infortune du comte est à mettre sur le compte de cette nouvelle troïka qui mène la danse au Château.

– Troïka? Serions-nous rendus chez le tsar Vladimir?

– Point, marquise. J’ai ainsi nommé le roi, lui-même, Monsieur de Cazeneuve, ainsi que Monsieur de Macron. Backstage, à tirer les ficelles, Monsieur de Gantzer, l’imagier coqueluche du roi, collé à son maître comme moule au rocher, et Monsieur de Jouyet qui s’emploient à écrire le livret de la nouvelle geste du roi, « Le papyrus de Césarin ». Et ce quintette n’épluche point les écrevisses à des fins de virer ceux qu’ils nomment plaisamment « les ringards ». Qui n’ont donc point leur rôle dans le casting qu’ils composent  dans le dessein d’assurer le triomphe du roi. Exeunt les comtes Le Foll, Rebs, Valls, Monbeausapin, ainsi que la baronne Taubira, que le jeune Macron juge à présent « rassis, finis, lessivés ». L’arrogant cuistre ne leur adresse plus la parole et veille scrupuleusement à écraser les arpions de Monbeausapin dès que le roi apparait en Conseil d’En haut. Avant peu, ne tirera-t-il point sa chaise, ce garnement, ce potache, qui ne rêve que voir son collègue gésir telle une poire blette tombée du panier. Ambiance, cotillons, langues de belles-mères…

– Langues de vipères…

– Si fait, marquise, si fait. En ce nid de serpents, le comte de Catalogne n’entend point avaler les couleuvres. L’on lui prête des mots très acides sur la politique du roi…

– Faudra-t-il, comte, requérir les talents d’un chauffeur à des fins de vous faire mettre à table?

– Marquise, votre sémantique s’encanaille…

– Point autant que la vôtre, comte.

– Baste, je casse le morceau. Le comte de Catalogne se prend à présent d’oser comparer la politique du roi à un… bikini!

– Un bikini?

– Ha! Marquise, nous vous la baillons belle! Votre langue aux chiens? La politique du bikini revient à penser que l’on se demande comment ça tient et que l’on attend que ça tombe.

– Voici qui compromet son retour en grâce…

– Le roi a cependant décidé de l’user jusques à la corde, même au delà des régionales: il servira de victime expiatoire à tous ceux qui, à gauche, réclameront sa tête après qu’ils auront subi une terrible raclée.

« Monsieur Dix pour cent »

– Mais, comte, quid du destin de Monsieur de Macron?

– Le roi se tâte, marquise. Le Ciel vous préserve d’entendre quelque graveleuse métaphore: le roi hésite entre le comte Cazeneuve et le jeune Macron à des fins de succéder au Catalan. Monsieur de Jouyet, assez jaloux de Monsieur de Macron, en pince pour Cazeneuve…

– Tout aussi gai que pinson d’avril à lancer ses trilles…

– Certes, marquise. Mais le Prévôt de Sûreté est un fidèle qui, jamais ô grand jamais, n’ourdira quoique ce soit de funeste contre son roi. Tandis que le jeune Macron, que rien n’arrête, pas même la réserve de bienséance, franc tel le cul d’une mule, se rêve calife à la place du calife. Voici qui vient à tempérer les transports du roi qui couve un serpent en son sein blet.

– Mais, comte, quel sera le destin du comte Valls qui se voyait déjà en haut de l’affiche?

– Nul ne le sait, marquise, pas même lui. Pour l’heure, il est bien seul sur Mars.

– Reviendra-t-il sur Terre?

– D’aucuns lui soufflent que son exil sur la planète rouge présente quelque commodité. Ces mêmes qui persiflent en pastichant le titre d’une série à succès,« Dix pour cent », qu’ils collent au roi lorsqu’ils évoquent sa candidature. « Monsieur Dix pour cent ». Voici qui apporte un peu de baume au coeur blessé du comte de Catalogne.