Présidentielle : le Medef accepte désormais de discuter avec Marine Le Pen

Pierre Gattaz a choisi d’inviter la candidate frontiste à présenter son projet à l’organisation patronale, rompant ainsi avec une longue tradition anti-FN.

Apparemment, le Medef n’a plus peur du Front national. Conséquence directe, Pierre Gattaz a décidé d’inviter Marine Le Pen à présenter son projet devant ses principales fédérations, dans le cadre de la campagne présidentielle, a annoncé L’Opinion. La fin d’une époque? Sûrement, car jusqu’à présent, l’organisation patronale avait toujours refusé de discuter avec le parti frontiste.

C’était même la tradition du Medef, sous Laurence Parisot puis sous Pierre Gattaz. En 2015, le représentant du syndicat patronal estimait que le projet économique porté par Marine Le Pen n’était « pas économiquement responsable », et ressemblait à ses yeux « à celui de l’extrême gauche », rapportait Le Figaro.

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Traiter le FN comme les autres

La même année, la méfiance était telle que Pierre Gattaz avait refusé un débat avec celle qui réclamait de pouvoir expliquer et justifier un programme dont les propositions étaient jugées peu crédibles. Depuis, l’eau a coulé sous les ponts. Le patron du Medef a expliqué vouloir traiter le Front national comme les autres partis, rapporte L’Opinion. « Quand les primaires seront terminées, nous avons prévu de recevoir tous les candidats », assurent des responsables de l’organisation patronale.

Du coup, au Front national, on se réjouit. « Il semble que les faits s’imposent au Medef avec le Brexit, la mise en oeuvre de la politique de relocalisation industrielle de Donald Trump aux États-Unis ou encore avec le gouffre économique qui se creuse entre la France et l’Allemagne », croit savoir Wallerand de Saint-Just, le trésorier du FN, dont le parti assure défendre les intérêts des petites entreprises.

« Le Medef n’est pas notre ami »

« La position de Gattaz est pour une fois intelligente, elle est démocratique. Surtout que le FN est l’ami de toutes les entreprises, du petit commerçant, au géant français du CAC 40″, a expliqué l’eurodéputé frontiste Bernard Monot, au Figaro.

Pour autant, pas question de dire que le Medef et le Front national sont sur la même longueur d’onde. « Le Medef n’est pas notre ami et nous ne sommes pas le sien, mais nous sommes toujours partisans du débat et heureux de pouvoir expliquer nos propositions pour tordre le bras aux caricatures », assure David Rachiline, le directeur de campagne de Marine Le Pen.

Même son de cloche du côté de Pierre Gattaz, qui juge le programme économique du FN « ni tourné vers l’avenir, ni tourné vers la compétitivité et pas économiquement responsable », rappelle L’Opinion.