Loi Travail: la CFDT condamne aussi l’interdiction de manifester

Jean-Claude Mailly (FO) et Philippe Martinez (CGT) vont être reçus ce mercredi matin par Bernard Cazeneuve. Dans le même temps, les syndicats doivent se réunir, selon les informations de L’Express, afin de définir une position commune après l’interdiction de manifester contre la loi Travail. La CFDT, qui ne participe pas au mouvement sur le fond, condamne l’interdiction.

Le préfet de police annonce ce mercredi matin dans un communiqué l’interdiction de la manifestationde jeudi à Paris contre la loi Travail. « Après examen attentif, ces propositions alternatives [de parcours soumis par les syndicats] ne permettent en aucune façon de répondre à la nécessaire sécurité des personnes et des biens, ni aux exigences de mobilisation maximale des forces de police et des forces mobiles contre la menace terroriste qui se situe à un niveau élevé imposant des sollicitations exceptionnelles sur le territoire national », fait valoir la préfecture de police qui annonce donc l’interdiction de la manifestation par un arrêté.

Dans la foulée, le secrétaire général de FO Jean-Claude Mailly et celui de la CGT Philippe Martinez ont demandé »à être reçus rapidement » par Bernard Cazeneuve, dans un communiqué, sans commenter l’interdiction. Requête acceptée par le ministère de l’Intérieur où une rencontre doit avoir lieu ce mercredi à 11h. Selon nos informations, les syndicats de l’Intersyndicale contre la loi Travail ont décidé de se réunir au même moment au siège de la CGT à Montreuil pour discuter d’une position unitaire à adopter.

La CFDT, « qui ne partage pas sur le fond la position des organisations qui appellent à la mobilisation », « défend leur droit à manifester pour l’exprimer » dans un communiqué, tout en jugeant « indispensable de trouver les moyens pour assurer la sécurité des personnes et des biens ».

« Le gouvernement se trompe lourdement »

« La contestation de la loi Travail est un mouvement de fond. Si le gouvernement pense qu’il va calmer le jeu avec l’interdiction, il se trompe lourdement », réagit auprès de l’Express Verveine Angeli, porte-parole de Solidaires. « Si on laisse passer cette interdiction, on se lie les mains sur nos moyens d’action à venir. »

LIRE AUSSI >> Interdire ou modifier la manifestation contre la loi Travail: qu’a-t-on le droit de faire?

Mardi en fin de matinée, une réunion à la préfecture de police avait débouché sur un « constat de désaccord », selon les syndicats d’Ile-de-France qui avaient « catégoriquement refusé » un rassemblement place de la Nation. Ils avaient précisé avoir fait des « propositions alternatives de parcours »: Bastille-Place d’Italie, ou Denfert-Rochereau-Place d’Italie. « Les discussions se poursuivent et à ce stade aucune décision n’a été prise », affirmait-on à la préfecture de police en fin d’après-midi.

Un Premier ministre « enfermé dans son autoritarisme »

Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de FO, s’était étonné ce mercredi matin sur RMC qu’aucune décision n’ait été prise. Il a dénoncé un « Premier ministre enfermé dans son autoritarisme » et rappelé qu’il n’y avait pas eu d’interdiction de manifester contre des confédérations syndicales depuis 1958. Il s’est demandé si la prochaine étape serait que l’on vienne « l’arrêter ».

Les sept syndicats contestataires (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL et Fidl) souhaitaient initialement défiler entre la place de la Bastille et la place de la Nation jeudi à 14 heures, dans le cadre d’une journée de mobilisation contre le projet de loi Travail dans toute la France. Un trajet court pour « tenir compte », selon eux, des conditions de sécurité.

Une manifestation itinérante « inenvisageable »

Mais les autorités insistent depuis lundi pour qu’ils choisissent une manifestation statique plutôt qu’un défilé, en invoquant des raisons de sécurité, après les violences qui ont émaillé la manifestation nationale du 14 juin dans la capitale. Faute de quoi, ont-elles prévenu, la manifestation sera interdite – une mesure exceptionnelle.

Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, avait même écrit lundi au numéro un de la CGT, Philippe Martinez, pour lui dire que « dans ce contexte de tension et de heurts récurrents (…), le renouvellement à l’identique d’une manifestation itinérante le 23 juin n’apparaît pas envisageable ». Mardi, il en a appelé « à la responsabilité » des syndicats, soulignant le « niveau de menace extrêmement élevé avec un niveau de sollicitation extrêmement fort depuis plusieurs semaines des forces de l’ordre ».

Une autre journée de mobilisation est déjà programmée le 28 juin, avec un appel à manifester de Nation à place d’Italie.